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Picturalités 2025 : Des rencontres au pluriel 

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picturalité
© C.P-P

Pour la troisième année du projet Picturalité, le MAC Arteum propose une exposition en trois temps, dans trois lieux à l’identité marquée, en s’appuyant sur trois jeunes artistes récemment diplômés de l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence.

Ce projet repose avant tout sur des rencontres : entre les artistes bien sûr, mais aussi entre leurs œuvres, qui se mêlent dans une harmonie délicate. Attentifs aux jeux chromatiques et aux interactions subtiles avec l’espace, les artistes ont composé une installation pensée pour le lieu. En témoigne la petite toile Ibuprofen, discrètement nichée dans la crevasse d’une alcôve de l’église historique du village de Puyloubier, magnifiquement restaurée, devenue l’Espace Sainte-Marie. Christiane Courbon, curatrice à l’origine du projet, évoque « cette ambiance feutrée et la douceur particulière qui se dégage de l’exposition, où se lit une certaine mélancolie, assumée différemment par chaque artiste ».

Réfléchir comme Cézanne

À l’occasion de Cézanne 2025, les artistes sont invités à s’interroger sur la couleur et les outils, comme Cézanne en son temps. Mathilde Beauvois, formée initialement à la couture, oriente sa recherche picturale vers la persistance rétinienne. Ses toiles en tissus peints et cousus expérimentent la couleur, la matière, la forme et la mise en espace laissant toute sa place à la contemplation. À ses côtés, Sévérina Ianakieva, fidèle à la peinture à l’huile, explore la mémoire et la nostalgie. Elle envisage l’image comme élément sacré du souvenir. Quant à Meher Kafalian, il peint l’intérieur des lieux qui ont marqué sa vie, de l’appartement de sa grand-mère à la cuisine du restaurant où il a longtemps travaillé et qui, dit-il, « lui a volé son soleil ». Son approche déconstruit les perspectives et transforme l’ordinaire avec une tendresse singulière.

© C.P-P

La prochaine étape, temps fort du projet, se tiendra au MAC Arteum, où chaque artiste exposera son travail en lien avec des œuvres issues des collections du Frac Sud et de l’Artothèque intercommunale Istres-Ouest Provence. 

CÉLIANE PERES-PAGÈS

Trois centimètres au dessus de la Terre
Première étape jusqu’au 30 mars
Espace Sainte Marie, Puyloubier
Uniquement les samedis et dimanches de 14h à 18h.
À venir
Du 11 mai au 19 juillet
MAC Arteum, Châteauneuf-le-Rouge

Du 7 au 20 juin 
Musée Mélik à Cabriès

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La littérature en équilibre

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Olivia Rosenthal

Olivia Rosenthal n’a jamais aimé les lignes droites. Son écriture procède par bifurcations, croisements, détours et glissements. Une femme sur le fil ne fait pas exception. Mille paragraphes numérotés trament ce texte où s’entrelacent récit intime, destinées tragiques et vies minuscules, méditations sur le deuil et le vide – curieusement mais systématiquement adossés – et dialogues avec des acrobates. 

Ici, tout commence par le fil. Littéral et métaphorique, il relie, retient, entrave parfois. Il est celui du textile, domaine du père, ingénieur daltonien qui distinguait mal les couleurs mais maniait les matières. Celui de l’équilibriste, entre ciel et sol, vertige et maîtrise. Celui de l’angoisse, qui survient par bouffées, qui submerge Zoé à la vue de cet oncle « aux mains baladeuses ». Celui de l’écriture, ligne tendue sur laquelle Rosenthal avance en défiant comme à son habitude l’injonction du récit classique.

Ces mille fragments numérotés dessinent un parcours éclaté, où se mêlent des voix familières ou inconnues, les souvenirs d’une sœur disparue. Une structure en éclats, mouvante, où la pensée avance par essais, recule, trébuche parfois, mais ne cesse de chercher son point d’équilibre. Et où la légèreté surgit toujours d’un discours pour parer à la caricature : comme dans cet hilarant traité de ponctuation : « J’estime que les points d’exclamation sont des béquilles pour des phrases non abouties, celles dont on ne saisit pas à la seule lecture l’harmonie, l’intonation, le rythme et l’intention. Il y a un aveu de faiblesse dans l’usage du point d’exclamation. »

Vide et expérimentation

Photo F. Mantovani © Éditions Gallimard

En guise de points d’exclamation, ou, « encore pire », de ces points de suspension qui créent une « fausse connivence », on trouvera des variations de rythme, des paragraphes tantôt denses, tantôt réduits à un seul mot, des reprises qui sculptent la langue plutôt qu’elles ne la contraignent. Comme Montaigne, cité au même titre que Philippe Petit ou Françoise Dorléac, Olivia Rosenthal corrige, réécrit, ajoute, ajuste. Une femme sur le fil scrute le rapport au corps, au doute, au vertige, à l’apprentissage du risque. Pour certains circassiens, la marche sur le fil est un ancrage, une façon de suspendre l’instabilité de leur enfance cabossée. Une voltigeuse provoque son public en lui demandant de lui lancer des boîtes de conserve ; un exilé congolais voit sa fille funambule réconcilier, en un seul geste, les deux rives de leursvies séparées par la distance. Ce que répare Une femme sur le fil conservera jusqu’au bout une part secrète ; le récit n’en demeure que plus émouvant.

SUZANNE CANESSA

Une Femme sur le filOlivia Rosenthal
Gallimard – 17 euros

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[Music & Cinéma] « On vous croit » , un drame poignant ouvre le festival

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Le film commence dans la panique d’une mère qui ne maîtrise pas son fils. Ils vont rater le bus dans lequel le garçon refuse de monter. On comprendra bien vite qu’ils ont un rendez-vous important et pourquoi l’enfant fait tout pour ne pas s’y rendre, n’obtempérant qu’à l’injonction de sa grande sœur hors champ.

Alice (Myriem Akheddiou) est convoquée au tribunal avec ses deux enfants (Ulysse Goffin et Adèle Pinckaers) pour une confrontation avec leur père (Laurent Capelluto). Celui-ci réclame un droit de visite et la prise en charge du garçon par une structure adaptée. Il accuse son ex-femme de le déprécier aux yeux de son fils, d’être responsable de l’encoprésie dont il souffre et qui l’empêche de suivre une scolarité normale. Alice, de son côté, a commencé une procédure contre son ex-mari, pour inceste sur cet enfant. Frère et sœur ne veulent plus voir leur père qui les terrorise et ne comprennent pas pourquoi la justice les contraint à le croiser encore et encore, depuis plus de trois ans, au fil des audiences successives. Pourquoi elle les oblige à répéter leur histoire, remuant le couteau dans la plaie et faisant planer sur eux la menace d’une décision contraire à leur volonté.

Suspense au carré

Ils voudraient bien qu’on leur dise « on vous croit » et que, de cette confiance naisse une véritable protection. Alice contrainte à se défendre est à bout de forces, et craque au risque de paraître hystérique. Devant la juge, tout est possible, et le film entretiendra le suspense jusqu’au bout, servi par la musique de Lolita Del Pino qui avait déjà travaillé avec Arnaud Dufeys sur Invincible Eté.

Avec une grande économie de moyens, un format carré qui accentue la sensation d’étouffement, le choix d’un lieu unique, en un temps limité à une matinée, le réalisateur et la réalisatrice (infirmière de profession) traitent leur sujet si contemporain, avec une redoutable efficacité. Ils parviennent à transformer un huis clos où s’affrontent cinq discours contradictoires en un drame poignant. À faire de la scène centrale de près d’une heure, tournée en temps réel, avec des personnages assis autour d’un bureau, une scène d’action ! Devant la juge des affaires familiales (Natali Broods), l’avocate d’Alice, l’avocat du père, l’avocat des enfants (véritables avocats dans leur vie et acteurs pour l’occasion) développent leurs plaidoiries. Le père puis la mère racontent à tour de rôle, leur version des faits. Tous doivent s’écouter malgré leur colère, leur souffrance. Dans le bâtiment moderne fonctionnel du tribunal tout en baies vitrées, lumière et transparence, la juge arrivera-t-elle à y voir clair ?

Le réalisateur et la réalisatrice étaient là, accompagnés de leur producteur et de leur remarquable interprète, Myriem Akheddiou, ainsi que de Lolita Del Pino. La première rencontre entre la musicienne et les cinéastes s’était faite grâce à Music & Cinéma Marseille en 2022 dans le cadre du dispositif Le 3ème personnage qui connecte réalisateurs·trices, producteur et compositeur sur un projet en devenir. Une collaboration on ne peut plus réussie.

ÉLISE PADOVANI

Le film a obtenu le Prix du Meilleur Film Music § Cinéma 2025

Aussi ancien que Charlemagne

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© X-DR

En 16 panneaux, l’exposition fait magistralement le tour de la question, en suivant un fil chronologique où tout se nuance et se rejoint : les chercheurs de l’ACHAC (Association pour la Connaissance de l’Histoire de l’Afrique Contemporaine) qui ont conçu l’exposition ont une approche scientifique qui énonce des faits explicites : l’arabo-oriental – c’est à dire le maghrébin, ottoman ou proche-oriental – est présent en France depuis Charlemagne et les conquêtes arabo-musulmanes qui lui sont contemporaines. Il figure une altérite que la France monarchique combat, ou avec laquelle elle dialogue et négocie, mais surtout que la France républicaine ou impériale exploite, comme combattant (les Turcos, les soldats indigènes), comme travailleurs dans l’industrie, le bâtiment ou l’agriculture saisonnière.

L’exposition met aussi en évidence la rupture historique que constitue la colonisation, qui entraîne une forte dégradation de l’image de l’oriental, et un racisme systémique. Les derniers panneaux sont ceux d’une histoire des luttes, des marches et des revendications. Mais aussi une réflexion sur les différentes représentations, artistiques et médiatiques, pour sortir de l’essentialisation coloniale.Un pas indispensable pour cesser de discriminer cet « autre » qui a toujours été là. 

AGNÈS FRESCHEL

L’histoire des présences arabo-orientales en France
Jusqu’au 22 mars
Maison des associations, Marseille

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Un piano au diapason de l’Histoire 

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piano
Coupure de presse guillotine des militants du FLN 1956 © X-DR

DiasporikComment avez-vous construit votre récit?
Hélène Lioult. L’intention première est apparue à l’occasion de la rencontre avec Philippe Courreye, le restaurateur qui a trouvé dans le piano un journal d’Algérie daté du jour de sa naissance. J’ai donc travaillé à articuler l’histoire du piano – ce que je pouvais en retrouver, les archives, les souvenirs et les suppositions – et le déroulement de la restauration. Articuler l’histoire du piano avec la grande histoire, celle de la France et de l’Algérie dans ces périodes douloureuses. J’ai longuement cherché les musiciens et j’ai eu la chance de trouver George Lepauw et Amine Soufari, pianiste et chef de chœur, dont les musiques se croisent…

Le piano est fabriqué par la Maison Gaveau. Dans quel contexte est-il expédié à Oran et comment devient-il le piano d’étude de votre sœur Anne-Marie Camps?
Le piano est expédié par Gaveau en Algérie à la maison Willems en 1912. Ce n’est qu’en 1965 qu’il arrive dans ma famille à Alger. Mais les marques sur le piano donnent des dates dès 1946. Je fais donc des hypothèses… à découvrir dans le film ! 

La restauration a permis de découvrir un article du journal d’Alger de 1956. À votre avis, comment s’est-il retrouvé là?
Le journal d’Alger du 19 juillet 1956 fait sa « Une » sur la « décapitation du milieu musulman »Hamid Bousmah, cinéaste, analyse en finesse cette propagande qui parle de « milieu musulman » assimilant les militants à des voyous. Elle annonce les exécutions capitales des militants algériens qui interviendront par la suite. Il n’y a aucune raison technique à la présence de ce journal dans le clavier d’après le restaurateur. Le piano garde son secret. 

Qui joue du piano dans l’Algérie française des années 1930 ? Existe-t-il un enseignement accessible aux indigènes ?
Des classes de musiques arabes ont été créées au conservatoire d’Alger dès les années 1920 mais le nombre d’étudiants algériens était très faible. Les associations de musique arabo-andalouses très présentes sur l’ensemble du territoire ont introduit peu à peu le piano dans les orchestres. À partir des années 1920, un vaste mouvement associatif musical indigène, juif et musulman, émerge en Algérie. Ce mouvement se consacre à la diffusion d’un genre que l’on appelle communément « la musique andalouse ». L’introduction progressive du piano a impacté les musiques algériennes et l’évolution des styles musicaux du pays, dans différents répertoires, tels que le chaâbi, le malouf, la musique andalouse, le raï. Aujourd’hui les claviers sont plus fréquents que les pianos et présentent l’avantage de pouvoir être facilement réglés pour le quart de ton. 

Comment envisagez-vous la diffusion du film ?
Après les avant-premières qui ont suscité beaucoup de réactions positives et d’émotions partagées, j’ai de nombreuses propositions de diffusion dans des cinémas ou des associations culturelles dans les Bouches-du-Rhône, les Alpes, le Var, et aussi en Corrèze et en Dordogne, ainsi qu’à Paris. J’inscris le film dans les nombreux festivals de documentaires, en France, et dans le monde. Il vient d’être sélectionné dans un festival au Bénin début mai. Il va avoir un sous-titrage anglais !

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SAMIA CHABANI

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Amis d’Algérie

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Nacer et Martial © X-DR

Nacer Hamzaoui (mandole et chant) est né dans la Casbah d’Alger, dans une famille de musiciens chaâbi ; Martin Pardo (piano et chant) est né à Sidi bel Abbes, d’un père qui militait pour l’Indépendance, et jouait de la trompette dans les bals. L’un devenu jazzman (trio Ifriqiya) et l’autre créateur d’un chaâbi contemporain (groupe Nouiba) se retrouvent pour « retisser la bande son des Algéries d’avant 62 » en faisant dialoguer « mélopées berbères et sépharades, échos ottomans » chaâbi, melhoun et malouf, mais aussi « paso doble et boogie, symphonie et nouba des tirailleurs ». Une façon de retisser une relation humaine qui a perduré dans la musique, qui ne se nourrit que de dialogues. 

AGNÈS FRESCHEL

Algéries, retours en musique 
Le 22 mars à 17h
Casa des Cheminots, Marseille

Babel Music XP : la musique a son carrefour 

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babel xp
© Mohamed Jeddi

Babel Music XP est « un billet pour faire le tour du monde ». Voilà comment la communication du festival parle de son rendez-vous, et on ne peut pas dire que l’expression soit galvaudée : du 20 au 22 mars à Marseille, il réunit 30 artistes venus de 21 pays, un grand marché international et un salon professionnel (1500 personnes venues de quatre continents). Trois jours et trois nuit pour ressentir les vibrations du monde de la musique. Dans ses rythmes, ses joies mais aussi ses doutes face aux défis qui sont toujours plus nombreux. 

La musique d’abord 

Objet hybride qui en fait sa singularité, le Babel Music XP s’appuie autant sur ses rencontres professionnelles que sur sa programmation musicale. Une programmation qui se construit suite à un appel à candidatures, qui a recueilli cette année 1908 propositions. Une fois passées au tamis de son jury international, il n’en reste « plus » que 30. « C’est pire que faire médecine » ironise Frédéric André, qui assure la coordination artistique du jury. Ici pas de QCM, les principaux critères sont la qualité de la proposition artistique, avec une attention portée sur le sens de la scène (une vidéo est requise pour s’inscrire), pour un ensemble qui doit aligner diversité musicale, géographique, et de genre.    

Force de cette sélection, il en ressort un line-up où figurent beaucoup d’inconnus pour les oreilles marseillaises. Ainsi débarque d’Ukraine The Lazy Jesus, qui propose une transe-électro créolisée de motifs folk de leur pays. D’Algérie, l’électro de Must Rousnam et de La Louuve. D’Iran avec le Rokh Quartet, présenté comme le nouveau visage de la musique classique persane. Des Caraïbes aussi, avec Expéka, entre jazz-hip-hop et gwoka – cette musique traditionnelle guadeloupéenne née à l’époque de l’esclavage. Et bien d’autres artistes, qui viennent d’Estonie, d’Irlande, du Maroc, de Corée du Sud, d’Albanie… de France aussi. 

Beaucoup de musique en soirées donc, qui viennent clôturer des journées riches de rencontres et d’échanges. Il faut dire que les sujets ne manquent pas : économie, diversité, inclusion, transition écologique, égalité des genres, accueil des réfugiés… Ce sont 44 rencontres qui aborderont ces différentes thématiques, animées par 180 intervenants. Notons aussi les focus géographiques sur l’Afrique, l’Asie, la Méditerranée… de quoi faire le tour du monde en 72 heures chrono. 

NICOLAS SANTUCCI

Babel Music XP 
Du 20 au 22 mars 
Divers lieux, Marseille
Toute la programmation ici
La der des ders au Dock ?

Événement dans l’événement, les concerts donnés dans le cadre du Babel Music XP viennent clôturer une histoire longue de presque 30 ans. L’association Latinissimo, qui gère le Dock des Suds depuis 1998, a annoncé qu’elle quittera les lieux peu après la fin du festival. L’avenir du Dock des Suds reste donc incertain. Euromediterranée (établissement public propriétaire du lieu) annonçait en décembre dernier vouloir lancer un appel à manifestation d’intérêt « pour une nouvelle occupation temporaire du lieu, faisant une place à une dimension culturelle et festive ». Mais à ce jour, aucun appel n’a été publié, laissant dans le flou l’avenir d’un des plus hauts lieux de la nuit marseillaise. 

NICOLAS SANTUCCI

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Blockbuster

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Blockbuster © Dominique-Houcmant
Blockbuster © Dominique-Houcmant

Et si vous pouviez regarder plus de 160 films hollywoodiens en 120 minutes ? Écrit par Nicolas Ancion et mis en scène par le Collectif Mensuel, Blockbuster se place entre cinéma et théâtre. Par le biais d’une histoire pleine de péripéties extraordinaires : courses-poursuites, explosions…ils tentent de déconstruire les rouages du néolibéralisme en dénonçant le système de domination, incarner par Mortier un patron de grande entreprise. Le collectif vise à montrer la violence de cette pyramide hiérarchique, qu’il démantèle par l’humour, comme outil libérateur. Dans un montage géant qui emprunte près de 1400 plans au cinéma américain, le scénario parodique est accompagné de musique en live et de bruitages réalisés par les comédiens. Le spectacle est accueilli au Théâtre Jean Vilar, en collaboration avec le Théâtre des 13 vents de Montpellier.

LILLI BERTON FOUCHET

Le 26 et 27 mars
Théâtre Jean Vilar – Montpellier

+ de genres : Un Bonheur porté à la cène

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Bonheur © Anaël Miantsoukina
Bonheur © Anaël Miantsoukina

Cocon marseillais de la nouvelle scène chorégraphique, Klap-Maison pour la danse sait mettre en lumière les écritures audacieuses et transgressives. D’autant plus pendant son rendez-vous + de genres, qui interroge l’identité de genre, ses frontières, mais aussi les nouvelles esthétiques dansées, les nouveaux gestes. Et Bonheur de Maurice Broizat (Cie Love Labo) était justement de cette verve-là, plaçant la danse au service d’une performance scénique à tiroirs, emportant avec elle musique, théâtre et humour. 

Sans étiquette 

C’est le comédien-danseur Jayson Batut qui lance la pièce. Assuré et drôle, il dit aimer voir des sourires dans le public, et spoiler, il en aura beaucoup. Derrière lui, Alexandre Bibia et Silvia Di Rienzo se goinfrent d’une nourriture imaginaire, attablés à une table en plastique. Quant au musicien marseillais Antonin Appaix, il est lui attablé derrière ses machines, etdonnera à manger ses notes aux danseurs pendant toute la durée de la pièce. 

Sur le plateau, les scènes se succèdent entre danses loufoques et scènes mimées, ou chuchotées. L’une se meut telle une araignée, langue dehors, l’autre court sur le plateau, rigide comme un I, jusqu’à l’index. Pendant les tableaux, le musicien jette des sons, des bruits, et des notes, que les danseur·euse·s viennent conjuguer de mouvements saccadés oudélicats, toujours avec expressivité. Naissent des moments gracieux, comme la scène amoureuse entre Jayson Batut et Silvia Di Rienzo, ou des moments délicieusement bouffon, quand Alexandre Bibia se bâfre jusqu’à l’outrance, la langue collée au fond du pot de Nutella ( ?).

Viennent aussi des interludes musicaux, voire music-hall, avec Antonin Appaix déboulant sur scène en costume beige, les étiquettes à l’air. Dans le même ton que le reste de la pièce, les qualités musicales n’empêchent pas du second degrés, dans le geste comme dans les paroles : « il faut lâcher prise, lécher la prise ».  

La pièce se termine dans un grand éclat de sérénité, après une scène de violence où chaises et tables auront valdingué sur le plateau. Mais musique douce, ronde amicale, vraie nourriture, viennent régler tout ça. Et de beauté, d’humour, de légèreté, le public sortira rassasié. 

NICOLAS SANTUCCI

Bonheur a été créé le 13 mars à Klap – Maison pour la danse, Marseille.
Un spectacle touché par les coupes

Créé à Klap à l’occasion du festival + de genres, Bonheur de la compagnie Love Labo aurait dû être créé à l’Antre Peaux (Bourges) en janvier. C’était avant les coupes budgétaires décidées par la Région Pays de la Loire et sa présidente Christelle Morançais [lire notre article sur journalzebuline.fr], rendant impossible l’accueil du spectacle. Des coupes budgétaires aux coupes de programmation, il n’y a qu’un pas.

NICOLAS SANTUCCI

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A l’écoute des films

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On vous croit (C)Jour2Fête

Ce festival qui met l’accent sur la jeune création cinématographique et la création musicale pour l’image, est unique en France et en Europe. Les projections y sont  accompagnées par les cinéastes et les compositeurs/trices, et se poursuivent par des concerts, des rencontres pour tous les publics et tous les goûts.

En ouverture le 24 mars à 20h, au cinéma Artplexe, un film sous tension sur la violence intrafamiliale devant la justice, On vous croit de  Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys qui seront là, accompagnés par la compositrice Lolita Del Pino et l’actrice Myriem Akheddiou.

On vous croit fait partie des 11 longs métrages en compétition représentant 19 pays. Pour ce film  comme pour Mexico 86 de  César Diaz, c’est à MCM que  cinéastes et compositeurs se sont rencontrés. Concourront aussi Hanami de la Portugaise Denise Fernandes, l’étonnant Panopticon de George Sikharulidze,  Prix de La Critique à CINEMED ou Peacock de Bernhard Wenger. Parmi les 1980 courts reçus,64 d’une vingtaine de pays ont été sélectionnés, dont 33 réalisés par des femmes, mais10 compositrices seulement .

Trois invité.e.s d’honneur 

Boris Lojkine, « un réalisateur français avec un nom russe qui parle vietnamien et fait des films africains »,  nous présentera  L’Histoire de Souleymane et nous fera (re) découvrir Hope et Camille en présence du compositeur Eric Bentz

Jocelyn Pook, altiste et compositrice anglaise  proposera pour sa Carte Blanche Eyes Wide Shut et Le Marchand de Venise dont elle a composé les musiques.

L’Islandais Atli Orvasson donnera une master class consacrée à son parcours et à l’art de la composition On pourra entendre  son travail musical dans le film Beliers de Grimur Hakonarson.

Accords en duo et Ils repasseront par là

Invités pour la section  Accords en duo, Jeanne Herry et Pascal Sangla qui présenteront Pupille.

Pour la traditionnelle section Ils repasseront par là, 4 compositeurs /trice, Antoine Glatard,Alexei Aigui, Clovis Schneider et Laetitia Pansanel- Garric avec le film d’animation Hola Frida

Cartes blanches  et concérences

Le programme, de 120 projections et 350 films,  propose hors compétition  des Cartes Blanches à Arte,  à Cinéphonies, qui fêtera les 20 ans de la classe de composition pour l’image du Conservatoire de Lyon,  à des écoles de cinéma dont la Satis et le Master Doc d’Aix- Marseille, à quatre festivals européens de Bruxelles, Riga, Barcelone et Graz (Autriche)

MCM défend aussi ses Coups de cœur, des films qui ont eu peu de diffusion en salles ou des avant-premières, comme le grec Nos jours sauvages, le coréen  Hiver à Sokcho ainsi que les marseillais Fotogenico, Oxana et Dans la peau. Le coup de cœur des  jeunes de MCM, Diamant brut est un petit bijou.

Et la musique reste au centre des évènements avec des ciné-concerts, des conférences dont certaines consacrées aux liens entre la composition musicale et l’IA. Et les Concérences  de Raphaël Imbert et François Blanchard, voyages improvisés entre cinéma, jazz et musique de films.

ANNIE GAVA

 Music & Cinéma Marseille

https://www.music-cinema.com/fr/#

 du 24 au 29 mars

 Divers lieux Marseille