mercredi 24 avril 2024
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Frac : un nouveau nom et une nouvelle vision 

Rencontre avec Caroline Pozmentier-Sportich, présidente du Fonds régional d’art contemporain (Frac) et sa directrice Muriel Enjalran à l’occasion d’un double anniversaire

Zébuline. Pourquoi fêter les dix ans du bâtiment sachant que le Frac existe depuis 1983, d’abord dans le quartier du Panier et aujourd’hui à la Joliette ? Quels sont les enjeux ?

Caroline Pozmentier-Sportich. L’année 2023 marque les quarante ans d’une politique culturelle souhaitée plus décentralisée. Elle permet de faire un bilan et de se projeter sur le Frac de demain. Force est de constater aujourd’hui que le Frac, qui a œuvré à structurer le monde de l’art contemporain sur ses territoires, a besoin de plus de visibilité et de notoriété au niveau local ou national alors même que c’est un modèle envié dans le monde entier. Il correspond à notre ambition de rayonnement culturel avec des enjeux de démocratisation culturelle puisque ses missions d’éducation et de sensibilisation à l’art contemporain font partie de son ADN. Fêter ses quarante ans, c’est relever encore plus sa responsabilité sociale et sociétale. Nous voyons combien l’art contemporain interroge, bouscule, et doit permettre toujours plus de dialogue, de vision et de transversalité. Nous avons également une responsabilité patrimoniale qui est la collection (1600 œuvres). Il y a dix ans on était sur des Frac de deuxième génération, avec la création du bâtiment par Kengo Kuma, mais une fois qu’on a créé un fonds, constitué une collection et bâti un lieu avec un geste architectural fort, il faut penser aux dix ans à venir. Il est important aujourd’hui de s’inscrire dans une dynamique nationale.

Le changement de nom correspond-il à une ambition généralisée ou à une initiative régionale ?

Muriel Enjalran. On constate au niveau national que l’acronyme, quarante ans après, est encore mal connu. Se pose aussi la question de l’identification du bâtiment au cœur de Marseille. On propose cette nouvelle appellation « Frac Sud – Cité de l’art contemporain » pour répondre à ce double objectif : rendre nos missions plus compréhensibles par le public et mieux l’ancrer dans la ville et son quartier. Cela permettra peut-être à d’autres Frac de changer de nom, voire d’abandonner l’acronyme bien que ce soit un label. On anticipe effectivement une réflexion plus générale.

« 40 ans après, l’acronyme est encore mal connu »

Cela implique-t-il de nouveaux projets artistiques qui ne faisaient pas partie de ses missions premières ?

M.E. L’idée est de mettre en lumière notre ADN et les particularismes de nos missions à travers des projets qui vont faire comprendre au public à quel endroit on agit. L’année va se découper en trois séquences. La première se déroulera dans nos murs,avec les expositions d’un artiste d’envergure internationale (Hamish Fulton) et de deux jeunes artistes diplômés de la Villa Arson (Liv Jourdan et Mathis Pettenati) dont ce sera la première exposition dans un lieu institutionnel. Nous valoriserons sous un angle original et ludique notre collection qui est encore mal connue car elle se donne à voir de manière fragmentaire sur notre territoire. Elle sera réunie dans un ensemble qui racontera une histoire au public, c’est le projet Solaris. Cette année anniversaire se déploie également hors les murs avec l’Olympiade culturelle, à la fois dans les établissement scolaires avec des projets atour de la collection et des interventions d’artistes, et dans des centres d’entraînement labellisés olympiques pour des résidences insolites. Le premier projet se déroulera entre le Cap d’Ail, Istres et Beaulieu-sur-Mer en compagnie de Camille Holz qui suivra les jeunes pendant le tournoi de tennis Open Junior et exposera ses œuvres au Musée national du sport à Nice. L’idée est de faire société avec le sport qui participe de la construction d’une culture commune et de la cohésion du tissu social.

À ce propos, le projet de biennale de la culture à La Joliette réapparait, de quoi s’agit-il ?

C .P-S. Tout l’intérêt de ce projet est de faire rayonner le Frac en tant que porteur et fédérateur du territoire. Il correspond à l’évolution du quartier, à ce besoin de perméabilité des habitants avec son environnement économique et culturel. On sait bien qu’aujourd’hui certaines villes sont identifiées sur leur travail autour de l’art contemporain et de l’espace public, qu’elles ont réussi leur transformation et le dialogue dans les quartiers grâce au rassemblement autour de l’œuvre et de l’artiste. 

Une réflexion avait déjà eu lieu sur le rassemblement de tous les acteurs de La Joliette…

C .P-S. Il y a eu le J5 au moment de 2013, mais l’initiative s’est un peu essoufflée par manque de fédération transversale de toutes les communautés du quartier. Le message est que l’on ne construit pas une biennale comme on les connaît, type Manifesta, on est ici dans une dimension de co-construction, de programmation partagée avec le voisinage, de réappropriation de l’art contemporain par chacun. L’art contemporain est souvent présenté comme réservé à une élite éloignée du quotidien, là, ça part du terrain, de tous ceux qui font vivre le quartier.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Week-end d’ouverture
Pour célébrer son double anniversaire, le Frac ouvrait ses portes gratuitement le 25 mars. Deux expositions sont à découvrir : A Walking Artist d’Hamish Fulton et Solaris, une installation issue d’œuvres de sa collection. Nous reviendrons plus en détail sur ces expositions. 
fracsud.org
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