mercredi 24 décembre 2025
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La langue contre l’oubli

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Reprise attendue du spectacle créé il y a dix-huit ans par le Théâtre du Maquis, La Compagnie des spectres, quipoursuit sa route à L’Ouvre-Boîte (Aix-en-Provence)

Rose et sa fille Louisiane vivent recluses dans une cité. Un huissier frappe à la porte : inventaire avant expulsion. Mais pour Rose, le visiteur n’est autre qu’un envoyé de Darnand, ou pire, du Maréchal « Putain ». Son frère, résistant de 18 ans, a été assassiné par la milice ; depuis, le temps s’est figé.

Sur scène, un quasi-rien de décor : une table, une chaise, un miroir, quelques objets détournés, et c’est tout un monde qui surgit. Pierre Béziers dirige Florence Hautier au plus près du souffle : geste mesuré, parole offerte, justesse du corps. On touche ici à une forme de théâtre d’objet intérieur, où chaque accessoire – paquet de cigarette, verre d’eau – devient relais de mémoire et d’incarnation. Car Florence Hautier incarne tout : la mère, la fille, l’huissier, les spectres… avec une générosité qui refuse l’effet. Une main posée, un ventre ployé, un regard qui se perd : autant de signes minuscules qui suffisent à faire exister l’autre. Elle navigue dans la langue mouvante de Lydie Salvayre avec jubilation et précision, gardant son humour corrosif, sa désespérance, sa tendresse. On rit parfois, mais on tremble aussi : la folie de Rose est une clarté douloureuse sur notre monde.

Car si le texte date de 1997, il résonne en 2025 avec l’inquiétude d’aujourd’hui : celle des expulsions, des frontières, de la peur. La logorrhée maternelle, drôle et tragique, dit aussi l’angoisse d’un présent rongé par la haine de l’autre, collective, institutionnalisée. 18 ans après la première création, l’actrice a voyagé vers la mère, comme si le rôle avait mûri avec elle. Il y gagne sans doute en gravité et en mélancolie.

SUZANNE CANESSA

À venir

La Compagnie des spectres
Les 13, 14, 15 novembre puis les 20, 21 et 22 novembre
Théâtre de L’Ouvre-Boîte, Aix-en-Provence

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HOT, c’est tout show

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Au Recording Studio de Marseille, Cyril Benhamou a présenté en avant-première HOT (Heart of Town), son premier album personnel

Devant un public d’heureux élus, le pianiste marseillais a dévoilé son album en live entouré de ses complices Jérôme Mouriez à la batterie et Pascal Blanc à la basse. Un moment de musique et de partage. Officiellement, HOT (Binaural prod) est son premier disque personnel, mais il a déjà collaboré à de multiples projets.

Le concert s’ouvre sur un morceau inédit absent de l’album. D’emblée la « magie » Benhamou opère : un solo de piano, minéral et limpide, suivi de l’entrée de la batterie, aérienne, avant que la mélodie ne prenne forme. Peu à peu, la basse s’installe, et les variations s’enchaînent. Ces lignes musicales touchent au cœur, comme des réminiscences d’adolescence, de marches rapides dans New York, de paysages qui défilent par la fenêtre d’un train.

Un sacré mélodiste

La musique de Benhamou n’impose rien : elle suggère, ouvre un espace où chacun projette ses images et ses émotions. Puis parfois, la machine s’emballe : accélérations, fougue, allégresse, portée par une section rythmique d’une grande cohésion. C’est vivant, précis, et terriblement beau. Les musiciens enchaînent avec Song for Avi, (après Hip Hop des Kids, le deuxième single tiré de l’album) avec son motif latino en milieu de morceau, qui entre dans la tête pour ne plus vouloir en sortir. Une invitation à la fête, pleine d’énergie et de liberté.

Benhamou revendique son goût pour l’exploration. Son troisième single est une reprise de White Keys de Chilly Gonzales – le morceau n’utilise que les touches blanches du clavier – et qu’il adore confie-t-il. Le résultat : une version jazzy, aux modulations subtiles, qui transforme le dépouillement de l’original en terrain d’improvisation.

« J’ai rêvé d’une danse irlandaise que je ne connais pas mais qui m’a inspiré », poursuit-il. Il en a tiré Irish Dance, qui évoque des quadrilles de danseurs dans un pub où la Guinness coule à flots. Le piano devient violon, s’enflamme, s’apaise en harpe celtique, puis repart dans une virtuosité de gigue endiablée. Un solo de batterie vient clore la pièce sous les applaudissements. L’occasion pour Jérôme Mouriez d’expliquer le rythme utilisé, « un 7/8 décomposé en 3+4 », dont il fait la démonstration tout sourire. Pascal Blanc, explicite-lui aussi sa mission : « Le bassiste, c’est la base du groove. Parfois on part dans des directions si opposées que plus personne ne sait où est le premier temps », ironise-t-il. « Mon rôle, c’est de garder la ligne pour que les copains puissent s’amuser. Si c’est l’autoroute pour eux, c’est que je suis un bon bassiste. Ce qui ne m’empêche pas de faire parfois des échappées ».

Pour conclure le showcase, Benhamou entame Abuelas, hommage à l’amour des grands-mères, une pièce bouleversante où la ligne principale, toujours expressive, est – dixit Benhamou et on confirme – « chialante ». Le début, d’inspiration latine, est joué marcato et se tend comme un fil émotionnel avant de se relâcher dans un souffle de douceur. On y entend l’Espagne, les fêtes populaires, la dramaturgie du flamenco. Puis cette mélodie en boucle, suspendue… qui touche au cœur. C’est superbe, tout simplement. L’album sort le 14 novembre et l’on retrouvera avec bonheur le trio le 6 décembre au Théâtre de l’Œuvre.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Concert donné le 4 novembre au Recording Studio, Marseille.

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Bal magique à La Criée

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L’Agence de Voyages Imaginaires enflamme le dance floor au Théâtre national de Marseille

« Mélangez-vous, osez inviter quelqu’un que vous ne connaissez pas ! » Sous la grosse boule à facettes de la salle Ouranos, la fine équipe de l’Agence de Voyages Imaginaires cueille un public bien disposé à être embarqué dans la danse. Clavier, percus, guitare, clarinette, accordéon, saxophone… Si les regards sont encore un peu timides, les pieds s’élancent, les hanches bougent toutes seules, et très vite le rythme emporte tout dans un grand brouhaha chaleureux.

Nul besoin de connaître les subtilités du swing ou de la cumbia, il suffit de se laisser aller, les airs sont familiers, ou quand ils ne le sont pas, suffisamment entraînants. Bei Mir Bist Du Schoen, l’une des plus fameuses chansons d’amour yiddish, Johnny B. Goode, sommet du rock’n roll des fifties…

« Jusqu’à présent on a rigolé, maintenant on va demander un peu de discipline ! », préviennent les musiciens, dans une salle remplie jusqu’au maximum de sa jauge (470 personnes).

Jeunes et vieux, sportifs et essoufflés se prennent la main pour un cercle circassien, danse du XIXe siècle britannique impliquant de fréquents changements de partenaires. « On ne va vous répartir entre garçons et filles, sinon on va perdre 20 minutes ! Vous serez des citrons et des pastèques. » Entre les bras tendus, des minots se faufilent, grimpent sur les épaules des grands pour participer ; les citrons s’avancent, les pastèques reculent, puis c’est l’inverse, et on recommence.

Il est peut-être imaginaire, ce bal, mais c’est une expérience qui traverse et relie les corps, les laissant trempés de sueur, couronnés de visages hilares. À l’entrée, la queue s’allonge, en attendant que certains ressortent pour libérer des places ; une jeune femme garde les affaires de son amie, déjà dans la salle : « moi je les ai déjà vus cet été, c’était génial ».

GAËLLE CLOAREC

Le Bal imaginaire a eu lieu le 8 novembre à La Criée, Marseille.

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Fable domestique

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Dernier opus en date du Turak Théâtre, Ma mère c’est pas un ange (mais j’ai pas trouvé mieux) était présenté à Marseille sur la scène de l’Odéon dans le cadre du festival En Ribambelle !

Surplombant le centre du plateau trône une maison de verre, à la fois serre, cage, refuge, aquarium, voire mirador, légèrement surélevée sur pilotis. À l’intérieur, des horloges indiquant des heures différentes, un canapé branlant, un escabeau, une patère, des boites. À l’extérieur, tout autour, dans des bric-à-brac placés sous trois réverbères et trois panneaux en carton indiquant Voisin 1, Voisin 2, Voisin 3 se trouvent respectivement guitare électrique, batterie, et basse électrique.

Une vieille femme en bottes en caoutchouc entre sur le devant de la scène, chapeau noir sur masque gris au gros nez et aux yeux tombants, carabine à l’épaule, poste de radio à la main, qui crépite et saute d’une station à l’autre. Fragments de voix, de musiques, bribes de conversations s’enchaînent sans logique, le monde en éclats sonores chaotiques.

Mi-Calamity Jane, mi-Brigitte Fontaine

Elle rentre chez elle et se barricade, enlève son masque, sous lequel se dissimule un second, avec un grand sourire figé d’une oreille à l’autre. Elle se défait de plusieurs couches de vêtements, cajole deux sacs à main-poulet, dont un contient un œuf, qu’elle dépose, en ouvrant une trappe dans le sol, au creux d’une vieille poussette garée sous la maison. Le tout accompagné des bruitages musicaux réalisés en live par les trois voisins, acteurs-musiciens-marionnettes-masques, qui se sont installés sous leur réverbère respectif, et qui vont dérober la poussette peu de temps après.

Mi-gardiens, mi-intrus, leurs interventions ponctuent les gestes de la grand-mère, Mi-Calamity Jane, mi-Brigitte Fontaine, ses réglages d’horloges, ses danses, ses brèves lectures de lettres de sa fille, sa folie douce solitaire et recluse. Profitant d’un moment où la vieille s’est endormie sur le canapé, ils pénètrent, inquiétants, dans la maison. Mais c’est pour la couvrir gentiment d’une couverture. D’autres fois, ils passent dessous, sous-sol mystérieux, où grouillent les rats, créatures burlesques, nerveuses et sinistres, qui vont également gambader, à leurs risques et périls, dans la maison.

Infiltrations

Au fil des scènes et des incursions, la maison-aquarium-mirador se révèle pas du tout étanche, le monde clos de la vieille femme est en fait fissuré et pénétré partout, les cloisons vitrées de la maison s’ouvrent l’une après l’autre. Arrive, revenu par la poussette et les voisins, une sorte d’œuf de dinosaure. La vieille femme casse ses parois et découvre à l’intérieur, en la dépliant, une marionnette d’elle-même.

Une fable domestique sur les bonheurs du repli, la volonté illusoire de vouloir échapper au monde, et la capacité à renaître, par sa propre fantaisie associée à celle des autres, à soi-même.

MARC VOIRY

Ma mère c’est pas un ange (mais j’ai pas trouvé mieux) a été présenté le 5 novembre à l’Odéon dans le cadre du festival En Ribambelle ! par le Théâtre du Gymnase - Hors les murs

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Birds on a Wire

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Birds on a wire © Jeremiah

Voilà maintenant plus de dix ans que l’aventure Birds on a Wire est née. Fruit de la collaboration entre Rosemary Standley (chanteuse du groupe Moriarty) et de la violoncelliste brésilienne Dom La Nena, elles ont marqué les scènes par leur hommage sensible à la musique dans toute sa diversité : rock, baroque, latino, folk… Pour ce nouveau spectacle, elles s’associent avec l’univers magique et onirique d’Étienne Saglio, pour une exploration des œuvres de Purcell, Tom Waits, Barbara, et même les Cure ou Bronski Beat.

N.S. 
13 novembre
Zef, Scène nationale de Marseille

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Come as you are

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Come as you are © Youri Lenquette

Trente ans après sa disparition, Kurt Cobain n’a toujours pas fini de faire parler de lui. Ce 21 novembre à Draguignan, un nouvel hommage est rendu au père du grunge et idole d’une génération, par l’intermédiaire de l’actrice Béatrice Dalle, le rappeur Youv Dee, et le musicien Bastien Burger. Au détour de dix chansons et dix textes, le trio nous plonge dans l’univers sombre du célèbre musicien au destin tragique. Cet hommage n’a rien de surprenant lorsqu’on connaît la passion que la comédienne et ses acolytes portent au visage emblématique de la scène rock des années 1990. Une soirée proposée par Théâtres en Dracénie et Tandem83.

G.S.
21 novembre
Théâtre de l’Esplanade, Draguignan

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Rebecca Roger Cruz + Grèn Sémé

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Rebecca Roger Cruz © Anne-Laure Etienne

À Château-Arnoux-Saint-Auban (04), le Théâtre Durance accueille la première soirée de son temps fort En attendant les Escapades, avec deux groupes dont la musique fait voyager le public à travers espace et temps. Tout d’abord, Rebecca Roger Cruz – chanteuse, percussionniste et compositrice vénézuélienne qui est entourée de ses quatre musiciens. Elle puise ses inspirations dans les musiques traditionnelles en passant par le répertoire baroque, au jazz, le flamenco et aussi les chants vénézuéliens. Il y aura aussi Grèn Sémé et ses rythmiques ancestrales de l’océan Indien. La bande de cinq musiciens fusionne maloya, rock, dub, synthés et sonorités électroniques à des paroles chantées en créole – de textes engagés et poétiques écrits par Carlo De Sacco.

L.S.
14 novembre
Théâtre Durance, Scène nationale Les Lauzières
Château-Arnoux-Saint-Auban

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Le flot sous la glace

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Marseille Concerts, toujours à l’affût des grandes musiciennes, a accueilli Khatia Buniatishvili

Sous le vernis de sa virtuosité, Khatia Buniatishvili cache un monde secret : celui d’une intensité contenue, comme une rivière prise dans la glace. Son récital à l’Opéra de Marseille l’a confirmé : dans la Sonate en si bémol majeur D.960 de Schubert, dernière œuvre du compositeur, tout semblait suspendu, pétrifié par l’hiver – et pourtant, sous la surface, la vie coulait !

Cette sonate, écrite entre Vienne et les montagnes du Salzkammergut, porte la trace de ces voyages tardifs : l’éclat d’une lumière d’altitude, la mélancolie d’un adieu sans fin. Buniatishvili en livre une lecture frémissante, pudique et vibrante, où le flux intérieur, toujours retenu, finit par éclater dans une respiration de tendresse. Puis vient la joie retrouvée : l’Impromptu, espiègle, presque mozartien, où l’on entend Schubert sourire à nouveau.

Avant que la pianiste n’enflamme la salle avec les deux Lieder transcrits par Liszt, Marguerite au rouet et Ständchen, d’une intensité quasi opératique : Marguerite semble crier, puis s’effondrer, et le piano s’y fait souffle humain. Chez Liszt, Buniatishvili retrouve sa pleine liberté : Consolation n°3, prière suspendue, puis éclat radieux de la Rhapsodie hongroise n°6 virtuose mais jamais démonstrative.

En bis, un Marcello/Bach d’une sincérité bouleversante : émotion pure, sans fard. Et, pour ne pas se quitter sur des sanglots, l’apogée riante et joueuse de la Rhapsodie hongroise n°2, aux accents presque hollywoodiens.

SUZANNE CANESSA

Le récital de Khatia Buniatishvili a été donné le 5 novembre à l’Opéra de Marseille

Gaëlle Solal, cordes sensibles

Marseille Concerts accueille cette semaine une autre grande voyageuse : Gaëlle Solal, guitariste née à Marseille, passée par le Conservatoire de Paris et lauréate du concours Michele-Pittaluga. Installée entre Séville et Cordoue, elle revient sur scène avec un programme solaire, hommage à Villa-Lobos, Jobim, Nazareth, Gismonti et Dyens — toute une géographie du Brésil. Engagée pour la visibilité des femmes musiciennes à travers son association Guitar’Elles, Solal joue elle aussi une musique de partage, ardente et généreuse.

S.C.

15 novembre

Palais du Pharo, Marseille

16 novembre

Magic Mirrors,Istres

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Redécouvrir Holmès

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La compositrice Augusta Holmes © X-DR

Une fois n’est pas coutume, la Société Marseillaise des Amis de Chopin s’ouvre à la voix avec un hommage à Augusta Holmès (1847-1903), compositrice à une époque où les femmes sont absentes des scènes et des conservatoires. Célébrée par son ami Camille Saint-Saëns, elle conquiert la notoriété avant de tomber dans l’oubli. Le spectacle retrace le destin de cette femme libre et passionnée. Lucille Pessey, soprano, fondatrice du festival Bouger les lignes, qui met son art au service de la valorisation des femmes dans l’histoire musicale, le ténor Yves Coudray et la pianiste Marion Liotard redonneront vie à cette figure oubliée. En deuxième partie de soirée, le pianiste Gaspard Dehaine, interprétera le programme Fauré en héritage autour d’œuvres du compositeur mais aussi de Ravel, Aubert, Bonis, Enesco et bien d’autres…

A.-M.T.
13 novembre
Salle Musicatreize, Marseille

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Giovanni !

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Après Nanetti, le colonel astral, Gustavo Giacosa, dévoile le second volet d’une trilogie qu’il a développée autour de figures de l’Art brut. Acteur, danseur et metteur en scène, il partage sa passion pour ces artistes hors normes, toujours accompagné en musique par le compositeur et pianiste Fausto Ferraiuolo. La chorégraphie effrénée de GIOVANNI ! en attendant la bombe s’appuie sur le travail de Giovanni Galli – dessinateur de BD avec des personnages habités par le désir de changer de genre.

La dernière partie mettra à l’honneur Melina Riccio. Les artistes Gustavo et Fausto avaient collecté ses œuvres et ses pensées et enregistré des entretiens autour de son œuvre M. Un amour suprême.

L.S.
18 novembre

Bois de l’Aune, Aix-en-Provence