lundi 25 août 2025
No menu items!
Cliquez sur l'image pour vous abonnerspot_img
Accueil Blog Page 23

30 bougies à ciel ouvert

0
ciné
© Laetitia Møller : Les Films du Bilboquet

Voilà trente ans que chaque été, des toiles se déploient dans les nuits marseillaises à l’occasion du festival Ciné Plein-Air. Elles sortent des salles de cinéma pour offrir à un public intergénérationnel de plus en plus nombreux au fil des années, des films de tous formats, de tous registres, anciens ou récents, en VF ou en VOST. Trente ans : des noces de perle avec Phocée, scellées par l’amour du cinéma et une philosophie du partage et de la transmission. 

Cette année, La Ciotat rejoint l’aventure à l’occasion des 130 ans de Gaumont avec cinq projections événements au Théâtre de la Mer et au Palais lumière. Comme toujours, les 37 séances marseillaises se déroulent dans des lieux emblématiques de la Ville pendant tout l’été. 

Prestigieux comme La Vieille Charité où on attend Jason et les Argonautes de Din Chaffey, à voir en famille le 31 juillet et L’homme qui a vendu sa peau de Kaouther Ben Hania le 26 août. Le site archéologique du Port antique qui accueille entre autres, des films patrimoine : l’exquise Heure exquise de René Allio et un ciné concert autour de Cœur Fidèle de Jean Epstein

Dans les musées et les festivals 

Et le Mucem bien sûr, où, parmi tant d’autres événements, le monolithe de l’Odyssée de l’espace de Stanley kubrick devrait faire escale le 16 juillet, Le Château dans le ciel d’Hayao Miyazaki flotter le 23 juillet, devant les yeux émerveillés des petits et des grands.Et où le 30 juillet, les extraterrestres de Premier Contact réalisé par Denis Villeneuve, se poseront tandis que les explorateurs d’Interstellar de Christopher Nolan, franchiront le 20 août, les limites de la galaxie. Autre musée mais plus au sud, il ne faut pas rater, pour leur pétillance et leur humour, les courts-métrages d’Agnès Varda le 10 juillet au Mac. 

Comme dans les précédentes éditions, des collaborations précieuses avec d’autres structures dont le Festival de Marseille ou Ciao MOKA. On pourra dans ce cadre, retrouver,le 30 juin, les chanteurs autistes du groupe Astéréotypie, dans le documentaire musical de Lætitia Möller L’Energie positive des lieux. Et le 18 juillet, la tribu fantasque et marginale de Gelsomina dans Les Merveilles d’Alice Rohrwacher – une lumineuse ode à l’enfance –, Grand Prix du jury cannois en 2014.

Pour sa troisième décennie sous les étoiles, porté par les Écrans du Sud, Ciné Plein-Air qui a cumulé en 2024, 11 244 spectateurs, continue à croire à la sienne. Souhaitons à ce projet,ambitieux par sa durée, le nombre de projections proposées, la multiplicité des sites, en plus d’une météo favorable, d’atteindre une fois de plus ses objectifs et le cœur des publics.

ÉLISE PADOVANI

Ciné Plein-Air 
Du 30 juin au 26 septembre 
Divers lieux, Marseille
Infos sur cinepleinairmarseille.fr

Retrouvez nos articles Cinéma ici

Diasporik : D’El Andalus à Marseille

0
fouad didi
© S.C.

Né en 1964 à Tlemcen (Algérie), Fouad Didi baigne dès l’enfance dans les traditions musicales de sa ville natale, réputée pour son école intimiste, ornementée et spirituelle de la musique araboandalouse . Son père, membre d’une confrérie où se chantaient des hymnes sacrés, l’initie aux percussions (bendîr, darbouka) et à la mandoline. Mais c’est le violon, sous l’orientation de Yahia El Ghoul, qui devient son instrument de prédilection, aux côtés du oud (luth).

Formé aux répertoires classiques des maîtres Abdelkrim Dali, Redouane Bensari, et guidé par des Cheikhs tels que Brixi ou Ahmed Malti, Fouad Didi est un virtuose du violon et incarne la transmission orale des traditions tlemcéniennes.

L’école de Tlemcen et ses noubas

L’univers araboandalou repose sur le concept de nouba, suite modale structurée en plusieurs mouvements rythmiques (mîzān) de lents aux rapides. Tlemcen conserve 11 noubas majeures, réputées pour leurs ornementations subtiles, leur voix solistes puissantes et un violon lyrique porté vers l’expressivité.

Entre musique sacrée et musique savante, le répertoire arabo-andalou est sauvegardé durant la colonisation et constitue une notabilité puissante et ancienne en Afrique du Nord, avec une esthétique codifiée, influençant depuis des répertoires plus populaires comme le chaâbi. 

Cette esthétique « pleine de tarab » (extase) est à la fois précise dans son architecture et émotive dans sa transmission, un équilibre que Fouad Didi incarne pleinement.

Pédagogue et passeur 

Installé à Marseille depuis 1996, Fouad Didi, titulaire du Diplôme d’État et du Certificat d’Aptitude pour les musiques traditionnelles, enseigne à la Cité de la musique de Marseille, au Conservatoire de Toulon et à l’Institut des Musiques du Monde d’Aubagne, tout en dirigeant l’Orchestre Tarab, formé de musiciens issus des écoles de Tlemcen et d’Alger. Il y propose ateliers, masterclasses et formations, autour des formes classiques (nouba, hawzi) et populaires (chaâbi, melhoun), montrant ainsi la richesse évolutive du répertoire.

Passeur depuis plus de 30 ans, il contribue à l’émergence et la professionnalisation de nouveaux artistes, tels que Nadir Ben dont le premier album Maturity, Al Roshd paraît à l’automne prochain, suite à une série de concerts en France et en Algérie.

SAMIA CHABANI

Fouad Didi et son orchestre
les 24 et 25 juin
Cité de la musique de Marseille

Retrouvez nos articles Musiques ici


Nos articles Diasporik, conçus en collaboration avec l’association Ancrages sont également disponible en intégralité sur leur site

19h51 Une nuit à Gaza 

0
L’installation Lumineuse In Situ par Matthieu Bouchain © Thibaut Carceller

19h51, c’est l’heure exacte à laquelle va se coucher le soleil sur la bande de Gaza ce 30 juin. C’est aussi l’heure à laquelle résonneront les poèmes de trois auteurs·ices palestiniens, toujours emprisonné·e·s dans ce territoire bombardé sans relâche par Israël. 

Sur scène, des comédien·nes toulonnais·es s’empareront des textes de Nour Elassy – autrice et journaliste pour Associated Press – mais aussi de Hanan Azaiza et Anwr Yousef – qui partage son quotidien de guerre à travers la poésie sur Instagram. Autant de paroles nécessaires, face à l’oubli du monde pour ce territoire martyrisé. 

30 juin
Le Liberté, Scène nationale de Toulon

L’été en l’air

0
été
© X-DR

Il s’en réjouit : « malgré la multiplication des toits-terrasses à Marseille, le succès de celui de la Friche ne se dément pas ». 49 000 personnes ont fréquenté les soirées On Air l’an passé, un chiffre en hausse, souligne le directeur de la Friche La Belle de Mai Alban Corbier-Labasse. Autant, au moins, sont attendues cette année, jusqu’au 6 septembre. Même en comptant le public exonéré d’un droit d’entrée passé à 6 € via le dispositif Ticket Toit : les jeunes de moins de 18 ans, bénéficiaires du RSA et du Minimum vieillesse sont invités, de même que les usagers des structures sociales des environs. 

Un moyen pour la Friche de montrer sa solidarité avec les habitants d’un quartier marqué par la précarité économique. « On fait tout ce qu’il nous est possible en terme d’hospitalité », revendiquait Alban Corbier-Labasse lors de la conférence de presse qui annonçait sa programmation estivale : accueillir des artistes réfugiés de Gaza ou des étudiants de l’Université de Mayotte, soutenir SOS Méditerranée… Et même l’élargir aux non-humains, le site de 45 000 m2 ayant vocation à devenir refuge de biodiversité, en renaturant plusieurs de ses espaces.

On Air : Lives et DJ sets

© Yohanna Lamoulère

Tous les vendredis et samedis soir de l’été, rendez-vous donc sur le toit-terrasse, avec il est vrai une vue somptueuse sur Marseille, pour écouter de la bonne musique et pique-niquer ou boire un verre. Comme chaque année, une large place est réservée aux structures culturelles résidant à la Friche. Radio Grenouille, en particulier, aux manettes pour plusieurs dates, après avoir donné le coup d’envoi des soirées On Air le 13 juin. 

Son ambition : trouver la bande son parfaite des nuits phocéennes, en recourant aux joies de la pop façon Social Dance, à du hip-hop old school envoyé par deux DJettes bouillantes, Cali et Lina, ou encore au raï et chaâbi de Sami Galbi, jusqu’aux inspirations latines et afro-caribéennes de DJ Mystique (25 juillet et 30 août). Le Cabaret Aléatoire va lui aussi chauffer les platines : le 28 juin, avec le collectif de DJing inclusif Move Ur Gambettes, il promet une ambiance bass music-techno-house, et le 26 juillet, Jack de Marseille invite Did Virgo et un artiste surprise. 

Mais avant cela, lors de la fête de la musique, le 21 juin, les deux structures s’allient avec l’AMI et Bi:Pole, autres comparses des musiques actuelles à la Friche, pour un live inédit de deux artistes marocains, Syqlone et Mehdi Black Wind, et afin d’accompagner jusqu’au bout votre énergie festive, DJ Kasbah

Il ne faudra pas rater non plus les dates réservées aux festivals partenaires [que nous retrouvons ailleurs dans le magazine] : les Nuits Métis, le 20 juin, avec le reggaeton de Queen Rima, mais aussi du cirque, des marionnettes et une batucada ; les Suds à Arles, le 27 juin ; L’art attrape et la Mesón (Marc Prepus / Tumulte), le 4 juillet ; Marsatac, le 12 juillet pour une soirée très rap (La Frappe / ADN / Crams) ; ou encore Folks, pour revisiter les musiques traditionnelles, le 8 août. La soirée de clôture de saison se fera le 6 septembre, aux côtés d’une DJ techno, Vanessa M, programmée par le festival Utopia en avant-goût de sa 4e édition. 

Sur les cimaises

En dehors des ambiances festives, il y aura de quoi nourrir son regard artistique à la Friche cet été. Si la Surexposition du MauMA s’achève le 15 juin, depuis la fin mai, Le dernier cri a ouvert sa galerie au Belgium Summer, la crème de la scène « undergraphique » belge, à découvrir jusqu’au 24 septembre. Le 27 juin, trois expositions importantes débutent, pour s’achever le 28 septembre. 

© Nola

Tipping Point invite des Belges également : dix artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles exposent leurs œuvres à Marseille, au côté de deux artistes locales, Amandine Guruceaga et Charlotte Gautier Van Tour. Sur une proposition de Fræme, avec Botanique et l’Iselp, ils ont travaillé sur le point de non retour auquel parvient une société incapable de freiner son hubris. Effondrements écologiques, emballement numérique, polarisation politique… Autant de thèmes qui ne manquent pas dans nos fils d’actualité.

Triangle-Astérides présente de son côté Les mensonges du météorologue, une exposition personnelle de Madison Bycroft. Conçue autour de son film The sauce of all order, elle prend une forme originale : « un environnement terreux qui offre une continuité avec l’image de la taupinière ». 

Et enfin, Viens avec moi, en entrée libre dans la galerie de la Salle des machines, est une proposition collective des Ateliers La Fosse et Les Rhizomes. Frédéric Arcos, Mathieu Herreman, Nathalie Hugues et Noémie Privat, tous plasticiens de la Belle de Mai, croisent leurs œuvres sur le thème de la marche, du corps et du geste dans l’espace urbain.

À l’orée de l’été, s’ajouteront l’exposition des diplomé·es 2025 des Beaux Arts de Marseille (vernissage le 29 août), et bien-sûr Art-o-Rama, salon de l’art contemporain, qui rassemblera une centaine d’artistes pour sa 19e édition, du 30 août au 1er septembre.

GAËLLE CLOAREC

Friche La Belle de Mai
Marseille

Retrouvez nos articles Scènes ici

Cézanne des hauteurs

0
cézanne
Atelier des Lauves © Sophie Spiteri

À l’occasion de l’Année Cézanne, la ville d’Aix-en-Provence célèbre l’artiste en réinvestissant les lieux mêmes de sa création. Du 28 juin au 12 octobre, le musée Granet propose une grande exposition consacrée au Jas de Bouffan, bastide familiale où Cézanne peignit entre 1859 et 1899. Le lieu, exceptionnellement ouvert au public, révèle des fragments de fresques récemment découverts, témoins précieux d’une période d’expérimentation encore peu explorée. 

Plus d’une centaine d’œuvres, issues des plus prestigieuses institutions internationales, permettront de reconstituer le foisonnement créatif de ces années fondatrices. Ce parcours se prolonge à l’atelier des Lauves, conservé dans son état d’origine, et dans les carrières de Bibémus, où la roche ocre devient architecture picturale. Autant de lieux emblématiques où l’on peut ressentir, au plus près, la naissance de la modernité.

« Moi vivant, aucun Cézanne 
n’entrera au musée.
 »

Dans le cadre de l’Année Cézanne, la ville d’Aix-en-Provence nous invite ainsi à une multiplicité de regards sur son œuvre. Outre l’exposition consacrée aux tout petits à la Manufacture ouverte en février dernier, deux autres musées s’intéresseront quant à eux à la réception de son œuvre. Et proposeront deux autres récits pour tenter de cerner la complexité du lien entre le peintre et sa ville natale. Le musée du Vieil Aix d’un côté, avec Cézanne vu d’Aix. Entre légende et mémoire collective (du 6 juin au 4 janvier 2026), et le Pavillon de Vendôme de l’autre, avec L’expo des expos – Cézanne au Pavillon de Vendôme en 1956 et 1961 (du 19 juin au 2 novembre).

Au musée du Vieil Aix, c’est un Cézanne contesté, parfois honni, que l’on redécouvre. L’exposition interroge la réception locale de l’œuvre cézannienne à la fin du XIXe siècle et au début du XXe : une histoire faite de désamour, de mépris, voire de rejet pur et simple. Car Aix n’a pas toujours vu en Cézanne le génie que Paris, puis le monde, ont célébré par la suite. Il fallait oser une telle mise en abîme dans un lieu d’histoire locale. Il fallait surtout revenir à cette formule assassine d’Henri Pontier, conservateur du musée d’Aix vers 1900 : « Moi vivant, aucun Cézanne n’entrera au musée. » 

À quelques rues de-là, le Pavillon de Vendôme s’attèle quant à lui à retracer deux épisodes fondateurs de cette réhabilitation : les expositions de 1956 et 1961, qui marquent un tournant dans la reconnaissance locale de l’artiste. Avec L’expo des expos, l’équipe du musée offre un retour enthousiasmant sur ces moments où Aix a, enfin, osé montrer Cézanne. En 1956, ce sont 90 œuvres qui investissent les murs du pavillon, dans une exposition montée à la hâte mais qui crée l’événement. Puis vient 1961, et son fait divers retentissant : huit œuvres sont dérobées dans la nuit du 12 au 13 août. Parmi les toiles envolées, Les joueurs de cartes du Louvre. L’affaire passionne, inquiète, défraye la chronique. Elle rappelle aujourd’hui la naissance peu commune d’un mythe désormais fondateur.

SUZANNE CANESSA

Année Cezanne 
2025 et un peu plus
Divers lieux, Aix-en-Provence

Retrouvez nos articles Arts-Visuels ici

Voix en liberté

0
voix
© Ulrich Lebeuf

Emmenée par Musicatreize – Centre national d’art vocal depuis 2020 –, l’intercommunalité Dracénie Provence Verdon Agglomération accueille une série d’événements qui célèbrent le chant choral sous toutes ses formes.

Ce festival d’envergure à l’initiative de la Fondation nationale Bettencourt-Schueller déploie cette année plus de 70 concerts à travers six régions. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est dans les villages de Claviers, Callas et Bargemon que se concentrera une programmation à la fois exigeante et accessible, portée autant par des ensembles prestigieux que par des chœurs amateurs.

Le coup d’envoi sera donné le 27 juin dans une ambiance interculturelle. À Claviers, le chœur Coràson proposera un moment musical autour des chants du monde, tandis qu’à Callas, Crema entonnera des airs de musiques actuelles revisités pour chœur. Le soir, la spiritualité s’invitera à Bargemon, avec un voyage à travers les polyphonies sacrées et traditionnelles mené par le chœur Thelia.

Pique-nique chanté

Le samedi, la journée débutera en immersion avec un stage de chant choral ouvert au public, pendant que les rues et places de Callas vibreront au rythme des voix de Coràson. À Claviers, les promeneurs pourront faire halte autour d’un pique-nique chanté, entre fontaine et montagne dans un esprit de douceur estivale.

L’après-midi, le public sera invité à découvrir l’ensemble vocal Musicatreize en répétition ouverte, offrant un rare aperçu du travail vocal en cours. La journée s’achèvera à Callas avec une opérette chorale, Les Travaux d’Hercule, fruit d’un partenariat entre l’ensemble vocal Musicatreize et l’orchestre BruMe.

Le dimanche, la musique se vivra en famille dès le matin, avec un atelier parent-enfant animé par Adèle Pons. Un nouveau pique-nique musical réunira les promeneurs dans la nature de Callas, avant que les concerts ne reprennent dans les salles et les églises, du répertoire sacré à l’invitation au voyage.

Concerts en campagne

La journée s’achèvera sur un best-of festif réunissant les chœurs participants, suivi d’un dernier grand concert dans le cadre magique du théâtre de Verdure par Musicatreize aux côtés des instrumentistes d’United Berlin. On pourra entendre Chansons folkloriques (1964) de Luciano Berio – compositeur italien de musique contemporaine, proche de Pierre Boulez,connu entre autre comme pour avoir libéré la voix des cadres classiques. Suivra Ark (2025) une commande au compositeur Luca Antignani pour le 100e anniversaire de la naissance du premier. 

Avec Chants Libres, la Fondation Bettencourt réaffirme son engagement de longue date pour le chant choral : non pas comme simple discipline musicale, mais comme vecteur d’épanouissement personnel, de mixité sociale et de solidarité vivante.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Chants libres
Du 27 au 29 juin
Divers lieux, Var

Retrouvez nos articles Musiques ici

Encore Encore… 5 ans ! 

0
Encore Encore
Encore Encore © Marpessa Sigue

Mous·lles du genou, vous êtes les bienvenu·es, mais vous serez probablement déçu·es. Pour sa cinquième édition, du 27 au 29 juin, le festival Encore Encore a un objectif : vous faire danser toute la nuit, et la journée. Le tout avec une jauge limitée, qui confère à ce rendez-vous une ambiance certes festive mais agréable – ici pas de queues d’une heure pour manger, boire, ou le reste – le public a de la place pour s’exprimer, dans l’ambiance bucolique et verte de Correns. 

Pour la fête, place à la DJ et militante Cashu, figure de la scène queer brésilienne, qui poser ses sonorités d’ici et d’ailleurs. On attend aussi La Coya, dont la voix, le rythme, et la prestance ne laisseront pas indifférent·es les amateur·ices de cumbia. Ou Waralu, qui vient de Buenos Aires pour un B2B avec Schön Paul. Le 28 on continue de mélanger les styles, avec le DJ set partagé entre Abstraxion, cofondateur du festival, et l’éclectique Olympe4000Cheapjewels appelle à expier sa colère en criant et sautant sur des basses aussi énervées que nous. Bouger encore, sur le DJ set de Eliott Litrowksi ; ou sur celui de Vulva vitamina

N’oublions pas les habituelles activités sportives proposées par le festival : foot avec le Drama Queer Football Club de Marseille, pétanque, yoga… Une programmation très riche donc, à laquelle s’ajoute cette année une pièce de théâtre, de la compagnie lilloise La Drache

5 ans et militant

Le bébé du collectif le Laboratoire des possibles a bien grandi. Mais il n’oublie pas pour autant d’où il vient. Depuis sa première édition, Encore Encore cherche à se rapprocher de l’irréprochable en matière de durabilité. Avec le COFEES (le collectif des festivals éco-responsables en Région Sud), tout est réfléchi en économie et en réduction, comme le transport des artistes sans avion par exemple. Et évidemment, l’accent est mis sur le local, et ça tombe bien parce que la localité, c’est Correns. Ce village complètement bio est ainsi pleinement intégré à l’organisation du festival, que ce soit pour la restauration ou pour le camping dans le champ du voisin. Le festival dispose aussi d’une charte, qui met en avant des comportements éco-friendly à adopter, en toute intransigeance et jovialité. Parce que même les free-partys peuvent se faire dans le respect. 

SONIA CONDESSE

Encore Encore
Du 27 au 29 juin
Théâtre de verdure, Correns

Retrouvez nos articles Musiques ici

Des contes, des sons, les pieds dans l’eau

0
conte
GHETTO KUMBE © Kata Garces

Devant un plan d’eau avec vue sur les montagnes, c’est ici que le Festival Beleza pose ses bagages pour y réciter ses contes et y faire retentir les mélodies du monde. Organisé par l’association Maracâ, assembleurs d’arts, le festival est un vrai voyage à travers le mondependant deux jours. 

Un voyage qui passera notamment par le Brésil. Un stage de chants brésiliens est proposé par lachanteuse du groupe Poplitê ; cinq chanteuses et percussionnistes feront aussi retentir les instruments brésiliens en prônant des valeurs féministes, inclusives, écologistes et sociales dans des rodas, une danse ancestrale de samba en cercle. Performera aussi Electró Faune, un duo deforró électropical…

Les couleurs tropicales teintent aussi la programmation avec Tim Tim BAO BAO, une fusion de percussions afro-latines, également un DJ set de Kookabura, ainsi que du séga maloya réunionnais, un genre majeur à La Réunion où résonne le chant, la mandole, le kayamb et des percussions du groupe Pierrette et ses payettes

Ô conte 

Côté contes, il y aura Dilo, « l’eau » en créole, de la poésie musicale et sensorielle de la compagnie guyanaise Yongwé, assez atypique, car il s’agit d’une poésie « flottante » où la performance prend place sur l’eau et « de préférence au coucher du soleil ». Pour y entendre l’histoire de l’eau de la Guyane, des casques sont distribués, pour une immersion complête au cœur de la forêt amazonienne.

Notons aussi Poil noir, plume noire, conté par de Ladji Diallo, un artiste à plusieurs facettes car comédien, conteur et chanteur, dont l’art du conte lui a été enseigné par le griot malien et burkinabè Sotigui Kouyaté et ses enfants. Dans ce spectacle, son récit emmène le public en Afrique, à la croisée des chemins d’une hyène, d’un bélier, et d’un oiseau. 

LILLI BERTON FOUCHET

Festival Beleza
Les 27 et 28 juin
Plan d’eau de Digne-les-Bains

Retrouvez nos articles Musiques ici et Littérature ici

Six-Fours-les-Plages, Ravel au creux des mains

0
ravel
B.CHAMAYOU © six fours vague classique

Voilà plus de vingt ans que Bertrand Chamayou partage son compagnonnage avec Maurice Ravel, auquel il a consacré un enregistrement inégalé en 2016. Et plusieurs mois qu’il parcourt les scènes lyriques pour l’y déployer dans son intégralité. Loin de toute démonstration, le récital s’est imposé comme une confidence de deux heures et demie.

Dès les premiers accords du Prélude en la mineur, on comprend qu’ici, la clarté sera reine. Nulle emphase ou épate dans l’approche ; tout est mis au service de l’architecture, unique et inimitable, du détail troublant, de l’intelligence musicale. Miroirs s’ouvre sur une Barque sur l’océan évoquant déjà les reflets irisés de Jeux d’eau : à rebours du spectaculaire, le flot ne jaillit pas : il sourd. Il ne cherche pas l’extase, mais l’évidence. 

Une poétique du seuil

Les influences baroques de l’hommage à Chabrier, ou du sublime Tombeau de Couperin demeurent présentes sans se faire écrasantes. La Fugue n’a notamment rien de scolaire : elle respire comme une méditation. Si Bertrand Chamayou rappellera le temps de quelques mots les deux penchants du compositeur, l’un pour l’impressionnisme, l’autre pour les fondements de son art, il prendra soin de laisser ces deux approches non pas s’opposer, mais se compléter. Sa Pavane pour une infante défunte résume peut-être à elle seule ce goût de la synthèse : le chant intérieur y résonne comme un cantus firmus renaissant, tandis que les accords déliés rappellent les esquisses modales de Debussy.

Gaspard de la nuit, sommet tant attendu, tant techniquement qu’interprétativement, est abordé ici comme une traversée intérieure. Ondine tinte de tout son éclat ; Le Gibet s’étend comme une lamentation stoïque, Scarbo voltige sans esbroufe mais avec puissance. La constante mise en tension du texte et du silence impressionne ici par sa justesse.

SUZANNE CANESSA

Concert donné le 13 juin dans le cadre du festival La Vague Classique, Six-Fours-les-Plages.

Retrouvez nos articles Musiques ici

Un Trouvère d’exception

0
trouvère
© Christian DRESSE

Le rideau s’ouvre sur une scène plongée dans le noir. Dans la nuit, les hommes d’armes du Conte di Luna évoquent le passé. On apprend ainsi comment le frère de celui-ci fut enlevé au berceau et assassiné par une bohémienne désireuse de se venger de la famille qui avait fait brûler sa mère pour faits de sorcellerie. Du bébé, on ne retrouva qu’un squelette dans les cendres. Peu à peu se déploie la narration tragique. Deux hommes s’affrontent pour gagner le cœur de la noble Léonora – une Angélique Boudeville qui fait vibrer chaque nuance du rôle avec intensité. 

D’un côté, il y a le Conte de Luna (le baryton roumain Serban Vasile), homme ombrageux détenteur de l’autorité, puissant et brutal, prêt à obtenir par la force ce que la jeune femme lui refuse par le cœur, de l’autre Manrico, troubadour mystérieux et lyrique – interprété magistralement par le ténor, Teodor Ilincäi – a les faveurs de Léonora. Les tensions montentet Manrico est arrêté et condamné à mort. Leonora tente d’obtenir sa grâce en se sacrifiant eten acceptant d’épouser le comte…. Puis, pour échapper à la brute, se donne la mort. Manrico, lui, est exécuté alors que la gitane Azucena (Aude Extrémo), qui l’a enlevé et élevé, après avoir tué dans un accès de folie son propre fils, révèle au Comte qu’il vient de tuer… son propre frère.

Zingarella tragique

On retrouve dans Il Trovatore toute la grande machinerie verdienne : la force, la puissance dudestin qui frappe tragiquement à travers les générations. C’est aussi une magnifique histoired’amour entre une mère Azucena et son fils adoptif Manrico. 

Comme toujours, le compositeur italien fait la part belle aux chœurs, dont le plus célèbre, celui des bohémiens, hymne à La Zingarella, (la gitane) enflamme la salle. Dans les rangscertains fredonnent l’air célébrissime. La chaleur étant de la partie, les éventails s’agitent dans les travées, semblant en résonnances au spectacle qui se déroule sur la scène et dans la fosse avec un orchestre endiablé dirigée avec l’impétuosité expressive du jeune – il n’a que 32 ans– directeur musical italien Michele Spotti, à l’énergie vibrante, précise, galvanisant autant les chœurs que les solistes et donnant à l’œuvre un rythme haletant.

Si la partition met chacun en valeur, la mezzo Aude Extrémo incarne avec une intensité saisissante cette mère torturée, en proie à la douleur et à la folie notamment dans son grand solo ovationné Stride la vampa, dont le cri déchirant semble sortir des entrailles.

Comme à son habitude Louis Désiré offre au public une mise en scène d’une rare élégance,minimaliste, épurée, faisant flirter avec bonheur noir, blanc, rouge, effets de miroir et d’aluminium. Si celle-ci déroute certains spectateurs, plus habitués aux dorures et aux fastesopulents qui accompagnent le plus souvent la musique héroïque de Verdi, on trouve, à l’inverse, que cette esthétique sobre, dépouillée, recueillie laisse toute liberté aux voix, au récit tragique et aux douleurs de s’exprimer avec une vraie profondeur dramatique sans parasiter ni le regard, ni la pensée. Du beau, du très beau Verdi.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Représentation du 10 juin, Opéra de Marseille

Retrouvez nos articles Musiques ici