Sa carrure tanquée ne la prive pas d’une agilité certaine, faisant fièrement étinceler ses reflets moirés. À l’instar de sa cousine éloignée – la pernicieuse Pom’Potes – elle est assez flexible pour se contorsionner dans les poches et se retrouver dans tous les interstices des espaces urbains ou naturels. Elle, c’est la pochette du Capri-Sun, la boisson préférée des petits marseillais, que le Collectif des Gamarres a choisi comme fil directeur pour l’une des opérations phares de la prochaine Fête du Ruisseau : une grande marche ralliant Septèmes-les-Vallons aux Aygalades, samedi de 10 h à 16 h. Aux manettes, on retrouve notamment le collectif Safi et le Bureau des guides du GR 2013, instigateurs de ce « drôle de jeu de piste suivant la trace d’un déchet emblématique de nos quartiers : la pochette de Capri-Sun, pour comprendre le cours d’eau et rencontrer des initiatives riveraines. » Simultanément, à la Cité des arts de la rue, les réjouissances prennent le relai durant tout le week-end : déjeuner sur les berges, installations, balades sonores, écoute documentaire, atelier de costumes recyclés, Tarot de l’eau, cabinet de curiosités, jeu de pêche, machine à renaturer… Toutes les initiatives convergent vers une célébration de l’eau vive, « première étape vers l’acquisition d’un sens du soin et de la gratitude ».
Sonder le cours de l’eau
Car en effet, depuis la réhabilitation de la fantasque cascade des Aygalades – située sur une parcelle de 2 000 m² en contrebas de la Cité des arts de la rue – il y a une poignée d’années par le chantier d’insertion des bien nommés « Cascadeurs », le ruisseau des Aygalades est célébré chaque année à l’automne. Les deux pieds dans la terre meuble, le visiteur, voisin ou curieux, est une nouvelle fois invité à investir le site pour y glaner, nettoyer, discuter, méandrer au marché producteur du dimanche, voire y danser aux côtés de la chorégraphe Mathilde Monfreux. Au-delà de ces initiatives croisées artistiques et citoyennes, il s’agit de sonder notre imaginaire et de remonter le cours de l’eau, de manière tour à tour littérale et symbolique, dans une quasi mise en abyme vertigineuse : « avant cela, elle était dans des tuyaux, et avant encore dans des conduites d’eau. Elle y est arrivée depuis une station de potabilisation à Sainte-Marthe, et avant encore depuis le canal de Marseille, connecté à un autre canal – le canal usinier EDF, connecté à un lac de stockage… ». Grand témoin de cette sarabande, Gaia, l’installation gonflable reproduisant une Terre géante du britannique Luke Jerram, trônera tout le week-end sur ses visiteurs, tel un totem bienveillant enjoignant de respecter son patrimoine naturel.
JULIE BORDENAvE
La Fête du Ruisseau
30 septembre et 1er octobre
Cité des arts de la rue, Marseille
collectifdesgammares.com