mercredi 2 octobre 2024
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En clé d’humour

La rencontre entre Mikel Urquiza et l’ensemble C Barré offre un disque trépidant, aux multiples grilles de lecture

Le jeune compositeur Mikel Urquiza, né en 1988 à Bilbao, voit ses pièces jouées dans le monde entier. Avec C Barré dirigé par Sébastien Boin, la collaboration porte ses créations avec une verve réjouissante. Espiègle, dernier disque de ce bel ensembleutilise un instrumentarium aux alliances rares et pertinentes, s’inspirant du monde contemporain, de ses voies de communication, de ses impasses, de ses interrogations, de ses doutes, de sa relation au temps. 

On se plaît à chercher les références dans le premier morceau intitulé Lavorare stanca (« travailler fatigue ») allusion ou pas (?) au recueil de Cesare Pavese publié en 1936. Ce subtil tissage de mélodies piochées dans l’histoire de la musique pose ses énigmes, passage d’un air baroque, fragment de la chanson des sept nains revenant du boulot dans Blanche-Neige, écho d’un chant révolutionnaire des Quilapayún, de La Marseillaise, de l’Internationale mais aussi de When you’re alone de John Williams, (la « chanson de Maggie » dans Hook de Spielberg)… On écoute le morceau en boucle afin d’élucider les devinettes et comme dans les miniatures, une multitude de détails nouveaux s’offrent, déployant leur enchevêtrement. 

Coassements délirants
Six voix a cappella se glissent dans la suite My voice is my password, nourrie des poncifs des centres d’appels téléphoniques avec une vivacité narquoise, véritable pied de nez aux platitudes mécaniques de notre modernité. En regard, Songs of Spam (six voix mixtes et sept instruments parmi lesquels on compte le polystyrène !) élucubre une demande d’aide d’un certain « Doctor Tunde », envoyé dans l’espace et prêt à partager avec vous la « somme astronomique » (sic) qu’il a réunie au son de coassements délirants. Vient ensuite les vertiges de la Madonnina piange et le catalogue des Size matters pour allonger votre nez ! Le Cancionero sin palacio pour douze instruments réimagine une Renaissance intemporelle dont les tempi palpitent en de mouvants et envoûtants tableautins. Intemporel, Elurretan (en basque « Dans la neige », méfiez-vous encore des possibles références à Debussy !) jongle entre les matières contemporaines et les effluves d’hier mêlant les cordes de la mandoline, de la guitare et de la harpe. Un petit bijou interprété avec brio !

MARYVONNE COLOMBANI

Espiègle de Mikel Urquiza, par C Barré et Neue Vocalsolisten
L’Empreinte digitale - 16,50 €
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