Zébuline. Ce concert de soutien témoigne-t-il d’importantes difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
Stéphane Signoret. Ce n’est pas nous qui avons eu cette idée, c’est à l’initiative d’Anaelle Loze de l’Intermédiaire. On traverse comme beaucoup de gens, de sociétés, une période difficile, d’autant plus dans le commerce culturel. L’inflation touche tout le monde et le budget culture se réduit. Des gens qui nous achetaient trois ou quatre disques par mois n’en achètent plus qu’un ou deux. Il y a aussi le prix du vinyle qui augmente et provoque un effet pervers : on réduit nos marges pour que le prix reste raisonnable, et on en vient à vendre des disques plus chers qu’avant, mais on gagne moins d’argent.
Comment explique-t-on cette hausse du prix du disque ?
Ca a commencé avec le Covid et l’augmentation des prix des matières premières. Moi qui ai en parallèle un label [Lollipop Records, ndlr], j’ai constaté que depuis 2020 le prix du pressage a été multiplié par deux (pour 500 vinyles). Il y aussi l’offre et la demande : il y a peu d’usines de pressage et beaucoup de demande. Les majors font aussi pression pour que le prix augmente et faire du disque un objet de luxe… On est au carrefour de plusieurs facteurs défavorables.
Les grandes enseignes ont aussi énormément développé leur offre de vinyles. Pourrait-on imaginer un système de protection pour les disquaires indépendants, à l’instar des librairies et le prix unique ?
Effectivement, on n’a pas les mêmes protections que dans le livre. Pour nous, la TVA est à 20% alors que pour eux elle est à 5,5%. Depuis longtemps les acteurs du disque essayent de faire pression mais ça n’a jamais marché. Pour le prix unique du disque ce serait une bonne solution mais c’est beaucoup plus difficile à mettre en place. Dans le livre, chaque édition est nationale : il y a une édition française, allemande… alors que dans le disque il y a une édition unique pour le monde entier. Donc même si on met un prix unique en France, il y aura une concurrence des ventes par correspondances.
Dans cette période incertaine, c’est important d’avoir le soutien de la scène rock marseillaise…
Oui bien sûr, on est très touchés que les groupes aient spontanément accepté, et on a beaucoup de retours de gens qui souhaitent venir. Mais ce serait contre-productif de venir ce jour-là et se dire que l’on a sauvé Lollipop. Même si je connais les difficultés que nous connaissons tous, le plus important c’est de venir le reste de l’année…!
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI
Soirée de soutien au Lollipop
25 novembre
L’Intermédiaire, Marseille
lollipopmusicstore.fr