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Jazz à Junas se conjugue au féminin pluriel

Le rendez-vous jazz gardois présentait ce 19 juillet un plateau 100% féminin, avec au programme la batteuse inspirée Anne Paceo et la chanteuse engagée Sandra Nkaké

Pour ses trente ans, le festival Jazz à Junas s’est offert une affiche féminine à son image : créative, débordante d’énergie et riche de mille influences musicales. À commencer par Anne Pacéo, modeste et pétillante mais qui se transforme en bête de scène une fois derrière sa batterie. À regret, on l’entendra plutôt en tant qu’accompagnatrice discrète des titres de son album S.h.a.m.a.n.e.s, lesquels font la part belle à la voix, dans la continuité de son opus précédent Bright Shadows. Le rythme y est évidemment essentiel, mais souvent en retrait pour laisser place à l’art vocal de deux chanteuses qui s’harmonisent et se complètent subtilement. Anne Pacéo s’y révèle dans tout son talent de compositrice, évoquant avec une pudeur touchante des titres comme L’Aube, écrit « quand tout s’effondrait », Healing, joué comme un mantra pendant le confinement, ou Wishes, témoignant de ce moment de bascule où les certitudes se révèlent être des mirages. À travers des mélodies inspirées de traditions chamaniques de guérison, la musique se fait apaisement, la douleur guérison.

Royale Nkaké

La résilience est ce qui lie Anne Pacéo à l’autre invitée de cette douce soirée sous les étoiles : Sandra Nkaké, la reine à la peau d’ébène et à la tessiture de velours épicée, majestueuse, impressionnante, puissante. Dans les carrières de Junas, sa voix se joue du rock, du jazz, de la soul pour se faire porteuse de sens, de révolte à travers son dernier album Scars. Son histoire, ses plaies, ses blessures, dans son corps et dans son âme, mais aussi celle, collective et plurielle, des femmes dans une société qui leur laisse peu de répit. Le point levé, la guitare en bandoulière comme une arme musicale, l’autrice-compositrice-interprète scande : « Sage-femme, femme au foyer, astronaute, cheffe d’entreprise, caissière… Nous sommes toutes les femmes que l’on peut voir si on prend simplement la peine d’ouvrir les yeux. Oui nous sommes bien là, on voudrait  nous silencier, on voudrait nous effacer, contre toute cette violence qui nous est faite on a quelques mots… » Avant de chanter comme un slogan : « My body my choice, my right my voice, we gonna kill your ignorance » (« Mon corps mon choix, mon droit ma voix, nous allons tuer votre ignorance »). Une fois partagées, racontées, assumées, transcendées par la musique, les cicatrices deviennent une force incroyablement puissante de changement.

ALICE ROLLAND

Concerts donnés le 19 juillet dans le cadre de Jazz à Junas.

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