mardi 22 avril 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Accueil Blog Page 14

Mus’iterranée : Escales musicales

0
Jarava sextet © X-DR

On doit ce Festival haut en couleurs à Magali Villeret. Ses voyages à travers l’Espagne et l’Amérique du Sud lui ont révélé la place essentielle occupée par la musique dans la relation qui unit les humains. Elle a eu envie de créer un festival où les sonorités méditerranéennes se mêleraient aux mélodies lointaines. L’équipe 100 % féminine du festival propose cette année encore une explosion de saveurs qui nous font embarquer pour un périple à travers les flots musicaux du monde. Chaque concert est une escale !

On ouvre le bal au Brésil à l’invitation de La Roda, avec Cristiano Nascimento et sa guitare à 7 cordes, la mandoline de Claire Luzi et le pandeiro d’Icaro Kai (20 mars, Bastide Granet, Aix). Puis, on part en Colombie avec la chanteuse Tattiana Angel qui rend hommage avec poésie aux peuples et aux paysages sud-américains (21 mars, Meyreuil). Pas de vraie fête sans musique cubaine. Le groupe Soneros del Caribe fusionne la tradition des Buena Vista Social Club et d’Ibrahim Ferrer en l’enrichissant de compositions originales. (29 mars La Destrousse).

Du Congo aux Balkans

Direction le continent africain ; au Cap-Vert sur les traces de la légende Cesária Evora avec Radio Mindelo, groupe de cinq musiciens amoureux de Saudade (28 mars, Cabriès). Le Band’l Bong (arrière-petit-fils du monde en langue Punu) nous attend au Congo avec une Pop Sebene qui prend racine dans la rumba congolaise et la métisse avec du slam, du rock et du reggae. Congo toujours avec le Gurumbe Project. Composé de musiciens marseillais, le groupe explore l’influence de l’Afrique sur l’art du flamenco andalou. Cet héritage véhiculé par l’esclavage se reflète dans de nombreux palos (rythmes) comme le Tango, la Rumba, la Milonga ou le Fandango, dont les origines remontent au Golfe de Guinée (3 avril, La Manufacture Aix).

Fin du voyage dans les Balkans. Le trio Tchayok se réapproprie des morceaux traditionnels de la musique slave et tsigane. (28 mars, Correns). De son côté Le Jarava Sextet avec ses voix grecques et bulgares vous feront voyager au pays d’Orphée où vivent des peuples aux influences multiples. Elles seront accompagnées par des instrumentistes qui avec guitares, bouzouki, percussions, accordéon, violon et oud dialoguent avec fantaisie. (22 mars  Saint-Cannat). 

Enfin, les cinq garçons du Radio Babel Marseille sous la direction de Gil Aniorte Paz interpréteront des chants dédiés à la mer. Marseillais, bretons, galiciens ou corses, tous vibrent d’une quête d’horizons, parfois peuplés de monstres et de bateaux fantômes mais aussi de trésors (30 mars le Tholonet).

Anne-Marie Thomazeau

Festival Mus’iterranée 
20 mars au 6 avril
Pays d’Aix, Correns

Retrouvez nos articles Musiques ici

Grand Théâtre de Provence : Les Saisons selon Malandain 

0
© Olivier Houeix

Le public adore Thierry Malandain et ses ballets élégants, graphiques, tout en subtilité diaphane. Les Saisons n’échappe pas à la règle. Le rideau ouvre sur un décor composéd’une fresque de feuilles noires – elles changeront de couleurs à chaque rotation de scènes –, à moins que ce ne soient de grandes plumes… 

Plantes ou animaux, le rapport de l’homme à la nature, au vivant, à l’avenir de la planète, ce sont les sujets de prédilection du chorégraphe. Il en a fait le thème de ses précédents ballets : La Pastorale, Sinfonia, Le Sacre du printemps. C’est le cas encore avec Les Saisons, représentation à la fois inquiète d’un monde en décrépitude et lumineuse d’un avenir meilleur possible. 

Le ballet est construit autour de trois ambiances qui s’entremêlent tout au long du spectacle. La première déploie dans des rondes endiablées la troupe des danseurs du Malandain Ballet Biarritz qui comme des elfes gracieux en costumes noirs, semblent annoncés le désastre à venir. Elle laisse régulièrement place à une seconde vision ; celle de tableaux baroques aux arabesques dorées dans lesquels deux couples évoluent en quadrille dans de magnifiques costumes de lumières, rouge flamboyant, bleus diamants ou violet profond. L’alternance des saisons ? Probablement. 

Les saisons passent

À intervalles réguliers, une troisième série s’entrelace et dévoile des personnages en justaucorps de couleur chair. Ils ont l’allure de spectres nus, souffreteux. Un danseur d’abord puis, plus tard, deux, puis trois, puis quatre… On y entrevoit la disparition des saisons ou leur lente agonie. On reconnait dans le premier solo de l’homme nu les notes de l’Hiver d’Antonio Vivaldi. Car c’est sur Les quatre saisons du compositeur que le chorégraphe a construit ce ballet qui mêle avec bonheur fluidité de l’ensemble contemporain et postures toute en verticalité des menuets de danse baroque. 

Malandain est aussi allé puiser dans une partition peu connue du grand public : Les quatre saisons de l’année de Giovanni Antonio Guido. Publiées à Versailles autour de 1726, elles pourraient avoir été écrites vers 1716 pour le vernissage de quatre tableaux peints en ovales par Jean-Antoine Watteau. Les mouvements des danseurs font corps avec ces œuvres musicales qui font la part belle aux violons qui allègrement ou avec désespérance déroulent  le temps qui passe. 

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Spectacle donné les 11 et 12 mars au Grand théâtre de Provence, Aix-en-Provence.

Retrouvez nos articles On y était ici

Frac Sud : Main littérale, main technicienne

0
Armand avril © M.D.C.

La main humaine a accompagné toutes les évolutions de notre espèce, et a créé des représentations depuis l’art pariétal préhistorique. L’exposition thématique conçue par Muriel Enjalran au Frac Sud se vit comme un parcours dans les divers étages du bâtiment.

La main est figure d’elle-même comme dans le dessin mural de Stéphanie Naval, transmettre, tisser, joindre qui célèbre l’art des travaux manuels comme celui du travail de la laine. Elle se représente dans l’œuvre Hand du suisse Roman Signer, ou dans Si et seulement si de Sandra Lecoq où main enlace les corps en couleurs. 

Sandra Lecoq © M.D.C.

La main invente aussi en se cachant : elle peut peindre, modeler, tisser, sculpter, photographier, coller… Elle est une technicienne hors pair, en vérité. Raphaël Emin travaille le grès émaillé et en fait surgir des troncs d’arbre (Tree). Eléonore False invente une sirène à partir d’un peigne, imagine un recto verso. Et un peu à la façon de l’art brut, le Lyonnais Armand Avril compose une mosaïque charmante, rêveuse à partir de divers matériaux de quotidien : La mer à Cassis. Seulgi Lee s’amuse avec les couleurs, les formes géométriques et ses titres ironiques : la parole aux lèvres salées = Mensonge. 

Des artistes de diverses générations, issues de cultures différentes témoignent, chacun à leur manière de l’ode la puissance créative universelle de nos mains. Une saison 2 s’annonce cet été, qui accrochera de nouvelles mains et exploits de mains aux murs.

MARIE DU CREST

Ce que pense la main (saison 1)
Jusqu’au 15 juin
Frac Sud, Marseille

Retrouvez nos articles Arts Visuels ici

Le Mucem façon Di Rosa

0
Vue de l'exposition © M.V.

Quand on est le Mucem, avec une collection qui comprend plus de 250 000 objets, 350 000 photographies, 200 000 affiches, estampes et cartes postales, 150 000 ouvrages, la question se pose assez vite : comment faire pour ne pas en laisser ad vitam æternam 99% dans les réserves ? 

L’une des réponses est d’inviter des artistes contemporains de toutes disciplines à porter leur regard sur cette collection, pour choisir des objets et imaginer divers projets : spectacles, performances, expositions. Du côté des artistes plasticiens, des invitations ont fait date : l’artiste chinois Ai Wei Wei en 2018, l’américain Jeff Koons en 2021. Aujourd’hui, une autre star de l’art contemporain a été sollicitée : le Sétois Hervé Di Rosa (lire ici

Une invitation qui tombe sous le sens : le co-fondateur du mouvement de la Figuration Libre dans les années 1980, du Musée International des Arts Modestes à Sète en 2000, membre de l’Académie des Beaux-Arts depuis 2022, par ailleurs grand collectionneur d’images et d’objets « de peu », s’intéresse depuis toujours aux productions plastiques sociétales, sans se préoccuper du « bon goût » officiel. 

Hommages

C’est dans un all-over d’aplats ondulants bleu, vert, jaune, rouge, rose, orange, qui recouvre entièrement les socles, cimaises, et estrades de la Galerie de la Méditerranée qu’est scénographiée l’exposition. Signalée au-dessus de la porte d’entrée par un fronton en bas-relief coloré, présentant une foule serrée de visages à la façon Di Rosa – cartoonesque – aux yeux grands ouverts, titré Les Visiteurs

On retrouve, dans le même style, d’autres visages d’une diversité célébrée en foule compacte, sur une série titrée Marseille, trois toiles grand format peintes à l’acrylique, à l’intérieur de la salle. Un hommage au peuple marseillais, doublé d’un autre à l’architecte Rudy Riciotti, dont Di Rosa admire la résille de béton qui entoure le J4 : trois grandes feuilles verticales de métal découpées, telles de très grands pochoirs, aux dessins « di rosaesques ».

17 îlots

L’exposition se décline en 17 îlots thématiques (Sous l’eau, À table ! Armoires, Motos…), aux allusions locales nombreuses (pêche, amphores, jeux de boules…) associant à chaque fois un ou des objets de la collection du Mucem avec des objets ou des œuvres de l’artiste. Notons parmi ceux-ci, à l’entrée, une armoire d’ébéniste, d’où sort une foule spectaculaire de figurines, monstres, super-héros… appartenant à l’artiste. 

L’espace central de la galerie est occupé par la sculpture d’une vache grandeur nature, peinte, coupée longitudinalement en deux, surplombée par une cascade descendante d’une quinzaine de jougs de cornes. Plus loin, une canardière, fusil de chasseurs d’oiseaux, au canon de près de 3 m de long, surplombe deux vitrines exposant des leurres peints et sculptés par le père de Di Rosa, Marius. Une machine à laver de 1910 est mise en relation avec trois robots-totems en bois garnis de perles, de métal, peinture, etc… 

Une maquette monumentale d’une mine du Nord, l’art brut d’un mineur, Louis Garde, associée à une armoire ouverte peinte par Di Rosa et son frère Richard représentant La vie des pauvres. Et une confrontation à l’histoire de l’Art avec un grand A, par un ensemble de tableaux guerriers aux bestioles mono-œil aux lèvres pulpeuses, réalisés à partir de la fameuse Bataille de San Romano de Paolo Uccello, face à une estrade où des pupi, marionnettes siciliennes, rangées en ordre de bataille, sont prêtes à en découdre. 

MARC VOIRY

Un air de famille
Jusqu’au 1er septembre
Mucem, Marseille

Cézanne, à hauteur d’enfants

0
Vue de m'expo © M.D.C

Depuis plusieurs décennies, le monde de l’art s’est ouvert au jeune public à la fois par des parcours dédiés dans les musées, des ateliers et pratiques diverses. Le monde éditorial de son côté a multiplié des publications de découverte ludique. 

La petite galerie Cézanne s’inscrit dans cette perspective d’approche artistique dès le plus jeune âge. Elle propose aux enfants à partir de trois ans et jusqu’à 12 ans une série d’activités : avec Cézanne, il s’agit de découvrir le travail d’un des plus importants peintres de l’histoire et en même temps d’explorer des formes de création particulières comme la nature morte, le portrait, le paysage et l’élan vers l’abstraction. Les petits, dans le cadre scolaire ou non, franchissent les portiques de couleurs qui les conduisent dans le monde pictural du peintre aixois. 

D’abord la biographie de Cézanne : sa famille, ses proches, ses amis, ses lieux pour ceux qui savent lire sur des murs aux teintes franches. Puis la peinture et ses genres, la nature morte avec ses objets à retrouver et composer (fruits, tasses et soucoupes, bouteille). Et les points de vue, la géométrie, les couleurs, les outils, de la palette au couteau. 

Sensible et ludique

Les paysages découpés deviennent des puzzles à reconstituer, des fragments et des détails à saisir grâce à des éléments en bois peints découpés. On regarde à hauteur d’enfant, on peut toucher et imaginer ce que la main saisit. Des tables basses et des petites chaises comme dans une maternelle accueillent en cercle les jeunes visiteurs qui peuvent dessiner à leur tour, créer avec des gommettes et même réaliser un autoportrait face à un miroir. Ou animer une maquette de l’atelier semblable à une petite scène de théâtre. 

Au fond du bâtiment, un tapis cézannien recouvre le sol et d’énormes blocs de mousse se prêtent à la reconstruction de la bastide du Jas de Bouffan. On peut se prendre en photo comme Cézanne devant une de ses toiles. Le parcours s’achève devant un dispositif immersif de projections sur trois grands écrans. Installés sur de larges banquettes ou coussins au sol, les visiteurs voient les tableaux se mouvoir. Les oignons et les fruits volent de haut en bas, se dupliquent et l’on entend les cigales chanter. Une petite galerie sensible, intelligente, ludique, qui a conquis le public au point de se prolonger jusqu’au 21 décembre ! 

MARIE DU CREST

Petite galerie Cézanne
Jusqu’au 21 décembre
La Manufacture, Aix-en-Provence

Retrouvez nos articles Arts visuels ici

Bright Generations : Création jeunesse : tout un monde à Marseille 

0
#Génération(s) de la compagnie le Cri dévot sera présenté au Théâtre de la Joliette © Marc Ginot

Zébuline. La programmation de Bright Generations – Générations Lumineuses est impressionnante. Autant les spectacles annoncés [lire ci-après] que les rencontres professionnelles, ateliers, temps conviviaux…

Émilie Robert. 50 pays sont représentés ! Nous sortons du prisme européen. La question des droits culturels de l’enfant, dont l’Assitej [voir encadré] se préoccupe autant que des questions artistiques, est extrêmement bien partagée à travers la planète. Même s’ils se défendent de manière différente selon les pays. Nous en avons été témoins l’an dernier à Cuba, lors du congrès mondial. Là-bas, l’accès à la culture est incroyablement bien intégré ; c’est plus fragile sur les questions de liberté d’expression. En France, il n’y a pas de censure politique directe, mais si l’on comparait les deux situations, c’est comme si l’EAC [Éducation artistique et culturelle, dispositif mis en place progressivement par le gouvernement français depuis 2022, ndlr] était généralisée depuis des décennies.

Emilie Robert © X-DR

Il reste beaucoup à faire pour que la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant soit respectée, c’est une bonne chose que les acteurs du spectacle vivant s’en emparent !

Cet axe s’est beaucoup développé depuis la pandémie. En 2020, l’Assitej a publié un Manifeste qui interpelle les décideurs politiques, institutions artistiques, médias, parents, etc., sur les endroits où il est de leur responsabilité d’agir pour garantir l’accès à la culture des mineurs, « même et surtout en temps de crise ». Des projets de recherche se sont aussi mis en place pour imaginer comment  inclure les enfants dans la gouvernance des structures culturelles.

Il n’y a pas d’équivalent d’une telle collaboration à cette échelle internationale dans le spectacle vivant « adulte », pourquoi ?

En effet, dans ce secteur les collaborations se font plutôt à l’échelle européenne. Cela vient d’une culture très militante des structures jeunesse. Il ne s’agit pas seulement de rassembler des gens qui font le même métier : elles sont engagées pour leur public. Cela actionne tout de suite de la curiosité, une exigence d’équité, des préoccupations éthiques. Œuvrer pour ne laisser aucun enfant sur le bord du chemin, cela élargit naturellement la démarche, on tend à inclure bien plus, on fait en sorte que tout le monde profite de ce que l’on invente, qu’il s’agisse d’inspiration mutuelle, d’appui, d’hybridation entre projets…

Pourquoi Marseille a-t-elle été choisie ?

Pour la place qu’occupe sa jeunesse, la densité de cette part de la population dans cette ville. Et son ouverture sur la Méditerranée, le monde, bien-sûr. Par ailleurs, l’idée était de ne pas centrer l’événement sur Paris, où la scène destinée au jeune public a relativement peu de moyens. À part la programmation jeunesse du Théâtre de la Ville, et quelques autres initiatives, il n’y a pas dans la capitale, comme à Marseille, de réelle vitalité des propositions. Qui s’appuie, ici, sur une capacité à travailler en collectif, avec plusieurs acteurs du territoire, à l’occasion du festival En Ribambelles ! par exemple.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR GAËLLE CLOAREC 

Bright Generations - Générations Lumineuses
Du 23 au 29 mars
Marseille, divers lieux

Qu'est-ce que l'Assitej?
L'Association internationale du théâtre pour l'enfance et de la jeunesse réunit des théâtres, des organisations et des artistes du monde entier autour des arts du spectacle pour les enfants. Elle est née à Paris en 1965, avec la conviction que pour mieux défendre leur accès à la culture, il fallait dialoguer. Y compris entre l'Est et l'Ouest, en pleine guerre froide, un message d'espoir qui gagne à être connu et repris aujourd'hui, alors que les tensions géopolitiques s'aggravent de toutes parts... La rencontre Bright Generations - Générations Lumineuses est l'occasion de célébrer le soixantième anniversaire de cette ONG. Sa branche française, Scènes d’enfance – ASSITEJ France, créée quant à elle en 2015, co-porte l'événement avec le Théâtre Massalia, scène conventionnée d’intérêt national « Art, Enfance, Jeunesse » de la Friche la Belle de Mai. Marseille accueille ainsi, non seulement la crème artistique de la création mondiale destinée aux jeunes générations, mais aussi l'élan et les attentes qui leur sont propres. G.C.

A l’occasion de Bright générations, les théâtres de Marseille se mettent en six pour accueillir dix-neuf spectacles. Tour d’horizon

Six au Massalia 

La fabuleuse histoire de BasarKus © X-DR

Dans Filles et soie Séverine Coulon s’attaque aux stéréotypes féminins de Blanche Neige, La Petite Sirène et Peau d’âne. Un diktat de l’apparence qui enferme les filles dans un cocon de soie qui les étouffe… Un spectacle adapté des Trois Contes de Louise Duneton, et joué parallèlement en français et  en langue des signes (LSF).
The Way Back, spectacle de marionnettes taïwanais, explore les dégâts de la guerre et de la séparation à travers l’allégorie d’une main droite en quête de son corps, et de sa main gauche. L’histoire de Taïwan ? 
Dans Penguin Hamzeh Al Hussien raconte son voyage depuis les montagnes syriennes jusqu’en Angleterre, en passant par un camp de réfugiés jordanien. Avec, partout, le sentiment de sa propre étrangeté, comme un pingouin décalé mais fier ! 
La fabuleuse histoire de BasarKus, duo entre Basile danseur et Markus, circassien, est un trait d’union qui affirme l’existence d’une forme hybride née du rapprochement de la danse contact et des portés acrobatiques… tandis que Up and Away s’adresse aux plus de trois mois qui ne marchent pas mais  partagent des moments de lumières et de sons, de contact et de douceur avec Amy et Hannah.
Qant à ceux qui marchent, ils pourront aller voir Scoooootch ! dès 2 ans : un spectacle de rock féministe qui a pour vedette le fameux ruban adhésif. Ou Keep it safe, dès 6 ans, en espace public, où des danseur·euse·s vêtu·e·s de gilets jaunes organisent un inutile chaos, et nous y entraînent… . 


Trois à la Criée

Dehors © Agnès Mellon

Le Centre dramatique national accueille trois spectacles pour tous les stades de l’enfance. 
Dès trois ans, Dehors, un spectacle musical et magique du duo Braz Bazar, formé des percussionnistes Jérémy Abt et Bastian Pfefferli,  mis en scène par Claire Heggen. Un spectacle visuel tout autant que musical, mais où tout naît du son des objets percutés.
Dès sept ans un spectacle plus grave, de la compagnie brésilienne Pandorga, spécialiste de l’enfance : Louise / Os Ursos de Karine Serres raconte l’histoire d’une petite fille qui voit des ours transparents qui  suivent et accompagnent les humains. Est-elle clairvoyante, est-elle défaillante, et comment réagir face à ces visions ? 
A partir de 9 ans, le spectacle d’Anne Nozière, qui sera joué deux fois dans la grande salle. Oiseau met en scène un thème peu présent dans le spectacle jeune public, et pourtant fondateur de nos contes. Comment les enfants vivent-ils la mort d’un proche, d’un parent, d’un être aimé ? Dans Oiseau, c’est toute une école élémentaire qui va rejoindre « l’autre côté » où le père de Mustafa, le chien de Pamela, ont disparu… Une quête qui va leur permettre de mettre des mots sur leur perte, et de refuser l’oubli.  


Deux  à la Joliette 

Au Théâtre Joliette les spectacles s’adressent aux ados, à leurs rêves et à leurs révoltes. Puissant·es  (Cie 3637)suit l’équipée nocturne de trois d’entre iels, Mael, Kadija et Sonik, des colleur·euse·s en colère  qui déroulent sur les murs leurs slogans :  des phrases qui dénoncent la domination des « mecs », des adultes, exercée sur leurs corps et leurs rêves. A partir de 14 ans.
Les ados un peu plus jeunes, à partir de 12 ans, pourront voir #Génération(s) de la compagnie le Cri dévot. Un spectacle écrit avec des paroles d’ados du monde entier, découvertes par un cosmonaute qui voyage dans l’espace et le temps, et restiti=uées dans un cube de lumièe qui permet des apparitions.


Deux aux Bernardines

La chapelle intime accueille deux créations françaises de théâtre d’objet. Star show, de la cie Bakélite, dans laquelle les voyages dans l’espace ne sont plus réservées à l’élite économique, mais sont enfin accessibles au commun des mortels. Un voyage bricolé avec des matériaux de récupération… mais par un technicien doué. Comment vont-ils y arriver et surtout que vont-ils y découvrir ? 
Un brocoli, une bouteille, un torchon… sont posés sur une table. Créés par Les becs verseurs avec Marina Le Guennec, les 10 objets sont les personnages principaux de l’histoire et racontent leurs aventures. 


Trois au Zef

La fille qui chante © X-DR

La scène nationale accueille des performances locales et internationales. Harold : the Game, fait revivre la bataille d’Hastings avec Guillaume Le Conquérant. Au milieu du plateau, là où est l’arène, les joueurs s’affrontent dans la terre avec de grands mouvements pittoresques, dignes d’une bataille ancestrale. 
Brights Generations vise à sensibiliser les plus jeunes : ici, Pedro Saraiva initie aux questions environnementales.  Dans le conte écologique portugais O Grande Lago, il sera question d’ours polaires qui perdent leur maison à cause du réchauffement climatique, et de pollution des mers.  
La fille qui chante et la fille sur le toit, est une production camerounaise créée par Jeannette Mogoun, adaptée du texte de Luc Tartar En découdre. Entre musique, poésie et théâtre, on suit l’histoire d’une jeune fille atteinte de schizophrénie, qui use de sa force pour affronter ses démons et ceux des autres, avec la volonté de déconstruire les idées préconçues sur sa maladie. 


Deux au Klap

Les artistes nigérien·ne·s de Kininso Koncepts explorent le potentiel spectaculaire des éléments naturels. Sandscape renoue avec le bac à sable enfantin, et la magie de cette matière solide qui coule entre les doigts.  Mis en scène par Joshua Alabi, ce spectacle sans paroles mélange le sable avec de l’eau, le manie compact ou chauffé par le soleil, garde l’empreinte des pas qui s’ancrent au-dedans.  
Le petit chaperon rouge, œuvre classique édulcorée les frères Grimm, Perrault et Disney  est retravaillée par Sylvain Huc, dans sa violence sexuelle et politique. Un retour vers la tradition orale du conte, où les corps se désirent , se mangent, se trompent et se libèrent aussi, en grandissant.

LILLI BERTON FOUCHET et AGNÈS FRESCHEL

Bright generations – Générations lumineuses
Du 23 au 29 mars
Marseille

Retrouvez nos articles Scènes ici

Avec le temps, en trois temps modernes

0
avec le temps
© Léa Esposito

Ce 14 mars à l’Espace Julien, le festival Avec le Temps accueillait trois jeunes artistes aux esthétiques variées : la chanson punk rock de Liv Oddman, le rap cathartique de Youssef Swatt’s et le show pop détonnant de Yoa

Sur une scénographie digne de l’arrivée du messi, Youssef Swatt’s entre en scène dans une douche de lumière et sur des basses caverneuses, au milieu d’un plateau déjà occupée par une formation basse batterie guitare clavier machines tout de blanc vêtue. On ne boude jamais sonplaisir de voir mêler un live instrumental au chant rap, dont les atours rétros sont complétés par un flow qui ramène au hip-hop de la fin des années 1990/débuts 2000. Des textes nourris à l’expérience, à la nostalgie ou aux épreuves de la vie, de la plume du dernier gagnant du tremplin Netflix Nouvelle École, souvent qualifié de « lyriciste ». Un live agréable, pendant lequel le chanteur rappelle très régulièrement son amour pour ses origines belges et semble savourer son succès grandissant. Juste avant lui, Liv Oddman avait déjà inondé de son énergie l’Espace Julien. La salle est chauffée à blanc, tant mieux, c’est à Yoa de débarquer sur scène. 

Pop star

Enfin, celle que beaucoup semblent attendre de pied ferme après l’installation d’une plateforme blanche et d’un piano droit sur scène, apparaît dans un costume noir. Commence alors une heure de show au cordeau, entre l’assurance de Yoa, les tubes très pop repris en chœur de son album La Favorite, les chorégraphies léchées exécutées avec ses deux danseuses et un effeuillage régulier. Une performance attendue par beaucoup, après son prix « révélation scène » aux dernières Victoires de la Musique. Celle qui jouait l’été dernier juste avant Lana Del Rey, à Rock en Scène, fait l’unanimité dans la presse et enchaîne les datesprestigieuses, semblent avoir trouvé une identité et un public très actuels. 

LUCIE PONTHIEUX BERTRAM 

Liv Oddman, Yoa et Youssef Swatt’s se sont donnés le vendredi 14 mars sur la scène de l'Espace Julien, dans le cadre du festival Avec le Temps. 

Retrouvez nos articles Musiques ici

La beauté de tuer des fascistes ? 

0

« Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie », écrivait Lévi-Strauss en exergue de Race et Histoire en 1952. Même si le pionnier de l’anthropologie n’a pas échappé à une représentation ethnocentrée et genrée des sociétés humaines, sa phrase continue d’interroger notre présent. 

Il l’a écrite après la Shoah à laquelle il n’avait échappé qu’en s’exilant hors d’Europe. Et Race et Histoire précède les décolonisations qui pourfendront l’idée d’une entreprise civilisatrice de l’Europe, et montreront comment la France en particulier a commis, au nom de l’universalisme, d’innommables exactions. 

Deux ans plus tard, alors que la Guerre d’Indochine fait rage, Aimé Césaire dans son Cahier d’un retour au pays natal précise : 

« une civilisation qui justifie la colonisation – donc la force – est déjà une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte qui, irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle son Hitler, je veux dire son châtiment ». 

La phrase paradoxale de Lévi-Strauss, la phrase choc de Césaire,  peuvent aujourd’hui rétablir, au-devant de nous, un horizon désirable. Le seul possible, pour peu qu’on les écoute jusqu’au bout, jusqu’à la Crimée annexée, jusqu’à la Palestine occupée et menacée de disparaître.

Tuer est laid

Croire en la barbarie contamine nos âmes, et ne pas y croire est une entreprise persistante et obstinée contre les courants dominants. Elle nécessite d’admettre, comme l’écrivait Térence il y a 22 siècles, que « rien de ce qui est humain ne [nous] est étranger ». C’est-à-dire, concrètement, que Poutine qui envahit l’Ukraine, Musk qui fait un salut nazi, Trump et Netanyahou qui veulent exterminer un peuple, les terroristes qui violent et décapitent, qui foncent en camion sur les foules, mais aussi, les pédophiles qui attouchent les petits garçons dans leurs chambres et ceux qui s’acharnent sur une femme endormie, aucun d’entre eux, Hitler lui-même, n’est un barbare. 

Aucun n’est étranger à nous-mêmes, aucun n’est relégué hors de notre commune humanité. 

Leur cruauté, leurs exactions, leur stupidité, leur suprémacisme, ne nous sont pas étrangers, et appeler à leur assassinat nous transforme en barbares, en une spirale où la violence ne peut que succéder à la mort, le viol au viol et le génocide au massacre. 

Il nous faut les combattre, les armes ou la plume à la main, les chants et les poèmes aux lèvres. Mais nous ne pouvons détruire les sociétés qui les soutiennent, les ont élu parfois, ou placés à leur tête : ils nous faut les convaincre. Répéter, chanter, écrire, qu’aucun peuple n’est plus grand qu’un autre, qu’aucune loi ne peut demander la destruction ou l’infériorisation de l’autre, et qu’on ne peut annexer un territoire souverain, massacrer l’autre, sans massacrer en nous-mêmes notre propre humanité, et tourner le dos à la civilisation que nous disions défendre et promouvoir. 

L’art de l’interrelation

Avec Babel Music XP et Mus’iterranée qui font entendre la diversité et l’interrelation des musiques du monde, avec Bright generations qui parie sur la sensibilisation et l’intelligence du jeune public, avec Transgaze qui confirme que nous devons transformer nos regards, avec les films qui bouleversent nos écrans de leurs réalités particulières, avec les expositions qui disent la joie universelle des couleurs, des matières et des formes, nous nous préservons de la barbarie. Avec les livres qui cherchent de nouveaux équilibres, avec les spectacles qui rappellent l’abjection de Vichy, avec Catarina ou la beauté de tuer des fascistes qui interroge le meurtre politique, avec tout ce qui fait art et commun, nous occupons un champ de bataille sur lequel il n’y a ni défaite et ni vainqueur : celui de la pensée et de la relation, de l’empathie et du partage. 

Loin de la barbarie imaginaire du monde, au cœur du combat contre la cruauté.  

AgnÈs Freschel


Retrouvez nos articles Société ici

Quand j’étais petite je voterai 

0
Quand j'étais petite je voterai © Simon Gosselin

Adaptée du roman jeunesse de Boris Le Roy écrit en 2002, juste après le premier tour de sélections présidentielles, Quand j’étais petite je voterai est une pièce mise en scène par Émilie Capliez, qui renvoie avec humour aux premières expériences électives que tout un chacun a vécu : celles des délégué·e·s de classe. Et raconte la journée de campagne menée par trois collégien·ne·s pour se faire élire : Anar qui se pose en candidat du peuple, Cachot qui ne jure que par la loi du plus fort et Lune, jeune fille brillante et militante, qui tente de faire entendre sa voix. Un texte drôle, faussement naïf, jamais moralisateur ni didactique. Et un spectacle qui donne chair à ces notions abstraites que sont la citoyenneté, la liberté d’expression, le suffrage universel… à l’heure où la démocratie est bien souvent fragilisée. 

MARC VOIRY

22 mars
Les Salins, Scène nationale de Martigues

Phénix 

0
phénix
Phénix © Julie Cherki

Plus besoin de présenter Mourad Merzouki et sa compagnie Käfig qui ont su transposer la danse hip-hop de la rue à la scène dès les années 1990. Une danse hip-hop que le chorégraphe a dans le même mouvement confrontée à d’autres disciplines (danse contemporaine, arts numériques, boxe…). Sa pièce Phénix est à la croisée du hip-hop, du baroque et de l’électro. Sur scène deux danseurs et deux danseuses, dialoguant avec une viole de gambe, instrument à cordes très en vogue au XVIIe siècle, jouée en live. Avec l’ambition d’atteindre une harmonie au-delà des différences, des styles, des époques. Une conversation musicale insolite autour de soli, duos et quatuors, dans laquelle la viole est accompagnée de compositions originales électro d’Arandel. 

MARC VOIRY

19 mars
Théâtre de Fos