mardi 22 avril 2025
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Une Aïcha bien vivante

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Aicha (C) Jour2fête

Tout comme pour son premier long métrage, Le Fils, le scenario d’Aicha s’inspire d’un fait réel survenu en 2019 : une jeune femme après un accident de voiture avait eu l’idée de se faire passer pour morte, pour tester l’amour des siens.

Aya, vit dans le sud de la Tunisie, à Tozeur, avec ses parents qui voudraient la marier avec un homme plus âgé et plus fortuné, ce qui aiderait la famille, pauvre. Aya travaille dans un hôtel  et a depuis quatre ans une relation clandestine avec le directeur, Youssef, un homme marié qui lui promet sans cesse de divorcer. Sur une route de montagne, le grand taxi qui transporte les employés et une passagère embarquée en chemin tombe dans un ravin et prend feu. Sept corps, sept victimes dont la liste est envoyée par la direction de l’hôtel. Mais la seule survivante, Aya, décide de ne rien dire. Elle est déclarée morte et assiste, entièrement voilée, à sa propre inhumation.

Désormais, elle s’appelle Amira, part à Tunis et va partager un appartement avec Lobna (Yasmine Dimassi), qui se dit doctorante en sciences humaines. Lobna va l’entrainer dans les folles nuits ou l’on boit, où l’on danse, où l’on drague, jusqu’au soir où un drame se produit dans la boite de nuit. Amira, impliquée, est interrogée par la police, confrontée à son mensonge et à ceux des autres. C’est ainsi que sa route croise celle de Farès, chef adjoint de la police qu’interprète Nidhal Saadi (une star en Tunisie).

En quête de liberté

Portrait d’une femme en quête de liberté, Aicha est aussi la radioscopie d’un pays où règnent la corruption et l’oppression de la police, l’injustice sociale, où les femmes sont soumises aux pressions de la famille et du patriarcat. Le voyage initiatique d’Aya-Amira est filmé par la caméra portée d’Antoine Héberlé, le directeur de la photo, qui avait déjà travaillé sur  Un Fils. Il ne la lâche pas : gros plans de face à Tozeur, aux couleurs aussi ternes que son quotidien, la ville qu’elle veut quitter. À Tunis, la caméra la suit, nous permettant de découvrir la capitale avec ses yeux. Une ville qui la fascine, pleine de couleurs d’énergie et de mystère. Fatma Sfar qui interprète cette femme en changement, est excellente, montrant avec subtilité, toutes ses facettes.

Questions de société, d’intimité, de politique, de police, de suspense s’entremêlent dans ce film superbement mis en scène. La musique d’Amine Bouhafa, narrative, y contribue largement. «  Tozeur n’est pas filmé comme Tunis. Aya n’est pas filmée comme Amira qui n’est pas filmée comme Aïcha. […] Je devais être constamment vigilant pour m’assurer la cohérence de l’histoire et l’évolution du personnage », précise Mehdi M. Barsaoui. C’est réussi ! Il a su à travers son histoire et ses personnages contrastés montrer la complexité des rapports humains. : Aïcha, qui en arabe littéral, signifie « vivant » a donné son titre au film. Il suffit de le voir pour comprendre pourquoi.

Annie Gava

En salles le 19 mars

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Rodolphe Menguy enchante Marseille

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Rodolphe Menguy
© A-M.T

À 27 ans, Rodolphe Menguy a déjà une très belle carrière à son actif. En Région Sud, on a pu l’entendre au Festival international de piano à La Roque d’Anthéron et à Lourmarin. Il n’était jamais venu à Marseille. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître car le jeune pianiste a littéralement conquis le public marseillais réuni salle Musicatreize. 

Sa maturité étonne lorsqu’il présente avec force détails les deux sonates en si mineur qu’il va interpréter : « Deux œuvres complexes et profondes. Celle de Chopin a été composée un an avant sa mort. Il était déjà gravement malade. Elle est emplie de noirceur mais avec des moments lumineux intenses. Celle de Liszt est titanesque ».

Le pianiste débute son concert avec le Prélude op.45, à la légèreté évanescente puis enchaîne sur Nocturnes op 62. Sa finesse de jeu, sa jeunesse, sa grande élégance et son agilité impressionnante se prêtent à ce répertoire qu’il joue droit, sans aspérité, sans pathos inutile ousuperflu, mais avec une intelligence joueuse et avec une parfaite fluidité. C’est juste, efficace. Le résultat est magnifique.

Puis le pianiste se lance dans la Sonate N°3 en si mineur de Chopin. La première, la moins connue, est une œuvre de jeunesse, la seconde Op.35 est très célèbre notamment pour sa Marche funèbre, la 3e est pour Menguy la plus intéressante, la plus monumentale, la plus construite aussi avec ses quatre mouvements : un Allegro, un Scherzo, un Largo qui évoque les Nocturnes et un Final « déchirant qui semble emmener vers la mort ». 

Une sonate Blockbuster

Menguy introduit la seconde partie avec une berceuse onirique de Liszt puis annonce la sonate en si mineur du compositeur expliquant comment à 17 ans, il s’est perdu dedans « tellement il y a à explorer, travailler, découvrir. Cette sonate est un Blockbuster, l’œuvre des superlatifs qui demande une rigueur toute particulière pour être à sa hauteur ». La plupart des pianistes s’attaquent jeunes à cette œuvre, quand leurs moyens physiques et pianistiques leurs permettent de suivre le rythme époustouflant de cette cavalcade ininterrompue. Plusieurs interprétations ont été donné a cette sonate, la seule de Liszt : elle représenterait le bien contre le mal, le paradis versus l’enfer. D’autres y voient le mythe de Faust et de Méphistophélès. 

Elle débute par trois Sol répétés, les plus graves du clavier, comme annonçant le début d’une représentation, puis c’est l’explosion, un train musical lancé si rapidement que l’on peine à suivre les mains du pianiste devenues floues et qui évoluent comme en accéléré. Avec d’immenses expirations Menguy va chercher la canalisation et la concentration de l’énergie.Dans la salle, le public retient son souffle comme devant une représentation de trapèze volant. C’est une vraie claque. A la note finale, c’est l’ovation, méritée. Mercy Menguy.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé le 6 mars salle Musicatreize, Marseille.

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Le tour du monde en 62 films

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cinématographiques
© PROTAGONIST PICTURES

Les Rencontres Cinématographiques reviennent en ce début de printemps avec une programmation riche, éclectique et surtout internationale, avec 62 films venus de 44 pays différents. Un « coup de cœur » particulier est consacré au cinéma indien avec deux films en avant-première : SisterMidnight de Karan Kandhari, dont c’est le premier film, et The Shameless de Konstantin Bojanov. Deux vies de femmes bafouées cherchant à regagner leur liberté.

Cette année, le festival met en lumière des récits d’émancipation féminine. Ainsi, les Rencontres s’ouvrent le 14 mars avec une avant-première du film tunisien Aïcha de Mehdi M. Barsaoui, en présence du réalisateur et de l’actrice Fatma Sfar. Le public pourra ensuite découvrir des films abordant une variété de sujets relatifs à la condition des femmes aux quatre coins du monde. La Jeune femme à l’aiguille de Magnus von Horn suit le parcours d’une femme souhaitant se débarrasser de l’enfant qu’elle porte dans le Copenhague de 1918. Xalé de Moussa Sène Absa aborde le mariage forcé et la domination masculine au Sénégal. L’Affaire Nevenka d’Iciar Bollain revient sur l’un des premiers procès faisant suite à #MeToo en Espagne. Shambhala, le royaume des cieux de Min Bahadur Bham raconte le destin d’une jeune fille vivant dans un village de l’Himalaya où la polyandrie est la tradition. 

Costa-Gavras en invité

Les Rencontres accueillent un invité d’honneur, le réalisateur Costa-Gavras. Le 15 mars au soir aura lieu en sa présence une projection de son film Le Dernier souffle, sorti en février. Cette projection sera l’occasion d’une rencontre avec le réalisateur, la productrice Michèle Ray-Gavras et l’actrice Marilyne Canto qui l’accompagneront. Le lendemain matin, l’œuvre du cinéaste franco-grec sera encore mise à l’honneur avec une projection-débat autour du premier épisode de la série Le siècle de Costa-Gavras, animée par Edwy Plenel, journaliste et auteur de la série.  

CHLOÉ MACAIRE 

Rencontres Cinématographiques 
Du 14 au 23 mars 
Cinéplanet, Salon-de-Provence

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Abysses, sirènes et noyés

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passion bleue
Requiem pour les vivants © Florian Bardet

Pour sa cinquième année, Passion bleue propose une riche programmation qui met  les océans en partage. Avec Loin dans la mer, le jeune public découvrira une pièce adaptée de La Petite Sirène d’Andersen par Lisa Guez et interprétée par cinq comédiens en situation de handicap, de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche (18 mars Châteauvallon). Le même jour, on pourra rencontrer le collectif Eskandar composé d’artistes qui investiguent les territoires. Ils y font des rencontres, composent des textes, des chansons pour rendre compte de la manière dont on invente l’avenir. La rade de Toulon sera l’objet de cette nouvelle exploration. Rendez-vous au Liberté le 18 mars à 18h30 pour participer à la « collecte de regards » qui donnera lieu à une Conjuration le 23 mars.

Passion Bleu permet aussi des moments d’échanges dans des ciné-rencontres. Dauphins : regards d’humains est un documentaire réalisé au cœur du Sanctuaire Pelagos, zone protégée en Méditerranée dédiée aux mammifères marins. La projection sera suivie d’une rencontre avec Alain Barcelo, responsable scientifique du Parc national de Port-Cros, Daniel Faget, historien et Ambra Zambernardi, anthropologue des pêches (21 mars, Le Liberté). 

De son côté David Wahl, artiste associé à l’Océanopolis de Brest vous embarquera à bord du vieux gréement JLD’A pour un voyage au cœur des abysses. À travers son journal de bord, rédigé lors d’une mission dans l’Atlantique, il nous plonge dans un monde mystérieux où la science rencontre la poésie. (23 mars Port de Toulon).

Mer amère

Si la mer attire comme un aimant, elle est le lieu des drames. A Marseille, une bande de jeunes sautant du haut des rochers des calanques se retrouve confrontée à l’accident mortel de l’un des leurs. Comment donner à cette mort une dimension plus acceptable ? C’est le thème de ce Requiem pour la vie, pièce chorale de Delphine Hecquet, portée par huit danseurs, acteurs et chanteurs (20 et 21 mars, Le Liberté). 

Le lendemain Charles Berling, l’actrice Stéphane Caillard, la réalisatrice Géraldine Danon et l’écrivain Yann Quéffelec rendent hommage à la navigatrice Florence Arthaud, décédée il y a dix ans dans un accident d’hélicoptère lors d’un jeu télévisé. La petite fiancée de l’Atlantique, au palmarès unique dans cet univers masculin, connut son apogée avec sa victoire de la Route du Rhum en 1990. La Scène nationale lui consacre une soirée avec la projection du film Flo suivie d’un débat. 

Enfin,  en partenariat avec Sos méditerranée une lecture donnera à entendre les histoires tragiques d’hommes et de femmes partis à la recherche d’une vie meilleure et pour lesquels la mer s’est transformée en fosse commune. Le dessinateur Hippolyte, qui a embarqué de longs mois à bord de l’Ocean Viking, navire sauvetage de l’association dessinera en direct, sera entouré des acteurs Anna Mouglalis, Charles Berling, et des musiciens Lisa Ducasse et Raphaël Imbert (22 mars, Le Liberté). 

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Passion bleue
du 18 au 26 mars
Scène Nationale Châteauvallon-Liberté

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La Friche repense son environnement

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environnement
© Coralie Filippini

Dans les anciens locaux du groupe dunes, la Friche la Belle de Mai a installé son LaboFriche, « lieu ressource ouvert à tous ceux qui s’intéressent aux transitions », selon les mots du directeur, Alban Corbier-Labasse. Congratulé, lors de l’inauguration officielle le 5 mars, par l’adjoint à la Culture de la Ville de Marseille, Jean-Marc Coppola, pour qui cette initiative démontre le dynamisme de la Friche, « pionnier des tiers-lieux culturels en France », plus de 30 ans après sa création. 

Redirection écologique

L’idée est d’accueillir dans cet espace scientifiques, artistes, entreprises et énergies citoyennes pour « faire face collectivement aux enjeux contemporains, particulièrement en matière d’écologie et de droits culturels ». Depuis juin 2023, s’y tiennent des laboratoires pluridisciplinaires ; à l’automne, une session abordait par exemple la gestion de l’eau en milieu urbain, amenée à changer radicalement de stratégie pour s’adapter au contexte climatique. Débétonniser afin de limiter les risques d’inondation, végétaliser comme recours contre la canicule… La Friche, à mesure qu’elle se distancie de son héritage industriel très minéral – c’est une ancienne manufacture de tabac, construite dans les années 1860 – donne l’exemple. En s’inspirant de trois chercheurs, le philosophe Alexandre MonninDiego Landivar, économiste et anthropologue, et le géographe Emmanuel Bonnet, à l’origine du concept de « redirection écologique », la structure repense sa consommation d’eau ou d’énergie et ses déchets, en tentant de les maintenir dans les limites de l’habitabilité de la terre.

Reverdie culturelle

Parking du pôle Friche la Belle de Mai à Marseille par Kristelle Filotico

Si le LaboFriche a été aménagé pour recevoir des rendez-vous réguliers autour de ces urgences contemporaines (ateliers, conférences, journées d’étude, projets de recherche-action…), c’est toute la Friche qui muscle son engagement écologique. Avec une programmation culturelle au diapason :  certains résidents s’y sont mis depuis longtemps, comme le Théâtre Massalia qui attire régulièrement l’attention de son jeune public sur ces thématiques, mais d’autres s’en emparent, y compris l’art contemporain [lire le retour sur l’exposition en cours Âmes vertes].

Lauréate d’Alternatives Vertes 2, dispositif de l’État visant à accélérer la transition écologique des entreprises culturelles*, La Friche renature à tour de bras ses 45 000 m2 au sol (imperméabilisé à 92 %) avec l’ambition de « créer une zone refuge pour les habitant·e·s d’un quartier fortement urbanisé au sein de l’îlot de chaleur marseillais ». Pour les humains, mais pas que : l’objectif est aussi de devenir un havre de biodiversité pour les oiseaux, les insectes et les petits mammifères. Un endroit où il fera bon vivre et se cultiver, en somme, sous l’influence bénéfique des arbres.

GAËLLE CLOAREC

*Le financement apporté à la Friche par le dispositif AV2 est de 1 300 000 euros pour 3 ans.

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La musique est votre amie

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musique et cerveau
Rolling String Quintet © Giovanna Ungaro

L’impact des arts et particulièrement de la musique sur le cerveau est un sujet qui intéresse depuis longtemps les chercheurs en neurosciences. Cette semaine, le Grenier à sel dédie quatre jours à ce champ de la recherche avec L’Odyssée musicale du cerveau, un festival de vulgarisation supervisé par Emmanuel Bigand, musicien et professeur de psychologie cognitive à l’Institut universitaire de France. 

Chaque après-midi se compose d’une rencontre animée par Bigand, suivie par une expérimentation avec le public. Puis d’un atelier animé par les musiciens du Rolling String Quintet : les participants – qui sont invités à venir avec leurs instruments – sont installés à l’intérieur d’une structure représentant un cerveau qui réagit aux stimulations musicales avec des signaux lumineux. Le Rolling Spring Quintet donnera également un concert-spectacle chaque soir du festival, à part le mercredi. 

Les rencontres s’intéressent au bénéfice possible de la musique dans l’éducation, le monde de l’entreprise, la santé et dans la formation des musiciens.

Musique et utilitarisme

Une approche qui témoigne d’un rapport utilitariste à la musique, mise au service d’objectifs plus ou moins émancipateurs, notamment pour les deux premières discussions. Il est ainsi question de « limiter le coût économique considérable de l’échec scolaire » et de favoriser la « performance » en entreprise. 

© Giovanna Ungaro

La liste des invités interpelle également. Pour « La musique face aux grands défis de l’entreprise » (jeudi 13 mars), Emmanuel Bigand convie des spécialistes du nudge management, une technique managériale visant à influencer le comportement et la motivation des employés via leur environnement de travail. Une pratique qui a donné naissance au Nudge-music management qu’enseigne Frédéric Parmentier, l’un des invités.

Pour ce qui est des autres panels, Bigand s’entoure d’un inspecteur académique et d’un chef d’orchestre pour évoquer l’usage de la musique dans le domaine éducatif, d’un neurologue et du Président de la Haute Autorité de Santé Lionel Collet pour son usage dans le domaine médical, et de directeur·ices de Conservatoire pour aborder l’intérêt de la recherche neuroscientifique dans la formation des musiciens.

CHLOÉ MACAIRE 

Du 12 au 15 mars 
Grenier à sel, Avignon

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Lorgues  une ville au rythme du cinéma

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Aicha (C) Jour2Fete

Ce festival créé en partenariat entre Cinébleu et la cité Scolaire Thomas Edison rapproche la  jeunesse du 7e art, permet de rencontrer des professionnels et veut redonner le goût de vivre le cinéma en salles. Si les élèves voient les films dans la journée, le public peut chaque soir à partir de 18 heures profiter de cette riche programmation et rencontrer cinéastes et distributeurs. En tout, 10 films dont 8 avant premières.

En ouverture le 21 mars à 20h, Aïcha, en présence de Mehdi M. Barsaoui (…) . Mais les Lorguais e les Lorguaises pourront voir aussi Berlin, été 42 d’ Andreas Dresen , une histoire d’amour en pleine lutte clandestine contre les nazis, Simon de la Montana de Federico Luis que présentera Cédric Lépine, anthropologue et journaliste. Le cinéaste Alireza Ghasemi sera là pour Au pays de nos frères, l’odyssée sur trois décennies d’une famille d’Afghans et Giulio Callegari viendra parler de son film Un monde merveilleux.  On pourra voir aussi Familia de Francesco Costabile, une histoire de famille compliquée ; Mexico 66 de César Díaz, la trajectoire d’une militante révolutionnaire guatémaltèque qui vit depuis des années exilée à Mexico, où elle poursuit son action politique et Ollie d’Antoine Besse, une histoire de skate à la campagne. Deux films emmèneront lycéens et habitants de Lorgues en Irlande : Small things like these de Tim Mielants et Kneecap de Rich Peppiatt, prix du public au Festival de Sundance et qui a représenté l’Irlande aux Oscars Pour clôturer le festival, après le vin d’honneur offert par la Mairie, le public pourra attribuer son prix à l’un des courts métrages réalisés par les élèves de Thomas Edison.

Et pour ceux qui n’habitent pas à Lorgues, une manifestation qui donnera sans doute l’envie d’aller y faire un tour !

Annie Gava

Aïcha © Jour2fête

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Rodolphe Menguy enchante Marseille

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Rodolphe Menguy

À 27 ans, Rodolphe Menguy a déjà une très belle carrière à son actif. En Région Sud, on a pu l’entendre au Festival international de piano à La Roque d’Anthéron et à Lourmarin. Il n’était jamais venu à Marseille. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître car le jeune pianiste a littéralement conquis le public marseillais réuni salle Musicatreize. 

Sa maturité étonne lorsqu’il présente avec force détails les deux sonates en si mineur qu’il va interpréter : « Deux œuvres complexes et profondes. Celle de Chopin a été composée un an avant sa mort. Il était déjà gravement malade. Elle est emplie de noirceur mais avec des moments lumineux intenses. Celle de Liszt est titanesque ».

Le pianiste débute son concert avec le Prélude op.45, à la légèreté évanescente puis enchaîne sur Nocturnes op 62. Sa finesse de jeu, sa jeunesse, sa grande élégance et son agilité impressionnante se prêtent à ce répertoire qu’il joue droit, sans aspérité, sans pathos inutile ou superflu, mais avec une intelligence joueuse et avec une parfaite fluidité. C’est juste, efficace. Le résultat est magnifique.

Puis le pianiste se lance dans la Sonate N°3 en si mineur de Chopin. La première, la moins connue, est une œuvre de jeunesse, la seconde Op.35 est très célèbre notamment pour sa Marche funèbre, la 3e est pour Menguy la plus intéressante, la plus monumentale, la plus construite aussi avec ses quatre mouvements : un Allegro, un Scherzo, un Largo qui évoque les Nocturnes et un Final « déchirant qui semble emmener vers la mort ». 

Une sonate Blockbuster

Menguy introduit la seconde partie avec une berceuse onirique de Liszt puis annonce la sonate en si mineur du compositeur expliquant comment à 17 ans, il s’est perdu dedans « tellement il y a à explorer, travailler, découvrir. Cette sonate est un Blockbuster, l’œuvre des superlatifs qui demande une rigueur toute particulière pour être à sa hauteur ». La plupart des pianistes s’attaquent jeunes à cette œuvre, quand leurs moyens physiques et pianistiques leurs permettent de suivre le rythme époustouflant de cette cavalcade ininterrompue. Plusieurs interprétations ont été donné a cette sonate, la seule de Liszt : elle représenterait le bien contre le mal, le paradis versus l’enfer. D’autres y voient le mythe de Faust et de Méphistophélès. 

Elle débute par trois Sol répétés, les plus graves du clavier, comme annonçant le début d’une représentation, puis c’est l’explosion, un train musical lancé si rapidement que l’on peine à suivre les mains du pianiste devenues floues et qui évoluent comme en accéléré. Avec d’immenses expirations Menguy va chercher la canalisation et la concentration de l’énergie. Dans la salle, le public retient son souffle comme devant une représentation de trapèze volant. C’est une vraie claque. A la note finale, c’est l’ovation, méritée. Mercy Menguy.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé le 6 mars salle Musicatreize, Marseille. 

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Le bleu comme fil rouge

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bleu
©-MdM-J.-L.-Mabit

Devenu en 2013 le musée des Arts décoratifs, de la Faience et de la Mode, le Château Borélyréunit en un seul lieu des collections de céramique, mobilier, verre, tapisserie, objets d’art, mode, du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. Et propose des expositions jouant de correspondances entre ses différentes familles d’objets. Après Le Grand bain ou comment bien se (dé)vêtir au soleil 1940 – 2000, présentée dans le cadre des Olympiades culturelles [lire sur journalzebuline.fr], voici venu le temps de Infiniment bleu : 130 œuvres en faïence, arts graphiques, bijoux, et mode, autour de la couleur bleue.

Château Borély. Salle Théodore Deck © MdM R.Chipault & B. Soligny

Les Blanc-Bleu

Le parcours de l’exposition commence par des pièces en faïence au rez-de-chaussée, dans le salon d’honneur : Les Blanc-Bleu de Marseille et Moustiers aux XVIIe et XVIIIe siècles. Majoritairement produites par la fabrique Clérissy, fondée en 1679 et située dans la vallée de l’Huveaune, elles sont disposées sur différents socles sur un îlot central et tout autour dans des vitrines murales : mascarons, vase de pharmacie, rafraîchissoir à bouteilles, encrier pique-plumes, plats oblongs aux motifs orientaux, scènes de chasse ou scènes galantes, dessins d’armoiries…

Le tout est accompagné de panneaux explicatifs sur l’histoire, les sources d’inspiration, les techniques (notamment du grand feu). L’autre « spot faïence » de l’exposition se trouve au premier étage dans la salle Théodore Deck, du nom du céramiste (1823-1891) qui fut directeur de la manufacture nationale de Sèvres, et qui a donné son nom au « bleu Deck » : un bleu turquoise, lié à sa redécouverte des céramiques iznik (du nom d’une ville en Turquie), lui valant d’être récompensé en 1861 à l’Exposition universelle des arts industriels de Paris. Une quarantaine de vases variés, plats, assiettes conçus par Deck, exposés au mur sur de petits socles individuels, en une constellation charmante.

Bleu Denim

Hormis ces deux endroits consacrés à la céramique, et hormis la clôture du parcours avec un Service de Fables en porcelaine de Sèvres de l’artiste Françoise Petrovich, la grande majorité du parcours est constituée d’expositions de pièces de mode. De façon isolée dans le Salon doré, avec une robe-fourreau sirène signée du norvégien Per Spock et un ensemble débardeur-jupe longue de Guy Laroche, et dans la chapelle, avec un ensemble cape à capuche et robe longue de Loris Azzaro. De façon collective dans la Chambre des invités, une petite vingtainede manteaux, robes, tailleurs de ville aux bleus layette, cobalt, pétrole, etc. (signés Schiaparelli, Alaïa, Lanvin, Balmain, Cardin, Chanel, Courèges, …) des années 1940 aux années 2000. 

Et bien sûr dans les trois espaces du département mode : tout un parcours autour du jean, « objet de mode emblématique de notre vestiaire collectif et du phénomène de globalisation ». Qui a inspiré des pièces étonnantes (sous-vêtements, chaussures, chemise et short déconstruits, robe longue aux manches bouffantes… ) à une jeune garde méditerranéenne et africaine, préoccupé d’impact social et environnemental, et lauréat·e·s du Fonds de dotation Maison Mode Méditerranée, partenaire du Château Borély.

MARC VOIRY

Infiniment Bleu 
Jusqu’au 15 février 2026
Château Borely, Musée des Arts decoratifs, de la Faience et de la Mode, Marseille

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Impudente, Draguignan danse !

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imprudanse
© Patrick Berger

Mêlant têtes d’affiches et participation de tous·tes, L’ImpruDanse affirme, année après année, que la danse est une pratique et un art, et qu’à ce double titre elle explore l’intime et le monde, la connaissance de soi et la rencontre de l’autre. Ainsi, la neuvième édition du festival varois, du 15 mars au 5 avril, ne se contente pas de proposer des spectacles : ses deux expositions photographiques On y danse (Gaël Delaite) et Mouvements (Shirley Dorino) explorent la danse au quotidien, et carte blanche est donnée aux écoles de danse de Dracénie pour trois spectacles dans le hall du Théâtre de l’Esplanade.

Les chorégraphes invités proposent de nombreux ateliers, le Conservatoire présente une restitution de ses cours incluDanse pour les personnes en situation de handicap, et le premier samedi (le 15 mars) enchaîne brunch gourmand, déambulation dansée, concours photo et maquillage, flashmobgéant et DJ set, précédé du grand spectacle néo-classique de d’Alonzo KingDeep River [notre retour sur journalzebuline.fr].

Trois autres DJ set sont prévus chaque samedi soir, un Cui cui cuiz culturel et musical sera proposé dans un bus, et les jeudis à 19 h trois Docus danse sur Cunningham, Mourad Merzouki et Radio Maniok seront projetés au nouveau Musée des beaux-arts. 

Les spectacles

La programmation reflète, comme le revendique Maria Claverie-Ricard, directrice de Théâtres en Dracénie, « une forte variété de formes » et d’esthétiques : après l’élévation et les pointes extrémistes d’Alonzo King, la danse se joue Du Bout des doigts : Gabriella Iacono et Grégory Grosjean filment des mains qui dansent, véritables ballerines habitées (le 18 mars). 

Le samedi 22 mars, Balkis Moutashar logera au Musée des beaux arts, pour trois performances d’Attitudes habillées en lien avec les collections (11 h, 15 h, 19 h). À 17 h Joanne Leighton fera l’éloge du rassemblement [The Gathering, voir p.III] et à 21 h Leïla Ka fera vibrer le théâtre avec Maldonne, quintette féministe époustouflant [voir journalzebuline.fr]. 

Le 26 mars, les danseurs de la Coline (formation professionnelle) créeront deux pièces d’Arno Schuitemaker et Bui Ngoc Quan, écrites pour eux. Avant un samedi 29 mars où le hip-hop s’emmêle : Séverine Bidaud et sa pièce magique Faraëkoto, conte africain narré en acrobaties ; puis Phénix de Mourad Merzouki, où il associe sa danse hip-hop désormais classique avec une viole de gambe tout à fait baroque ; et le soir, Mehdi Kerkouche et ses huit danseurs aux techniques diverses explorent dans Portrait le mouvement commun et les divergences. Haletant jusqu’au bout du souffle.

Le 1er avril, une surprise, L’ImpruDanse accueille du cirque : la compagnie réunionnaise CirquonsFlex raconte en corps, acrobatique, le quotidien et la mémoire de l’île, dans Radio Maniok

Le dernier samedi (5 avril) sera débordant d’énergie, avec Thisispain d’Hillel Kogan, qui revisite le flamenco, mais surtout ses clichés touristiques et ses excès ; pour conclure en apothéose avec Rave Lucid de la Cie Mazelfreten, une course folle, techno et transe, où 10 danseurs venus de toutes les danses urbaines jouent une partition athlétique et frontale. 

AGNÈS FRESCHEL

L’ImpruDanse
Du 15 mars au 5 avril
Théâtre de l’Esplanade ; Musée des Beaux-Arts ; Auditorium Chabran, Draguignan

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