mardi 30 avril 2024
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La Distillerie, une ivresse à cultiver !

Lieu de résidence situé à Aubagne, La Distillerie connaît actuellement de grandes difficultés financières. Entretien avec Christophe Chave, son directeur

Zébuline. Tout d’abord, pourriez-vous définir ce qu’est exactement La Distillerie ?

Christophe Chave. La Distillerie, c’est un lieu de fabrique à destination régionale de spectacle vivant. On accueille toute l’année des compagnies de théâtre, de performances, de danse, pour des temps de travail, de résidence d’une à trois semaines avec mise à disposition du plateau, du son, des lumières, sans régisseur : les compagnies sont totalement autonomes. Grâce au dispositif Place aux Compagnies, né en 2016, s’orchestre un soutien à la production du spectacle vivant régional, depuis la production jusqu’à la diffusion. À la fin de la semaine de résidence (une seule est proposée dans ce cadre), une présentation du travail est effectuée devant des professionnels. En général, les projets tournent sur le plan régional. Il ne faut pas oublier « Le goûter des créations » mis en œuvre conjointement avec le Cercle de midi (la branche sud-est au niveau régional du « Chaînon manquant »). Cette année neuf compagnies exposeront leur projet de la manière qui leur convient à un public de professionnels (directeurs de structure, producteurs, diffuseurs, Réseau Traverse, la Drac). 

On peut parler d’un lieu en synergie ?

Oui. Pour la Drac, on fait partie des rares lieux de résidences tremplin (actuellement il y en a deux sur le territoire de la région Sud, l’Entre-Pont de Nice et La Distillerie). Malheureusement nous ne sommes pas encore un lieu labellisé, ce qui permettrait de soutenir toutes les compagnies en résidence (certes, il y a aussi des lieux labellisés qui accueillent des compagnies en résidence, mais ce n’est pas leur principale fonction). 

Quelles relations entretenez-vous avec les compagnies régionales ?

Le bouche à oreille suffit. Les compagnies m’envoient par mail leur projet, mais je ne me contente jamais d’un dossier, je rencontre toujours personnellement les artistes afin de parler de leur projet. Souvent, on a affaire à de jeunes compagnies qui sont encore assez précaires. Aussi, on cherche à les soutenir dans leurs démarches administratives, à les orienter vers des lieux qui pourront les aider. Les choix se font sur l’artistique, le rapport au monde des artistes, leurs questionnements. Le travail sur l’artistique ne correspond pas à une « nécessité de la création » mais à l’émancipation du public : le sortir de l’ornière télévisuelle et du carcan de l’individualisme.

Vous évoquiez les difficultés financières de La Distillerie en début de saison. Qu’en est-il aujourd’hui ? 

Je pourrais dire que nous en sommes au même point ! Le 10 octobre, nous avons eu une réunion avec des représentants de la Ville d’Aubagne, du Département, de la Région Sud, de la Drac. Toutes les subventions ont baissé sauf celles de la Région Sud. Sans vouloir être alarmiste, l’avenir de La Distillerie est en jeu. Si rien ne change on dépose le bilan en juin 2024, c’est une réalité. L’an dernier nous avons pu aider douze compagnies, cette année seulement neuf. Pour augmenter leurs financements, les structures institutionnelles attendent un geste de la Ville d’Aubagne, notre principal financeur, puisque La Distillerie est née de la volonté de la ville, pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui, une belle plate-forme de la création artistique et un tremplin de la vie culturelle régionale. Je crois qu’il ne faut jamais oublier que ce ne sont pas les lieux qui font les artistes, mais les artistes qui font les lieux. L’obscurantisme est fatal pour les démocraties c’est pourquoi le théâtre est fondamental car il est un endroit de réflexion.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

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