samedi 5 juillet 2025
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Chœurs à l’ouvrage

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choeurs
© A.-M.T.

Le Week-end des Chœurs à Marseille, c’est un peu la grande réunion de famille du chant choral amateur. Chaque groupe apporte sa couleur, son énergie, son répertoire : du chant sacré aux musiques actuelles.

Ces 24 et 25 mai, la jeunesse était magnifiquement représentée avec les Maitrises du Conservatoire Pierre Barbizet et d’Istres, le Chœur de l’Inspe, le Chœur des jeunes (Marseille) ou Ev’Amu, ensemble bluffant de professionnalisme dirigé par Philippe Franceschi.

De nombreux ensembles avaient fait le déplacement de loin dans la région comme Théliavenu de Gap pour un répertoire a capella raffiné d’airs de Gustav Holst ou Fauré, d’autres des Alpes-Maritimes comme Musiques en jeux ou le Chœur de femmes du Conservatoire de Vence. Il y a eu du Gospel, des musiques du monde avec le pétillant Choeur Boras, ensemble de femmes d’origine comorienne, des créations, comme deux œuvres acclamées du jeune compositeur Timo Jolivet portées par le Chœur Soléa

Les montées sur scène se sont enchaînées avec la joie d’être alternativement sur scène et spectateurs, l’occasion de se nourrir du travail des autres, de piocher des idées. Et à voir les sourires dans la salle – en particulier ceux du maître du lieu Roland Hayrabedian – on peut dire que le pari est plus que réussi.

Comme dans les grandes familles, on se quitte avec des photos, des souvenirs heureux, de la musique plein la tête en se fixant des rendez-vous prochains.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le Week-end des chœurs s’est tenue les 24 et 25 mai, salle Musicatreize, Marseille. 

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Orphée aux voix multiples

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orphée
© A.-M.T.

Parmi tous les mythes, celui d’Orphée, poète et musicien, est sans doute l’un des plus féconds en inspirations artistiques. De l’Antiquité à nos jours, il n’a cessé de fasciner compositeurs, écrivains et poètes. De nombreuses œuvres, notamment vocales, lui ont été consacrées. Les élèves de plusieurs classes du Conservatoire Pierre Barbizet ont revisité le 21 mai cette histoire intemporelle à travers les pages du répertoire baroque.

Les plus petits, baptisés « Graines de voix » ont investi la salle Billoud – écrin parfait pour célébrer ce personnage légendaire – habillés tout en blanc, déroulant une pantomime et une ronde silencieuse. Sous la direction d’Anne Perissé dit Préchacq, responsable des maîtrises au Conservatoire, spécialiste du baroque et architecte de cette soirée, ils ont interprétél’émouvant Dormite, tiré de La Lyra d’Orfeo, œuvre de Luigi Rossi. Ils sont accompagnés par des instrumentistes au violon baroque, traverso, violoncelle et clavecin, organisés en duo : un professeur et un élève qui introduisent la soirée avec la Sinfonia de Christofano Malvezzi,compositeur italien de la fin de la Renaissance. 

C’est en soprano soliste qu’Anne Perissé, lumineuse, enchaîne avec la Cantate Orphée de Nicolas Clérambault qui célèbre celui qui est capable d’enchanter la nature avec sa musique. Alternant airs et récitatifs, typiques du genre cantate française, cette œuvre, très virtuose est aussi d’une grande allégresse en particulier dans le dernier air Chantez la victoire éclatantequi emporte la salle.

Entre deux moments musicaux, des élèves comédiens de la classe d’art dramatique déclamentdes textes perchés dans les galeries lambrissées de la salle, parmi lesquels des poèmes tirés des Sonnets à Orphée de Rainer Maria Rilke.

Le concert s’achève en beauté par des extraits bouleversants de La descente d’Orphée aux Enfers de Marc Antoine Charpentier (1643-1704), portés par Le chœur des jeunes de la Maîtrise et le soliste invité Sylvio Cast, dans une prestation poignante qui touché le public en plein cœur.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé au Conservatoire Pierre Barbizet le 21 mai.

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Un lieu surprise, un concert

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concert
© A.-M.T.

Nathalie Négro, instigatrice des concerts En Ap(parté), ne manque ni d’idées ni de goût.C’est ainsi qu’un public curieux s’est retrouvé le 22 mai dans la galerie La Nave Va à Marseille pour découvrir le saxophoniste et joueur de duduk Joël Versavaud, accompagné d’Amine Soufari à l’oud et au chant.

À l’origine ces deux-là ne gravitent pas dans le même univers musical. Joël enseigne le saxophone classique au Conservatoire Pierre Barbizet. Amine, lui, vient du monde de la musique orientale. Puis, il y a quelques années, Joël s’est mis avec bonheur au duduk, instrument arménien à anche double comme le hautbois au son chaud et profond. De son côté, Amine dirige maintenant fréquemment des programmes classiques et baroques. Ils devaient donc finir par se croiser. Grâce à Nathalie, qui a provoqué la rencontre, c’est désormais chose faite. 

Le duo a offert aux spectateurs chanceux un programme riche et métissé. La première partie était consacrée au duduk avec quatre chants arméniens composés ou collectés par le père Komitas dont le célèbre Andouni, dont Claude Debussy disait : « Komitas n’eût-il composé qu’Andouni, il serait déjà un grand compositeur. » Signifiant « sans foyer », il raconte l’exil et la perte. Puis ce fut au tour d’Amine, au chant et à l’oud, de partager des airs algériens. Lepremier, qu’il aborde avec une grande émotion, est la berceuse que sa grand-mère lui chantait quand il était petit. Le second Tasquim est une improvisation autour d’une gamme ponctuée de « grains de beauté », formule qui évoque de façon poétique les ornementations en musique orientale.

Les deux solistes se rejoignent ensuite pour un programme partagé. D’abord avec un chant palestinien qui évoque la terre abandonnée particulièrement émouvant aujourd’hui. Puis ce sera la célèbre Rosa Enflorece, chant typique et poignant du répertoire séfarade pour finir sur un Bint Shalabiya libanais, popularisé par la chanteuse Feyrouz, aux accents de jazz, qui met la salle en ébullition.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé le 22 mai à la galerie La Nave Va.

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Le théâtre, une terre nourricière

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© VIncent Beaume

Comme le titre de la nouvelle édition l’indique « Manger la terre », Nature et Biens Communs met à l’honneur cette année l’alimentation et la terre. Des thématiques qui inspirent, tout au long de l’année, à Marseille et en particulier dans son Nord, des collectifs de toutes sortes, travaillant à promouvoir les circuits courts, réintroduire du vivant au cœur du béton, réfléchir aux défis de l’agriculture urbaine. Bref, préserver et enrichir nos horizons paysagers et alimentaires. Le temps fort du Zef de Marseille met en lumière ces initiatives, déclinées à travers de multiples rendez-vous : conférence, banquet, ateliers, balades, spectacle, concert… à déguster du 1er au 8 juin. 

Du dimanche au dimanche 

L’ouverture de la semaine se fait le 1er juin à la Cité des Arts de la rue : marche, conférence et banquet artistique (à prix libre) mis en scène par Margo Chou et scénographié par Juliette Morel. Dans les jours qui suivent, plusieurs propositions chaque jour, certaines étonnantes : Y’a pas de mêêêê ! transhumance urbaine du parc de Font obscure à la Ferme pédagogique de la Tour des pins, avec des moutons – des vrais ! (4 juin). Ferme pédagogique où des dégustations d’insectes sont proposées pendant la visite de l’exposition Les insectes au secours de la planète, organisée par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Notons aussi le vide-grenier, troc de plantes et customisation de vêtements au centre social Flamant Iris le dimanche 8. 

Concert et spectacle

Le 7 juin, Les Voix Nomades sont en concert sur le toit terrasse de l’association Chers voisins qui embrasse Marseille et sa rade (rue André Allar, Marseille 15e) avec des chants pour petits et grands autour du respect de la terre et des arbres (de 16 h à 19 h).

Quant à la metteuse en scène, performeuse et artiste Anne-Sophie Turion, membre de la Bande du Zef, elle propose sous le titre Grandeur nature un spectacle entre déambulation audioguidée et performance (deux déambulations prévues à 11 h ou 18 h, au départ du Centre Urbain du Merlan) offrant aux participant·e·s le pouvoir d’accéder à la vie intime de tel ou telle inconnu·e croisé·e au hasard d’une rue, ou d’un rayon de supermarché…

MARC VOIRY

Nature et biens communs
Du 1er au 8 juin
Divers lieux, Marseille
Une proposition du Zef, Scène nationale de Marseille.

Dansent les ombres du monde

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Des danses des luttes © Pamela Pershke

C’est comme on veut : on peut s’asseoir sur des coussins posés de chaque côté de la scène, ou dans la salle. Pendant ce temps-là, Bouziane Bouteldja finit de dessiner sur un paper-board une carte du monde « à l’envers » : la pointe de l’Inde en haut, le Groenland en bas, l’Atlantico au milieu, NYC sur le côté droit, l’OM et DZ en face. Une géographie à tête renversée que le chorégraphe et danseur commente au micro en se mettant en chandelle sur la tête au milieu de la scène : car « les tensions communautaires qui traversent la société nous mettent la tête à l’envers ». 

IL précise aussi que « Zyriab », écrit sur l’autre paperboard, de l’autre côté, est le prénom deson ami juif, patron du Celtic bar à Tarbes, récemment tagué de croix gammées. Face à ces tensions identitaires, lui, « l’Arabe des Pyrénées », à qui parfois, lors de ces interventions dans « les quartiers », de jeunes gens lui signifient que la danse et la musique c’est « haram », va déployer une histoire de danses faites de luttes et de joies, contre toutes les entraves.

Appropriations culturelles

Remis sur ses deux pieds, il accueille sur scène une vingtaine d’interprètes (amateurs etmembres de sa compagnie Dans6T), qui vont illustrer les différentes étapes de sa conférence dansée et décontractée, aux pointes d’humour fréquentes. Partage de récits et de gestes : déhanchements, épaules d’avant en arrière, sur une musique traditionnelle d’Afrique du Nord, rappelant que c’est l’orientalisme qui a mené à la confusion entre sensualité et sexualité.

Danses dissimulées, nées dans les chaînes de l’esclavage, le shuffle, la capoeira, et celtique -qu’avec les pieds, les Anglais colonisateurs interdisant la danse en Irlande. L’Afrique du Sud et l’apartheid avec le pantsula, danse des townships. 

Bouziane Bouteldja avoue avoir été longtemps homophobe avant d’être séduit, dans des soirées ballroom à New-York, par les costumes, puis par le voguing, le posing, le hand-performing. Toujours accompagné par les démos dansées de ses complices, précises, pleines d’énergie, il évoque la naissance du hip-hop dans le Bronx en 1973, les blocks party, le clowning, le krump, le drill, puis le kuduro né de la guerre civile en Angola, l’afro-house…

Et vient conclure en bord de scène, accompagné de tous les interprètes, par un éloge de l’appropriation culturelle, qui permet par exemple sur scène à Momo, jeune homme noir, de danser des danses celtiques, à Mathide jeune femme blanche le pantsula, à lui de faire une démo de hand-performing, et à tous·tes de passer d’une danse à l’autre avec joie, « contre tous ceux qui veulent nous transformer en bâtons ». 

MARC VOIRY

Des danses et des luttes a été créé le 21 mai à Klap, Maison pour la danse, Marseille. 

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Sylvain Menu : l’histoire d’un héro  

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Sylvain Menu.
Performance collective "Qui était Sylavin Menu ?" au Musée d'Histoire de Marseille - Animée par Mathieu Simonet et la classe de 3e D du collège Sylvain Menu. Festival Oh Les Beaux Jours ! 2025 - 23 mai 2025 - Photographie © Baptiste de Ville d'Avray

Au coeur du 9arrondissement de Marseille, le collège de La Gaye a été débaptisé à l’unanimité des élèves et des enseignants en 1982 pour devenir Sylvain Menu, portant désormais le nom de cet élève de 3e qui, le 28 juin 1981, est mort noyé après avoir sauvé la vie d’un garçon de 11 ans. 

Le drame a eu lieu au cours de la balade d’un groupe de scouts de Bonneveine dans lacalanque de l’Escu, près de Sormiou. Le vent était violent, une lame de fond a emporté plusieurs adolescents, le moniteur a été blessé. Il reste Joël, trop frêle pour s’en sortir. Sylvain replonge pour l’aider, le hisse sur un rocher. Une nouvelle lame l’emporte. Il ne sera retrouvé que 10 jours plus tard dans la calanque Podestat.

Un travail de recherche 

45 ans plus tard, l’écrivain Mathieu Simonet, cousin éloigné de la famille, et Émilie Ortuno,responsable de l’action culturelle du festival, proposent un travail de recherche et d’enquête avec une classe du collège pour l’année scolaire 2024/25. Recherches dans les archives de l’établissement et celles de la municipalité, interview de membres de la famille, dont les frères, notamment celui qui participait à la sortie et a vu son frère disparaître dans la mer déchainée, discussion avec la prof d’anglais de l’époque, livret scolaire… 

Rien n’a été laissé au hasard. Qui était Sylvain ? Ce n’était pas un bon élève, souvent insolent, mais rieur, aimé de ses camarades, généreux, joueur de guitare, qui faisait les 400 coups, comme se le rappelle l’un d’entre eux qui les faisait avec lui. Le résultat : une classe sur la scène de l’amphithéâtre de l’établissement, lisant ses textes avec assurance accompagnés de chansons de l’époque, s’identifiant en quelque sorte à lui. À la fin, l’annonce de la création d’une page Wikipedia pour que jamais le souvenir de Sylvain ne s’efface, et le père de Sylvain a présenté le diplôme de sauvetage de son fils dans un moment d’émotion intense devant les parents d’élèves conquis, le public et plusieurs membres de la famille très touchés.

CHRIS BOURGUE

Qui était Sylvain Menu ? performance collective donnée au Collège Sylvain Menu le 23 mai et au Musée d’Histoire de Marseille le 24.

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Science en conscience

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science
Le projet de recherche Motorspeech, porté par Benjamin Morillon,croquis de Lisa Diez tiré du carnet de croquis intitulé l’objet de la recherche

Du 10 au 15 juin, Marseille battra au rythme de la science vivante, incarnée, partagée : le Festival Explore revient pour une deuxième édition généreuse et curieuse, totalement gratuite. Conférences, expériences, échanges impromptus, soirées, rencontres sur l’eau … La recherche sort des labos et s’invite là où on ne l’attend pas : dans un bar, une salle obscure, ou même sur un bateau !

Mardi 10 juin, cap sur l’horizon 2050 dès 18h au campus Joseph Aiguier : l’âge du futur se dessine au fil d’un débat crucial : comment penser la place des seniors dans nos sociétés à venir ? C’est ensuite au bar, comme souvent, que tout se passe : À Twali, rue Bernard du Bois, un blind test scientifique se tiendra autour de trois chercheurs à 19 h. Tandis que le Pathé Madeleine accueillera un ciné-sciences autour des drones en partenariat avec l’association Polly Maggoo, pour comprendre comment la rétine humaine inspire les capteurs de demain. 

Mercredi 11 juin, la journée commence à l’Alcazar, de 14 h à 17 h, avec une ludique séance de speed-searching. Dix minutes chrono pour dialoguer avec un ou une scientifique – pas de notes, pas de PowerPoint, l’exercice se révèle moins aisé qu’il n’y paraît. En parallèle, à La Fabulerie, la science se fait tangible le temps d’une conférence-démo autour du soin : soigner un cœur, désorienter un toucher, voir avec d’autres yeux … Avant que la brasserie Zoumaïn’accueille à son tour son Bar des Sciences en soirée.

Jusqu’aux bactéries 

Jeudi 12 juin, direction Luminy, au Centre de Réalité Virtuelle de la Méditerranée, pour une conférence immersive de 15h à 17h30 autour de la guerre des bactéries. Le soir, cap sur le cinéma La Baleine : un nouveau ciné-sciences lève le voile sur les molécules qui digèrent nos sucres – entre chimie, projection et discussion. Enfin, retour chez Twali pour une soirée de blind tests scientifiques.

Vendredi 13 juin, dès 16h30, les micro-conférences du Tiers-Lab des Transitions décortiquent à leur tour le rôle ambigu des bactéries : nuisibles ou indispensables ? Puis, à 18h30, La Baleine propose un film-débat sur les comportements compulsifs et la façon dont le cerveau les engendre.

Le projet de recherche Floradoloris porté par Ana Reynders, croquis de Lisa Diez tiré du carnet de croquis intitulé l’objet de la recherche

Samedi 14 et dimanche 15 juin, on embarque dès 14h face à l’Hôtel de ville pour des rencontres flottantes sur une barquette marseillaise, au fil d’expériences partagées sur le Vieux Port et concoctée en partenariat avec la compagnie Capitaine Coco. À terre, La Plaine devient laboratoire à ciel ouvert tout au long du samedi après-midi : stands et speed-searching dans des disciplines de toutes sortes, ateliers dessinés coordonnés par le collectif À La Source en compagnie de l’artiste Lisa Diez. Pendant ce temps, au Centre Bourse, le public est invité à expérimenter la recherche en boutique, aux côtés des Petits Débrouillards.

SUZANNE CANESSA

Festival Explore
Du 11 au 15 juin
Divers lieux, Marseille

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Porosité et hybridation

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When i saw the sea, Rania Jamal, Tenei Ahmad, Sunit Ali © Lea Skayem

Les Échelles du Levant, anciens comptoirs d’échanges commerciaux et culturels de l’empire Ottoman, incarnent historiquement les interactions complexes entre les cultures européenne et orientale. C’est à elles que se réfère le nom même du festival, Les Rencontres à l’échelle, qui célèbre, à partir de Marseille et de ses diasporas, le Tout-Monde et ses porosités culturelles. Du 2 au 14 juin, les artistes du Sud, des diasporas arabes et africaines, sont valorisés le temps du festival tel un safe space, où les identités et citoyennetés peuvent coexister sans oppositions ni injonctions.

Chemins parcourus

La programmation 2025 revisite des artistes historiquement soutenus par le festival et affirme son rôle de prescripteur. Gurshad Shaheman s’interroge : Comment peut-on être persan ? Pourama Pourama, en mêlant théâtre et récit autobiographique, explore l’exil et l’identité. Il revient aussi sur l’exploration intime des liens familiaux et des souvenirs partagés, avec Sur tes traces en dialogue avec Dany Boudreault.

Ahmed El Attar, metteur en scène égyptien revient avec On the importance of being an arabet nous invite à humaniser l’archétype. Comment être arabe de nos jours, dans un contexte où les vies arabes semblent si peu compter ?

Le chorégraphe libanais Ali Chahrour, avec When I saw the sea, dénonce le système de kafala, dispositif de parrainage dévoyé en outil d’esclavage moderne des travailleuses migrantes. Notons aussi l’hommage rendu à la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum Agmal Layali mixe archives audiovisuelles et musique électronique pour raviver la magie du tarab.

Mémoires et territoires

Cette édition met à l’honneur des artistes interrogeant identité, mémoire et territoire. Déplace de Lenaïg Le Touze et Julie Kretzschmar propose une création sur les mots, entre intime et politique, produite à Mayotte. Les lectures de Sarah HaidarSouad Labbize et Nasri Sayegh offrent un regard sur les expériences méditerranéennes contemporaines. Smuggled Tea Time de Fatih Gençkal et Mustafa Zeren explore la danse depuis les marges. Who killed Youssef Beidas ? de Chrystèle Khodr déconstruit les liens entre capitalisme et amours manquées.

La clôture sera marquée par le concert donné sur le toit de la Friche – produit en lien avec l’AMI – qui invite Shereen SuleimanMakimakkuk et Isam Elias. Cette soirée met à l’honneur la scène musicale alternative palestinienne et libanaise, fusionnant traditions et électronique, subversion poétique et engagement.

Dans l’ombre de l’islamophobie ambiante

En France, la montée de l’islamophobie, récemment dénoncée par des institutions comme la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme se conjugue à un profond mal-être dans les diasporas arabes et musulmanes. Montées des tensions liées aux crimes contre l’humanité et dérives génocidaires à Gaza, crime islamophobe contre Aboubakar Cissé, tensions diplomatiques France-Algérie… Dans ce climat, Les Rencontres à l’échelle ne peuvent se contenter d’un vernis esthétique ou d’un folklore des altérités même si, comme l’a écrit Edward Saïd « L’art ne guérit pas, il donne à penser ».

Ce festival constitue un espace de résistance, un lieu où les artistes arabes et du Sud global peuvent exprimer douleur, exil, guerre, mais aussi joie et beauté. Face à la réduction des mondes arabes et africains à leurs blessures ou leurs aliénations, l’enjeu est de reconstruire un imaginaire commun, porteur de fraternité et de lucidité. Car, comme le disait le poète palestinien Mahmoud Darwich : « La Terre nous est étroite [mais] nous avons sur cette Terre ce qui rend la vie digne d’être vécue. »

SAMIA CHABANI

Les Rencontres à l’échelle
Du 2 au 14 juin
Divers lieux, Marseille
Julie Kretzschmar sur tous les fronts

Fondatrice des Rencontres et figure emblématique de la scène culturelle marseillaise, Julie Krezschmar est depuis octobre 2024 la commissaire générale de la Saison Méditerranéenne2026, annoncée par Emmanuel Macron en 2023. Cette manifestation entend souligner « les forces et les complémentarités culturelles et économiques des pays du pourtour méditerranéen, et leur capacité d’action commune pour répondre aux défis du XXIe siècle ». Elle est aussi partie prenant du nouveau projet à la tête du Théâtre Toursky [lire ici]. 

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Du bio monde à Correns

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Correns
© X-DR

Du 4 au 14 juin 2025, le festival Les Printemps du Monde revient dans le village de Correns en Provence Verte, pour une 28e édition placée sous le signe des musiques et cultures métissées. Organisé par Le Chantier, Centre de création des musiques du monde, ce rendez-vous est devenu un incontournable de la Région Sud, mêlant concerts, ateliers, spectacles et balètis pour célébrer la diversité culturelle dans une ambiance conviviale et engagée.

Le programme 2025 s’annonce éclectique avec des sonorités venues d’Inde, d’Afrique, d’Égypte, des Balkans, de l’océan Indien et d’Occitanie. Ce melting-pot musical promet des rencontres uniques entre traditions ancestrales et créations contemporaines, autour d’un fil conducteur : l’ouverture sur le monde et le partage.

Ce 4 juin, le coup d’envoi ne sera pas donné à Correns, mais non loin de là, à Cotignac, avec la projection du film Un Parfait Inconnu, qui explore les liens entre identité et mémoire. Dès le lendemain, une masterclass se tiendra à Brignoles, invitant les participants à plonger dans la richesse du son cubain, pilier des musiques afro-latines.

Isabelle Courroy © Ralph Louzon

Les 6, 7 et 8 juin, le cœur du festival battra à Correns et Saint-Maximin-la-Sainte-Baume avec une série de concerts et d’ateliers. Les scènes accueilleront des formations et des artistes solistes porteurs de traditions fortes comme Isabelle Courroy et ses flûtes kaval venues des Balkans, le Marseillais Tarek Abdallah, qui nous emmènera avec son oud en Égypte, pays dont il est originaire. De son côté, Alexandre Grothendieck, avec ses kalimbas en folie,invitera les festivaliers à une méditation sonore tandis que Miquèu Montanaro, en homme-orchestre, nous régalera d’une ballade musicale avec galoubet-tambourin, guimbarde et accordéon.

Ça danse et ça chante

La programmation ne se limite pas à la musique : des balètis permettront de s’initier – il n’est jamais trop tard – aux danses traditionnelles occitanes. Les ateliers de chant du monde et de kalimbas seront aussi autant d’occasions d’apprentissage, de partage et probablement de franches rigolades. On pourra même se relaxer ensemble, lors d’une sieste musicale organisée par Franck Tenaille, directeur artistique du Chantier et immense spécialiste des musiques du monde avec des Musiques apaisantes des peuples anciens pour Monde fatigué. On en a bien besoin.

Les jeunes publics ne seront pas oubliés avec des spectacles dédiés comme Souvnans, chants sacrés afrocaribeens, ou les salsas de Cántalo qui visent à sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge à la richesse des cultures du monde, une mission chère au festival. 

Enfin, le 14 juin à Draguignan, une dernière journée d’événements festifs viendra clore cette édition avec le Roccassera Quartet. Ces Niçois issus de l’immigration italienne, nourris d’influences méditerranéennes diffusent un ethno-jazz raffiné, dansant et populaire. 

En s’appuyant sur le village de Correns, premier village 100 % bio de France, le festival s’inscrit en outre dans une démarche durable avec une attention particulière portée à la restauration et à l’accueil des publics.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Les Printemps du Monde
Du 4 au 14 juin
À Correns, Saint-Maximin, 
Cotignac, Brignoles 

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Entre-temps 

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Entre-temps
© Pierre Planchenault

L’amphithéâtre de Châteauvallon, site théâtral à couper le souffle, accueille aux prémices de sa saison estivale la nouvelle création de Philippe Decouflé, aux prémices de sa longue tournée internationale. 

Le chorégraphe star y confronte neuf danseurs (dont Dominique Boivin), de 38 à 70 ans, dans une marche continue traversant le plateau dans le même sens, devenant danse, explorant l’âge comme une transformation du corps et du mouvement qui n’est pas seulement une perte, mais une expression particulière, et singulière pour chacun, du temps. Car le temps apporte aussi aux danseurs, et aux corps, l’épaisseur sensible de l’expérience. 

AGNÈS FRESHCEL

5 et 6 juin 
Châteauvallon, Scène nationale d’Ollioules