mercredi 1 mai 2024
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Mucem : les Luttes en question

L’ouverture des Procès du siècle s’est faite autour de l’héritage de la colonisation ce 27 novembre. Avant une nouvelle rencontre le 4 décembre pour un hommage à Claude McKay

Fort de deux éditions riches et denses, les Procès du sièclese tenant tous les lundis soir au Mucem de novembre à mars s’intéressent cette année aux luttes, à leurs enjeux, à leurs histoires et à leurs terminologies. Ce fut ainsi autour de l’héritage de la colonisation, qualifié tour à tour de « postcolonial » ou encore de « néocolonial », et au terme qui lui est souvent opposé de « décolonial » que la rencontre du 27 novembre s’est articulée, en compagnie de l’enseignante-chercheuse et artiste Mame-Fatou Niang, de l’artiste et militant Seumboy Vrainom :€ et de la modératrice Nora Hamadi, journaliste entre autres pour Arte et France Culture. Un faux procès et vrai débat aussi nécessaire, tant ces termes et les idées qui s’y rattachent semblent aujourd’hui encore méconnus en France, voire transformés en objets de méfiance, et tant les questions qu’ils soulèvent demeurent d’une brûlante actualité – « hautement inflammables », ajoutera Nora Hamadi en ouverture de la rencontre. Seumboy rappellera ainsi dès sa première intervention le sens de ces termes-clefs : le postcolonialisme, « idée que la colonisation a façonné le monde, et entre autres la répartition des langues et des monnaies », empruntée à Edward Saïd. Et celle du décolonialisme, puisée chez Hannibal Quirano : « malgré l’arrêt de la colonisation officielle, mais les rapports de force qui existaient à l’époque coloniale n’ont pas changé ». Le dialogue se révèle passionnant politiquement parlant, mais aussi et surtout lorsqu’il déborde sur l’art : celui des deux intervenants, dont celui de Fatima Mazmouz, présentée par la conservatrice Hélia Paukner ; mais aussi et surtout ceux de Seumboy et Mame-Fatou Niang, dont le documentaire sur son enfance et sa « désorientation » scolaire s’annonce passionnant.

La Négritude à venir

Autant dire qu’on attend de pied ferme la rencontre du lundi 4 décembre pensée en hommage à Claude McKay, également honoré par un colloque tenu du 30 novembre au 2 décembre à Aix-Marseille Université, dont Marseille célèbre le centenaire de l’arrivée en France. L’auteur jamaïcain naturalisé américain de Banjo mais aussi de Romance in Marseille, republié aux éditions Héliotropismes en 2021, a constitué une influence considérable pour le mouvement de la Négritude en France et dans les pays colonisés. Si bien qu’il demeure aujourd’hui encore célébré et cité par les mouvements antiracistes tels que Black Lives Matter. Le rôle de modératrice reviendra cette fois à Rokhaya Diallo, journaliste pour le Washington Post et le Guardian et chargée d’enseignement à Paris 1 – Panthéon-Sorbonne. L’enseignante-chercheuse angliciste Maboula Soumahoro, spécialiste des domaines afro-américains et de la diaspora noire-africaine, dialoguera avec la philosophe et écrivaine Nadia Yala Kisukidi. Nulle doute que l’autrice, également maîtresse de conférences à l’Université Paris 8 – Vincennes, saura puiser dans sa recherche et dans son œuvre dédiée à la pensée féministe noire de quoi conjuguer au présent l’œuvre de Claude McKay et de ses successeurs.

SUZANNE CANESSA

Prochaine rencontre le 4 décembre à 19 h à l’auditorium du Mucem avec Rokhaya Diallo, Maboula Soumahoro et Nadia Yala Kisukidi. 
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Suzanne Canessa
Suzanne Canessa
Docteure en littérature comparée, passionnée de langues, Suzanne a consacré sa thèse de doctorat à Jean-Sébastien Bach. Elle enseigne le français, la littérature et l’histoire de l’Opéra à l’Institute for American Universities et à Sciences Po Aix. Collaboratrice régulière du journal Zébuline, elle publie dans les rubriques Musiques, Livres, Cinéma, Spectacle vivant et Arts Visuels.
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