samedi 27 avril 2024
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La culture, un « levier de convivialité pour le centre-ville »

Travaux au Théâtre Silvain, transformation du 42 Canebière en Maison de la Police Municipale… Sophie Camard, maire des 1er et 7e arrondissements de Marseille, revient sur les dernières actualités culturelles de son secteur, mais aussi de la politique culturelle qu’elle y mène

Zébuline. Depuis votre élection, votre principale ligne directrice est la revitalisation du centre ville. J’imagine que la culture est un des principaux moyens pour y parvenir ? 

Sophie Camard. Oui, on a pris ce sujet à bras le corps. Notamment parce que l’on a de grands espaces publics, comme le bas de la Canebière piétonnisé, ou la place Léon Blum récemment refaite. Et le centre ville s’y prête, c’est un lieu de rencontre, de convivialité. Notre particularité c’est qu’il y a des activités culturelles dans les équipements, mais nous faisons aussi de la culture un levier de convivialité : cela permet de faire de beaux spectacles, en extérieur, de qualité et gratuits. On ouvre nos petits parcs et jardins pour faire entre 35 et 45 dates par an [Avant le soir, ndlr], l’emblématique Au bout la mer qui a remplacé Les Dimanches de la Canebière sur une autre formule. C’est un gros investissement car c’est la mairie de secteur qui le finance entièrement, ce n’est pas rien. Une mairie de secteur a de petits budgets, et nous consacrons 20% du nôtre à la culture, car on considère que c’est nécessaire d’avoir un levier culturel important dans le centre-ville. 

Sophie Camard © VdM

Vous souhaitez poursuivre sur cette lancée les prochaines années ?

Oui jusqu’en 2026 nous gardons cette même formule. C’est important de s’inscrire dans la durée, c’est comme cela que l’on crée des habitués : créer et fidéliser un public, c’est un joli critère de réussite. Je ne voudrais pas que notre politique culturelle soit seulement de l’événementiel, au sens éphémère du terme. Nous allons devoir aussi nous adapter en fonction des particularités des années. Par exemple en 2024, les Olympiades culturelles et les Jeux olympiques vont prendre énormément de moyens de sécurisation d’espaces. Donc on va faire les Kiosque & Co avant et après les Jeux, pour ne pas tout condenser en même temps. 

Vous avez annoncé il y a quelques semaines la fermeture du Théâtre Silvain pour travaux cet été. Cette décision était-elle inéluctable ?

La réhabilitation du Théâtre Silvain était nécessaire, il était au bord de la fermeture. Nous avions par exemple des locaux logistiques et la maison du gardien bourrée d’amiante et aucun accueil pour les artistes. Certains d’entre eux ne viennent pas au Silvain car toute sa partie logistique et d’accueil n’est pas à la hauteur. Donc non seulement c’était nécessaire, mais c’est une bataille que j’ai menée auprès de la Ville pour avoir le budget et la réalisation du permis : non pas pour le fermer, mais pour le sauver. Je préfère qu’on valorise la réhabilitation d’un équipement plutôt qu’on dise qu’on le ferme. Comme beaucoup d’équipements, il revient aux nouveaux élus de faire du rattrapage – il n’y a pas eu de travaux au Silvain depuis 1999. C’est le même cas de figure pour le Théâtre du Gymnase*, qui est actuellement fermé, alors que c’est un bâtiment clef pour tout le quartier autour du lycée Thiers.

Comment les acteurs culturels qui organisent des événements au Silvain ont-ils réagi à cette décision ?

C’est sûr qu’ils peuvent le regretter, mais on s’attendait à ce que cette année soit difficile et on avait averti la plupart des artistes.Ils ont soit trouvé des solutions, soit travaillent déjà pour 2025.

Benoît Payan a annoncé la transformation de la Maison Figaro – au 42 Canebière, un ancien espace culturel municipal – en Maison de la Police municipale. Vous étiez favorable à cette décision ? 

Depuis que je suis arrivée, tout le monde se dispute le 42 Canebière. J’avais envoyé un courrier au maire assez tôt pour en conserver l’usage culturel. Il y avait aussi des projets d’implantation d’entreprises, comme le Père Blaize qui voulait s’installer au rez-de-chaussée… Finalement, ça n’aboutissait pas à grand chose. Donc le maire a tranché en accordant ces locaux à la Police municipale. C’est une décision à laquelle je ne m’oppose pas, car je pense que l’on a besoin d’eux. Et c’est aussi une demande des acteurs culturels : ceux qui sont à Belsunce ou Noailles nous disent que la situation en centre-ville est parfois dure. En parallèle, l’école d’architecture a déménagé à la Porte d’Aix et a libéré un gros foncier à Luminy. Il était prévu d’y mettre une école de police, et la Ville a tranché pour le garder à l’Inseamm [qui réunit l’école des Beaux-arts et le Conservatoire, ndlr]. Pour le coup, il y a là une énorme surface que Raphaël Imbert [son directeur,ndlr] saura utiliser au mieux.  

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

* Ce bâtiment municipal est fermé pour travaux depuis 2020 suite à un arrêté de péril

Quels travaux pour le Théâtre Silvain ? 

Le projet, confié au cabinet d’architecture italien spécialisé en patrimoine Archigem, prévoit le désamiantage et la destruction des bâtiments réservés au gardien, aux artistes et au stockage du matériel. En remplacement, est prévu un même bâtiment à deux niveaux pour la conciergerie et le local de stockage, ainsi que de nouvelles loges et d’une salle commune. Selon le planning prévisionnel, le chantier devrait se poursuivre jusqu’à courant 2026 – avec une pause de trois mois pour assurer une programmation culturelle à l’été 2025.
Coincé entre le quartier d’Endoume et la Corniche à Marseille, le Théâtre Silvain, dont on fêtait les 100 ans l’année dernière, est devenu depuis deux décennies un lieu notable de la vie estivale marseillaise. D’abord à l’initiative de Jean Roatta, ancien maire du secteur, puis de ses successeurs, Patrick Mennucci et Sabine Bernasconi, qui ont à des degrés divers intensifié la programmation. N.S.

Théâtre Silvain © ARNAUD REBOTINI
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