jeudi 2 mai 2024
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Mettre la morte en mots

Avec Mon Absente, Pascal Rambert explore le rapport à la mort, à la mère et à l’enfance

Un cercueil sur un lit de roses blanches, et onze personnages venus dire leur amour à la défunte, ou au contraire régler leurs comptes avec elle. Autour de la scène, des rideaux noirs translucides derrières lesquels apparaissent parfois les silhouettes des acteurs qui se meuvent tels des fantômes. C’est une famille hantée que Pascal Rambert réunit sur scène dans Mon Absente. Hantée par la mère, par les souvenirs et par les conflits qui en déchirent les membres.

Tour à tour, chacun s’adresse à l’absente. Leurs paroles et leurs expériences se contredisent, brodant subtilement un portrait en patchwork de cette femme, mère violente ou aimante, autrice brillante et alcoolique. Les modes d’expression varient, allant d’un jeu très ampoulé pour certains comédiens, à des moments où la danse fait irruption de façon impromptue. La difficile harmonie de l’ensemble ne tient qu’à la scénographie de la pièce, et notamment au brillant travail de lumière de Yves Godin qui fait apparaitre un espace hors du temps et de la réalité. 

Les ailleurs
La beauté épurée de l’espace permet de faire apparaître des ailleurs, autant par les mots que par la mise en scène. Le souvenir du continent africain est omniprésent dans le spectacle. L’absente y a passé une partie de sa vie avec ses enfants, y a eu un fils, et certains personnages y habitent. Mais leurs lieux et conditions de vie en Afrique, ainsi que les raisons de leur départ dans un sens puis dans l’autre restent flous. S’il semblerait qu’ils aient surtout résidé à Ouagadougou, d’autres villes comme Dakar sont aussi évoquées. Aucun pays n’est cité, seulement « en Afrique » ou à la rigueur « au pays ». Cela amplifie l’opposition avec l’autre lieu de vie de la famille, l’appartement du boulevard Haussmann, dont les moindres détails sont donnés. Si là est l’objectif, cela fonctionne, mais cette vision globalisante de l’Afrique a quand même de quoi laisser songeur.

CHLOÉ MACAIRE

Mon Absente était donnée du 1er au 3 février à La Criée,
Théâtre national de Marseille.
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