mercredi 2 octobre 2024
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Marianne et les autres

On pouvait s’étonner à la lecture de l’affiche annonçant les représentations de Ces femmes qui ont réveillé la France : un ancien ministre, ancien président de l’Assemblée nationale, ancien président du Conseil constitutionnel, mais auteur aussi d’essais et de romans policiers couronnés de succès, se retrouvait sur le plateau. Jean-Louis Debré est l’auteur du texte initial, avec sa compagne à la scène comme à la ville, Valérie Bochenek, réunissant un florilège de portraits de femmes « qui ont bousculé et changé le destin de la France ». À travers ces vignettes plus ou moins développées, s’élabore aussi une vision de la république et de la démocratie.

Sur scène sont disposés des bustes de Marianne, un bureau de travail et un piano (Christophe Diès) qui égrène les mélodies composées par des musiciennes, Elisabeth Jacquet de la Guerre, Hélène de Mongeroult, Louise Farrenc, Nadia Boulanger et tant d’autres que notre époque a la bonne idée enfin de reconnaître. Un seul air joué ce soir-là, ne sera pas dû à une femme, La Marseillaise, qui vient compléter le portrait de la symbolique Marianne dont la naissance est expliquée avec humour par Jean-Louis Debré.

Certes, il ne s’agit pas de théâtre, il n’y a pas de distanciation entre l’homme et son personnage. C’est l’ancien homme politique qui parle, joue de sa familiarité avec les institutions et les personnalités qu’il a fréquentées. Même son ami de toujours Jacques Chirac a droit à sa parodie, ne parlons pas de celle de Giscard D’Estaing, de Nicolas Sarkozy, de François Hollande, d’Emmanuel Macron ou de sénateur cacochyme avançant à petits pas.

Douce ignorance

Au cours de cette conférence illustrée (un écran en fond de scène projette les portraits des personnes évoquées), défilent les femmes souvent trop peu connues qui ont osé exister hors des canevas qui leur étaient dévolus, et le travail n’était pas aisé ainsi que le souligne Jean-Louis Debré rappelant le projet d’une loi « portant défense d’apprendre à lire aux femmes » soumis par le révolutionnaire Sylvain Maréchal en 1801 invoquant la sensibilité propre au sexe féminin plus épanouie dans la « douce ignorance »…

L’écrivain se sent alors porté par une saine indignation et devient lyrique dans son évocation d’Olympe de Gouges, George Sand, Simone Veil, Colette, Marguerite Yourcenar ou Louise Michel. L’histoire étant écrite par les hommes, les femmes sont systématiquement oubliées constate-t-il, présentant les pionnières, Julie-Victoire Brès, première bachelière, Jeanne Chauvin, première avocate, Julie-Victoire Daubié, première médecin ou encore la duchesse d’Uzès (présidente-fondatrice de l’Automobile Club féminin de France), première à passer le permis de conduire et à avoir été l’objet de la première verbalisation pour excès de vitesse au bois de Boulogne un 7 juillet 1893 (presque 15 km/h au lieu des 12km/h autorisés « dans Paris et les lieux habités)…

Valérie Bochenek complète les propos du meneur de jeu, mime, chante (imite avec talent Barbara). Jean-Louis Debré narre avec humour et une admiration non dissimulée ces femmes qui ont pensé, agi, lutté pour que la devise de la France, Liberté, Fraternité, Égalité soit effective autant pour le sexe masculin que le féminin.  

MARYVONNE COLOMBANI

Ces femmes qui ont réveillé la France a été présenté du 6 au 10 décembre au Jeu de Paume, Aix-en-Provence.

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