vendredi 22 août 2025
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Sham3dan L’éloge de la lenteur

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Sham3dan
©Salma Olama

Une entrée calme, un pas souple sur une musique enveloppante. Des chandeliers sur la tête dont les cristaux scintillent sous la lumière du soir. Neuf danseurs aux regards hypnotiques. Tristesse, vide, colère, détermination ou encore désespoir se lisent entre les lignes – ou non-lignes – d’expressions. Nous sommes sur le toit du Mucem, pour la première représentation de la pièce Sham3dan de la compagnire Nasa4Nasa

Noura Seif Hassanein et Salma Abdel Salem s’inspirent directement du shamadan, une danse traditionnelle égyptienne qui se pratiquait lors des mariages comme danse nuptiale. Ici, les deux chorégraphes se réapproprient cette danse et lui insufflent un propos féministe. Si elle est à l’origine frénétique, elle devient dans Sham3dan une tranquille déambulation, aux mouvements lents et concentrés ; une expérience contemplative pour une reconquête du temps, de l’attention et du sens. 

Le pouvoir de se mouvoir

À peine perceptibles, les danseurs se meuvent dans l’espace, seuls leurs pieds ne sont pas statiques. D’abord en complète dissonance puis comme un souffle qui se retrouve, les mouvements deviennent réguliers. À l’unisson, tous tournent dans le même sens, à la même vitesse, parfaitement alignés. Sitôt l’harmonie revenue, elle disparaît à nouveau. La musique parfois pesante, parfois apaisante, rythme les gestes toujours plus lents. Comme une vague, les sons de tambour et les bruits métalliques vont et viennent pour habiller la musique hypnotisante composée par l’artiste Ismail Hosny. Une ambiance et une mélodie qui évoluent au rythme des mouvements.

Un pas lent qui laisse percevoir le poids des chandeliers sur la tête des danseurs, presque comme dans un jeu d’équilibre. Le chandelier plus qu’un simple ornement représente les idées, la réflexion et surtout celle des femmes. Les 40 minutes que dure la représentation semblent être la métaphore d’une société où les gens se rangent et dérangent, des groupes se forment et se déforment – peut-être selon leurs idées. Soudain, deux danseuses sortent de leurs torpeurs pour bouger leurs bras, immobiles jusqu’à présent. Au son d’un tambour frémissant, le corps vibre avant de se briser. 

SAMIA CHABANI ET MÉLYNE HOFFMANN–BRIENZA

Spectacle donné le 28 juin au Mucem, dans le cadre du Festival de Marseille.

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Zik Zac Festival – Carton plein pour Def MaMa Def

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© Thibaut Carceller

Soutenir la musique émergente, c’est une des missions que se donne le Zik Zac Festival depuis ses débuts. Et en 2025, c’était une nouvelle fois le cas du 3 au 5 juillet, avec à l’honneur musique urbaine venue d’horizons différents. Parmi la belle programmation du rendez-vous aixois, les deux chanteuses du groupe Def MaMa Def, nouvelles reines de la scène hip-hop sénégalaise, qui ont électrisé l’amphithéâtre du parc Gilbert-Vilers de leurs tubes suave, et à l’énergie fiévreuse.  

CARCELLER THIBAUT

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Trois jours, trois ambiances 

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© Arnau Macia

Le Festival de Néoules est une institution des musiques du monde depuis sa création en 1991. Toujours organisé par les bénévoles de l’association Châteauloin Chemins Pluriels, la belle équipe a su pendant toutes ses années mêler grands artistes internationaux, et fine fleur locale, pour le bonheur d’un public toujours nombreux. Et ce sera encore le cas en cette édition 2025, puisque le rendez-vous affichait déjà complet bien des semaines avant son ouverture du 17 juillet. 

Le premier jour est dédié à l’électro dub. On y croisera THK, le duo aux basses et skanks affirmés. Leur show live, toujours très immersif, met le public dans l’ambiance avec « deslumières qui envoient du steak » se réjouit David Avril, le programmateur. Il a invité également Dawa Hifi et Root Raid qui présenteront les huit titres créés ensemble l’été passé, entre groovy reggae et dub jamaïcain.

Les minots 

Le vendredi 18 juillet place aux scènes nationale et internationale de reggae. Le groupe californien Groundation entamera les festivités avec son album sorti en mai Candle Burning Ils sont ravis de revenir, puisque leur dernière édition, c’était il y a plus de 10 ans »explique David Avril. Leur succédera Mo’kalamity, chanteuse d’origine capverdienne, passée par la soul, le gospel, le blues et le jazz avant d’arriver au reggae pour le plus grand plaisir du public. Raspigaous sera aussi de la partie. Le groupe de reggae et ska marseillais, créateur du morceau Vitrolles, fera un stop à Néoules pour sa tournée d’adieux qui doit durer un an. 

Le samedi 19 juillet « ça va partir dans tous les sens », car punk et burlesque s’unissent pour finir en beauté le festival. Au programme les Rennais de Tagada Jones mais aussi Didier Super et son groupe Discount ou Maggy Bolle. Citons aussi Festi’minots réservé aux enfants qui proposera animations, spectacles et autres surprises pour les plus jeunes festivaliers.  

LOLA FAORO

Festival de Néoules
Du 17 au 19 juillet
Bastide de Châteauloin, Néoules

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Une citadelle haute de 70 ans 

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© X-DR

Le festival Les Nuits de la Citadelle, un des plus anciens de la région, fête ses 70 sous l’égide de la jeunesse. Entre danse, théâtre et musique, du 18 juillet au 13 août, les rues de Sisteron seront bien occupées. 

La compagnie Junior Ballet de l’Opéra national de Paris entame les festivités le vendredi 18 juillet à 21h30. Créée en 2024, elle réunit 24 danseurs sous la direction de José Martinez, et proposeront « un programme exclusivement sur pointe, conçu pour pouvoir aller partout et être adaptable ». Le ballet dansera par exemple Allegro Brillante de George Balanchine et Requiem for a Rose d’Annabelle Lopez Ochoa. Mi Favorita, création de 2002 du chorégraphe José Martinez pour l’Opéra de Paris servira de bouquet final.

De la danse en ouverture, de la danse aussi en clôture pour cette édition anniversaire : la création Beauséjour de Mourad Merzouki est présentée 13 août, et viendra questionner le corps vieillissant et la recherche de beauté.

Ballades en BWV

En musique, Bach et Vivaldi seront mis à l’honneur le 24 juillet par Nemanja Radulovic au violon dans un concert intitulé Double Sens. Pour sa quatrième fois à Sisteron, le violoniste a choisi les merveilleux concertos BWV 1041 en la mineur, le BWV 1052 en ré mineur et la Sicilienne de Bach, ainsi que les Quatre Saisons du maître italien.

Vient ensuite Paul Lay Trio le vendredi 8 août au cloitre Saint Dominique. Accompagné de Jules Billé à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie, le concert se baladera entre piano jazz, omprovisations et Jean-Sébastien Bach. Citons aussi l’Orchestre philarmonique de Marseille dirigé par Daniel Kawka, pour une cinquième fois invité au festival, qui fêtera l’Espagne, l’amour et Ennio Morricone ; ou Nathalie Dessay pour interpréter les classiques de Broadway le 29 juillet.

LOLA FAORO

Les Nuits de la Citadelle
Du 18 juillet au 13 août 
Sisteron

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LUMA dans tous ses états 

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luma
KOO JEONG A - ODORAMA CITIES, Korean Pavilion 2024, La Biennale di Venezia, Installation view, Courtesy of Pilar Corrias, London, and PKM Gallery, Seoul, Photo Mark Blower

Après avoir inauguré trois expositions au mois de mai, la fondation d’art contemporain arlésienne a dévoilé le 5 juillet le second volet de sa programmation 2025. La plupart de ces six expositions sont consacrées à des artistes pluridisciplinaires. C’est le cas de LAND OF OUSS (KANGSE) de la coréenne KOO JEONG A. Seule artiste femme représentée parmi ces six expositions, elle propose des œuvres sensorielles. Visuelles bien sûr, comme les sculptures [EVER] [VAST] réalisées in situ, mais aussi sonores et olfactives comme[(KANGSE SpSt] – exposée jusqu’en janvier 2026.

Mais aussi de People Planet Profit, première exposition monographique consacrée à Peter Fischli en France, qui met à l’honneur certaines de ses créations récentes. On y retrouve des sculptures, des installations, mais surtout de la vidéo et de la photo, des œuvres multiples qui assument d’interroger le capitalisme, et en particulier ses formes les plus récentes qui prétendent prendre en compte la question environnementale et le bien-être humain (jusqu’en janvier 2026). 

Ou encore de Je suis les hymnes des nouveaux temples de l’artiste égyptien Wael Shawky. Installée dans La Grande Halle du musée, le dispositif immersif prend pour point de départ la ville ensevelie de Pompéi et allie sons, sculptures et peintures pour interroger la transmission et la perméabilité des cultures (jusqu’au 2 novembre). 

Dans le cadre de « Arles associé » en collaboration avec les Rencontres de la photographie, LUMA expose le travail du photographe David Armstrong, disparu en 2014 et connu pour ses portraits de la jeunesse new-yorkaise des années 1970. L’exposition contraste ces portraits francs et mélancoliques avec des paysages vaporeux, réalisés par Armstrong à la fin des années 1980.

La fondation consacre aussi une exposition à l’architecte paysagiste Bas Smets, qui a conçu le Parc des Ateliers de LUMA Arles. Les Climats du Paysage revient sur plusieurs projets d’architecture paysagère visant à transformer les écosystèmes urbains pour les adapter au changement climatiques, créés au cours des vingt dernières années (jusqu’au 2 novembre). 

LUMA invite l’IA 

Toujours avide de croisements arts-sciences – comme le prouve l’exposition consacrée au mouvement E.A.T. (pour Experments in Art and Technology) inaugurée en mai – propose deux expositions mobilisant l’intelligence artificielle comme matériaux artistique. 

Jour spectral et contes étranges donnent à voir cinq installations multimédias de l’artiste et cinéaste singapourien Ho Tzu Nyen. Les visiteur·euses peuvent y découvrir sa création la plus récente, Phantoms of Endless Day, commandée pour l’occasion par LUMA, pour laquelle il a utilisé l’IA pour créer les images et le son (jusqu’en janvier 2026). 

Enfin, la fondation d’art contemporain poursuit sa collaboration avec le studio expérimental EBB, fondé par l’artiste Neïl Beloufa. Pour le deuxième chapitre de ce projet intitulé Me TimeTony Oursler présente Sibyl, décrit comme un « oracle » utilisant l’IA générative. 

CHLOÉ MACAIRE 

EBB en collaboration avec Tony Oursler : Me Time #2 – Sibyl
Parc des Ateliers, La Tour
À partir du 5 juillet 2025

Ho Tzu Nyen : Jour spectral et contes étranges
La Mécanique Générale
Du 5 juillet 2025 au 11 janvier 2026

Wael Shawky : Je suis les hymnes des nouveaux temples
La Grande Halle
Du 5 juillet au 2 novembre 2025

Bas Smets : Les Climats du Paysage
Le Magasin Électrique
Du 5 juillet au 2 novembre 2025

Peter Fischli : People Planet Profit
Parc des Ateliers -Les Forges
Du 5 juillet 2025 au 11 janvier 2026

KOO JEONG A : LAND OF OUSSS ❲KANGSE❳
La Tour
Glassroom, Niveau - 2
Galerie Est, Niveau 0
Du 5 juillet 2025 au 4 janvier 2026
David Armstrong
La Tour - Underground, Niveau -3
À partir du 5 juillet 2025

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30 ans de jazz

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Marcus Miller sur la scène des Platanes du Charlie Jazz Festival © Gérard Tissier

ZébulineVous fêtez les 30 ans de Jazz à Sète cette année. Quelque chose de spécial est-il prévu ?

Louis Martinez. Cette année, je me suis penchée sur les artistes qu’on a pu faire venir, et qui avaient beaucoup plu au public. Et il y a toujours les découvertes, les coups de cœur, par exemple, le groupe de Louis Matute

Depuis 30 ans, avez-vous réussi à élargir votre public ?

Je pourrais dire que le public s’est rajeuni, tout en gardant quand même la fidélité d’un public qu’on revoit chaque année pratiquement. On a gagné un public plus jeune grâce à certaines soirées qu’on a pu organiser, notamment des groupes de hip-hop comme Arrested Development, Jurassic 5 ou De la Soul.

Et cette année aussi ? 

Oui, par exemple, la soirée Electro Deluxe. Ils passent le même soir qu’un artiste qui est vraiment devenu une icône : John Scofield, qui a monté un projet funky cette année. On est d’ailleurs complet sur cette soirée, mais également sur celle de Marcus Miller et celle d’Avishai Cohen.

Et le reste de la programmation cette année ?

Il y a une soirée qui me tient particulièrement à cœur, c’est celle du 15 juillet. On a réuni 14 artistes qui font partie du gotha du jazz français, et ce sont des artistes qui ont pu jouer avec Sylvain Luc, qui a malheureusement disparu l’an dernier. Il était ce qu’on peut appeler un génie de la musique, reconnu mondialement. J’ai eu la chance d’être ami avec lui pendant 30 ans, je l’ai invité sur certains de mes albums et on a fait des tournées ensemble. Je n’ai pas encore le détail, mais il pourra y avoir des duos, des trios, des quartettes, tout au long de la soirée.

Et pour la soirée du 17, vous avez fait le choix de faire un plateau vocal féminin avec China Moses et Madeleine Perroux. Comment s’est organisée cette soirée ?

Pour China Moses, qui n’était jamais venue, il s’est trouvé que j’ai fait sa première partie l’été dernier. Puis j’ai écouté son dernier projet, et j’ai trouvé ça magnifique. Madeleine Perroux, on l’avait eue il y a 15 ans et son dernier album m’a énormément plu. Donc, je me suis dit, ça serait bien de faire une soirée de jazz vocal féminin. Mais il y a pas mal de voix féminines en dehors de cette soirée du 17. À l’Abbaye de Valmagne [lors du « hors les murs », ndlr], on a un groupe exceptionnel, qui s’était produit au Théâtre de la Mer, d’ailleurs, Jî Dru. Sandra Nkaké, qui fait partie de ce groupe, a été élue Victoire du jazz dans la catégorie vocale en 2024.

Il y a tout de même moins d’artistes femmes que l’édition précédente non ? 

C’est quelque chose que je ne calcule pas spécialement ; je programme les choses qui me plaisent. Et dans le lot, il peut y avoir des femmes, bien évidemment. Il faut savoir aussi que les femmes sont encore largement minoritaires par rapport aux musiciens hommes.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LAVINIA SCOTT

Jazz à Sète
Du 15 au 21 juillet
Théâtre de la Mer

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Lassés pour conte

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© Christophe Raynaud

Nôt, songe autour des 1001 Nuits, ne manque pas de qualités, à commencer par celles de sa Shéhérazade principale Mariana Tembé. La danseuse mozambicaine handi est aussi impressionnante masquée et assise, jouant de ses jambes absentes, que parcourant la scène avec son intensité physique si particulière. Par ailleurs le travail musical, reposant sur des musiques diffusées auxquelles s’ajoutent trois caisses claires et les voix des danseurs-musiciens, est d’une précision parfaite et scande le spectacle, des premiers roulements aux Noces de Stravinsky en passant par l’émotion de Nick Cave et la vigueur de Prince. Et de fait, la chorégraphe performeuse sait formidablement organiser l’espace, habillant ses interprètes de masques de poupée, occupant la largeur et la profondeur d’une scène impossible et la structurant comme un tableau. Hélas statique.

Car le problème de Nôt réside bien dans cette paradoxale staticité d’un spectacle chorégraphique,  présentant de fait une série de performances répétitives et sans évolution interne. Parfois frappantes, parfois pénibles, comme lorsque qu’un acteur se déplace dans la foule durant un quart d’heure en mimant la défécation. Mais la plupart du temps simplement ennuyeuses, parce qu’essuyer longuement des parois avec des chiffons blancs, répéter les gestes en boucle, ouvrir et fermer les lits, même lorsqu’ils s’entachent de sang, ne parvient pas à construire une narration – ce qui pourrait s’entendre – ni même à imprimer un rythme, en dépit d’une musique qui imprègne l’air de ses élans.

Au final, on ne sait pas quel est le sens de Nôt. Ou les sens, les dénonciations, les révoltes, les affirmations. Ce qui, au vu des urgences à penser un monde au bord du gouffre, a de quoi décevoir, dans ce symbole qu’est devenue la Cour d’honneur, offert pour la première fois à une chorégraphe en ouverture du Festival.

AGNÈS FRESCHEL

Nôt
Jusqu’au 11 juillet
Cour d’honneur du Palais des papes

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Le Festival dans tous ses états 

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© Margot Laurens - Association Jean Vilar

Au Festival d’Avignon, la règle veut qu’à la fin de son mandat, chaque Président·e fasse don de ses archives à la Maison Jean Vilar. Les sept président·es qui se sont succédé à la tête du Festival ont ainsi créé au fil des années un fond d’archives important et précieux. Ce sont ces archives, témoins physiques de l’histoire du Festival, qui sont au cœur de la nouvelle exposition de la Maison Jean Vilar, Les Clés du Festival.

Pour la première fois, il s’agit d’une exposition permanente, qui restera ouverte à l’année, ce qui représente un élargissement de la mission de transmission et de mémoire de la Maison Jean Vilar. L’objectif affiché est de permettre à tous les publics, y compris les moins connaisseurs, de découvrir l’histoire et la spécificité du Festival d’Avignon. Antoine de Baecque, commissaire de l’exposition, a brillamment relevé ce défi en concevant un parcours thématique, à la fois pédagogique et complet. 

Parcours thématique 

L’exposition est séparée en quatre espaces, chacun dédié à une spécificité du Festival d’Avignon. À commencer par l’aspect technique : le premier espace, intitulé « La Fabrique du Festival » dévoile à travers des photos et des documents professionnels, le processus de transformation annuelle de lieux non-dédiés – la Cour d’honneur en tête – en espaces de théâtre. 

Au fur et à mesure du parcours, on découvre l’expansion du Festival dans la ville, comment  Jean Vilar (à qui les deux dernières salles sont consacrées) l’a façonné et fait évoluer, grâce à des archives on ne peut plus variées : vidéos, photos, correspondances, carnets, feuilles de salles, maquettes de décors, costumes… entre autres. 

La salle consacrée au Festival comme lieu de création est particulièrement impressionnante : des photos et vidéos de chaque spectacle créé à Avignon depuis 1948 et La Tragédie de Richard II par Jean Vilar y sont projetées sur un écran de tulle, derrière lequel sont exposés des éléments de décor et des costumes. Derrière les gradins sur lesquels on peut s’installer pour regarder cette rétrospective, un espace est consacré à Saïgon, spectacle créé en 2017 par Caroline Guiela Nguyen… pour le moment. Chaque année, ce recoin de l’exposition sera remanié pour mettre en avant un spectacle différent, créé au Festival. 

Une démarche au premier degré

Soucieux de capter au mieux l’essence du Festival et d’immerger les visiteur·ices dans son ambiance, Antoine de Baecque a fait le choix d’une scénographie très littérale, confiée à Claudine Bertomeu. Ainsi, devant l’entrée de l’exposition se trouve un écran sur lequel défilent des images du public entrant dans la Cour d’honneur à différentes époques. Aux murs de l’espace consacré au Festival Off, de nombreuses affiches de spectacles superposées comme elles le sont dans les rues, et un quiz. Dans les dernières salles consacrées à Vilar, des haut-parleurs diffusent des enregistrements de certains de ses spectacles… 

Chaque détail de cette scénographie a son importance, jusqu’au petits haut-parleurs qui permettent d’écouter individuellement les vidéos, qui faisait initialement partie du premier dispositif de sonorisation de la Cour dans les années 1970. De fait, le premier degré assumé de l’exposition n’a rien de simpliste, au contraire, il rend compte d’une connaissance fine de l’histoire du Festival, d’un amour pétri d’admiration pour celui-ci… et d’une volonté de mise en partage, conforme aux ambitions premières de Vilar. 

CHLOÉ MACAIRE 

Les Clés du Festival a été inaugurée le 5 juillet à la Maison Jean Vilar, Avignon

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Gagarine, bien vivant à L’Estaque

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© Thibaut Carceller

L’Espace Mistral de L’Estaque se transforme en véritable piste de décollage ce jeudi 12 juin pour l’avant-dernière représentation de Gagarine is not dead. Un spectacle signé des Cie Les Sanglés et En corps En l’air, qui propulse petits et grands explorateurs vers les étoiles. Les quatre membres d’équipage mêlent technologie et rêverie, à la rencontre d’un public en quête d’imaginaire, le temps d’une déambulation d’une soixantaine de minutes. Dans ce théâtre de rue antigravitationnel, l’homme et la machine sont plus que jamais soudés dans un univers où le temps s’arrête pour laisser place à l’émerveillement. 

Nuage de poussière et fumée, c’est dans un esprit d’aventure que les « Gaganautes » s’élancent dans l’inconnu. Bien décidés à marquer l’histoire de la conquête spatiale, ils ont plus d’un tour dans leur sac, rampe métallique, capsule volante et bien d’autres, de quoi tomber à la renverse. Viser la lune, ça ne leur fait pas peur, le quatuor illustre cette envie d’accomplir de grandes choses. Ce spectacle était proposé par l’association Karwan, dans le cadre du RIR, le Réseau Inter-régional en Rue.

THIBAUT CARCELLER

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Du spectacle vivant dans l’Enclave 

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© Thibaut Carceller

Pendant dix jours, ce rendez-vous incontournable du spectacle vivant réunit théâtre, danse et cirque, en itinérance au sein des communes de l’Enclave des Papes – Valréas, Grillon, Visan et Richerenches – mais aussi une dizaine de villages alentour. Créé en 1965 par René Jauneau dans l’esprit de l’éducation populaire, le festival a su évoluer sans renier son héritage. Organisé par le Centre Dramatique Des Villages du Haut Vaucluse, il clôt chaque saison avec une programmation accessible, pensée « au plus près des habitants », selon son directeur Frédéric Richaud. Cette année, 15 spectacles et 52 artistes égayeront places de village, salles des fêtes réaménagées ou sites à ciel ouvert.

L’événement s’ouvre avec Gagarine is not dead, des compagnies locales Les Sanglés et En corps En l’air, un spectacle gratuit très attendu. Parmi les temps forts : Les Trois Mousquetaires, création en trois épisodes portée en coopération avec la Scène nationale de Cavaillon, dont l’épisode 2 sera présenté à Valréas le 20 juillet par le collectif 49 701 Andromak, réinterprété par la compagnie parisienne Kourtrajmé ; et Jules et Marcel, une correspondance théâtralisée entre Pagnol et Rémy.

Une démarche engagée

Pour la deuxième année, le festival accueille une résidence de création pendant l’événement, avec la compagnie de cirque contemporaine Guirlande installée sous chapiteau à Valréas. Ateliers, visites et rencontres rythmeront les trois semaines de présence avant la première du spectacle le 26 juillet.

Soucieux de démocratiser l’accès à la culture, le festival maintient une politique tarifaire douce et des actions comme l’analyse chorale, gratuite, qui invite le public à discuter les œuvres vues, à exercer son regard et son esprit critique.

À cela s’ajoute une initiative solidaire originale : des sacs confectionnés à partir de bâches recyclées sont vendus au profit de billets offerts aux publics précaires. Une façon concrète de prolonger l’héritage humaniste de Jauneau tout en intégrant des bénévoles à la vie du festival.

Entre mémoire et renouvellement, Les Nuits de l’Enclave affirment cette année encore son identité : un festival de territoire, populaire et profondément vivant.

MANON BRUNEL

Les Nuits de l’enclave 
Du 18 au 27 juillet
À Valréas, Grillon, Visan et Richerenches

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