lundi 25 novembre 2024
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Le Gyptis a 10 ans !

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Moi, ma mère et les autres de Iar Said © Campo Cine

Depuis octobre 2014, le cinéma Le Gyptis à Marseille a accueilli près de 270 000 spectateurs. Et pour célébrer ses 10 ans, il propose un grand week-end cinéphile avec avant-premières, ateliers pour petits et grands, rencontres et ciné-concert.

Le vendredi 4 octobre à 19 h, c’est le film d’animation de Gints Zilbalodis, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, en présence de l’équipe du film, qui lance cet anniversaire suivi d’une fête au D12, l’école de danse à quelques pas de là.

Le lendemain, de 16 h à 19 h, on pourra participer à des ateliers (gratuits sur inscription) puis regarder un film documentaire de Raoul Peck sur Ernest Cole, un photographe sud-africain en colère face au silence ou à la complicité du monde occidental devant les horreurs du régime de l’apartheid.

Dimanche cinéma 

Le dimanche, trois films sont présentés dont un ciné-concert à partir de 14h30 : le fameux Jour de fête de Jacques Tati, accompagné par le groupe Diallèle (post-rock-saxophonisé). Suivi à 16h30 de Moi, ma mère et les autres de Iair Said, où l’on suit David, trentenaire, en surpoids, homosexuel et ayant une peur maladive de l’avion, qui retourne à regret dans son Argentine natale pour assister à l’enterrement de son oncle. Un film présenté par un·e cinéaste de l’Acid – dans le cadre de la reprise de l’Acid à Marseille.

Pour terminer, à 18h30, une autre avant-première, en présence des cinéastes Marcia Romano et Benoît Sabatier, Fotogenico, une comédie sur un sujet grave : à Marseille, un homme cherche à découvrir la vérité sur la mort par overdose de sa fille avec Christophe Paou, Roxane Mesquida Angèle Metzger. Pour clôturerun weekend de cinéma intense à ne pas rater !

ANNIE GAVA

Le Gyptis fête ses 10 ans !
Du 4 au 6 octobre
Marseille

Plongée dans le racisme institutionnel

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Un hangar sur le port d'Olivier Bertrand © X-DR

C’est dans un Alhambra plein à craquer que le journaliste Olivier Bertrand, ancien correspondant de Libération à Marseille notamment, a présenté son documentaire . Le directeur de « l’autre cinéma du côté de l’Estaque », William Benedetto l’accueille avec une satisfaction non-feinte, rappelant l’engagement de la salle dans la connaissance de l’histoire de la ville. Avant la projection, le réalisateur explique la genèse de ce film consacré au centre de rétention, ô combien illégal, qui servit à retenir des étrangers présumés illégaux à Arenc de 1962 à 1975 : il travaillait alors pour Mediapart sur le centre de rétention officiel du Canet, créé en 2006 et a découvert une histoire que nombre d’acteurs de solidarité avec les migrants ne connaissaient que très partiellement. 

« Solutions non légales mais efficaces »

Le film est une plongée dans le racisme institutionnel, exercé aux limites de l’État de droit  français. Les images d’archives rappellent la vie sur les docks ou dans les quartiers du centre-ville, ou en Kabylie dans les années soixante-dix, en passant par la vague de crimes racistes en 1973. Le journaliste a pu accéder à ces archives, mais celles ci sont accessibles au public depuis l’an 2000, notamment les « notes blanches », ces documents de communication interne à l’administration ; du commissaire Payan, initiateur de cette prison pour étrangers.  Ce commissaire de la République  y prône des « solutions non-légales mais efficaces » et parle, au détour de considérations bureaucratiques, de « 275 ratons »… 

Compensant cette horreur raciste, deux témoignages débordant d’humanité offrent une lueur d’espoir : Sixte Ugolini, « avocat solidaire » qui a dénoncé la prison illégale en 1975 , et Mustapha Mohammidi, inlassable militant des droits des migrants, qui prendra la parole sur le plateau de l’Alhambra. 

Laurent Dussutour

Un Hangar sur le port sera diffusé sur France 3 le 4 octobre

CineHorizontes : ouvert, joyeux et généreux

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UN AMOR d'Isabel Coixet © Arizona Distribution

Du 3 au 17 octobre, la 23e édition de CineHorizontes sera rouge et jaune, portant une fois encore bien haut les couleurs du cinéma espagnol. Mais elle sera bien noire aussi avec un réjouissant focus sur le polar et le thriller. Une sélection de dix films, dont trois du parrain du festival 2024, Rodrigo Sorogoyen – qui offre une master class le 13 octobre aux Variétés. Et trois d’Alberto Rodriguez qui présente Prison 77 le 10 octobre à 20 h au cinéma Le Prado. Un film carcéral en lice pour l’Horizon d’or tout comme en première française, Societat Negra (Ramon Termen), plongée dans la mafia chinoise barcelonaise, ou Isla pérdida réalisé par un invité fidèle du Festival : Fernando Trueba, inspiré ici par Hichtcock et Patricia Highsmith. Une table ronde modérée par Georges Tyras réunira le 9 octobre, à l’Alcazar, trois ténors du roman noir espagnol : l’ex-flic, romancier multiprimé, Víctor del Árbol, le poète, parolier, critique Carlos Zanón et l’écrivain Aro Saínz de la Maza. Occasion d’approfondir une réflexion sur ce genre qui nourrit de nombreux scénarii et demeure « un outil efficace d’un regard critique » sur la réalité.

Dans la « Grande compétition fiction » présidée par le producteur catalan Luis Minarro, sept films concourent dont Un Amor, le dernier opus très réussi d’Isabel Coixet. La « Compétition documentaire » convoque quant à elle la mémoire. Retour sur la vie et l’œuvre de Nicolás Guillén Landrián, premier cinéaste cubain noir (Landrián, Ernesto Daranas Serrano). Sur celle d’Antonia Singla, danseuse de flamenca sourde (La Singla, Paloma Zapata). Mémoire de trois septuagénaires qui s’interrogent sur leur conception de la féminité à travers les normes de leur époque (Memorias de un cuerpo que arde Antonella Sudasassi Furniss). Mémoire intime et collective au fil des sentiers de la montagne navarraise avec l’âne Paolo (Zinzindurrunkarratz, Oskar Alegria). Mémoire que Carme Elias, atteinte d’Alzheimer, perd (Mientras seas tú, Claudia Pinto).

Hors compétition, le « Panorama » propose des films déjà sortis comme Septembre sans attendre (Jonas Trueba) ou Emilia Pérez (Jacques Audiard) mais aussi des inédits. Ainsi, en écho avec l’année olympique, Caída libre de Laura Jou dont l’héroïne est entraineuse nationale de gymnastique rythmique. 

Prélude latino

Comme pour les éditions précédentes, avant la semaine ibérique, CineHorizontes offre deux préludes cinéphiliques et festifs : cubain le 3 octobre aux Variétés, argentin le 6 à l’Artplexe Canebière. Ouvert au monde, à un public transgénérationnel, à tous les genres cinématographiques. Joyeux, jalonné de concerts, spectacles, danses sévillanes, tango et pots partagés. Généreux avec pas moins de 50 films et 16 invités : c’est ce que nous promet d’être ce festival dont la devise persiste : ¡ No te lo pierdas ! (en VF : « à ne pas rater »). 

ÉLISE PADOVANI

CineHorizontes
Du 3 au 17 octobre
Divers lieux, Marseille

Aptitudes scientifiques 

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Il y a dix ans, Balthazar Daninos et Mickaël Chouquet du Groupe n+1 créaient au Vélo Théâtre leur tout premier Campement scientifique, événement qui met en scène la recherche scientifique à travers différents formats artistiques ou participatifs, en s’ancrant fermement dans le territoire. À présent directeurs artistiques du lieu, ils organisent une 6e édition du rendez-vous du 3 au 5 octobre. 

Au programme 

L’artiste Sophia Dubs, qui travaille sur les rapports entre corps et territoire depuis dix ans, est invitée à présenter Des Rives passagères, une installation-restitution de sa traversée à pieds dans le Parc naturel régional du Luberon. Celle-ci est ouverte au public tout au long du Campement et donnera lieu à une performance de l’artiste le samedi à 16 h. De la même façon, le mappologue Guillaume Monsaigeon et le graphiste David Poullard proposent trois visites guidées intimes et mises en scène de leur exposition de cartes Toutes latitudes

Sont également programmés « d’impromptus scientifiques » comme L’excentrique de Guillaume Mika et Andrea Pasini, petite étude sur cet impressionnant animal marin qu’est le trichoplax ; La prédiction des oscillations du compositeur Benjamin Dupé avec le neuroscientifique Daniele Shön et Carto ! de Balthazar Daninos et Florence Troin, géographe et cartographe. En clôture, le Vélo Théâtre organise un banquet autour d’une Cartographie du Vivant du Pays d’Apt, carte comestible mettant à l’honneur les producteurs locaux. 

CHLOÉ MACAIRE 

Campement Scientifique
Du 3 au 5 octobre 
Vélo Théâtre, Apt
velotheatre.com

Citron Jaune : L’art est activiste, ou n’est pas

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Cinq Saisons, Cie De Chair et d’os © X-DR

« L’art peut-il être politique ? » se demande le Citron Jaune, ce Centre national des arts de la rue très spécifique puisqu’il ne travaille pas dans la rue, mais dans la nature, gorgée d’eaux diverses, du delta du Rhône. De fait, l’affirmation serait plutôt celle d’un art en espace public par essence politique, dès lors qu’il interroge l’espace public et nos manières de l’habiter. Un art qui, conviant gratuitement les foules, est sujet aux récupérations politiciennes, même lorsque son contenu est subversif.

Placé au coeur de ces enjeux écologiques et politiques, ce n’est pas un hasard que le Citron Jaune réunisse les Artivistes, artistes militants, pour des débats et des performances conçus en deux temps : une ouverture le 5 octobre sur la plage de Port-Saint-Louis-du-Rhône avec Faires du chorégraphe Jordi Gali qui retrace les gestes de la pêche en mer ; une performance Cinq saisons, qui met également en scène, ou plus exactement en cabane, le rapport aux éléments. 

Le deuxième temps, du 10  au 12 octobre, s’invite aussi à Arles, prend ses journées, propose de « lutter sans se cramer » dans un « laboratoire d’imagination insurrectionnelle ». Ou de faire « le récit des luttes », entre apéro, workshop, débat, concert – Akira & le Sabbat en clôture -, rencontres professionnelles de l’Office national de diffusion artistique. Avec bien des forces subversives en présence , – la FAI AR, Lieux Publics, les Suds, Pop… – et des performances, courtes, ludiques, gratuites, d’artistes arboricoles et autres humains post-covid.

AGNÈS FRESCHEL

Artivisme
Du 4 au 12 octobre
Le Citron Jaune, Centre national des arts de la rue
Port-Saint-Louis-du-Rhône, Arles

Solidité solidaire

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Décidément difficile d’écrire un édito feel good en ce moment où, sur tous les champs, économiques, sociaux, climatiques, sociétaux, politiques, culturels, médiatiques, cultuels, nationaux, régionaux, internationaux, tout semble concourir à la catastrophe. Mais faut-il une fois encore se dresser et combattre, sur tous les fronts, les haines et horreurs qui montent ? Si nous pouvons dénoncer les silences et les dissimulations, les détournements et les profits, les trahisons et les abus de pouvoir, est-ce la meilleure façon d’arrêter la course vers le gouffre ?

« Il se faut entraider, c’est la loi de nature » 

La Fontaine, qui parlait des humains en construisant des analogies avec les comportements animaux, écrivait cet alexandrin bien avant que Darwin énonce ses principes d’évolution, fondés sur la lutte pour la survie des espèces. Il savait que « la raison du plus fort » » triomphait dans une société inégalitaire, et que les « jugements de Cour » épargnaient les puissants. Mais il écrivait  aussi que l’entraide des faibles est leur seul moyen de survivre. 

 « Diviser pour régner »

Les impérialismes le savent aussi : de Philippe de Macédoine à Napoléon, ceux qui ont conquis le pouvoir par la force ne le maintiennent qu’en divisant ceux qu’ils gouvernent. Les tyrans modernes inventent de faux antagonismes qui aiguisent les haines, suivant l’exemple des États-Unis ségrégationnistes, qui distinguaient les Blancs pauvres en leur donnant plus de droit que les Noirs, asseyant ainsi la puissance capitaliste contre les intérêts d’un peuple séparé par la « race ». Distinguer  les Tutsis des Hutus au Congo belge, les Musulmans des Hindouistes en Indes anglaises, les Juifs et les Arabes en Algérie française… a permis plus grands massacres de l’histoire humaine.

« La solidarité est une idée universelle »

Après Victor Hugo, les scientifiques affirment aujourd’hui l’universalité de comportements solidaires : les organismes vivants, qui sont reliés, survivent par l’entraide intra en inter espèces, surtout dans les environnements défavorables. Les arbres développent des systèmes racinaires communs en cas de sécheresse, les fourmis font remparts de leurs corps, les chiens de prairie avertissent de la présence de prédateurs… 

Loin de diviser pour régner, de favoriser les plus forts, le vivant persiste et se construit par des processus de solidarité efficaces, bien plus que la compétition, pour préserver les espèces et inventer les circulations futures. 

C’est pourquoi la vie culturelle, non celle qui sépare derrière des écrans et sous des casques individuels, mais celle qui se partage dans les salles et dans les rues, est si nécessaire aujourd’hui. Le concert pour SOS Méditerranée, la soirée solidaire du Forum de Berre, après le festival C’est pas du luxe !, rappellent que la solidarité n’est pas une faiblesse, mais une incroyable force commune. 

AGNÈS FRESCHEL

Monologue d’un acteur schizophrène

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Patrick Pineau dans John a-dreams © Paul Bourdrel

Serge Valletti n’a longtemps écrit que des monologues, qui tous ont l’épaisseur des puits creusés dans les consciences, chaque couche révélant un état de conscience, une histoire cachée, qui affleure et reste ensuite là, à la surface, pour y imposer son effet. Un des plus réussis de ces monologues est sans doute Monsieur Armand dit Garrincha (2001) qui explore deux personnages en un, un obscur footballeur amateur persuadé qu’il a « fait » Garrincha, star du foot brésilien lui-même mort dans la misère et l’alcool. Dix ans après ce texte Serge Valletti répond à la commande de Patrick Pineau, qui ayant vu Garrincha lui demande un monologue sur Hamlet… mais à la lecture l’acteur décide qu’il est trop jeune pour porter ce John a-dreams, écrit pourtant sur mesure par l’auteur marseillais. L’écriture est faite de méandres, de digressions, de plans qui s’entrecroisent sans que l’on sache jamais lequel est le réel et lequel le rêvé, lequel un pur fantasme et lequel une évocation du passé.

Mourir, dormir, rêver peut-être

Car Valletti a répondu à la lettre à cette commande d’un texte sur Hamlet : sans jamais en raconter l’histoire, en reprendre les personnages. ou les décors, il y combine des éléments épars. Un spectre traverse l’espace, demande des comptes au personnage sans nom (Hamlet ?) qui autant que le prince de Danemark aime le théâtre, a été trahi par un ami de son père, a perdu son amour pour l’avoir négligée…et ne sait plus distinguer ce qu’il joue et ce qu’il vit, ce qu’il désire faire et ses actes réels. Un personnage proche de la schizophrénie, qui pourrait être un acteur qui a perdu pied, un marginal mythomane, un célibataire ou un veuf, ou Hamlet qui aurait survécu à son combat contre ses pères… Ces voix s’entrecroisent et creusent dans la conscience rétive de cet homme seul pour y révéler des histoires cachées. Sylvie Orcier, qui le met en scène, a conçu la scénographie comme le dépliement des diverses facettes du personnage, qui s’efface derrière un voile, se dédouble sur un écran, se transforme en fantôme pour franchir les portes que le vieil homme refuse d’ouvrir, apparaît derrière un miroir écran. Le décor, malgré les projections, a tout d’un intérieur vieillot oppressant où se seraient accumulés les objets et les gestes inutiles et rassurants. Au fond du trou creusé par les révélations successives du personnage, il n’y aura pas le meurtre du père et la trahison de la mère, comme dans Hamlet, mais un viol subi, et une maltraitance. Patrick Pineau incarne le personnage avec une prodigieuse virtuosité, tantôt au bord de la panique, tantôt franchement dedans, se rassurant comme il le peut par des gestes compulsifs, grandiose et tendre, jamais calmé. Avoir creusé le trou de la conscience permettra pourtant au personnage non de retrouver la raison, mais une certaine paix. Et d’aller s’allonger auprès du fantôme de la femme aimée.

AGNES FRESCHEL

John a-dreams
Du 3 au 5 octobre
Le Liberté, scène nationale de Toulon

Extra Life, pas extra

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Extra life, une création de Gisèle Vienne © Estelle Hanania

Une voiture à l’arrêt, l’habitacle éclairé, un frère et une sœur (Théo Livesey et Adèle Haenel) à l’intérieur. Félix et Clara reviennent de soirée, ils sont contents, ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps. À la radio, un reportage sur des personnes qui disent avoir été enlevées par des ovnis. C’est ainsi que commence Extra Life de Gisèle Vienne qui donne lieu à deux représentations au ZEF dans le cadre du festival actoral.

Très vite, les deux jeunes dressent un parallèle entre les témoignages des personnes enlevées par des extraterrestres, et les troubles post-traumatiques dont ils souffrent suite à l’inceste qu’ils ont vécu. « T’as quand même plus de chance de t’être fait violer par papy Jackie que d’avoir fait un voyage en soucoupe volante » répond Clara, goguenarde, à l’une des voix radiophoniques. Ces troubles post-traumatiques sont au cœur de cette étrange pièce dansée, dont la mise en scène cherche à filer la métaphore de la science fiction. Il faut dire que d’un point de vue visuel et technique, c’est à couper le souffle : l’espace scénique est dessiné, morcelé par les jeux de lumières, de laser et de fumée pensé notamment par Yves Godin, et la chorégraphie aux mouvements d’une extrême lenteur, donne davantage l’impression d’être devant une vidéo ralentie au montage que face à du théâtre vivant. 

Les maltraitantes mal traitées

Cependant, la prouesse technique, et son aspect répétitif, met assez vite le thème hors-jeu. Cela est renforcé par un traitement des symptômes du syndrome post-traumatique très parcellaire, pour ne pas dire complètement incompréhensible. Par exemple, le sujet du trouble dissociatif de l’identité est abordé, sans que l’on comprenne réellement si les deux personnages en sont atteints, ou seulement Félix.
Par ailleurs, un deuxième personnage féminin (Katia Petrowick) émerge dans le premier tiers de la pièce, sans que l’on sache vraiment l’identifier. Est-ce la fille dont Clara est tombée amoureuse à la soirée dont ils reviennent ? Ou est-ce, comme elle le dit, un alter ego de la protagoniste ? Encore une fois, la place laissée à l’interprétation du public est trop grande et les informations trop floues, empêchant l’empathie que l’on devrait pourtant avoir pour les personnages.. 

CHLOÉ MACAIRE 

Extra Life
Les 2 et 3 octobre
ZEF, scène nationale de Marseille
Dans le cadre d'actoral

Chacun·e cherche son chez-soi

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Le Begat Theater a investi le Jardin des vestiges de Marseille © M.V.

Comme les cailloux du Petit Poucet, trente galets peints en blancs retiennent la mémoire de cheminements humains actuels, singuliers, transcrits au sein de livrets, déposés sur les sièges espacés de l’élégante salle de lecture à l’air libre imaginée par le Begat Theater. C’est l’étape fondatrice du parcours proposé par Home/Land (France) de la compagnie franco-américaine installée à Gréoux-les-Bains. Elle est précédée d’un seuil, où un réceptionniste vous invite à vous ouvrir au monde et à prendre votre temps. Et suivie d’un foyer des archivistes, où vous êtes reçu, et interviewé. Puis d’un pavillon d’écoute, où les voix aux multiples accents de celles et ceux dont on a lu les témoignages se mêlent. Et encore plus loin d’un comptoir, avec les propos des visiteurs se mêlant aux parfums variés des tisanes offertes.

Partir, revenir, rester ?

Si l’ambiance générale est douce, les témoignages recueillis le sont beaucoup moins. « Pourquoi partir pour rester emprisonnée ? », « J’ai eu toujours ce truc de rébellion », « On s’est jamais bougé de là, quoi », « J’ai trouvé mon propre corps étrange, presque étranger », « Dans les petits pays, on n’oublie pas » sont les titres de quelques-uns des récits donnés à lire, recueillis par la compagnie auprès d’habitant·e·s de la région (Gap, Saint-Auban, Cavaillon, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Marseille) au cours des deux dernières années. 

Parsemés de conflits familiaux, sociaux, d’interrogations douloureuses, de luttes, d’abandons ou de victoires amères. Les temps longs et courts, les géographies proches et lointaines s’entremêlent, invitant chacun·e à s’interroger sur la notion de « chez soi » à travers les expériences et interrogations des « autres ». Les moments de calme, de rapprochements et de mises à distance simultanés autour de cette question qu’arrive à créer le Begat Theater dans cette « installation vivante », en ces temps où des hystéries de tous ordres se déclenchent dès que le mot migrant est prononcé, est beaucoup plus qu’un joli geste artistique.

MARC VOIRY

Home/Land du Begat Théâtre a été présenté par le Théâtre Durance, Scène nationale du 27 au 30 septembre.

Le nouv.o.monde… quel cinéma !

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Zebuline. Promouvoir un cinéma d’auteur exigeant, ouvert et accessible à un public large, créer des espaces d’échanges… c’est toujours la ligne artistique des Films du Delta ?
Sylvia Vaudano. Oui, toujours ! Renforcé avec de nouvelles idées, des ponts avec d’autres disciplines. On est dans une période où il faut garder ces lieux d’échanges et de réflexion autour du septième art.

« Avec le cinéma, on arrive à tout, on parle de tout », disait Godard. Alors de quoi va-t-on parler dans cette 13e édition de nouv.o.monde ?
On n’est jamais sur une thématique. On part des films qu’on a envie de programmer, des films qui parlent des transformations de notre monde. Cette année, se dégagent chez les jeunes cinéastes d’ici et d’ailleurs des films sur l’émancipation, la quête de la liberté, qui repoussent les frontières face à une société étriquée. On est conscient que le monde va mal. Le cinéma a cette force de témoigner. Il y a aussi bien sûr des films de genre : thriller, une comédie dramatique plus légère… Mais la magie du cinéma est de nous amener vers un désir de changer le monde, de le regarder autrement. D’ailleurs la séance de courts métrages est centrée autour des utopies : comment le court rêve le nouveau monde.

Combien de films proposez-vous cette année ? Et issus de quels pays ?
Il y a treize films dont trois documentaires. Sept en avant-première, venus de treize pays dont le Maroc, la Roumanie, la Belgique, le Liban, l’Iran, l’Angleterre, les États-Unis… et la Provence (!) avec un thriller fantastique, Animale d’Emma Benestan. En ouverture, un film roumain qui va représenter son pays aux Oscars, Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde d’Emanuel Pârvu, entre suspense, drame, autour du thème de l’émancipation, avec un jeune acteur magnifique, dans une mise en scène solaire. Le réalisateur fera une petite présentation vidéo spécialement pour le public de Rousset.

Comme chaque année, y aura-t-il des séances à Trets et Aix-en-Provence ?Pas de séances à Trets cette année faute de budget. On espère pouvoir y retourner l’an prochain. Mais on est toujours en partenariat avec Sciences-Po Aix et l’Université Aix-Marseille. À l’université on passe en avant première le documentaire de Cyril Aris, Danser sur un volcan [lire notre critique sur journalzebuline.fr]. Accompagnée de la cinéaste Mounia Akl, ils feront une masterclass en vidéo. Et au cinéma Le Mazarin, un autre documentaire autour du grand photographe sud-africain, le premier à exposer au monde entier les horreurs de l’apartheid : Ernest Cole, photographe de Raoul Peck, suivi d’une rencontre avec Rachel Joubert et les élèves en master 2 de Sciences Po Aix. Comme chaque année, il y a aussi une exposition photo avec les photographes d’Arc Images, autour de la pollution, y compris visuelle. Une autre expo : Making of du film qui nous montrera les coulisses de Sauvages,le nouveau film de Claude Barras, une ode à la liberté et à la nature. Et un ciné concert conférence qui met à l’honneur Alice Guy.

Quel est votre coup de cœur dans cette 13e édition ?
Question difficile ! Je dirais le film de Nabil Ayouch, Everybody Loves Touda. Le portrait d’une femme qui veut chanter du chant traditionnel, des textes de résistance, d’amour et d’émancipation, et se bat pour un avenir meilleur.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ANNIE GAVA

nouv.o.monde
Du 8 au 13 octobre

Divers lieux, Rousset et Aix-en-Provence
filmsdelta.com/nouv-o-monde