La règle de l’unité de lieu est bien la seule à être respectée dans À la barre. Le spectacle, créé en 2022 et donc avant le procès de Mazan, est une pièce pensée pour les tribunaux. Dérangeant, le dispositif conçu par l’auteur Ronan Chéneau et mis en scène par Steeve Brunet nous emmène au sein du tribunal d’Avignon. Le public passe tous les contrôles car le tribunal est en activité. Puis les cinq comédiens et comédiennes jouent en s’échangeant les rôles, de prévenu à victime, d’avocat à juge.
Si l’idée de déplacer le théâtre est intéressante, elle met aussi légèrement mal à l’aise. On rit de la représentation en sachant que, dans une salle voisine, un.e accusé.e ou un.e plaignant.e peut jouer sa vie. Faire entrer le théâtre dans le réel est un défi que relèvent les acteurs et actrices. Ils réussissent à recréer une atmosphère tendue, à questionner le rôle des différents magistrats et leurs défis.
Renverser la vapeur
Les injonctions aux chiffres et à la rapidité faites au monde judiciaire sont un point essentiel. Au cœur de la pièce, le caractère robotique et le nombre de dossiers qui s’empilent sur le bureau de la juge. Malgré la lourdeur du sujet, des pointes d’humour redonnent espoir, par exemple, quand les rôles entre hommes et femmes s’inversent. À grands coup de statistiques, la pièce met enlumière les violences intrafamiliales. On y observe la mauvaise foi des accusés, la difficulté des victimes pour prendre la parole, l’insistance des magistrats qui veulent entendre cette parole. La pression qui fait dire à certaines femmes « je ne porte pas plainte » est montrée crument. Tout comme la pression mise sur les magistrats et avocats. Sans jugement mais comme un hommage aux tribunaux, dans cette lutte pour la justice qui persiste, malgré des difficultés systémiques.
LOLA FAORO
Jusqu’au 18 juillet au Tribunal d’Avignon – Départ de la Manufacture
En 2019, Émilie Rousset co-crée la pièce Reconstitution : Le Procès Bobigny. En s’intéressant à ce procès phare du combat pour le droit à l’avortement, la metteuse en scène connue pour son travail de théâtre documentaire prend conscience des liens très étroits entre le fonctionnement du droit et la société. Cette année, elle crée à La Chartreuse Affaires Familiales, fruit d’un long travail d’enquête et d’entretiens avec des avocates et des justiciables de différents pays européens.
Installés dans un dispositif épuré – une sorte de parchemin géant déroulé entre deux gradins, les comédien·nes rejouent mot pour mot les entretiens réalisés par Émilie Rousset au cours de son enquête. Des vidéos des entretiens réels sont projetés sur les reliefs de la scénographie, des gros plans sur les mains et les visages des personnes interrogées, dont les comédien·nes reproduisent précisément les gestes et les expressions. Émilie Rousset ne lisse pas les entretiens, au contraire, elle conserve dans le texte les cafouillages, les quiproquos de traduction, et surtout l’émotion brute. Il n’est pas simplement question de rendre compte d’affaires judiciaires, mais de donner voix et corps à celles et ceux qui les ont vécues.
Le procès de la justice
Cette approche sensible émeut d’autant plus qu’elle contraste radicalement avec le fonctionnement – et les dysfonctionnements – de l’institution judiciaire. « Le droit de la famille, c’est de la souffrance » résume une des avocates, mais c’est aussi des méandres administratifs, des combats politiques, des « dénis judiciaires » qui mettent cruellement en évidence la violence du patriarcat. Les récits de toutes les personnes interrogées illustrent cela, du père homosexuel qui ne parvient pas à faire reconnaître sa paternité par la justice italienne, à l’avocate qui accompagne des femmes qui ont dénoncé l’inceste subi par leur enfant, en passant par celle spécialisée dans les rapts parentaux qui doit quotidiennement se confronter au droit de pays étrangers.
Sans l’annoncer clairement, la pièce plaide pour une meilleure prise en compte des vies humaines qui se cachent derrière chaque dossier. Une nécessité.
Le Frac Sud, en partenariat avec le Centre de monuments nationaux, a invité Léna Hiriartborde pour quatre semaines de résidence, au couvent franciscain de Saorge. Une artiste inspirée par les peuples de tradition animiste et leur rapport à leurs lieux de vie, qui s’intéresse particulièrement aux plantes médicinales, comestibles ou tinctoriales. Elle a travaillé sur des formes hybrides, mi-végétales mi-animales, nourries par l’esprit de cette architecture monacale, dans un site naturel remarquable. Toits de lauzes, jardins, vergers, lumière éclatante du Sud… Le fruit de cette résidence, plusieurs installations audiovisuelles, est à découvrir in situ.
Ce que façonne l’esprit
Deux structures culturelles de la vallée de l’Ubaye, le Centre d’art de Jausiers et le Musée de Saint-Paul-sur-Ubaye, accueillent les œuvres de vingt artistes ayant collaboré avec des artisans, ou utilisé directement des techniques artisanales. Ébénisterie, joaillerie, tapisserie, et même tannerie ou arts de la table… Autant de manières pour Driss Aroussi, Victoire Barbot, Pascal Navarro,Otobong Nkanga, Yazid Oulab, Vassilis Salpistis, ou encore Marie Voignier, d’honorer le geste précis, l’inventivité, et l’amour de la forme juste que se partagent ceux qui exercent d’un côté et de l’autre de la frontière poreuse entre l’art et l’artisanat. Le Centre d’art de Jausiers accueillera plus particulièrement les œuvres conçues par Maxime Douillet et Ahram Lee, suite à une résidence, pour l’un dans la Forge de l’Ubaye, à Barcelonnette, pour l’autre dans la biscuiterie La Réserve de l’écureuil.
Le département des Alpes-de-Haute-Provence et le parc du Lubéron se sont associés au Frac Sud pour créer un itinéraire d’art contemporain temporaire, dont voici la 2e édition. Six lieux accueillent la production vidéo de six artistes. Ariane Michel installe sa Forêt des gestes à la bastide La Thomassine (Manosque) : en utilisant les propriété acoustiques d’objets du quotidien, elle met en sons la biodiversité abîmée. Dans son puissant Vumbi, Kapwani Kiwanga s’est filmée en train de nettoyer une par une les feuilles d’un bosquet d’arbres recouvertes de poussière, façon de stimuler par l’absurde l’attention que l’on devrait porter à nos lieux de vie (Écomusée de l’Olivier, Volx). Paul Heintz, quant à lui, s’est penché sur une lutte sociale victorieuse : en 1336 jours, des salariés ont repris leur entreprise de thés et tisanes en coopérative, faisant plier la multinationale Unilever. Son travail, appuyé sur des archives de grèves, résonne fort au Musée de la mémoire ouvrière de Saint-Maime.
G.C.
Fleuir, cendrer, dormir Jusqu'au 2 novembre Monastère de Saorge (06)
Ce que façonne l'esprit Jusqu'au 28 septembre Centre d’art de Jausiers et Musée de Saint-Paul-sur-Ubaye (04)
Après un premier volet, achevé le 15 juin, voici la seconde partie de Ce que pense la main, une exposition en deux temps conçue par la directrice du Frac Sud, Muriel Enraljan. Il fallait bien cela pour mettre en valeur les nombreuses œuvres correspondant au fil rouge de l’année 2025, l’interface entre art et artisanat. « Nous avons puisé dans notre collection, qui a désormais 40 ans, certaines pièces acquises au début des années 1980, qui entrent en résonance avec celles plus récentes de jeunes artistes. Parmi lesquels beaucoup sont de la région, la création locale étant très dynamique. »
Manier l’outil
Si la première découverte du parcours, une main évocatrice de l’art pariétal, conçue par Romain Signer au moyen d’une explosion de peinture, entre directement dans le vif du sujet, d’autres se relient moins littéralement à la thématique. Stéphanie Nava a par exemple produit un dessin mural destiné à être répliqué avec ou sans elle, tirant la fresque artistique vers la décoration artisanale. « On pourrait l’imaginer orner un préau d’école », sourit Muriel Enraljan.
À l’inverse, Imane Fakhir ramène les mouvements du quotidien vers l’art du geste, en filmant sa grand-mère dans sa cuisine. Casser un pain de sucre ou préparer la graine de couscous devient chorégraphie.
Parfois, ce sont les matériaux qui font résonner les pratiques. Le plasticien Dominique Angel revisite avec humour la notion de chef d’œuvre des beaux-arts « à l’ancienne », en recourant pour sa colonne sans fin, Objet de vertu, à de simples seaux de fer emplis de plâtre. La pièce majeure de l’exposition, une spirale de 1217 tuiles d’argiles évoquant un banc de poissons, est signée Gabriel Orozco. Ce pourrait être tout autant une murmuration d’étourneaux, l’artiste étant parvenu, par cette matière inerte déposée à terre, à évoquer l’indicible beauté du déplacement en multitude animale.
Art en prise avec son temps
Souvent, le propos se fait politique, ou social. Pascale Mijares, sculptrice marseillaise d’origine portugaise, rend hommage aux travailleurs qui fabriquent les fameux azulejos, ces carreaux de faïence hérités de la période où la péninsule ibérique était sous domination musulmane, en reprenant leurs motifs bleus sur des sacs de ciment. Olivier Millagou, installé à Bandol, confronte l’innocence enfantine et notre société du déchet, avec sa série Eco Plush, des doudous égarés moulés en terre cuite. « Si les politiques semblent en ce moment se distancier de l’écologie,reprend Muriel Enraljan, les artistes s’y plongent à corps perdu, questionnent le recyclage, les destructions d’écosystèmes… En tant qu’institution, nous nous interrogeons aussi sur nos métiers, déplacements, le transport des œuvres. » Voilà bien la mission des artistes : capter l’important, dans l’impermanence des vies humaines, et le rendre au temps.
GAËLLE CLOAREC
Ce que pense la main 2 Jusqu'au 23 novembre Frac Sud, Marseille
Une exposition personnelle de Madison Bycroft au Panorama, une collective d’artistes belges aux 3e et 4e étages de la Tour et des artistes de la Belle de Mai à la salle des Machines. C’est à un triptyque aux couleurs justement dépareillées qu’invite la Friche pour ses expositions d’été. Un ensemble à découvrir jusqu’à l’automne.
Sont bons ces Belges
Principal temps fort du parcours, Tipping Point où une trentaine d’œuvres de dix artistes belges et deux artistes marseillaises ont été réunis par les curateurs Adrian Grimmeau et Grégory Thirion. Une exposition, co-produite par Botanique, l’Isep et Fraeme, dont le titrepeut se traduire par « instant critique » ou « point de bascule », et qui se décline en deux temps.
Au 3e étage, il y a d’abord le constat. Guerres, changement climatique, montée du fascisme, le monde vit une époque sombre, et c’est dans un espace aux lumières tamisées et fenêtres obstruées que le public est invité à découvrir les œuvres. Il y a cet ensemble de 101 sculptures d’argile, aux formes abstraites, posées sur des post-it et s’étalant sur un socle de 5 mètres de long signé Sabrina Montiel-Soto. Une œuvre d’art-chéologie en forme d’inventaire du monde où l’artiste donne forme à des mots, ou des images : « chien errant », « montagne », « pouce », « flèche ».
En face, une proposition plus directe de l’artiste d’origine syrienne Jonathan Sullam. Une grande photo d’un bombardement en Syrie est découpée et enroulée autour de néons qui s’allument et s’éteignent alternativement. L’ensemble est strié, mais se découvre facilement –on est peut-être habitué à voir de telles images…
Autre pièce marquante, Under Automata de la Liégeoise Eva L’Hoest. L’artiste propose un plan séquence filmé à bord d’un avion à l’aide d’un scanner, où l’on voit les passagersendormis. Les corps apparaissent figés, tels les pétrifiés de Pompéi, et l’ensemble place le public devant un spectacle perturbant, d’une humanité décharnée, voguant vers une destination certainement indésirable.
À l’étage, plus de sérénité, et plus de lumières. Les volets ont été entrouverts, l’espoir aussi. Une pièce au milieu demande même la participation du public. Un réceptacle en céramiqueaux allures de corail accueille une eau que les visiteurs sont invités à toucher. En plongeant sa main, un dispositif déclenche une composition sonore captée par des éco-acousticiens : « des voix de poissons, de mammifères marins et de mollusques ». Tous les sens sont mobilisés avec cette œuvre, même le toucher donc, bien trop rare dans une expo pour ne pas en profiter.. !
Il faudra voir aussi la série de Gérard MeurantTake_an_other_exit_of, des impressions UV sur couvertures de survie ; les huiles de Stephan Balleux qui viennent se confronter à l’intelligence artificielle (comme beaucoup d’œuvres du parcours) ; ou les 750 mini-masques africains sculptés par Anna Safiatou Touréartiste malienne résidant en Belgique, qui questionne avec ces répliques et variations de masques touristiques l’identité, le tourisme, la disparition…
Panorama météo
Au sommet de la Friche, Triangle-Astérides invite l’artiste plasticienne et vidéo australienne Madison Bycroft avec Les mensonges du météorologues. Une exposition qui décline et poursuit son travail débutait avec son film The Sauce of All Order tournée lors d’une résidence à la Villa Medicis. Une comédie-musicale projetée dans une immense taupinière au milieu de la scénographie, dont le personnage principal, Felix Culpa, cherche à rejoindre le cercle des augures, les prêtres de Rome qui interprétaient les présages.
Car si le titre parle ironiquement de mensonges et de météo, l’exposition s’intéresse justementaux augures, oracles et autres présages. Et puisqu’à Rome on lisait l’avenir dans le vol des oiseaux, la figure ornithologique est présente dans bien des œuvres produites. Des huiles sur toiles aux couleurs pastel intitulées Space off, représentant les sept oiseaux les plus importants de la divination romaine. Des sculptures – en céramique, papier mâché et résine – avec ses Monstrum, qui croisent l’être humain avec les oiseaux.
Dans toutes ses œuvres, l’artiste interroge le rapport au réel, au langage, et joue du hors cadre. Très souvent, des injonctions contradictoires sont présentes, il y a à la fois des graines pour attirer les oiseaux, mais aussi des objets pour les repousser ou les piéger. Une dualité et une profondeur qui irriguent l’ensemble de cette exposition qui embarque avec douceur le public dans les joyeuses folies ou les réflexions de l’artiste.
Pour finir le triptyque, quatre artistes de la Belle de Mai proposent l’exposition Viens avec moidans la galerie La salle des machines À découvrir, les portraits, à l’huile ou au fusain, de ce quartier réalisés par Frédéric Arcos ; dans le même esprit les gouaches de Nathalie Hugues qui vient saisir la beauté au détour d’une ruelle ; les Vénus gravées de Noémie Privat ; ou les immenses sculptures de Matthieu Herreman fabriquées à l’aide de pailles en plastique, qui deviennent parfois velours, parfois métal, selon comment on les regarde.
NICOLAS SANTUCCI
Viens avec moi Jusqu’au 28 septembre La salle des machines
Tipping Point Jusqu’au 28 septembre 3e et 4e étages de La Tour
Les mensonges du météorologue Jusqu’au 16 novembre Panorama
Jusqu’aux dernières représentations de ses productions opératiques le 21 juillet, le Festival d’Aix-en-Provence continue avec des concerts particulièrement inspirants et inspirés. Après, entre autres, la très belle programmation d’Aix en Juin, mettant notamment en lumière les artistes en résidence, cinq dates se proposent de célébrer le lyrique sous toutes ses formes.
Papillons et berceuses
Renversante dans le rôle de Madame Butterfly l’été dernier, la grande Ermonela Jahosera de retour le 12 juillet au Conservatoire Darius Milhaud le temps d’un récital mettant le répertoire italien à l’honneur : du belcanto de Donizetti au vérisme de Puccini, l’immense soprano confirmera l’unicité de sa voix, en compagnie d’une pianiste de confiance : sa tante Pantesilena Jaho, répétitrice de toujours. Le lendemain, le Waed Bouhassoun Quartetexplorera à la Villa Lily Pastré les souvenirs musicaux d’enfance de ses instrumentistes, revus et remaniés au gré d’un dialogue incessant entre voix, oud, duduk, târ, setâr, vieille à roue et buzuq.
De l’Allemagne (Romantique)
Le 16 juillet, Simon Rattle et le Bayerische Symphonieorchester s’empareront des ultra-romantiques Wagner – le prélude de Lohengrin – et Bruckner – la Symphonie n°9 – mais aussi des ultramodernes Atmosphères de György Ligeti le temps d’un concert pensé sans nul doute comme un contrepoint au tendre Sturm undDrangà l’œuvre sur Don Giovanni.
Le lendemain, les deux légendes Diana Damrau et Jonas Kaufmann uniront leurs voix face au piano d’Helmut Deutsch pour un programme 100% germanique : Richard Strauss et Gustav Mahler s’y enchaîneront le temps d’extraits de leurs plus beaux cycles. Des KnabenWunderhorn, les Rückert ou encore les Vier Letzte Lieder. Ce seront de nouveau Wagner (l’ouverture des Meistersinger) et Mahler (la Symphonie n°1) qui se verront mis à l’honneur le temps du concert de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, dirigé par Evan Rogister et en compagnie de la soprano Amina Idris sur l’air de Mireille, « Voici la vaste plaine », intercalée entre les deux opus allemands et la composition collective de l’Orchestre. Une belle clôture pour le 21 juillet, point final d’un festival décidément plein de promesses.
SUZANNE CANESSA
Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence Jusqu’au 21 juillet
Sous les oliviers centenaires du cloître de Cimiez, l’été 2025 s’annonce vibrant et poétique : le Nice Classic Festival revient du 22 juillet au 9 août avec une programmation aussi généreuse qu’exigeante, portée par les grands solistes qui composent son académie : Marie-Josèphe Jude, sa directrice, mais aussi Jonas Vitaud, Pierre Génisson, Emmanuel Strosser,David Saudubrayou encore Delphine Haïdan.
La série des Concerts de Midi à l’Auditorium du Musée Matisse s’ouvre le 22 juillet avec le pianiste Florent Boffard autour des filiations Debussy-Boulez. Hortense Cartier-Bresson(29 juillet), David Saudubray (7 août) ou encore Gaspard Dehaene pour un récital Chopin (8 août) viendront compléter ce cycle intimiste.
En soirée, plusieurs grands formats jalonnent l’agenda : le 22 juillet à 20h, « Trois pianos sous les étoiles » propose une déclinaison autour de Ravel et du Boléro en compagnie de François Heisser, Jean-Frédéric Neuburger et CharlesHeisser. Le 25 juillet, « Anciens et Nouveaux Mondes » promet un dialogue entre répertoire classique, création contemporaine et musiques traditionnelles. L’Orchestre Philharmonique de Nice est attendu le 3 août avec « Contes, jardins et passions ».
Le volet vocal, bien représenté, passe par la désormais habituelle « Soirée lyrique » des étoiles montantes de Lorraine Nubar (1er août), et par « Voix croisées, de Satie à Fauré » le 5 août.
Les étudiants de l’Académie Internationale d’Été de Nice se produiront lors de trois concerts publics (26 juillet, 2 et 9 août), tandis que la danse revient ponctuellement le 26 juillet avec un spectacle au Conservatoire.
À noter aussi quelques intitulés évocateurs : « Souffles, cordes et vagues » (24 juillet), « Les Saisons de l’Âme » (29 juillet), ou encore « La Nuit du Piano » (8 août), soirée de clôture officieuse autour de Debussy, Rachmaninoff et Ravel. La variété des formats et des lieux – cloître, musée, auditorium – permet une circulation entre les esthétiques et les publics, tout en préservant une identité sonore et patrimoniale propre à Nice.
Le festival met à l’honneurles musiques du monde dans un cadre idyllique : le parc naturel du Queyras. Le village d’Abriès-Ristolas culmine à 1500m, entouré de crêtes impressionnantes et de pentes escarpées. La 33e édition, qui se déroule du 22 au 26 juillet, va du jazz au rock en passant par des chants polyphoniques. Une programmation alliée à des stages d’été d’accordéon, chant, piano, percussions et danse.
Le 22, après une session jam, le duo Paamath et Sandovalouvre le festival, à la Salle de l’Ogival, aux rythmes des guitares, avec des compositions personnelles chantées en espagnol, wolof, buru, et en français.
Le quatuorBargainatt – violons, accordéon et violoncelle, tous chanteurs également – empruntent les impulsions de danses de diverses régions, de la Bretagne à l’Auvergne. Ils interprètent leurs compositions inspirées d’airs traditionnels à l’Espace Guinguette.
Ensuite, direction les caraïbes où les 5 musiciens du Commandant Coustou incarnent le plongeur célèbre en s’appuyant sur un répertoire aux sons cubains, de la biguine martiniquaise, calypso et twoubadou haïtien. Plus tard dans la soirée, les sept voix de Barrut invitent le public à découvrir chants traditionnels polyphoniques et percussives de la méditerranée, notamment grâce à leur dernier album, Travèrsas, chanté en langue occitane. Par la suite, le trio nantais Djusu voyage au fil des chants d’Evelyne Mambo infusés de rythmes et genres musicaux d’Afrique occidentale ou de la Rumba, et avec des références rock-psyché. Le soir de clôture voit le Slim Paul Trio – guitariste aficionado du blues au Chapiteau d’Abriès avant le DJ setEl Pabuelito.
Faire ensemble
En amont des concerts débutent les stages, qui donnent à ce festival son identité, et en font un lieu de référence pour les apprentis musiciens et les amateurs éclairés. Guillaume Aubert et Simon Gielen dirigent le stage d’accordéon diatonique (musiques traditionnelles et chansons du mond)e. La chanteuse Cécilia Simonet invite à découvrir les chants polyphoniques et traditionnels d’Europe du Sud accompagnée au saxophone par Vincent Cladère. Yani Fola propose un atelier « orchestre » de percussions africaines (djembé, doundoun, kenkeni, yabara et balafon). Une restitution publique de ces trois stages a lieu à l’Espace Guinguette le 25. Les pianistes pourront aussi libérer leur jeu avec le stage de composition au piano conduit par Kevin Taduy. Et le 23, Marie Claire propose une initiation à la danse folk.
Depuis 1998, Les Transes Cévenoles reviennent chaque été dans le village de Sumène au cœur des Cévennes gardoises. Avec l’association Les Elvis Platinés et une équipe de 180 bénévoles, ce festival associatif et à taille humaine reste fidèle à son ambition première : conjuguer création artistique et engagement social et écologique. Il est de retour les 19 et 20 juillet.
Pour cette édition, la programmation artistique reflète la vitalité de la scène émergente. Du concert solaire de la Montpelliéraine Mauvaise Bouche au show explosif du septet brésilien TechnoBrass, en passant par le duo marseillais Baja Frequencia et ses mixes endiablés entre reggaeton, cumbia et techno, la scène musicale promet des soirées éclectiques et exaltantes.
Côté arts de rue et spectacles, la programmation confirme la ligne artistique singulière du festival : le spectacle poétique Dans les rêves de la Cie Alas Negras, la fresque naturaliste Aucèls de la Ciel’Araignée au Plafond, ou encore l’univers absurde de Très grosse alerte à Maliboue de la Cie Monde Truelle entraîneront à coup sûr petits et grands. Sans oublier Ceci est mon corps de laCie Chagall sans M, un monologue sur la réappropriation de soi, ou encore Essaye encore de la Cie Hors de Portes, un duo burlesque et fragile à souhait.
Une fête populaire et engagée
Mais ce qui distingue véritablement les Transes Cévenoles, c’est leur engagement écologique et social, au cœur de chaque édition. Le festival bannit le plastique jetable, favorise les mobilités douces, propose des repas végétariens, installe toilettes sèches et fontaines à eau en accès libre, et réduit drastiquement les supports imprimés.
Au-delà de l’écologie, le festival œuvre pour l’égalité des genres, lutte contre les violences sexistes et sexuelles grâce à des stands de prévention, des équipes formées, et un espace d’écoute animé par l’association TKT. Une attention particulière est aussi portée à l’inclusion, avec l’accueil de jeunes issus de structures sociales pour vivre les coulisses de l’événement en immersion.
Les Transes Cévenoles, un modèle d’événement festif et citoyen. À travers une politique tarifaire souple et des engagements concrets, il dessine le visage d’un festival du XXIe siècle, conscient de ses responsabilités, sans jamais renoncer à la joie de faire la fête.
Organisé dans l’écrin naturel enchanteur du Théâtre Silvain, niché entre mer et pinède, cette soirée musicale exceptionnelle, à l’initiative de Marseille Concerts, va permettre au public d’entendre quelques-uns des plus grands airs du maître italien : du célèbre « La donna è mobile » de Rigoletto à l’intense duo d’amitié de Don Carlos, en passant par la prière déchirante de Desdémone dans Otello, ou encore le bouleversant « Addio del passato » de Violetta dans La Traviata, chaque extrait donne à entendre l’humanité à fleur de peau des personnages verdiens. Avec le compositeur italien, la passion, l’amour, le destin, le sacrifice… tous les grands sentiments sont au rendez-vous !
Ces héros lyriques seront portés par quatre jeunes solistes parmi les plus prometteurs de leur génération. La soprano Chloé Chaume, qu’on a pu entendre à l’Opéra de Paris ou à l’Opéra-Comique, prêtera sa voix lumineuse et sensible à Violetta ou à Gilda (Rigoletto). À ses côtés, la mezzo-soprano Ambroisine Bré, lauréate de nombreux prix et saluée pour son intensité dramatique incarnera les superbes Madalena (Rigoletto) et Azucena (Le Trouvère). Le ténor Samy Camps, voix ardente et charismatique, prêtera son souffle avec panache au jeune et passionné Alfredo. Le baryton Yoann Dubruque, quant à lui apportera son timbre sombre et profond aux rôles tourmentés de Rigoletto ou de Rodrigo, dans Don Carlos.
Sous les doigts inspirés du pianisteIsmaël Margain, ces airs prennent vie avec toute la richesse expressive de ce répertoire grandiose. Et pour accompagner le public dans cette traversée lyrique, Olivier Bellamy, directeur artistique de Marseille Concerts, présentera les extraits en les replaçant dans leur contexte, rendant l’opéra aussi vivant qu’accessible.