jeudi 28 mars 2024
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Le rock and roll de Philippe Decouflé

Le chorégraphe présente à l’Opéra de Marseille sa dernière création Stéréo, maelström inattendu d’énergie punk-rock

Resté dans la mémoire collective pour avoir signé le spectacle vitaminé de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’Albertville en 1992, le chorégraphe Philippe Decouflé est en tournée en France depuis l’été dernier pour présenter sa dernière création Stéréo. C’est à l’Opéra de Marseille, mais dans le cadre de la saison du Théâtre du Gymnase, toujours fermé pour travaux, qu’il fait escale fin avril pour trois représentations.

Spectacle flamboyant, débordant de strass, Stéréo rend hommage à la musique rock, dont Philippe Decouflé a toujours été un amateur, et dont il a abondamment exploré l’esthétique. La bande sonore du spectacle contient ainsi des compositions originales, bien sûr, mais aussi des classiques des années 1960, des Beatles ou des Beach Boys. 

Spectacle total

La Compagnie DCA fondée par Philippe Decouflé dans les années 1980 est évidemment au cœur de ce projet de « concert rock dansé », à commencer par sa danseuse principale Violette Wanty, son compère Aurélien Oudot et trois autres membres de la compagnie (Vladimir Duparc, Eléa Ha Minh Tay et le comédien Baptiste Allaert). Danses de couples, acrobaties en skateboard, solos déchaînés se succèdent avec frénésie. 

Comme dans Drastic Classicism de Karole Armitage qui en 1981 brisait les barrières entre le punk-rock et la danse, un groupe de rock est présent sur scène : il est d’ailleurs à la base de la création et en donne – littéralement – le tempo, les tableaux acrobatiques des danseurs se déroulant  comme nourris de cette énergie continue. La propre fille du chorégraphe, Louise Decouflé, est à la guitare basse et a participé à la composition de la bande originale, signe de l’ancrage profondément intime et familial de cette vibration rock and roll.

Le public retrouvera ce qui fait la patte des spectacles « totaux » de Philippe Decouflé depuis de nombreuses années : l’esprit ludique, le mélange des genres, le trait vague entre acteurs et danseurs, le recours à la vidéo (ici d’Olivier Simola), les costumes hauts en couleur de Philippe Guillotel, ou les décors de Jean Rabasse. Tous ont collaboré ici pour recréer une ambiance d’un disco très seventies plus vraie que nature.

Il y a aussi quelque chose de très cinématographique dans ce Stéréo, dans sa forme comme dans ses influences. De l’aveu de Philippe Decouflé, cinéaste à ses heures, on y compte le film-concert Stop Making Sense de Jonathan Demme, à l’origine du concept même du spectacle, ainsi qu’Un jour sans fin d’Harold Ramis et son ode à la répétition. Mais le cinéma se ressent également dans cette omniprésence de la musique, cet éveil des corps et dans ces personnages farfelus mais attachants semblés sortis d’un film en lice au festival Sundance. Une véritable œuvre totale, qui ade quoi exciter la curiosité d’un public multiple.

PAUL CANESSA

Stéréo
Du 27 au 29 avril
Opéra de Marseille
Une proposition du Théâtre du Gymnase.
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