On l’a suffisamment entendu pour le croire, la guerre en Ukraine est largement responsable de l’explosion des prix. Celui du blé comme celui du gaz. Mais il y a des « nouvelles » que l’on entend moins : si l’inflation bat des records, c’est aussi parce qu’elle est aidée par la spéculation. Particulièrement sur les matières premières agricoles. Car bien entendu, à l’époque formidable dans laquelle nous vivons, ces produits essentiels pour notre alimentation sont cotés en bourse. Et des acteurs purement financiers, à défaut de s’épuiser au travail, boursicotent avec nos estomacs. Banques, fonds d’investissement, établissements de crédit font mumuse avec le marché et se gavent sur le dos de la crise alimentaire. Investir au bon moment, quand les cours commencent juste à grimper, et revendre plus cher, beaucoup plus cher, pour encaisser les plus-values. Le principe est vieux comme le capitalisme. Et aussi immoral que lui. Quelques fins observateurs ont pu constater que ces profiteurs sans foi ni loi ressemblent fortement à ceux qui nous ont déjà mis dans la mouise en 2008. Pourquoi se priveraient-ils ? On les laisse faire. Mieux : on les couvre. Parfois l’Union européenne ou de grandes institutions internationales pseudo-régulatrices montrent les dents. Mais c’est souvent pour de rire. Et comme on n’arrête pas le progrès – pas le social, l’autre – ce sont les ordinateurs qui font le sale boulot. Un algorithme, ça n’a pas de scrupules, c’est l’avantage. On appelle ça le trading à haute fréquence et il paraît que c’est sain pour le marché. Ils seraient quatre dans le monde à se répartir le gâteau dont le groupe Louis Dreyfus, entreprise tentaculaire mais toujours familiale bien connue des supporters de l’OM et impliquée dans le scandale des Paradise Papers en 2017. Elle, n’est toujours pas cotée en bourse. Pas folle la guêpe.
Selon certains experts, ces pratiques spéculatives pèseraient pour près de 40% dans la hausse des prix des matières premières. Vous reprendrez bien un chèque énergie ?
LUDOVIC TOMAS