lundi 20 mai 2024
No menu items!
spot_img
AccueilNos critiquesHorde au numérique 

Horde au numérique 

Du 2 au 4 mai, (LA)HORDE et le Ballet National de Marseille présentaient au Grand Théâtre de Provence Age of Content, une pièce chorégraphique explorant les univers virtuels permis par internet

Internet, les jeux vidéos et les réseaux sociaux sont-ils des endroits privilégiés d’expression de soi et du monde ? ou au contraire sont-ils en partie responsables du développement de la violence  ? Ce sont ces possibilités qu’explore la nouvelle pièce chorégraphique du collectif (LA)HORDE avec le Ballet National de Marseille, Age of Content, qui été présenté du 2 au 4 mai au Grand Théâtre de Provence.

Et de violence il est question dès le premier tableau. Sur scène, une voiture sans carrosserie, télécommandée, se meut et cabre tandis que les danseur.euses, qui arrivent les un.es après les autres, cherchent à monter dessus, à s’y maintenir, et se battent pour y parvenir. Tous.tes sont vêtus du même ensemble de jogging vert clair, capuche sur la tête et visage dissimulé derrière une sorte de masque en nylon. Iels sont ainsi anonymisé.e.s et les différences sexuées complètement gommées. A l’inverse, pour le reste des tableaux, chacun.e porte une tenue ultra-personnalisée. De même, la chorégraphie alterne entre des mouvements exécutés simultanément par toustes, reprenant selon les tableaux les mouvements de personnages de jeux vidéos ou des danses virales sur les réseaux, et des solos. Ces contrastes permettent d’explorer la question de l’identité sur internet de manière intelligible et subtile.

Art sexualisé

La sexualisation des corps est omniprésente, et certains passages sont explicitement sexuels – comment pourrait-il en être autrement dans un spectacle interrogeant l’impact d’internet sur nos corps ? Les interprètes reproduisent avec grâce certaines pratiques, qu’elles soient sensuelles, provocatrices ou dégradantes. Si la répétition de ces passages flirtent avec la caricature, ils ne tombent pas dans la pornographie grâce à la qualité de la proposition artistique : c’est peut-être dans ces moments que la technique des danseur.euses se déploie le plus pleinement, avec de très beaux portés d’une grande légèreté. 

Sans transiger sur l’esthétique, (LA)HORDE propose ici une plongée dans un univers numérique à la fois perturbant et exaltant. 

CHLOE MACAIRE 

À venir 
Du 25 au 27 juin 
La Criée, théâtre national de Marseille dans le cadre du Festival de Marseille
Petit pour tous
Du 2 au 5 mai avait lieu dans ses locaux une vente d’une partie des fonds de costumes du Ballet National de Marseille, datant pour certains de la direction de Roland Petit, son fondateur, il y a une cinquantaine d’années, ou de Frédéric Flamand, plus récemment. Les costumes extravagants y ont côtoyé des vêtements beaucoup plus portables -à condition d’avoir un corps très ciselé- à des prix très bas (pantalons à cinq euros, chemises à quatre…). La vente a rencontré un franc succès, et ses bénéfices, dont le montant n’a pas été communiqué, seront reversés à des artistes et des structures de la région, qui n’ont pas encore été sélectionnées. C.M.
ARTICLES PROCHES
- Publicité -spot_img

Les plus lus