Zébuline. Avec Jest, on touche au cœur du travail de l’Ami (Aide aux musiques innovatrices) puisque les projets artistiques présentés sont tous accompagnés ou soutenus par la structure.
Élodie Le Breut. Comme pour la première édition, l’événement a été pensé pour mettre en valeur le travail des artistes et ritualiser la diffusion de l’accompagnement qu’on a engagé auprès d’eux. Toujours dans le cadre du dispositif Be.On, créé l’an dernier, nous avons cette fois lancé un appel à projets. Quatre ont été sélectionnés et trois sont présentés au public. Et il y aura une deuxième phase de présentation au mois de décembre. Ce ne sont pas tous des artistes émergents mais leurs projets le sont. Parce qu’ils présentent des esthétiques pointues ou des projets transdisciplinaires, on les accompagne pendant un an. À côté, nous soutenons d’autres projets de façon plus classique, en étant coproducteurs ou simplement programmateurs de créations inédites.
Votre proposition semble également questionner le format de festival…
Tout le travail de l’Ami a été reposé pendant la période du covid en nous recentrant sur l’accompagnement de l’artiste, le temps long de la création. Le retour à la « normale » – si tant est qu’il y ait une normalité dans la situation d’aujourd’hui – nous a paru extrêmement rapide et dans une forme de boulimie de propositions. À de rares exceptions près, les festivals ont retrouvé leur format initial. Or à la suite des différentes crises qui se succèdent, une grande partie de la population n’est pas en proximité avec l’art. Ce n’est pas la priorité des gens. Nous sommes donc allés dans des lieux qui entreprennent un travail avec la population.
En même temps que le format et la temporalité, Jest invite aussi à réfléchir à l’espace avec un recentrage sur un quartier, celui où est implanté l’Ami, la Belle de Mai.
Au-delà de l’événementiel pur, la proximité avec les habitants nous semblait être un travail de territoire important à faire. Le fait de travailler à la Belle de Mai suscite une vraie réflexion, menée avec beaucoup d’acteurs de la Friche, pour resserrer les liens avec le quartier, avec les habitants comme avec les opérateurs. Si le projet de la Friche a pour ambition d’être un quartier-ville, c’est aussi à nous d’aller dans le quartier. Nous avons donc pensé le parcours et les espaces de notre événement dans ce sens-là.
Pouvez-vous nous parler de quelques artistes programmés et de leurs projets ?
On trouve grande diversité de formes. En musique, il y a Luufa (2 septembre) avec sa pop délurée, Manoir Molle (1er septembre) qui est sur une esthétique plus expérimentale et tellurique ou encore Normal Cracra (3 septembre) entre jazz, krautrock et musiques improvisées sur lesquels intervient un danseur rencontré devant nos studios. Le Corps utopique (1er septembre) est une création sonore qui nous a été proposée par Laurent Pernice. Le duo Garçons Fragiles (2 septembre) invite Laura Perrudin, harpiste reconnue, et le beatboxer K.I.M. pour un concert très particulier sur le toit-terrasse si la météo le veut bien. On a une solution de repli au cas où… On peut aussi citer les deux performances sonores de Lucien Gaudion du collectif Deletere (1er septembre), qui ont aussi une dimension plastique.
En termes d’esthétiques, peut-on mettre des mots sur ce qui est présenté ?
Avec l’Ami, l’idée est justement de ne pas en mettre. D’où le « i » pour innovatrices qui permet d’être très vague et en même temps très clair sur l’intention. Nous sommes dans une recherche d’originalité, de croisement. Les projets sont difficiles à qualifier car hors des normes mais toujours très éclectiques.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS
Jamais d’Eux Sans Toi
Du 31 août au 4 septembre
Divers lieux à la Belle de Mai, Marseille
jest-ami.webflow.io