dimanche 24 août 2025
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Fusées

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Fusées, Jeanne Candel, 2025 © Jean-Louis Fernandez
Fusées, Jeanne Candel, 2025 © Jean-Louis Fernandez

Actrice, metteuse en scène et codirectrice du théâtre de l’Aquarium à Paris, Jeanne Candel a créé Fusées en 2024 avec ses complices Vladislav Galard, Sarah Le Picard, Jan Peters et Claudine.

Simon (Cie La Vie brève). La pièce raconte les aventures galactiques de deux astronautes égarés dans l’univers. Elle s’inspire du film Out of the Present d’Andrej Ujica, et refuse les écrans et les moyens numériques pour se concentrer sur trois bouts de ficelle bien agencés. 

Un théâtre artisanal revendiqué par Jeanne Candel, qui aime mêler comique et inquiétude, absurde et profondeur, envolées et matières triviales, musique et poésie, simplicité de trait et baroquisme des couleurs et des matières. 

Fusées est en tournée depuis un an et adresse sa fantaisie à tous les publics à partir de 6 ans. Kyrilet Boris (Vladislav Galard et Jan Peters), assistent de loin à l’agonie de la planète. Boris en pleure,  Kyril en rit. Le tout est accompagné des mélodies de Schütz, Bach, Tom Waits ou Schumann, qui gravitent sur les notes d’un piano retourné ou d’une cithare bricolée. Car les instruments, aussi, sont artisanaux et bizarres, ravivant par leur présence les émotions qui tournent dans l’intergalactique intérieur.

AGNÈS FRESCHEL

Du 6 au 8 juillet à 11h et 18h
Théâtre Benoît XII

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De génération en génération

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Tiago Rodrigues, 2025 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Zébuline : Quelles sont  les caractéristiques de cette 79e édition ?

Tiago Rodrigues : Nous poursuivons la route d’un festival de création. Cette année nous programmons quarante-deux spectacles, plus de la moitié viennent pour la première fois, plus de la moitié sont en première mondiale et  n’ont jamais été vus, plus de la moitié sont portés par des femmes…

Vous aimez cet équilibre,  en particulier entre ce que l’on retrouve et ce que l’on découvre.

Oui. La création c’est l’improbable, le matrimoine, c’est aussi les retrouvailles avec les dernières œuvres des grands noms, Ostermeier, Anne Teresa de Keersmaeker ou Marthaler, et la découverte d’autres dont on ne sait pas encore prononcer le nom…

Parmi ces retours, Le Soulier de satin dans la Cour d’honneur ?

C’est un retour multiple. Celui de Claudel bien sûr, clin d’œil à la version de Vitez, en 1987, dont tous les festivaliers historiques se souviennent. Celui de la Comédie-Française dans la Cour, celui d’Eric Ruf, dont c’est la dernière mise en scène en tant qu’administrateur de la Comédie-Française, celui de Didier Sandre qui jouait Rodrigue dans la mise en scène de Vitez, celui de Marina Hands, qui reprend le rôle de Prouhèze, que jouait sa mère Ludmila Mikaël… Ce sont des couches et des couches d’histoires et de confidences, notre public adore ce labyrinthe historique, tous ces fantômes bienveillants qui habitent la Cour. Ce sera un spectacle fleuve, avec plusieurs entractes, différent de la version parisienne, adaptée pour l’extérieur et le lieu. Une vraie nuit blanche avec cafés et plusieurs entractes, comme celle de Vitez. Évidemment la Comédie-Française est ici chez elle…

Vous programmez aussi des projets inattendus, risqués, politiques

C’est une des missions du Festival. Il s’agit d’être à la hauteur de notre histoire avant tout en la poursuivant. En 1947 après la guerre, Jean Vilar voulait un festival populaire, démocratique et républicain.  Aujourd’hui le lexique aussi s’est démocratisé, et on ne peut plus dire ces mots sans dire progressiste, international, féministe et anti-raciste

Avec Claire Hédouin, ou les Radios live, ou le Procès Pélicot vous programmez des formes inattendues, à la limite du théâtre

C’est aussi une de nos missions, dans la continuité de Jean Vilar : renouveler le rapport avec le public, chercher les formes qui le permettent. Avec Que ma joie demeure l’an dernier, avec le Prélude de Pan cette année, Claire Hédouin, que nous accueillons en partenariat avec Villeneuve-en-scène, travaille sur l’espace vivant. Il ne s’agit plus seulement de sortir du bâti, mais d’inventer un nouveau rapport ente le vivant et les arts vivants. 

Quant aux formes qui émanent du journalisme, elle renversent le théâtre documentaire en quelque sorte, une forme très présente sur les scènes. Avec Aurélie Charon, ce sont les journalistes qui font du théâtre, et les témoins qui portent leur propre parole. Caroline Gillet innove elle aussi, avec One’s own room Inside Kaboul où elle nous plonge dans la solitude d’une femme afghane enfermée.  Ces formes m’intéressent, j’aime qu’on se confronte à des spectacles où on se demande « Qu’est-ce que c’est, du théâtre, du reportage, du débat ? ». C’est comme cela que les formes avancent.

Pour Gisèle Pelicot la démarche de Milo Rau est  différente. Elle s’inscrit dans la décision  de Gisèle Pelicot  de rendre public son procès, pour que « la honte change de camp ». La première lecture a eu lieu à Vienne, il s’agit de rendre hommage au courage de cette femme.  Ce sont les paroles telles qu’elles ont été tenues qui sont lues par des comédiens, mais aussi par des figures publiques. Ce procès eu lieu ici, à Avignon, il a eu un très fort impact dans la ville.

C’est aussi la première fois que la danse ouvre la Cour d’Honneur…

Oui, Marlene Monteiro Freitas ouvre la cour avec Nôt, mais elle n’est pas seulement une chorégraphe  invitée, elle est l’artiste complice de cette édition, comme Boris Charmatz l’était l’an dernier. Lui avait proposé trois formes très différentes, avec Marlene, on a exploré plus largement sa bibliothèque, les musiques et les pensées qu’elle aime. C’est une artiste très présente à Paris, mais n’était venue à Avignon qu’avec (M)imosa en 2011 avec Cecilia Bengolea et François Chaignaud. C’est la première fois qu’elle vient pour son propre travail.

Cette complicité, donc, se traduit par l’ouverture de la Cour d’Honneur, liée au chef-d’œuvre de la langue invitée, les 1001 Nuits. Le duo RI TE où elle danse avec Israël Galvan et qui joue sur une complicité dissemblable autour  du flamenco. Le duo Jonas&Lander, avec qui elle travaille depuis longtemps et l’invitation de Georges Didi-Huberman au Café des idées. C’est une lectrice vorace  et  inspirée de sa pensée  de l’art et de la philosophie. Et le cycle Pedro Costa au cinéma l’utopia qui complète ce volet de la programmation conçu par Marlene, qui m’a influencé au-delà de cela par des dialogues constants. 

Vous parliez de la langue invitée, la langue arabe. Pourquoi ce choix ? 

Le principe d’inviter une langue est en place depuis 3 ans, et après l’anglais et l’espagnol, cela me semblait évident. Parce qu’elle est la troisième langue parlée dans le monde, et parce qu’elle est la deuxième parlée en France. La richesse patrimoniale traverse ce festival, tout est traduit en arabe…

Avez-vous fait un travail auprès du public français arabophone ? 

Oui, cette langue, et en particulier le partenariat avec l’institut du monde arabe et le spectacle autour d’Oum Kalthoum, nous a permis, contrairement aux langues invitées les années précédentes,  d’aller vers des publics nouveaux, arabophones, du territoire. Des collégiens, des lycéens des spécialités théâtre, intéressés par les répertoires en langue arabe, même si beaucoup le parlent et ne  le lisent pas, et que les langues arabes sont multiples. Nous avons collaboré avec les bibliothèques d’Avignon, cherché des fables inspirées du territoire, travaillé avec des associations du champ social et médico-social, avec la Maison de s femmes. Une approche du public qui est clairement inédite pour nous. Bouchra Ouizguen, chorégraphe marocaine,  a travaillé avec des amateurs du territoire et présentera They always come back le 4 juillet en avant-première, puis les 5 et 6 pour deux représentations gratuites devant le Palais des Papes. 

Il semble qu’on entendra peu la langue arabe, il y a beaucoup de danse et peu de théâtre….

Oui, je comprends cette remarque. On aurait pu avoir plus de théâtre en langue arabe, on en aura d’ailleurs l’année prochaine, programmer des formes théâtrales prend plus de temps. Mais on entendra de l’arabe, des arabes, de Syrie, de Palestine, d’Égypte, d’Algérie. Nour, programmé avec l’Institut du Monde Arabe, fera le tour des poésies de ces pays, en faisant entendre à la fois leur richesses et leurs différences. Le Syrien Wael Kadour, le Palestinien Bashar Murkus écrivent et jouent en arabe. Et on va  voir la langue, tout sera sous titré en arabe, il est déjà dans toutes nos pages de programme. 

D’ailleurs les spectacles de danse parlent aussi. Ils expriment  l’exil forcé, le corps déraciné, d’une façon particulière, ce qu’on verra dans le spectacle produit avec les hivernales du tunisien Mohamed Toukabri. On entendra aussi la langue arabe dans les radio live d’Aurélie Charon. Et puis on pensera aussi le rapport à la langue arabe en France, les problématiques de l’enseignement, des ces arabophones analphabètes dans leur langue faute d’enseignement de l’écrit. Au Café des idées Leila Slimani parlera aussi de son rapport à la langue arabe. Ce qui m’intéresse, c’est que le festival bruisse de langues différentes et de pensées sur la langue. On s’assume polyglottes et internationaux. 

Interstellaire même… Votre spectacle, La Distance, est une dystopie qui retrace un dialogue épistolaire entre un père et sa fille. Lui habitant une Terre devenue désertique, elle ayant choisi l’exil sur Mars…

Dystopique je ne dirai pas ça, je l’ai pensé comme une anticipation malheureusement, cela ne dépeint pas une société imaginaire, il est probable que la terre devienne inhabitable. On est loin de la fantaisie, les données scientifiques  sont documentaires… Je situe cela dans 50 ans , en 2077, la fille est sur Mars, il s’agit aussi de savoir comment dialoguer avec autant de distance, comment rendre compte des troubles de ces deux mondes, comment aussi le conflit de génération se poursuit, conflit que l’on trouve aujourd’hui entre une jeunesse qui se sent sacrifiée par les modes de consommation de notre génération.

Notre génération… vous vous projetez plutôt dans le père ? 

J’ai l’âge d’Adama Diop, comédien  avec qui je travaille depuis 4 ans, depuis La Cerisaie, et Dans la mesure de l’impossible. Alison Deschamps est une brillante et très prometteuse, et très jeune comédienne. Je l’ai vue dans des projets d’école du TNB (École supérieure d’art dramatique de Bretagne ndlr), elle est bouleversante. Avec eux on a commencé  à imaginer une correspondance, avec une dimension de transmission évidement, due à nos âges respectifs.

Comment se traduit sur scène cette Distance ?

Tout l’enjeu de la mise en scène repose sur ce défi de créer une distance alors qu’ils partagent le plateau. J’ai pensé à la circularité, donc à une tournette, ils ne se rencontrent jamais. Ou presque. Peut-être une fois. Les grandes décisions je les prends à la fin, la procrastination est un ressort de la création … 

Vous écrivez donc jusqu’au bout, et changez vos textes au plateau ? 

J’écris surtout au plateau. Je viens de finir le texte hier (entretien réalisé le 20 juin ndlr ), il est très inspiré des recherches faites en répétition, j’écris tous les matins pour répéter l’après-midi. Ce que je cherche, c’est écrire des pièces qui sont des imaginations partagées. Cela rend le processus d’écriture fiévreux et intéressant. On se demande ce qu’on va jouer et pas seulement comment on va le jouer. Toute l’équipe de création participe à l’écriture, mais surtout les comédiens.  J’écris le texte, mais il vient d’eux. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

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Le Canard Sauvage

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© Debora Mittelstaedt

Régulièrement, Thomas Ostermeier retrouve son Opéra d’Avignon. En 2004, un salon était surplombé par aquarium géant pour Nora et la Maison de poupée d’Ibsen. En 2012, Ibsen encore : le quatrième mur s’effondrait pour les besoins d’une assemblée générale scène-salle dans Un ennemi du peuple . En 2015, un détour par Shakespeare : au sein d’une boîte noire, cernée de mignardises à l’italienne, rôdait le plus sociopathe des monarques, Richard III. 

Cette année Ostermeier retrouve Henrik Ibsen pour Le Canard Sauvage. Au même titre que Un ennemi du peuple, publié deux ans plus tard, la pièce questionne la vérité. Au culte de la loyauté, exalté par le héros Un ennemi, le protagoniste central du Canard répond par le bon usage du mensonge.

Une fois encore, le co-directeur de la Schaubühne-Berlin écaille le vernis qui enlumine une famille en apparence sans histoire. Fidèle à ses approches, le dramaturge s’approprie le texte original dont il resserre la durée et actualise le vocabulaire. D’autre part, les caractères féminins sont étoffés, en harmonie avec les inclinations du moment. 

De quelle manière Thomas-le rusé aborde-t-il un espace qu’il connaît mieux que jamais ? On n’en dira pas plus, sinon que ça tourner et tournebouler, cet été à l’Opéra du Grand Avignon.  

MICHEL FLANDRIN

Du 5 au 16 juillet, 17h
Opéra du Grand Avignon

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De la musique et des pensées 

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Public au Théâtre de l’Archevêché lors de la représentation de l’opéra Madama Butterfly de Giacomo Puccini (1858-1924) le samedi 13 juillet 2024. Festival d’Aix-en-Provence. © Vincent Beaume.

Directeur général du Festival d’Aix-en-Provence depuis 2018, le metteur en scène libano-britannique a marqué le festival par son audace artistique et son engagement en faveur de la création contemporaine. Une excellence qui n’avait pas évité au festival de connaître une situation économique dramatique en 2024. Lors de la présentation de l’édition 2025, Pierre Audi s’était cependant félicité du redressement financier rendu possible « grâce à l’État, les collectivités territoriales, les mécènes, la qualité de l’équipe et les nombreux amis ». Dans un coin de sa tête aussi, la perspective pour le festival de recevoir le prix Birgit Nilsson 2025, qui lui sera décerné quelques semaines après la mort de son directeur. Une première pour une institution culturelle, qui outre le prestige, lui assure une enveloppe de 1 million d’euros. 

« Désir destructeur, émancipateur, métamorphoses » : tels sont quelques-uns des thèmes que Pierre Audi avait choisis pour structurer un programme conçu et présenté de son vivant. Cette édition endeuillée, nul n’en doute, prendra la forme d’un hommage vibrant à celui qui en fut l’architecte passionné.

Don Giovanni Saison 8

Parmi les temps forts de la programmation on peut noter le retour, pour la huitième fois, de Don Giovanni à AixLa mise en scène a été confiée à Robert Icke. Figure du renouveau théâtral britannique, connu pour ses adaptations théâtrales audacieuses de classiques comme Hamlet ou Oresteia, il fait ses débuts dans le monde de l’opéra ; une première incursion quipromet une relecture innovante de l’œuvre de Mozart, en collaboration avec le chef d’orchestre Sir Simon Rattle, à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise. Le chef anglais, habitué d’Aix n’y a cependant jamais dirigé Mozart.

Tout autre registre pour Louise de Gustave Charpentier, œuvre peu connue que Pierre Audi tenait à remettre en lumière, convaincu de sa portée politique et poétique. Cet opéra naturaliste parle des rêves d’une jeune femme dans le Paris ouvrier de la Belle Époque et dece monde en mutation traversé par les luttes sociales, les aspirations féminines, le désir d’art et de liberté. La soprano Elsa Dreisig incarnera le rôle-titre.

Baroque et boudhisme

Après Elena et Erismena au Théâtre du Jeu de Paume en 2013 et 2017, le festival poursuit sa découverte de l’œuvre de Francesco Cavalli avec La Calisto, opéra inspiré des Métamorphoses d’Ovide, qui sera donné au Théâtre de l’Archevêché, par l’Ensemble Correspondances sous la direction de Sébastien Daucé, référence dans l’interprétation de la musique baroque.

L’exploration des formes contemporaines, si chère à Pierre Audi, sera représentée par The Nine Jewelled Deer, (le cerf aux neufs couleurs) création de la compositrice Sivan Eldar et de l’autrice et chanteuse américaine de tradition indienne Ganavya Doraiswamy en coproduction avec Luma Arles. Inspirée de légendes bouddhiques, cette œuvre métisse les langages, musique expérimentale, électronique, chant traditionnel, poésie et narration visuelle, pour interroger la compassion, le sacrifice et la transmission. 

Place à la voix

On se la répète de port en port… Et pourtant, l’histoire de Billy Budd reste une énigme : comment ce beau marin apprécié de tous a-t-il pu finir criminel, pendu à la vergue de son navire ? Le génial Britten (1913-1976) et ses librettistes s’étaient saisis de ce court roman inachevé de Melville pour en créer un opéra. Le compositeur britannique Olivier Leith, reconnu pour son approche expérimentale, mêlant musique classique, électronique et influences visuelles, en propose une adaptation musicale au format opéra de chambre avec six chanteurs – issus de la Résidence Voix de l’Académie 2025 – et mis en scène par l’Américain Ted Huffmann qui revient pour la quatrième fois à Aix. Il y interrogera la dimension queer de l’œuvre et proposera une méditation politique et métaphysique sur ce qui fait notre humanité, cimente ou anéantit une collectivité.

Deux œuvres majeures du répertoire romantique seront présentées en version concertante. Les Pêcheurs de perles, premier opéra de Bizet aux lignes mélodiques envoûtantes et son atmosphère orientalisante, dirigée par Marc Minkowski avec les Musiciens du Louvre et le Chœur de l’Opéra Grand Avignon. Et La Forza del destino de Verdi, cette fresque tragique où le destin s’acharne avec une intensité presque shakespearienne portée par Daniele Rustioni et le Chœur et orchestre de l’Opéra de Lyon. L’événement signe la première collaboration avec Les Chorégies d’Orange

Le festival accueillera aussi des récitals très attendus, notamment ceux du contre-ténor Jakub Józef Orliński, virtuose aussi à l’aise dans le baroque que dans la breakdance et du ténor Jonas Kaufmann, monument incontournable de la scène lyrique internationale, dont la venue dans un programme Strauss, Mahler, s’annonce comme l’un des événements phares de l’édition.

En attendant la nomination officielle dans les mois à venir du successeur de Pierre Audi, la direction artistique de l’événement a été confiée à Bernard Foccroulle. Directeur général du Festival de 2007 à 2018, c’est peu dire qu’il connaît bien la maison. Il sera chargé d’assurer la continuité de cette édition si particulière. 

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Festival d’Aix-en-Provence
Du 4 au 21 juillet
Divers lieux 

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À Vitrolles, la dub provençale 

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SR. Wilson © X-DR

Chaque été depuis 2010, l’association Musical Riot propose un rendez-vous connu de tous les amateurs de reggae de la région, sinon de France. D’abord installé à Aix-en-Provence puis à Vitrolles au Domaine de Fontblanche, le Dub Station Festival avait finalement pris place l’an dernier dans le Stadium de Vitrolles. L’édition 2024 réussie, il retourne ici pour une deuxième année, les 27 et 28 juin, pour des grosses basses, du soir au matin. 

La première soirée rentre directement dans le vif, avec le très attendu DJ set reggae de Stand High Patrol, connu pour s’accompagner sur scène d’une… trompette. Attendu aussi, le Woodblocks sound system venu de Grenoble, qui devrait assurer un show à la qualité artistique et technique enthousiasmante. Le même soir, on attendra aussi une touche jazz, avec le feat réunissant MrZebre et Fransax, ou encore Alpha Stappal et Rootical 45

La deuxième soirée accueille ensuite une des têtes d’affiche du festival avec les excellents suisses d’O.B.F. Soundsystem, qui tournent depuis déjà 20 ans, et dont la réputation d’excellence n’est plus à prouver dans le milieu. Une multitude d’artistes marcheront dans leurs pas, avec notamment Charlie PWise RockersEsaïa ou le Boxmen Crew

« All tribes, welcome ! »

Cette année encore les artistes invité·e·s représentent une belle diversité de cultures et de styles musicaux… Mais pas tellement de genre, la programmation étant cette année encore essentiellement masculine. À l’image de la scène reggae ? 

SONIA CONDESSE 

Dub Station Festival
27 et 28 juin
Stadium de Vitrolles

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Caraïbes, Asie, et Miramas 

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Queen Rima © X-DR

C’est un rendez-vous qui tient à ses principes. Depuis 1994, le festival Nuit Métis offre une programmation marquée par le voyage, la découverte, et le tout gratuitement. Pour ne rien gâcher à l’affaire, c’est dans le cadre plus qu’agréable du plan d’eau de Saint-Suspi qu’il se tient cette année encore, avec Nuits Métis avec un accent particulier sur les musiques caribéennes. Une 32e édition à découvrir du 24 au 28 juin.

C’est à la MJC Miramas que s’ouvre cette nouvelle édition, avec en invité le duo Yacarés et son du reggae funk-rock aux sonorités latines. Le même soir, il faudra se déplacer au théâtreLa Colonne, où Diva Syndicat met à l’honneur l’histoire des femmes dans la musique sous un angle humoristique et burlesque.

Les jours suivants se passent au plan d’eau de Saint-Suspi avec des belles têtes d’affiche. Le duo marseillais Baja Frequencia qui mêle acid techno, dub, électro et reggaeton. Le lendemain, la chanteuse brésilienne Flavia Coelho rend hommage aux femmes avec son nouvel album Ginga entre ballades sensibles et rythmes cariocas ou baile funk.

Parmi les autres artistes à être sur scène se trouve Baby Sharon, qui incarne la nouvelle génération décomplexée et combattante, d’une voix agile et bluesy, sur du nu-soul, jazzhouse, hip hop et reggaeton. Passe aussi Shubiao Quartet qui allie transes et chant diphonique avecle XXIe siècle européen.

Avant la clôture du festival par Queen Rima, le binôme Olkan & la Vipère rouge propose une techno organique et méditerranéenne, alimentée de saz, de guitare, voix et percussions,sur des effluves turcs et des rythmes du Maghreb. 

Nuits Métis met également en avant les fanfares, avec notamment la Batucada de la famille Géant ainsi que le Bioco fanfare Ulalaô qui déambuleront chaque soir parmi les festivaliers. 

LAVINIA SCOTT

Nuits Métis à Marseille aussi 

En amont du festival, le 20 juin, un concentré de Nuits Métis est donné sur le toit de la Friche la Belle de Mai à l’occasion d’une de ses soirées « On Air ». Sur scène, la chanteuse guinéenne, reine du dance hall, Queen Rima, débute la soirée avec ses rythmes reggaeton sur ses paroles féministes et engagées. Elle est suivie des déambulations de l’ensemble percussif Batucada de la famille Géant, qui réunit des dizaines d’artistes professionnels et amateurs sous la direction de Laurent Rigaud. Ils sont accompagnés d’une famille de marionnettes géantes créée par la Cie Caramantran. Pour finir, la Cie s’évapore allie acrobaties circassiennes, musique improvisée et « radiophonie et paysage ». L.S.
Nuits Métis
Du 24 au 28 juin
Au Théâtre La Colonne, la MJC 
et le plan d’eau Saint-Suspi, Miramas

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Embrun de liberté 

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Le Peuple de l'herbe © X-DR

Quel meilleur contexte que celui de la militarisation générale pour revendiquer la culture hippie ? Cette année encore, l’association Kaya installe deux scènes en haut des falaises des jardins du Roc d’Embrun du 11 au 13 juillet, pour la 14e édition du Trad’in Festival. La programmation de cette année se veut festive et engagée, partagée entre rock, fanfare, et bien des styles qui couvrent une belle diversité des musiques de notre monde.  

L’événement s’ouvre avec rythme et guitare électrique. Le groupe de metalcore Helixia, qui émerge de la scène haut-alpine, et qui se produira pour la première fois dans ce festival. Pour un anarchisme désabusé et festif, voici Poésie zéro, dont la simplicité des paroles nous ferait presque oublier leur caractère révolutionnaire. Toujours dans le punk rock français, vient ensuite Didier super et sa plume aussi ironique que sa voix. Enfin dans un registre radicalement différent, Shental nous fait voyager entre Allemagne et rythmes des Balkans aux airs de fanfare.

Le monde est violon 

La deuxième soirée met à l’honneur la culture occitane, dans les textes engagés de Nux Vomica et Goulamas’K, dans une ambiance festive orientée reggae. Mais aussi des sonorités électroniques, couvrant un large spectre. La cumbia et chamamé de La Yegros ; et le hip-hop/reggae des historiques Le peuple de l’herbe

Le festival se clôture le 13 juillet en toute mixité. On part avec de la cornemuse et du rock celtique des Toxic frogs, on passe par le violon en rythme latino de Orange blossom, et on finit avec des cuivres et du rock alternatif, avec La Ruda. Sans oublier la première partie mystère, et le bal en occitan qui commencera dès 17 h. 


SONIA CONDESSE

Trad’in Festival 
Du 11 au 13 juillet
Jardins du Roc, Embrun 

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Déambuler dans les jardins aixois

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Philippe Azema , Axe des cents crayons, Circa 2019. Peinture : encre. 64 x 51 cm © X-DR

Depuis 2007, sous l’impulsion d’Andréa Ferréol, comédienne passionnée à la verve piquante, les Flâneries d’Art Contemporain ouvrent chaque année les portes des plus beauxjardins privés du quartier Mazarin à Aix-en-Provence. On y flâne, on s’émerveille, on rencontre, on partage. Cette manifestation gratuite, est portée par l’association Aix en Œuvresqui met à l’honneur l’art contemporain sous toutes ses formes. 

L’édition 2025 est particulière puisqu’elle coïncide avec l’Année Cézanne, célébrée par la Ville d’Aix. Hommages seront rendus au peintre dans une ambiance à la fois intimiste et festive. Pas de grand discours, mais des voix : celles de comédiens Sophie Barjac, Bruno Raffaelli, Jacques Pessis lisant sa correspondance dont ses échanges rugueux et tendres avec Émile Zola. Ils seront accompagnés de musiciens, comme Alexis Tcholakian. De son côté, Michel Fraisset, historien de l’art, viendra, éclairer l’œuvre du peintre. D’autres célébrationssurgiront aussi, ici ou là, au détour d’un bosquet, comme une lecture inattendue de textes de Pierre Dac.

Une galerie à ciel ouvert

Dans ces jardins extraordinaires, transformés en galerie à ciel ouvert se croisent toutes les disciplines. Quatorze artistes plasticiens, viendront partager leurs mondes entre sculpture, photographie, assemblage de ferraille ou création de bijoux. On pourra admirer les œuvres de David David, David Mansot, Philippe Azéma, Wilfrid Bricourt ou du Tunisien Foued Mokrani

On appréciera particulièrement l’univers du Belge Fabrice Magnée. Autodidacte et poète du métal, il assemble de vieux clous – certains ont mille ans –, récupérés sur des chantiers ou des édifices religieux pour créer des personnages porteurs de la mémoire ouvrière.

On va découvrir également le travail singulier de la peintre arménienne Evgenia Saré. Formée aux Beaux-Arts d’Erevan, elle étonne avec ses petits elfes baroques semblant sortisd’un tableau de Jérôme Bosch. Laissons-nous porter enfin par la poésie des sculptures textiles touchantes et vivantes de Rebecca Campeau ou des oliviers de la dessinatrice aixoise Véronique Lecoq qui façonne des œuvres épurées en puisant son inspiration dans la nature.

Côté musique, les instants suspendus ne manqueront pas : le public pourra entendre les clarinettes d’Auguste Voisin et Benoît Philippe, la harpe d’Ameylia Saad Wu, le violon de Christian Fromentin, ou Gayané Gharagyozyan, jeune pianiste prodige de 14 ans. Le duoformé par Léa Desandre et Thomas Dunford promet un moment de grâce baroque au luth et à la voix.

De son côté, la comédienne Christine Murillo jouera Pauline et Carton ; Alex Vizorek mêlera humour et musique dans Fou de sport, en duo avec l’accordéoniste Pascal Contet et Clément Fréze, mentaliste facétieux et bluffant, qui fait perdre la boule. Deux jeunes danseurs, Laura Deleaz et Lorenzo Dallaï, offriront une performance poétique dans les allées. Et pour la première année, les enfants seront de la fête : les clowns Pipoune et Henri, les accueilleront dans un jardin rien que pour eux.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Flâneries d’art contemporain 
Du 20 au 22 juin 
Divers lieux, Aix-en-Provence

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Brel

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BREL, Anne Teresa De Keersmaeker et Solal Mariotte, 2025 © Anne Van Aerschot

Anne Teresa de Keersmaeker conjugue toujours intimement sa danse avec les musiques qu’elle choisit. Qu’elle soit contemporaine, répétitive, impressionniste, renaissante, classique ou hip-hop, elle sait toujours faire voir ce qui en fait l’essence. 

En traçant des cercles sur le sol, en suivant les chemins de chaque instrument, en retraçant les voies des mélodies et contrechamps, en s’attardant au boisement d’un timbre, elle fait surgir en images et en mouvements, en progression dramatique, le sens des sons, traversant pourtant des univers musicaux très différents qu’elle semble, chaque fois, appréhender dans leurs architectures.

C’est avec Solal Mariotte, merveilleux danseur de breakdance formé aussi à PARTS, qu’elle va remonter sur scène pour danser les chansons de Brel. On se souvient avec quelle douceur et intensité elle avait dansé les chansons de Joan Baez il y a 20 ans. Quelle essence vont-ils, tous deux, faire sortir de Brel, au sein de l’intimidante carrière Boulbon et de sa pierre nue ? Sa théâtralité, ses gestes, ses rythmes, ses envolées, le sens de ses mots ? Sans doute une vision que nous avons déjà tous en tête, sans en avoir tout à fait conscience… 

AGNÈS FRESCHEL

Du 6 au 20 juillet
Carrière de Boulbon

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Radio Live, accueillir la rencontre

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Radio Live,Aurélie Charon©MatthieuCamilleColin
Radio Live, Aurélie Charon © Matthieu Camille Colin

Zébuline. Avec Radio Live, vous donnez la parole à des jeunes de différents pays, avec des expériences diverses. Comment font-ils « génération » ? 

Amélie BoninCe n’est pas juste une question d’âge. Ils partagent aussi souvent un idéal de société, des préoccupations, un rapport à la famille… pas mal de choses finalement.

Aurélie Charon. Quand on a commencé, il y a dix ans, tout le monde avait autour de 25 ans, et nous aussi. Forcément, ceux qui sont restés en ont 10 de plus. Et la plus jeune a 22 ans. On a donc élargi le terme « génération ». Ils n’en sont pas au même moment de leur vie, mais ont tous en commun de ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est, et d’essayer de le modifier en inventant des choses. 

Pourquoi avoir porté ce projet sur scène ? 

A.C. Avec la radio, on pouvait voyager, rencontrer des personnes différentes, mais elles ne se rencontraient pas. La scène nous a permis de provoquer des rencontres qui n’auraient pas pu ou pas dû avoir lieu. Par ailleurs, il y a des choses qui peuvent se dire sur scène qui ne se diraient pas à la radio, parce que c’est un espace préservé, éphémère, pas comme une émission de radio qu’on peut partager sur tous les réseaux. 

La parole est improvisée. Ils peuvent choisir ce qu’ils disent, s’ils ont envie de dire. Ils ont la liberté de ne pas raconter exactement la même chose d’un soir à l’autre. 

La scène permet aussi une rencontre avec le public.

A.C. Ce qui est important pour nous, c’est que le public puisse passer une heure avec quelqu’un qui a grandi en Ukraine, ou à Gaza, ou en France. Je pense que ça fait du bien à tout le monde d’écouter quelqu’un de différent de nous se raconter. Ça paraît très simple, mais c’est peut-être le plus compliqué aujourd’hui.

Quel dispositif scénique avez-vous créé pour permettre cela ? 

A.B. Il y a un côté plurimédia qui vient, je pense, de notre envie de conserver quelque chose de vivant. Je connais le conducteur d’Aurélie, je sais vers où elle va aller. Je connais aussi la vie des personnes qui sont sur scène, donc il y a des réponses que je peux supposer. Je prépare des dessins, des photos, des images, des idées visuelles qui me semblent pouvoir entrer en résonance avec ce qui va être dit. Ensuite, c’est un savant mélange entre ce qui a été anticipé, et une écoute au plateau qui permet de rebondir, en chopant des phrases, en improvisant un dessin.

Vous présentez trois chapitres de Radio Live au Festival d’Avignon. Comment se construit ce triptyque ? 

A.C. Il y a des préoccupations communes, comme la question de la réconciliation. Elle n’est pas résolue, évidemment, mais elle est au cœur de toutes les vies qui se racontent et c’est un enjeu vital pour tous les endroits qu’on a parcourus.

Dans Vivantes, trois femmes d’Ukraine, de Bosnie et de Syrie sont parties ensemble à Sarajevo pour questionner la société d’après-guerre.

Nos vies à venir porte sur le Liban, la Syrie et Gaza. On est partis au Liban, où la question de la reconstruction, aux sens propre et figuré, se pose fortement. L’idée est de parler de ce qu’on construit aujourd’hui pour le futur.

Et pour uni·e·s, on est parti au Rwanda. La question de la justice est au centre de ce chapitre. Mais c’est aussi réunir des identités multiples : une franco-marocaine, un palestinien-syrien et un rwandais-congolais. Ce sont des gens qui n’ont pas envie de choisir et qui s’inventent à partir de ça.

Les chapitres sont indépendants, mais quand on voit les trois à la suite, c’est comme un relais de récits, d’autres lignes de sens qui s’ouvrent. 

PROPOS RECUEILLIS PAR CHLOÉ MACAIRE 

Chapitre 1 : Vivantes - 14 et 19 juillet 
Chapitre 2 : Nos vies à venir - 15 et 20 juillet 
Chapitre 3 : Réuni·es - 16 et 21 juillet 
Chapitre 1, 2, 3 : Intégrale - 18 juillet


Théâtre Benoît-XII, Avignon

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