dimanche 24 août 2025
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À ce stade de la nuit

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nuit
© Guillaume Bosson

La compagnie marseillaise Ildi!Eldi! composée comme son nom l’indique d’un homme et d’une femme, Antoine Openheim et Sophie Catani, aime la littérature, la précision sonore, et cette émotion particulière qui surgit, fort, du murmure, d’une certaine lenteur et du dévoilement inattendu. 

C’est elle, mise en scène par lui, qui sera sur scène avec un autre « Il », le peintre Mahmood Peshawa, pour mettre en voix le court récit de Maylis de Kérangal. Écrit d’un trait en 2014 après le naufrage au large de Lampedusa, où plus de 350 migrants ont été engloutis à quelques centaines de mètres de la côte. 

Un texte d’une force rare, qui dans une langue limpide trace des parallèles inattendus entre Le Guépard – le film de Visconti est adapté du roman de Giuseppe di Lampedusa – et les naufragés, la fin de l’Europe des privilèges et les tragédies de l’histoire, la Méditerranée, la beauté et l’échec. Des  analogies dont le principe est au cœur même du travail d’Ildi!Eldi!, toujours joliment centré sur les liens inattendus que les mots, les sons et les images provoquent. 

AGNÈS FRESCHEL

Du 5 au 26 juillet, 16h15
Théâtre des Halles

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L’Étrangère

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© X-DR

S’il n’est reste qu’une… Marie reste la dernière élève d’un enseignant en littérature, à la pédagogie trop conventionnelle. Quoi qu’il en soit Marie est là, avec en mains un exemplaire annoté de L’Étranger

Pourquoi Meursault a-t-il vidé une arme qui ne lui appartient pas, sur un homme qu’il ne connaissait pas ? L’énigme amorce une enquête de voisinage au fil de laquelle l’on croise Sintès, le voisin souteneur, un juge perplexe, un aumônier prosélyte. Et Marie Cardona. A l’investigation se greffe un jeu de rôle où l’étudiante endosse le seul personnage féminin du roman.

Dans toutes les grandes œuvres, l’on ne sait pas tout.

Jean-Baptiste Barbuscia confie à Marion Bajot et Fabrice Lebert son approche oblique et féminine d’une œuvre phare de la littérature du XXe siècle. L’ardeur tenace et frémissante de Marion-Maria, l’utilisation d’accessoires basiques à l’image du vocabulaire propre à Camus, agrémentent ce suspense littéraire, doublé d’une entrée originale pour les publics adolescents et adultes, déroutés face à cet Étranger et sa complexe simplicité.

Se dessine encore un éloge de la transmission qui, au-delà du savoir, éveille la curiosité et stimule l’intelligence. 

MICHEL FLANDRIN

Du 5 au 26 juillet à 13h30
Théâtre du Balcon 

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La métamorphose

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métamorphose
© Liam Faes

Il aurait pu s’appeler Vies ce spectacle parce qu’il enchante de  bribes d’existences recueillies en interview et mises en théâtre. Elle n’est pas ordinaire cette  heure passée en compagnie de ces jeunes comédiens épatants et sincères du début à la fin. C’est original, drôle, avec des chorégraphies et des rendez-vous musicaux dont un grand moment d’ACDC  !

Vies donc parce que c’est vivant en diable, étonnant et jouissif. Mais le spectacle s’appelle La métamorphose ce qui lui va tout aussi bien. « Et toi Madame de 80 ans, si tu étais enfant tu voudrais revivre quoi ? Et toi petit garçon tu veux grandir ? Et toi l’ado boutonneux on galère ? » Le texte provient d’interview faites en écoles et en Ehpad, un théâtre Verbatim où le comédien se met au service de la personne qu’il a interviewée. Un cadre théorique qui a été éclaté et sublimé par la mise en scène et le décalage du jeu : le vrai n’est pas le plus vraisemblable disait Brecht, et doit être travesti pour obtenir ainsi c’est théâtre rare, fin, frais, jubilatoire  de la vie et sa métamorphose. 

RÉGIS VLACHOS

Du 5 au 26 juillet, 11h20
La Factory

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Deux rois(nos présidents)

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© Valentine CHAUVIN

Depuis le début de la Ve République, les présidents successifs ont su, à l’envi mais pas toujours à dessein, jouer de leur image. Peut-être est-ce d’ailleurs une nécessité dans un régime si fortement présidentiel, qui fait du chef de l’État le visage officiel du pays pour le temps de son mandat… Depuis 2019, Léo Cohen-Paperman de la Cie Les Animaux en Paradis s’intéresse à ces personnages médiatiques et politiques dans sa série théâtrale 8 Rois (nos présidents). Chaque épisode est consacré à un président, et explore par ce biais une époque. Le théâtre du Train Bleu accueille deux de ces pièces : Le Dîner chez les Français de V. Giscard-d’Estaing et Génération Mitterrand

La première est une comédie musicale déjantée qui met en scène « VGE » et son épouse Anne-Aymone, dans un de leurs repas chez des concitoyens – habitude prise par le couple pour « regarder la France au fond des yeux » selon les mots du président. Très vite, ce dîner s’avère être une métaphore de son mandat, et les conversations se font le reflet des tensions qui ont marqué l’époque (lire notre critique sur journalzebuline.com). 

La seconde donne la parole à trois personnages ayant, dans leur jeunesse, appartenu à la Génération Mitterrand et qui ont depuis emprunté des chemins idéologiques bien différents. Chacun·e d’entre eux livre son récit, son parcours, ses déceptions politiques, et donne à voir et à entendre sa version du président Mitterrand. 

CHLOÉ MACAIRE 

Génération Mitterrand 
Jours impairs, du 5 au 23 juillet 
Le Dîner chez les Français 
Du 5 au 24 juillet 
Théâtre du Train Bleu, Avignon

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Ulysse à Gaza

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ULYSSE A GAZA (Cie le bar de la poste) © Th. Vaude
ULYSSE A GAZA (Cie le bar de la poste) © Th. Vaude

La compagnie marseillaise Le Bar de la Poste présente Ulysse à Gaza, un appel théâtral écrit en 2010 par le dramaturge israélien Gilad Evron. Véritable cri d’alerte en direction de ses compatriotes, ce texte interroge la responsabilité morale et collective face au blocus imposé à la bande de Gaza, que l’auteur décrit comme « une prison à ciel ouvert ». « Comment accepter un siège qui, selon les faits et les documents officiels, dont certains issus de Tsahal même, ne laisse à cette population que le minimum d’approvisionnement et peu d’espoir de rêver à un avenir meilleur » écrivait l’auteur en… 2011. Quinze ans plus tard, cette œuvre, dépassée pa l’actualité, continue à questionner : comment continuer à vivre « normalement » aux portes, franchies, de l’inacceptable ? 

En choisissant de monter ce texte rare et engagé, La Compagnie marseillaise du Bar de la Poste poursuit son travail autour du théâtre documentaire et propose une mise en scène qui donne toute sa place à la complexité et à la force de la parole d’Evron. Entre tragédie, absurde et éclats de comédie humaine, la pièce interroge les mécanismes de l’oubli, du refoulement, mais aussi ceux de la Résistance. 

ANNE MARIE THOMAZEAU

Ulysse à Gaza
Du 5 au 15 juillet à 14h45 
Théâtre du Verbe Fou

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Viril(e.s)

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Viril(e.s) © X-DR
Viril(e.s) © X-DR

La Cie DTM de Montreuil dirigée par Marie Mahé, jeune créatrice talentueuse, revient dans le Off avec son spectacle présenté en 2023. Il bouscule les idées reçues sur la féminité et la virilité, le rôle de l’éducation, de la transmission familiale et ce qu’elle peuvent avoir d’étouffant. Marie Mahé parle du genre et de la construction des identités avec des textes écrits à partir de témoignages pour essayer de sortir des stéréotypes. Quatre comédiennes et un comédien occupent la scène avec une grande énergie, partageant leurs souvenirs d’enfance, leurs interrogations. « Qu’est-ce qui va pas chez moi ? ».

Comment se construire dans un monde qui change trop vite, comment trouver sa place, comment s’accepter et accepter les autres ? Interrogations multiples sur cette scène nue, occupée seulement par des chaises d’écoliers.

En fond de scène une grande toile de l’artiste Docteur Bergman représente la copie du Patrocle de David. Un buste d’homme, de dos, imposant, écrasant. Le langage est cru, sans tabou ; ça rit, ça gueule, ça chante, ça saute. Ça vit ! « Je parle de ma génération telle que je la vois » dit la metteuse en scène qui a aussi assuré l’écriture.

CHRIS BOURGUE

Du 5 au 26 juillet
11. Avignon à 16h20

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Du charbon dans les veines

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charbon
© Grégoire Matzneff

Dans le OFF 2024, on découvrait cette nouvelle pièce de Jean-Philippe Daguerre. Coup de foudre général de la presse, des professionnels et surtout du public. Cinq nominations à la cérémonie des Molières ont couronné cet engouement général. Tous ont été subjugués par cette histoire ancrée en juin 1958, à Noeud-les-Mines où les poussières de charbon s’incrustent dans les poumons des ouvriers et dans les aliments qu’il faut scrupuleusement nettoyer. Ici on a pour héros un certain Raymond Kopa, issu de l’immigration polonaise installée dans le nord de la France. On s’ébahit devant la fée télévision qui réunit famille et amis dans le café du coin. Voici  une histoire généreuse, des dialogues riches qui serrent la gorge ou déclenchent un rire franc, des comédiens de talent, un metteur en scène, l’auteur lui-même, discret et efficace, le tout dans un décor impressionnant signé Antoine Milian, éclairé de quelques notes d’accordéon. Un plaisir théâtral total.

JEAN-LOUIS CHÂLES

Du 5 au 26 juillet
Théâtre du Chien qui fume, 10h

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H#mlet, d’après Shakespeare

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H#mlet, d’après Shakespeare
© X-DR

Il est fou Hamlet entre sa joie de jouer la folie et sa colère qui gronde ; il est fou Victor Duez en comédien solaire et solitaire sur ce plateau tout en chambre d’ado pour endosser tout ça ; il est fou Christophe Luthringer dans cette poignante et poétique mise en scène entre Darkvador et Eminem. Mise en scène d’un Hamlet seul au plateau avec tout ce monde dans sa tête, d’où sortent des poupées, des sons, l’envie ou pas d’Ophélie… Seul !  a- t’on besoin d’un adversaire pour un combat d’épée au théâtre ? Le tragique de celui qui se bat est immense : se battre contre soi, contre son ombre, contre Claudius son oncle et meurtrier de son père, contre sa mère qui s’est remariée si vite. 

« Être ou ne pas être ? ». Quitte à se poser la question autant être seul et cette folle mise en scène fait transparaître la joie de cet acteur qui comme Hamlet joue des autres, joue des vidéos si drôles et des apparitions, bien sûr, d’une mère insupportable.

« Être ou pas ? être est la question »  est un autre traduction (To be or not, to be), pas si fantaisiste : il est bien là ce comédien savoureux et sensuel, précis et pas si seul que ça on vous dit ; il a ses marionnettes à hurler de rire,  il a ce bâton tête de mort, forcément, il a des partenaires oh combien sympathique tel un R2D2 qui l’attend devant sa porte !  Il y a des figurines de Star War,  il y a les Doors, les Floyd,  il y a du rock : car il joue de la guitare le bougre. C’est un bel Hamlet intelligent et rare.

RÉGIS VLACHOS

Du 5 au 26 juillet
Théâtre Le Cabestan

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Sous les étoiles du Lubéron

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Mur Murs (C) Ciné Tamaris

Films, expositions, mini concerts en juillet

Créée en 2022, l’association Les rendez-vous d’Agnès  organise chaque été  dans le Lubéron un hommage à Agnès Varda ; projections de films,  expositions, concerts. Cette année, pas moins de 6 lieux. Après une projection « hors les murs » au Cinématographe de Château Arnoux où Agnès Varda avait tourné avec JR le documentaire Visages, villages, ce sont les villages de Buoux, Joucas, Bonnieux et Cucuron où on pourra voir des films de la cinéaste  ainsi que le  film  d’un autre réalisateur en écho avec son travail. Des séances en plein air à la tombée de la nuit.

Le 16 juillet à 18h, à la Maison du Livre et de la Culture de Bonnieux, ce sera la comédie musicale Les Demoiselles de Rochefort (1967) et le lendemain, en partenariat avec Terra incognita, à Joucas, le premier film en couleurs d’Agnès, Le Bonheur. Les deux jours suivants, 18 et 19 juillet, c’est à Buoux que la manifestation se poursuivra avec le documentaire de Gilles Perret, La Ferme des Bertrand  (https://journalzebuline.fr/jusqua-la-fin-des-foins) et  Mur Murs, un voyage d’Agnès à Los Angelès  pour admirer ses « murals ». Un film qui n’a pas pris une ride. Buffet avant les projections.

Pour terminer,  c’est au cinéma Le Cigalon de Cucuron que sont proposés deux documentaires Black Panthers (1968) et Salut les Cubains (1963), un puzzle photographique et musical.

Elise Padovani

https://www.lesrendezvousdagnes.fr

Pour réserver : +33 6 95 53 15 21

NÔT

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nôt
© Pedro Macedo

Parce qu’il a été trahi, il a juré de faire exécuter chaque matin la femme qu’il aura épousée la veille. Alors Shéhérazade parle. Chaque nuit. Des histoires qui s’enchaînent, se tressent, et s’interrompent à l’aube pour retarder la mort. C’est dans cette frénésie vitale et fabulatrice que Marlene Monteiro Freitas ancre NÔT, création envoûtante, et première œuvre chorégraphique à ouvrir, en 79 éditions, la Cour d’honneur du Festival d’Avignon le 5 juillet prochain. La chorégraphe capverdienne y engage les corps dans un rituel d’histoires suspendues, de récits diffractés, de vérités remodelées. Une nuit de plus, dit-elle. Comme une réponse obstinée à la logique du pouvoir qui se voudrait définitif, tranchant. Une nuit de plus, comme Shéhérazade qui, conte après conte, retarde l’issue.

Éloge de la différance

Ici, la danse prend le relais de la parole: elle interrompt, elle prolonge, elle résiste. La gestuelle de Marlene Monteiro Freitas est un débordement : visages contractés, mouvements heurtés, rythmes dissonants. Dans la Cour d’honneur du Palais des papes, les huit interprètes surgissent, masqués, grimés, démesurés. Des fantômes bavards qui, à défaut de parler, dansent pour ne pas mourir. La scène est un champ de forces : beauté et grotesque, désir et cruauté, rire et tension. 

On retrouvera sans nul doute la signature de Monteiro Freitas : foisonnement visuel, théâtralité débordante, ambiguïté et beauté queer comme ligne directrice. Mais NÔT creusera un sillon moins obscur : celui qui croit encore possible de différer l’exécution.

SUZANNE CANESSA

Du 5 au 11 juillet
Cour d’honneur du Palais des Papes

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