mercredi 1 mai 2024
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ou le portrait impossible du cousin discret

…et Pierre Jeanneret le film de Christian Barani, a ouvert les Rencontres d’Image de Ville le 12 octobre au cinéma Les Variétés à Marseille

Dans la catégorie des inconnus méritants, Pierre Jeanneret occupe une place de choix.

Il n’est pas inconnu des spécialistes et des experts, mais totalement du grand public.

Christian Barani s’attache dans son film à nous en suggérer un portrait, histoire, peut-être, d’inverser la position des points de suspension du titre.

Ces points de suspension originels effacent les noms célèbres qui précèdent habituellement celui de Pierre Jeanneret. On les citera quand même, pour une contextualisation minimale, dans l’ordre :  Le Corbusier, Charlotte Perriand, et selon les projets, on parlera aussi de Jean Prouvé, de Yannis Xenakis… 

Donc, Pierre Jeanneret fut l’architecte principal de la construction de la ville de Chandigarh, capitale du Punjab, nouvel état issu de l’indépendance de l’Inde.

Le Corbusier est son cousin plus âgé d’une dizaine d’années. Ils travaillent ensemble depuis l’avènement du modernisme : à l’aîné la lumière, au petit cousin, la discrétion.

Auteur d’une ville, avec ficelles

On apprendra donc que le discret était aussi acharné à sa tâche, et qu’elle fut immense :  Construire une ville moderne, sans l’imposer par la force à ses futurs habitants, et sans industrie, sans matériau moderne, sans rien que des convictions, pour une population enthousiaste, avec des bouts de ficelle.
On voit beaucoup de bouts de ficelle dans le film, et beaucoup de ces gens qui habitent là maintenant, en portraits souvent vibrants, et eux toujours simplement heureux, reconnaissants. 

On verra aussi les œuvres de Pierre Jeanneret, même s’il refusait de les signer : aussi bien les espaces publics, bibliothèque, complexe sportif, université, que les espaces privés : longues rangées de logements de brique rouge rythmés par des accès immaculés, maisons individuelles émergeant de jardins aussi sobres de composition que luxuriants de végétation.

On apprendra aussi de la mélopée du commentaire d’Emmanuel  Adely que Jeanneret fut un amoureux aussi digne que malheureux, et nous sera suggérée la corrélation probable entre son inflexible fidélité à son œuvre et la tristesse infinie de cet amour unique et inaccompli.

En revanche, on ne verra rien de l’œuvre du cousin, ainsi nommé quasiment toute la durée du film. Si on veut la voir, il faut y aller. 

MAURICE PADOVANI

Le film …et Pierre Jeanneret de Christian Barani, produit par Image de ville devrait sortir en salles l’an prochain
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