Annulé en 2023 pour cause de financements insuffisants, le salon de photographie contemporaine Polyptyque a fait son retour au sein de la rentrée de l’art contemporain à Marseille. Un salon organisé par le Centre Photographique Marseille, qui s’est déployé dans le quartier de la Joliette sur quatre lieux différents : l’Urban Gallery, Les Voûtes de la Major, le Centre Photographique Marseille et le Mund’Art.
À l’Urban Gallery et aux Voûtes de la Major, le Salon proprement dit avec les expositions proposées par les neuf galeries sélectionnées, et les 17 artistes pré-sélectionné.e.s pour le prix photographie Polyptyque et le prix du livre d’artiste.
Au Centre Photographique Marseille et au Mund’Art, deux expositions parallèles : un nouvel accrochage de l’exposition Toucher le Silence de Grzegorz Przyborek au Centre Photographique Marseille.Et au Mund’Art, les cinq lauréat·es de la première édition de Polyptyque en 2018 dévoilaient leurs œuvres récentes.
Polyptyques
En déambulant d’un lieu à l’autre, on peut constater que le salon n’a pas choisi le nom de Polyptyque par hasard : la totalité des photographEs présenté.e.s travaillent sur des séries d’images, exposées en diptyques, triptyques et polyptyques, permettant aux visiteur.euse.s de percevoir un travail artistique dans son amplitude et sa cohérence. 44 artistes présenté.e.s c’est autant de démarches diverses et variées, d’univers différents. Entre lesquels on peut néanmoins essayer de faire quelques rapprochements : celles et ceux qui s’orientent vers une exploration de la matérialité de l’image, ceux et celles dont les images sont plutôt d’accès littéral, et celleux qui invitent, à travers le rapprochement d’images différentes, à imaginer des mises en récit.
Du côté de la matérialité, on trouvait par exemple aux Voûtes de la Major, le travail en duo de Clara Chichin et Sabatina Leccia, Le bruissement entre les murs, présenté par la galerie XII : des photographies de la végétation d’un parc, percées dans certaines zones du papier d’une multitude de minuscules trous d’aiguille, déformant légèrement la surface, suggérant une sorte de porosité entre l’image et son support matériel. Également, les travaux en cyanotype sans contact de Marie Clerel exposés par la galerie Binome, notamment des séries de ciels. Une artiste qui explore la lumière et le temps, en mettant hors-jeu les préoccupations techniques habituelles de la photographie, en se tournant et jouant avec des procédés d’expositions et de révélations élémentaires. Un autre exemple à l’Urban Gallery, où la galerie Dantec présentait les travaux de Léa Desmousseaux, qui explore, munie d’un appareil argentique derrière l’écran de son ordinateur, des clichés d’images aériennes issues d’archives scientifiques (vestiges nubiens, romains, …), proposant à l’arrivée des paysages étranges, matériels et immatériels, lunaires.
Rêveries
Du côté des images facilement lisibles, on trouvait à l’Urban Gallery présenté par la galerie The Merchant House plusieurs projets de l’artiste Mary Sue, qui pose déguisée en soubrette naïve, superwoman, danseuse orientale, Alice au pays des merveilles ou Blanche-Neige, accentuant ironiquement l’imagerie associée aux femmes pour la dénoncer. Aux Voûtes de la Major, la galerie Olivier Waltman proposait les photographies grand format du norvégien Rune Guneriussen. L’artisteinstalle dans les paysages naturels de Norvège des ensembles de mobiliers manufacturés, luminaires, chaises, globes terrestres électriques, disposés souvent en guirlandes monumentales, donnant à l’ensemble un aspect de conte merveilleux.
Enfin parmi les photographes présentant des ensembles invitant au récit, le travail d’Yveline Loiseur présenté aux Voûtes de la Major par la galerie Françoise Besson : La Vie Courante cherche à capter le passage du temps d’une vie dans des lumières aux couleurs profondes. Une dizaine de photographies rêveuses, certaines où elle fait poser des personnages qu’elle met en scène précisément, d’autres étant des natures mortes qu’elle compose précautionneusement.
Rêveuse encore, à l’Urban Gallery, l’une des lauréates du Prix Polyptyque Photographie de cette année, Éleonara Paciulo : un ensemble de photographies en noir et blanc et de vidéos, un serpent avec sa mue sur du sable, un tronc d’arbre, des ombres de main, des objets brûlés, des rituels mystérieux, un texte sur la magie.
MARC VOIRY
Polyptyque s’est déroulé du 30 août au 1er septembre aux Voûtes de la Major, Urban Gallery, Centre Photographique Marseille et MundArt, Marseille
Le nouvel accrochage de l’exposition Toucher le Silence de Grzegorz Przyborek au Centre Photographique Marseille est visible jusqu’au 21 septembre