samedi 27 avril 2024
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Les vies immobiles dela Villa Théo

Après les paysages du photographe-marcheur Eric Bourret, pleins d’une nature vivante, une nouvelle exposition au Lavandou se tourne vers d’Intimes intérieurs en exposant des natures mortes

Intime intérieur est le titre que Bernard Plossu a donné à deux de ses rares photographies couleurs réalisées en tirage Fresson (tirages au charbon, qui donnent un rendu mat, délavé, granuleux, poudreux), exposées à la Villa Théo, à côté de son amusante Nature morte aux poivrons, et de trois Fleurs à la maison-La Ciotat, tirées selon la même technique. Intime intérieur (1 et 2) montrent des petits bouts d’espaces domestiques : une lampe de chevet au pied torsadé noir et à l’abat-jour jaune sur le coin d’une table de chevet, sur fond de mur bleu et blanc, à côté d’un bout de rideau masquant une fenêtre, et un guéridon carré en bois dans l’angle d’un couloir au sol rouge et aux murs blancs. Un plaisir méditerranéen de la lumière, de la couleur, de la composition et du recoin, où, à travers le « petit genre » de la nature morte (genre pictural le moins noble selon la classification inventée au 17eme siècle), la temporalité des photographies de Plossu semble vouloir se rapprocher de celle de la peinture.

Espace clos

Des photographies que l’on trouve placées malicieusement à côté d’une peinture grand format de 1956 d’Olivier Debré, peinture abstraite que l’artiste a titrée Nature morte. Couleurs sourdes, épais aplats rectangulaires, tonalité bleue dominante, assemblage au centre de carrés rouges, verts, encadrés de noir et de gris, un travail qui évacue le motif figuratif pour se situer du côté de l’évocation de son espace, le plus souvent clos. Juste à côté, deux photographies en noir et blanc de Frédéric Joncour, une rose et des tulipes, fleurs mortes aux textures délicates, en tirage pigmentaire sur papier canson, pouvant rappeler que la « nature morte » en français (en anglais et allemand « still life » et « stilleben » : vie immobile) a partie liée avec le genre des « vanités », signifiant la vacuité des activités et des passions humaines face à la mort.

Intemporalité

Du côté des plaisirs des vies immobiles, ce sont des corbeilles de fruits, des bouquets de fleurs, des légumes en pleine santé, signés de peintres fortement liés au Lavandou ou à ses alentours, tels que, parmi d’autres Jean Arène, Georges Henri-Pescadère, le peintre vigneron Alexandre Troin, Serge Plagnol, Eugène Baboulène, Emmanuel-Charles Benezit… Seule deux femmes artistes sont présentes, chacune avec une œuvre : Suzanne Valadon et Françoise Nunez. L’impression, à travers ces rapprochements d’œuvres récentes et anciennes, d’une certaine intemporalité du « petit genre », nourrie d’analogies, continuités ou contrastes, se saluant les unes les autres. 

MARC VOIRY

Intimes intérieurs : natures mortes, bouquets et autres vies silencieuses
Jusqu’au 30 mars
Villa Théo, Le Lavandou
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