mardi 16 avril 2024
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« Mon cher mari » nous donne de ses nouvelles 

Onze femmes dressent le portrait sans concession de leur mari : misogyne, raciste, prétentieux… Mais attention, car en parlant de leur conjoint, ces femmes en disent beaucoup sur elles

Rumena Bužarovska est macédonienne, professeure de littérature à la fac de Skopje et experte dans le genre « court » qui lui permet le coup de griffe rapide et le condensé de causticité. Onze nouvelles composent sa dernière parution, Mon cher mari. Le couple en crise raconté selon le point de vue de onze narratrices qui brossent les portraits sans concession de leurs « chers » maris. Bellâtre prétentieux (Mon mari, le poète), infidèle (L’adultère), raciste (Les gènes), misogyne et stupide (Le nectar), condescendant (Un nid vide), complaisant (Un homme d’habitudes), pères attentifs (Père, Les gènes, Lilé), gentleman impuissant (Samedi, cinq heures), ou même, défunt (La soupe). Regards cruels sur les gros nez, les bedons, les calvities, les mollesses, les faiblesses, les ridicules intimes et sociaux, qui révèlent, en retour de bâton, des narratrices pas très reluisantes non plus ! Telle qui, bien qu’intelligente et lucide, s’ouvre comme une orchidée quand son crétin de mari le lui demande. Telle qui s’accroche comme une folle à un amant qui ne veut plus d’elle et met en péril la carrière de son conjoint diplomate par ses excentricités. Telle encore qui, n’ayant pas la fibre maternelle, maltraite son enfant. Sous emprise, jalouses, vaniteuses, volages, vénales, menteuses, dans ces jeux de massacre où le couple ne fait pas la paire, où le foyer sert surtout à cuisiner son malheur et à le garder bien au chaud, les « chères » femmes ne sont pas épargnées. Aucune n’envisage un divorce. Et comme une synthèse, le décalogue s’achève sur une onzième histoire, ironique et gore, intitulée Le 8 mars. La Journée internationale des droits de la femme finit pour la narratrice dans une apothéose de vomi et de diarrhée… L’autrice s’amuse des diktats aliénant les femmes (et les hommes). Le mariage et la reproduction en passages obligés, un bon adultère plus tard pour s’épanouir, avec une dose de clair de lune avant la fellation à l’arrière des berlines. Un constat jouissif mais pas très réjouissant. Et la tendresse ? Bordel !

ÉLISE PADOVANI

Mon cher mari, Rumena Bužarovska
En librairie le 8 septembre
Collection du Monde entier, Gallimard
18,50€
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