lundi 10 novembre 2025
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Elles parlent de « La petite dernière »

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Hafsia Herzi (C) Annie Gava

Elles ce sont la réalisatrice, Hafsia Herzi et son actrice, Nadia Melliti, dans un bureau du cinéma Les Variétés, au moment de l’avant-première du film qui a fait salle comble .Elles se confient sur leur travail, leurs émotions, leurs souvenirs de tournage. Au départ il y a le livre de Fatima Daas, qu’elles ont lu toutes les deux : Hafsia, parce qu’on lui a proposé de l’adapter, Nadia parce qu’Hafsia  l’a choisie pour incarner Fatima, après un casting sauvage, sur photo ; un coup de cœur !

« C’est un personnage que je n’avais jamais vu  au cinéma ; j’ai écrit la première version du scenario, très vite, en trois mois. J’ai laissé reposer ;  n’étant pas spécialiste de l’écriture de scenario, j’aime avoir du recul. Je n’ai pas travaillé avec Fatima Daas car j’avais entendu parler de conflit entre auteur et réalisateur, d’auteurs qui étaient déçus. Et j’aime écrire seule. Le scenario est vraiment très différent du roman qui a une structure un peu particulière, pas un récit classique, un long monologue qui parcourt enfance, adolescence… J’ai gardé l’essence, le Personnage, la famille, ce qui m’intéressait le plus et que j’arrivais à visualiser cinématographiquement. C’est un peu plus doux, notamment, le père qui dans le livre est plus virulent. Je n’avais pas envie d’un tel père et dans le film, il est un peu plus absent.  J’aime les personnages de mère et j’avais envie de montrer une mère qui a du caractère, une mère nourricière, qui comprend tout ; j’aime bien la manière dont Fatima Daas parle de la sienne J’avais aussi envie que la religion fasse partie du décor, de la famille mais cela pourrait être une famille juive, chrétienne, peu importe ! J’aime filmer le quotidien, les histoires d’amour.  Et je me retrouve dans ce personnage.

Nadia Melliti, étudiante en STAPS (études pour devenir professeur d’EPS), surprise d’avoir obtenu le rôle, le premier, qui lui a valu le Prix d’interprétation féminine au dernier Festival de Cannes, explique comment elle s’est préparée.

« C’est grâce à l’émancipation sportive que j’ai vécue toute petite ; j’ai compris très vite qu’on était dans un monde d’hommes et je ne voulais pas en faire partie. En tant que sportive, on a un mental dur, beaucoup d’exigences vis-à-vis de soi-même. Je ne voulais pas sentir une différence entre moi et les garçons. Je ne voulais pas décevoir Hafsia. Je devais être à la hauteur et sur le plateau j’avais toujours cette exigence »

Hafsia précise que les séquences de football, qui ne sont pas dans le roman, ont été ajoutées par rapport à l’expérience de Nadia. Pour se préparer au rôle, elle lui conseillé quelques lecture dont Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde que Nadia a adoré.

«  Cette histoire rejoignait quelque part ce que traversait Fatima ; elle se confronte à elle-même par rapport à ses erreurs. Il y avait un parallèle avec ce peintre qui se rendait compte de ses erreurs. Cà m’a permis de me mettre dans la peau du personnage, intense, complexe avec ses contradictions, qui seraient pour beaucoup inconciliables. Cette lecture m’a permis une plus grande ouverture d’esprit Quant au livre de Fatima Daas, j’ai adoré l’histoire, cette lutte intérieure. Les femmes, au cours de l’Histoire, ont toujours été en quête de liberté. En 68, que je n’ai pas connu ! (rires), on parlait d’interdiction d’interdire, du droit au plaisir, d’émancipation des femmes. En tant que femmes, on a toujours mené des combats. »

Hafsia Herzi parle de son travail  de documentation pendant l’écriture du scenario, des fêtes auxquelles elle a assisté, des rencontres qu’elle a faites comme ce médecin de Marseille, spécialiste de l’asthme, -d’ailleurs présent dans la salle ce soir- là. Elle évoque le tournage des scènes d’intimité, des scènes tournées avec pudeur.

 « Je n’avais pas envie de filmer des scènes de sexe simulées. On a beaucoup parlé. Ca s’est fait simplement. On a pris le temps et j’ai fait attention au casting, que ce soit des gens bienveillants. J’avais envie de pudeur, j’ai fait attention au décor, à, la manière de filmer. Je préfère filmer u vrai baiser qu’une scène de sexe. Comment filmer le désir : on met en place des lumières, on prête une grande attention aux regards. … »

Ce film qui sort en France  le 22 octobre  ne sera montré ni dans les pays du Maghreb, ni en Russie, ni en Chine, à cause de ses thématiques, sexualité, désir, homosexualité. On aura  la chance de le voir !

Annie Gava

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« Imago » : Retour au père

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C’est à Deni Oumar Pitsaev, un cinéaste tchéchène exilé au Kazakhstan puis en Russie avant de se réfugier à 17 ans en France, que Julie Gayet, présidente du Jury, a remis l’Œil d’or 2025, un prix décerné à un documentaire choisi parmi les différentes sections du Festival de Cannes.

Imago est une auto-fiction qui confronte la réalité objectivée par la caméra à une perception plus intime, un voyage dans l’espace et le temps où le réalisateur-acteur passe d’une étape « larvaire » à un stade plus abouti peut-être. Le mot « Imago » renvoie à la fois à la psychologie : la représentation mentale inconsciente d’une personne proche qui structure l’enfant dans son rapport futur aux autres. Et à la biologie : le stade final d’un individu dont le développement passe par différentes phases.

Convoquant toute sa famille qui entre avec une confiance touchante dans le jeu subtil du cinéaste, Deni Oumar Pitsaev à travers de longs échanges aborde des sujets comme la filiation, le sens de la vie, la transmission, la liberté face à la responsabilité de l’individu dans le groupe. A ces thèmes universels s’ajoutent ceux de l’exil d’un peuple malmené par le « grand frère russe », frappé par les guerres, non comme un arrière-plan historique mais comme le substrat du roman familial.

Le film commence à Bruxelles par un coup de téléphone. Déni est attendu en Géorgie par ses oncles, tantes, cousins dans la vallée de Pankissi, frontalière de la Tchétchénie. Là, depuis deux siècles les Tchétchènes ont trouvé refuge. Sa mère, qui veut que ce fils « artiste » et quadragénaire, se marie, fonde un foyer, s’enracine au sens propre du mot dans sa communauté, lui a acheté un beau terrain face aux montagnes. Il doit y bâtir sa maison.

Pour Deni, ce sera une cabane perchée dont il a fait les plans. « La maison de Baba Yaga » se moquera sa tante en les découvrant, et « qui plaira aux touristes », ajoute-t-elle. Une maison qui dit implicitement son refus de s’ancrer dans cette terre.

Les retrouvailles avec sa famille, permettent au cinéaste de faire entendre les valeurs, les rêves, les espoirs, les regrets de ces gens. Un cousin enrichi vante la Géorgie et le bio et se construit un vrai palais pour accueillir une foule d’enfants. Les femmes rappellent le système patriarcal, les interdits religieux et le poids des traditions. L’idée fixe de la mère pour marier Déni tourne au comique. Mais c’est l’arrivée du père qui fait basculer le film dans la palpable et bouleversante douleur du cinéaste. Un père si peu connu, resté au pays quand sa femme l’a quitté emmenant Déni avec elle. Qui a refait sa vie, a donné à Déni deux demi-frères. Fils et père se retrouvent seuls dans la forêt et c’est sans doute la plus belle séquence du film. Déni lui demande des comptes. Le père lui raconte sa version de sa séparation, les raisons de son absence. Il voit bien que son fils, s’il parle encore la langue, « ne pense plus tchétchène » et qu’ils ne peuvent pas vraiment se comprendre. Moment tout en pudeur et retenue où se perçoivent les blessures de chacun.

ELISE PADOVANI

Rencontre donnée le 10 juin à La Baleine, Marseille.
Sortie nationale le 22 octobre.

La disparition des Bruno

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Ceux qui s’amusent aujourd’hui à tester les limites de l’intelligence artificielle ont forcément pensé à ce moment butoir. Celui où l’usager se heurte à des réponses tantôt amusantes, tantôt franchement agaçantes de la machine, incapable de répliquer à des consignes qu’elle ne parvient pas à comprendre. Réponses qui ne sont pas sans évoquer les actuels bégaiements d’un gouvernement réfractaire à toute revendication, et ressassant les mêmes castings essorés à des appels constants et persistants de changement : 

USAGER : On reprend : plus de justice sociale, plus de justice fiscale, un gouvernement plus à gauche. Tu as compris ?
IA : D’accord, j’ai complètement entendu ta demande. Il faut entendre ton mécontentement et tes requêtes. Je te propose donc : Lecornu premier ministre, Gérald Darmanin à la justice, Rachida Dati à la culture …
USAGER AGACÉ : Mais NOOON !

Est-ce à dire que le peuple français est désormais officiellement gouverné par une intelligence artificielle ? Il y aurait de quoi se le demander. D’autant que ladite intelligence semble plus que jamais peiner à nous proposer des éléments de réponse tangibles. Ainsi, lorsqu’on l’interroge sur les différences notables entre Lecornu I et Lecornu II, elle ne constate qu’un seul changement systémique digne d’intérêt : la disparition inquiétante des Bruno – Retailleau et Le Maire. Une mise à jour s’impose.

Le courage du ridicule

Si le parti d’en rire semble désormais de mise pour surmonter la stupéfaction, et si nous ne savons pas qui seront nos ministres d’ici à quelques jours, ce sont bien les vertus de la persistance et de l’obstination que nous devons aujourd’hui célébrer et solliciter pour nous imposer face à la politique du bégaiement biscornu. Ces vertus qui, à force de persévérance, pousseront peut-être le gouvernement à la réelle dissolution qui s’impose ? 

Ces vertus sont celles qui nous animent, et renforcent les temps forts installés dans notre paysage culturel malgré de constantes hostilités. Transform ! célèbre ainsi cette année dix ans d’existence précurseure, Question de Danse son vingtenaire, TPA sa 27e édition et Instants Vidéo sa 38e ! D’autres rendez-vous plus récents et tout aussi ambitieux rappellent également la vitalité d’une scène en pleine mutation : En Ribambelles, le rendez-vous Au bout la mer… Et l’exposition très attendue que le Mucem consacre à un mythe littéraire et artistique : Don Quichotte. Ce vieux chevalier qui retombe en enfance, persiste face à l’absurde et se relève toujours, nous enseigne une leçon inattendue pour notre époque : il existe des moulins qu’il est absurde de combattre et qui pourtant, à force de persistance et d’inventivité, arrêtent de tourner. Entre une intelligence artificielle qui bute, un gouvernement qui bégaie et un chevalier errant qui persiste, il reste des territoires de résistance à investir. Des lieux où l’obstination est belle, où le rire se fait critique, et où l’imaginaire, même le plus farfelu, peut transformer notre regard sur le monde.

SUZANNE CANESSA


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Transform ! se transforme

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Le festival de création queer marseillais commence dans le Var et s’associe au festival Risco de São Paulo, pour une 6e édition portée par Idem, collectif d’activistes et d’artistes queer. Rencontre avec Sarah Saby, sa directrice

Zébuline. Cette nouvelle édition propose une grande nouveauté.
Sarah Saby
. Pour cette édition Transform s’est associé au festival Risco à São Paulo autour d’un projet intitulé « Marseille-São Paulo, Pratiques Transverses » qui décline les enjeux du vivant dans les dynamiques de la création contemporaine. La curatrice de Risco, Nathalia Mallo viendra avec Maria Beraldo, musicienne accompagnée par ce festival brésilien dans la production de ses disques.

Les artistes sont toutes les deux invitées dans le cadre des résidences croisées qu’on met en place avec ce partenariat, une artiste Transform et une artiste Risco,et les deux curatrices des festivals respectifs. Elles viennent en octobre et nous, on va chez elle en décembre. 

Transform commence aussi dans le Var pour la première fois…
Oui, la programmation se déroule sur deux semaines. Une première semaine à Correns, la deuxième à Marseille. Correns, village très actif culturellement, nous paraissait le bon endroit pour accueillir cette résidence. On va donc faire une expo de Euphorbia peregrina, à La Maisonnée, qui a notamment des espaces d’accueil pour artistes en résidence. Puis on fait une rencontre autour du dynamisme culturel à la campagne qui se déroulera dans le petit café du village, La Petite Corrençoise.

La première sortie de résidence d’Euphorbia aura lieu au Fort Giron, dans la salle Somer, avec une installation à découvrir dès 16 heures. Puis à partir de 18 heures, elle est activée par une performance de l’artiste. On termine la soirée en faisant un concert à la Petite Corrençoise par Maria Beraldo, qui aura passé la semaine, elle aussi, en résidence de création. 

Puis vous venez à Marseille…
Oui, à partir du lundi 20. Maria commence sa résidence de musique au studio de l’A.M.I., qui nous avait accueilli l’année dernière. Et avec Euphorbia peregrina, il va y avoir des propositions de balades, de cueillettes, pour inviter à découvrir l’espace périurbain et l’espace de campagne proche de Marseille. On fait une rencontre au Centre LGBTQIA+ autour de la question « qu’est-ce que des festivals queer peuvent apporter à une communauté locale ? » en mettant aussi en question la collaboration des festivals.

Le 23 c’est la sortie de résidence de Maria Beraldo avec un concert qui est donné au Labo Box, à la Friche de la Belle de Mai. Il y a aussi une première partie avec Myrrh wa Saphira, qui est un duo marseillais.

Le 24, c’est la journée de restitution de l’ensemble de la résidence, qui se passe aussi à la Friche de la Belle de Mai, au Labo Friche. Elle sera modérée par Sarah Diep et Soizic Pineau, de Manifesto 21. Il y aura une occupation de l’espace avec les travaux d’artistes, notamment de Euphorbia. 

Cette journée-là, se conclut à 19 h avec une rencontre entre Romy Alizée, et Myriam Bahaffou, qui sera modérée par Constant Spina de Manifesto 21. 

Est-ce que les enjeux fondateurs du festival ont eux aussi évolué avec ce changement de format ? 
Cette année est particulière, elle s’articule autour de cette résidence croisée, et concerne surtout deux artistes, l’une trans, l’autre lesbienne. Mais quelle que soit la forme donnée, notre festival de créations queers a toujours à cœur de visibiliser les identités minorisées, et d’adresser comment elles questionnent la création contemporaine, comment on regarde et on donne à voir leur façon de travailler et d’interroger la subsistance et la survie. Ça nous semble vraiment un outil de lutte ce festival, de visibilité qui nous appartient, qui a été créé par nous, pour nous.

NEMO TURBANT
Transform !
Du 14 au 24 octobre
Correns, Marseille

Le TPA repart en balade

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Du 17 octobre au 1er novembre, l’association Aix’Qui propose une série de six concerts dans les villes de Provence. Et associe têtes d’affiches et scène émergente

De Martigues à Aubagne, en passant par Salon-de-Provence, Miramas, Aix-en-Provence et Beaurecueil, le festival TPA (Terre de Provence Amplifiée) revient pour sa 27e édition itinérante, du 17 octobre au 1er novembre. Au programme : du rock, du reggae acoustique, de la fonkademia, du blues, du ragga electro rap et du punk. Une initiative qui, tous les ans, permet de mettre en avant des nouveaux·elles artistes du département et d’animer le territoire.

Comme chaque année, le TPA reste fidèle à sa philosophie et propose de découvrir de jeunes artistes dans sa programmation. L’idée : associer des têtes d’affiche avec des lauréats issus de Class’EuRock, le dispositif de l’association Aix’Qui, qui permet de repérer, accompagner et programmer des artistes émergents.

La fête débutera vendredi à Salon-de-Provence par la venue de Bijou, groupe de rock mythique des années 1970. La soirée continuera dans une ambiance garage rock à l’américaine avec The Needs et In A Daze, deux groupes formés tous deux dans la région.

Le 24 octobre, la salle des fêtes de Beaurecueil accueillera quant à elle une soirée reggae, avec comme tête d’affiche Vanupié. Il sera accompagné par Léo Achenza et Alba, lauréate de Class’Eurock 2025.

La tournée se termine avec une très belle soirée à la Halle de Martigues. Deux formations rap de la région, Chasseur Tie et La Marmité, ouvriront la soirée pour Soom T, et son reggae-soul toujours flamboyant.

CARLA LORANG
TPA
Du 1er octobre au 1er novembre
Martigues, Aubagne, Salon-de-Provence, Miramas, Aix, Beaurecueil

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Culture Pescadou

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Le Château de la Buzine accueille jusqu’au 8 mars 2026 Marsiho e la Mar – Marseille et la mer, exposition patrimoniale qui évoque tout un mode de vie et une culture marseillaise liée à la mer

Après L’Usine de Films Amateurs de Michel Gondry qui s’est clôturée le 31 juillet dernier, la nouvelle exposition temporaire du Château de la Buzine poursuit la volonté affichée par la Ville de Marseille, propriétaire du lieu depuis 1995 mais gestionnaire récent de l’ensemble des activités artistiques et culturelles, de renforcer la programmation culturelle du lieu : expositions, cinéma, masterclasses, ateliers, etc.

Marsiho e la Mar – Marseille et la mer a été élaborée en partenariat avec des associations locales (L’Escolo de la Mar, Le Musée Provençal, Alargo Mazargo, Lei Bouscarlo de Marsiho, Lei Pescadou de l’Estaco…) sous le commissariat d’Alexandre Mahue Deloffre, directeur du Musée Provençal de Château-Gombert.

Du Vieux-Port

L’exposition rassemble plus de deux cents œuvres et objets : tableaux, gravures, lithographies, céramiques, étoffes, objets du quotidien, cartes postales ou encore photographies anciennes.

Le visiteur est invité à suivre le long de cimaises et d’estrades peintes en bleu, un itinéraire thématique en plusieurs étapes, qui commence par le Vieux-Port : sous une reproduction monumentale de la peinture L’Intérieur du Port de Marseille vu du Pavillon de l’horloge du Parc, peint en 1754 par Joseph Vernet, représentant un port cosmopolite, fourmillant d’activités, se trouvent les premiers objets de l’exposition, faisant écho à certains représentés dans le tableau : des cordages, des jarres à huile, une chaise à porteurs, des paniers en osier tressé, un tonneau, et deux coffres de marin décorés.

« La calanque, ça aimante »

Juste à côté, la salle de projection accueille un documentaire, Marseille au fil des ports, élaboré par les associations partenaires, et réalisé par François N’Guyen. On va de l’Estaque à Morgiou en passant par le Vieux-Port, les Catalans, le vallon des Auffes, La Pointe-Rouge, la Madrague de Montredon, les Goudes, Sormiou, accompagnés de témoignages sur le trempage des filets, les différentes sortes de bateaux, les tabliers en voile de bateaux et les bijoux en corail des poissonnières de la Criée, la géologie des poudingues, la pêche à la palangre, les règlements de pêche, et la vie dans les calanques. Le tout entrecoupé de brèves reconstitutions jouées en costumes et images en filtre sépia.

« Femmes de caractère »

S’ensuivent les sections autour des poissonnières, « Femmes de caractère », avec une dizaine de mannequins habillés de différents costumes, munies de balances romaines, représentées également dans diverses gravures et photographies anciennes, ainsi que sur des objets en céramique sous vitrine. On passe ensuite aux pêcheurs et à leur matériel de pêche, épuisettes, nasses et paniers en osier exposés tout autour d’une barquette, le fameux pointu marseillais, accueillant un mannequin en costume de pêcheur. Sur les cimaises des gravures, photographies anciennes représentant pêcheurs au travail et vues du port, accompagnées de quelques maquettes de barques et bateaux.

« Monument gastronomique »

La suite est consacrée à la bouillabaisse, terme qui apparaît à la fin du XVIIIe siècle sous la plume d’un savant marseillais, Claude-Francois Achard, qui la décrit ainsi dans son dictionnaire de 1785 : « Bouilhe-baisso : Terme de pêcheur, sorte de ragoût qui consiste à faire bouillir du poisson dans l’eau de la mer. L’on dit bouilhe-baisso, parce que dès que le pot bout, on le tire du feu. On l’abaisse. »

De nombreuses céramiques dédiées à ce monument marseillais sont présentés sous vitrine, accompagnées sur les cimaises de recettes d’époque et de gravures et photographies de repas de pêcheurs dans les calanques ou sur une terrasse.

Le parcours se termine par une section consacrée aux cabanons du littoral marseillais, aux promenades et loisirs qui s’y sont développés, illustrée par des photographies anciennes.

Fin du parcours avec des photographies du marseillais Florian Jayet, tirées de sa série De fil en aiguille, photographies couleurs grands format, s’amusant d’anachronismes : des modèles en costume folklorique mis en scène sur un paddle, ou tenant des ballons baudruches poissons face à la mer, ou bien encore tel un santon grandeur nature, rangé dans une réserve à côté de skate-boards.

MARC VOIRY
Marsiho e la Mar - Marseille et la mer
Jusqu’au 8 mars
Château de la Buzine, Marseille

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De la musique jusqu’Au bout !

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Ce dimanche, c’est Au Bout la mer Musique ! La Canebière sera animée par des concerts qui reflètent la mixité culturelle d’une ville ouverte sur la Méditerranée

La mairie 1&7 propose une nouvelle édition d’Au bout de la mer programmée par La Clique production. Dimanche, la ville sera animée par des spectacles et des concerts, ainsi que des marchés et ateliers tout au long de la journée. Pensées comme un parcours artistique, les festivités se déploient sur la Canebière jusqu’au Vieux port en passant par le parvis de l’Opéra et la Place Charles de Gaulle. La programmation brasse un large éventail de musiques de la cumbia, à la musique traditionnelle sicilienne ou encore l’afro-punk futuriste et le raï-électro.

Rivages, Horizons, Au large

C’est sur Les Rivages, au port antique, que les concerts débutent avec les polyphonies des vingt femmes d’Arteteca. Ensuite, Spartenza occupera la scène avec les traditions vocales de Sicile. La voix de Maura Guerrera se mêle à la mandole et au guembri – instrument à cordes pincées de l’Afrique du Nord – de Malik Ziad. Le duo est rejoint par Manu Théron, instigateur du renouveau des musiques vocales traditionnelles, notamment du chant occitan. En parallèle, la scène Horizon, à l’angle de la rue Saint-Ferréol, accueille le duo franco-chilien de Chu Chi Cha pour de l’électro-cumbia. Ils sont suivis d’un autre duo – Benzine. Puisant leur inspiration dans la poésie bédouine d’Algérie, ils multiplient les rythmes traditionnels avec l’électro et les sonorités rock ou de musiques actuelles.

Une troisième scène Au Large, située face au Palais de la Bourse, fera entendre l’afro-punk futuriste de Fulu Miziki. Leur son tisse un lien entre afro disco-house et post-soukous, musique congolaise de danse au tempo rapide. Le groupe fabrique ses propres instruments à partir de matériaux recyclés faisant part de conscience écologique ainsi qu’un message panafricain de libération artistique. Place après à Deli Teli qui propose un rock’n’roll infusé des tubes du Laïko, musique populaire grecque née dans les années 50.

Espace public et partagé

Des déambulations musicales animeront également les rues tout au long de la journée. Parmi elles, la chorale de cumbia et rythmes latino-américains – Calle Sol, ainsi que les chansons napolitaines de Nannanì et deux fanfares : les rythmes syncopés des côtes colombiennes avec Brass Koulè et le jazz-funk de Mudanza.

Côté spectacles, la Mesón invite le public au parvis de l’Opéra pour un atelier d’initiation aux danses populaires andalouses – la sévillane et la rumba – menée par Isabel Gazquez et Josele Miranda. Puis le Collectif Minuit 12 organise une restitution chorégraphique participativeavec les marseillais·es autour d’un message pour la préservation de l’Océan intitulé Récifs, suivie d’une représentation qui mélange danse contemporaine, hip-hop et waacking.

Au Bout la Mer prévoit aussi des spectacles pour un jeune public à la Place Général de Gaulle, commençant par le conte musical des sœurs Paloma et Alma – un Voyage au-delà des mers – pour sensibiliser les enfants au respect de la nature. Un peu plus tard, la Cie Archibald Caramantran organise Le Bal des Poissons, une parade marionnettes géantes où se dansent la rumba, la salsa et le calypso.

LAVINIA SCOTT
Au Bout la mer, Musiques !
19 octobre à partir de 11h
La Canebière, Marseille

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Naissances du geste

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Le temps fort Question de danse se décline en deux doubles soirées

Vingt ans que Question de danse rend visible l’invisible : le travail en train de se faire, la pensée en mouvement, la création chorégraphique dans sa plus vive fragilité. Pour Michel Kelemenis, initiateur il y a 20 ans d’un format devenu fréquent dans les centres chorégraphiques, « la rencontre avec le public agit comme un accélérateur d’idées». Dans ces soirées de partage, les artistes livrent leurs projets en cours avant d’entrer en conversation avec la salle : un espace de création et d’écoute rare, où la parole, la danse et l’imaginaire se répondent et se confrontent.

Corps en chantier

Cette édition anniversaire s’ancre plus que jamais à Marseille, en donnant la parole à celles et ceux qui façonnent aujourd’hui la scène chorégraphique du territoire. Le 17 octobre, Michel Kelemenis présentera L’Amoureux de Madame Muscle, un nouveau volet de son répertoire jeune public. Successeur et renversement de L’Amoureuse de Monsieur Muscle, créée en 2008, cette fantaisie ludo-anatomique fait danser une bande dessinée vivante. Trois personnages — l’Amoureux sensible, la puissante « Madame Muscle » et le mystérieux maître de cérémonie Anatom’ — évoluent dans un décor de muscle, de peau et de tendon, aux costumes acidulés signés Agatha Ruiz de la Prada. Sur une bande-son pop composée par André Serré, le spectacle mêle humour, poésie et curiosité du corps pour le jeune public. Avec humour et tendresse, le chorégraphe revisite la puissance du corps féminin et invite l’enfance à se penser en action.
La soirée se poursuivra avec Ana Pérez, accompagnée du guitariste José Sanchez, pour Stabat Mater, les voix du corps. Une relecture profane et contemporaine de la douleur et de la mémoire, où flamenco réinventé, voix et guitare tissent une architecture vibrante autour de la puissance du féminin.

De chairs et de sangs

Le jeudi 23 octobre, place à Flora Détraz seule en scène dans Gorgo. Entre concert-performance et rituel incantatoire, la chorégraphe explore les figures monstrueuses du féminin par la voix, la métamorphose et la défiguration : un manifeste poétique et sauvage, entre rire et effroi. Le monstrueux y devient jeu, outrance, satire : rires, cris, toux, fantaisies vocales se mêlent dans ce solo où l’horreur flirte avec le grotesque.

Enfin, Bastien Charmette clôturera ce second temps fort avec L’Écluse, pièce pour deux danseurs et un musicien où s’entrelacent mécanique et chair. Inspiré par la symbolique du passage, il compose une partition fluide, entre eau et métal, où le geste devient traversée.

SUZANNE CANESSA
Les 17 et 23 octobre KLAP, Maison pour la Danse, Marseille
Entrée libre sur réservation

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Citadelle grecque

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La deuxième édition du Salon du livre métropolitain se tient du 17 au 19 octobre à Marseille

Après l’Espagne l’an dernier, le Salon du livre métropolitain dédie cette année sa programmation à la Grèce. L’événement accueillera plus de vingt-cinq rencontres et plus de cinquante auteurs et traducteurs venus d’Athènes, Thessalonique et de différentes régions du bassin méditerranéen. Trois jours de littérature ponctués de conférences, d’ateliers d’écriture, de spectacles, d’expositions et de musique animeront la Citadelle de Marseille, du 17 au 19 octobre. Tout au long du week-end, la littérature se mêlera à tous les arts pour plonger le public dans un voyage culturel au cœur du pays des Hellènes et l’invitera à explorer toutes les différentes facettes de la Méditerranée.

Parmi les moments forts, l’ouverture du Salon, avec le grand cinéaste franco-grec Costa-Gavras qui participera à un entretien animé par Hugo Pinatel. Il reviendra sur son parcours et son engagement politique et social. Le programme musical promet également de belles découvertes, entre danses traditionnelles grecques, le concert du Haïdouti Orkestar et la voix envoûtante de Dafné Kritharas.

Du livre mais pas que

Différentes rencontres littéraires mettront en avant des auteur·ices dont Émilie Papatheodorou qui partagera son regard sur une littérature en mouvement constant. Enfin, un banquet littéraire offrira des discussions ponctuées de dégustations autour de la cuisine grecque, orchestrées par Julia Sammut et plusieurs chef·fes invité·es.

Trois expositions de photographie seront aussi à découvrir. Une première sur les rivières d’Athènes de Sylvain Maestraggi, la deuxième de Jean-Paul Olive, portera sur Athènes et ses îles, et enfin la troisième sera dédiée aux voyages d’Astérix.

L’année dernière, l’Espagne avait été mise à l’honneur et le premier prix de 2024 avait récompensé Alana S. Portero, autrice trans, pour son roman La Mauvaise Habitude, une œuvre brisant les codes du roman d’apprentissage pour déployer une vision féminine ouvrière, urbaine et trans.

CARLA LORANG
Salon du livre métropolitain
Du 17 au 19 octobre
Citadelle de Marseille

Raconter les effondrements

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En octobre et novembre, La Criée programme 65 rue d’Aubagne de la Cie du Cri, dans différents théâtres de la Métropole. Entretien avec Mathilde Aurier, autrice et metteuse en scène

Zébuline. L’écriture de cette pièce est partie de votre rencontre avec une survivante des effondrements de la rue d’Aubagne, Nina, et a donné lieu à un travail d’enquête auprès d’associations, d’autres survivant·es…

Mathilde Aurier. D’autres survivants, non. J’ai rencontré des personnes délogées, des associations, les riverain·es, enfin toutes les paroles que j’ai pu recueillir. Mais comme survivante, seulement Nina, dont l’histoire reste le fil rouge de toute la narration. Ce qui m’intéressait était d’articuler un récit très intime et des voix collectives, une mémoire collective qui gravite autour de cela. Il y a des voix, des paroles, d’autres histoires qui se mêlent. C’est un récit assez choral finalement.

Comment cette narration fragmentée se traduit-elle en termes de mise en scène ?

Son lit est tout ce qui lui reste après les effondrements, c’est son dernier refuge. J’aime beaucoup cette idée du lit, qui est selon moi le cœur de l’intimité. C’était donc évident de partir de ça. Tout autour gravitent d’autres espaces, notamment une façade derrière elle, qu’on devine être celle du 65, mais qui a été texturée et pensée pour rappeler la dent creuse qu’il y a aujourd’hui rue d’Aubagne. On a aussi des éléments extérieurs qui arrivent, une teuf, la mairie, la plage… Toute sa vie fragmentée est retracée visuellement et dans la mise en scène autour d’elle.

Vous pratiquez un théâtre « documenté » et non pas documentaire. Quelle part la fiction a-t-elle dans cette pièce ?

J’ai fictionnalisé le personnage, certaines scènes qui auraient pu se dérouler… Quand j’ai rencontré celle qui m’a inspiré le personnage de Nina, il y a des choses qu’elle m’a racontées que j’ai prises un peu pour moi, et je me suis un peu, comment dire…

Projetée ?

Non, pas projetée, mais il y a des choses qui ont fait écho. Moi aussi, je suis une jeune marseillaise, Nina a peu près le même âge que moi.

Pour moi, c’était important d’aller dans cet aspect de pièce documentée parce que ça me permettait d’amener aussi mon univers théâtral, ma langue, mes sensibilités, ma vision de ce que ce drame a été et est encore aujourd’hui. Sa traversée tout au long de la pièce est parsemée de cette fiction-là.

Pourquoi avoir décidé de travailler avec la Jeune Troupe de La Criée ?

C’était une proposition de La Criée. Pour moi, amener des comédien·nes de ma compagnie, et travailler aussi avec des acteur·ices fidélisés avec La Criée, ça faisait complètement sens pour ce projet, car c’est un spectacle sur lequel La Criée et ma compagnie allions vraiment nos forces.

La Criée programme votre pièce dans différents théâtres de la Métropole. Comment cela a-t-il été pensé ?

Dès le début, on a eu la volonté de faire tourner ce spectacle sur le territoire des Bouches-du-Rhône, et de vraiment pouvoir aller à la rencontre des publics. On aura aussi une tournée des centres sociaux, dans lesquels on va faire des ateliers avant et après le spectacle.

Pour nous il fallait aussi avoir cette version plus itinérante du spectacle où tout rentre dans une kangoo et on peut partir faire découvrir cette histoire qui traite des effondrements de la rue d’Aubagne mais aussi du mal-logement, de l’insécurité, de la violence administrative, du deuil, de la reconstruction, de la solidarité… C’était une proposition de la Criée, comme le fait de travailler avec les apprentis, ça fait totalement sens qu’on puisse amener ce projet dans plein d’endroits différents.

Avec une scénographie plus réduite, donc ?

C’est ça. Une création lumière plus réduite aussi, de même pour la création sonore.

Et c’est cette version qui sera présentée à l’Astronef ?

Tout à fait.

PROPOS RECUEILLIS PAR CHLOÉ MACAIRE 
65 rue d’Aubagne
Du 15 au 17 octobre
Astronef, Marseille

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