Iels sont treize. Et descendent les marches, partant du haut de l’orchestre pour rejoindre le plateau. D’abord dans l’obscurité puis sous une lumière tamisée, conçue par Philippe Gladieux et Anthony Merlaud, ils vont former, une heure quinze durant, un incessant ballet, arpentant un tumulus, grotte-tombeau énigmatique du sommet aux entrailles. « Grand amas artificiel de terre ou de pierres que l’on élevait au-dessus d’une sépulture, parfois surmonté d’un monument ou d’un trophée » dit le Larousse. Telle une farandole de faunes, la procession rythmée par une musique venue de siècles lointains (Josquin Desprez, Jean Richafort, William Byrd, Antonio Lotti) à l’exception de celle, contemporaine, de Claude Vivier. Danser, chanter, marcher, glisser, disparaître puis réapparaître autour du monticule en forme d’iceberg végétal et poilu qui semble être le temple vénéré par cette communauté audacieusement costumée par Romain Brau qui associe guêtres en laine, coiffes d’osier, demi-guêpières ou tenues matelassées. Défilé cérémonial ritualisé, tumulus célèbre autant l’art que la nature, la vie que la mort, sinon leur interdépendance organique. Comme le chant et la danse sont ici charnellement entremêlés. Polyphonies, canons, unissons, les voix habillent de lyrisme les gestes fluides et distingués. Transcendant les arts, les esthétiques et les temporalités, le chorégraphe François Chaignaud et le chef de chœur et d’orchestre Geoffroy Jourdain signent une œuvre d’une sidérante créativité.
LUDOVIC TOMAS
Tumulus a été créé le 20 juillet et présent jusqu’au 26, à la Fabrica, dans le cadre du Festival d’Avignon.