jeudi 3 juillet 2025
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Shooting de monde

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rencontres arles
Claudia Andujar. Essai photographique sur les homo- sexuels pour le magazine Realidade, São Paulo, 1967. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Instituto Moreira Salles.

Sur l’affiche, un jeune homme déguisé en super-héros, sur une vieille carcasse de voiture. Casque sur la tête façon Marvel, bouclier en carton, cape en sac poubelle, il trône fier, figé en contre-plongée. Une image « indocile », comme le veut le titre de cette nouvelle édition. Les optimistes la verront comme un pied-de-nez aux puissants de ce monde… aux pessimistes de voir l’impuissance des petits face aux géants. 

À lire son édito, le directeur des Rencontres d’Arles Christoph Wiesner se range peut-être dans la première catégorie. Pour lui, cette édition offre « un contrepoint essentiel aux discours dominants » que sont la « montée des nationalismes » et « l’essor du nihilisme ». Il convoque aussi l’œuvre du philosophe Édouard Glissant, dont on peut voir le concept de « Tout-monde » transparaître dans bien des propositions. Décoloniale beaucoup, la photographie de cette édition 2025 se fait aussi sociale, humaniste, ou archive, dans les dizaines d’expositions à découvrir du 7 juillet au 5 octobre, à Arles, mais aussi dans plusieurs villes de la région. 

Australie-Brésil

L’exploration commence en Australie avec On Country, porté à la fois par le festival d’Arles et Photo Australia de Melbourne. Une dizaine de photographes, autochtones et non-autochtones, explorent les liens complexes qui unissent les hommes, les femmes, à leur terre, dans des images qui reflètent la diversité de ce pays marqué par deux siècles et demi de colonisation. 

D’Australie, le parcours s’en va ensuite vers le Brésil à l’église des Trinitaires. Y est présenté Futurs ancestraux, une exposition collective portée principalement par de jeunes artistes, qui passent au crible le passé raciste, colonial et homophobe de leur pays. Le tout dans des pièces qui allient photographie contemporaine, archives, collages, vidéo et même intelligence artificielle. 

Des focus artistes

Les Rencontres ouvrent également l’œuvre de la photographe Claudia Andujar. Née en Suisse en 1931, survivante de la Shoah, elle s’installe finalement au Brésil et mène une grande carrière de photoreporter. Incursions forestières, photos de rue, réflexion sur la féminité, l’exposition présentée à la Maison des peintres met en lumière nombre de ses travaux, éclectiques, et d’une justesse graphique saisissante.


Letizia Battaglia. Quartier Cala. La jeune fille au ballon, Palerme, 1980. Avec l’aimable autorisation de l’Archivio Letizia Battaglia, Palerme

Avec Letizia Battaglia, c’est une autre immense photo journaliste que présente le festival. Sicilienne, elle a documenté l’horreur de la mafia italienne, loin des clichés souvent véhiculés par le cinéma. Elle est ici montrée dans sa réalité la plus abjecte : les morts qui jonchent le sol, les mères qui pleurent leurs enfants, le visage des meurtriers. Photographe humaniste et sociale, son travail saisit aussi la vie quotidienne, les corps frêles de la misère, et la beauté des regards. 


Letizia Battaglia. Giorgio Boris Giuliano, le chef de la Brigade mobile, sur le lieu d’un assassinat, Piazza del Carmine, Palerme, 1978.Avec l’aimable autorisation de l’Archivio Letizia Battaglia, Palerme

Des habitué·e·s d’Arles 

S’il y a beaucoup de jeunes talents à découvrir dans cette édition – il faudra voir l’exposition de Laurence Kubski, celle des élèves de l’ENSP, et passer dans l’Espace Monoprix qui concentrera la plupart des artistes émergent·e·s – Arles n’oublie pas ses « vieux » compagnons de route. On retrouve ainsi Nan Goldin qui vient avec son Syndrome de Stendhal. Une série de diaporamas qui mettent en dialogue des chefs d’œuvres de l’art classique, avec ses proches, ou ses amours. 


Nan Goldin. Diane au bain, 2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Gagosian

Moins célèbre peut-être, mais déjà passé par les RencontresTodd Hido présentera à l’espace van Gogh la beauté crue des paysages qu’il aime capter : une maison enneigée aux vitres éclairées, un coucher de soleil embué, des ballons de baudruches aux tons passés… Le photographe américain parvient à saisir la beauté dans l’ennui, et le chaud dans le froid. 

Grand Arles Express

Les Rencontres d’Arles s’exportent également dans les communes de la région avec son programme Grand Arles Express. À la Maison européenne de la photographie (Aix-en-Provence), on peut voir Extérieurs – Annie Ernaux et la Photographie, qui revient sur les liens étroits qui unissent la prix Nobel 2022 et ce média – on pense à son ouvrage Les années, où la photo tient une place centrale. 


Laurence Kubski.
Reconstitution d’un souvenir d’enfance, le concours de vitesse d’escargots, 2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Citons également Lost and Found de Elsa et Johanna au Centre Photo Marseille, qui entend « placer le spectateur dans un espace d’exposition totalement repensé », ou encore Et qu’on ne vienne pas nous dire que le vent chasse tout de Paul Cabanes et Nina Patin, qui se sont aventurés dans le Golfe de Fos et ses paysages industrialo-désertiques. 

NICOLAS SANTUCCI

Les Rencontres d’Arles
Du 7 juillet au 5 octobre
Arles et Région Sud

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La tête dans les étoiles

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mucem
Des étoiles plein les yeux © Fanny Dreyer / Mucem

La nouvelle grande exposition du Mucem, Lire le ciel, ouvre le 9 juillet, pour six mois. Avec des prêts d’œuvres majeures, se réjouit Pierre-Olivier Costa, son président. Il y aura notamment L’Astronome, tableau de Johannes Vermeer, lequel sortira exceptionnellement du Louvre pour s’offrir aux yeux du public marseillais (attention, jusqu’en octobre seulement). Enguerrand Lacosl et Juliette Bessette, co-commissaires, promettent un parcours très riche, qui mobilise archéologie, ethnographie, histoire et histoire de l’art, pour éclairer le rapport au ciel en Méditerranée, de l’Antiquité à nos jours. 

Certaines passions comme l’astronomie et l’astrologie ne se démentent pas, siècle après siècle. Elles ont été l’occasion d’échanges culturels féconds. « Nos noms de constellations sont hérités de la Grèce antique, nos noms d’étoiles du monde arabo-musulman. C’est un héritage commun, dont témoigne l’astrolabe Perse qui figure sur le chef-d’œuvre de Vermeer, signe d’un dialogue entre les rives de la Méditerranée. » À quoi s’ajoutent aujourd’hui des préoccupations environnementales : l’exposition abordera la pollution lumineuse, si dommageable aux espèces animales et au sommeil des humains, ou la pollution spatiale (les scientifiques estiment qu’il y a 10 000 tonnes de déchets dans le ciel, envahi de satellites).

Autour de l’expo

Cécile Dumoulin, responsable du développement culturel et des publics au Mucem, a prévu nombre de rendez-vous reliés à l’exposition, dont beaucoup en plein air (« Cela s’imposait, avec cette thématique ! »). En particulier, tous les mercredis soir, des séances de cinéma en accès libre, du 16 juillet au 27 août. L’occasion d’en prendre plein les yeux dans le cadre somptueux du fort Saint-Jean, avec 2001, l’Odyssée de l’espaceLe Château dans le cielPremier contact ou encore Interstellar

Le temps fort de l’été, une Semaine sous les étoiles, aura lieu du 6 au 10 août. Pour commencer, un ciné-concert : 90 minutes de transe jazz jouée par le saxophoniste Guillaume Perret autour du film 16 levers de soleil (Pierre-Emmanuel Le Goff, 2018). Puis des sessions de musique électronique : DJ sets (Bonnie BananeDJ Mystique), et concert de Pierre-Alexandre Busson, alias Yuksek

Clou de la semaine, pour célébrer la pleine lune, une grande Full Moon Party se tiendra toute la nuit du samedi 9. Mis en jambes par un concert de Walter Astral et Étienne de Crécy, le public se verra proposer tatouages flashs, coupes de cheveux (ça repousse plus dru, ces soirs-là, paraît-il !), déambulations d’étoiles géantes par le collectif Aérosculptures, et autres festivités.

Le jeune public n’est pas oublié. Tout l’été, des visites en famille sont organisées : sensorielles, contées, voire… couplées à un atelier yoga (« Chien tête en bas », à partir de 5 ans,
avec la Cie Pièces détachée). De quoi baisser encore la moyenne d’âge des visiteurs du Mucem, passée sous la barre des 40 ans, précisait Pierre-Olivier Costa, lors de la conférence de presse d’annonce de la programmation. « On l’a rajeunie de 3 ans ! »

GAËLLE CLOAREC

Lire le ciel - Sous les étoiles en Méditerranée
Du 9 juillet au 5 janvier
Semaine sous les étoiles
Du 6 au 10 août
Mucem, Marseille

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Le temps des Rencontres

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Tous les sexes tombent du ciel, Léa Katherine Meier © Emmanuelle Bayart

L’émotion s’affiche comme la priorité des Rencontres d’été de La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. Directrice du monument qui abrite le Centre national des écritures du spectacle, Marianne Clevy signe un calendrier estival qui juxtapose des spectacles, lectures, séminaires et exposition du 5 au 25 juillet. 

En scène

Cet été, il sera possible d’enchaîner les représentations des trois spectacles, hôtes de la Chartreuse. Accompagné par La Suisse en Avignon, Tous les sexes tombent du ciel désigne le « conte pour enfant à destination des adultes », écrit et interprété par Léa Katherine Meier (par ailleurs signataire de l’affiche des Rencontres). 

Affaires familiales de Émilie Rousset réitère le partenariat historique avec le Festival d’Avignon. La proposition restitue le quotidien d’un cabinet d’avocates spécialisées en droit des familles. Réaménagé, le tinel devient une cour d’assises où les conflits intimes se diluent dans les dossiers judiciaires (9-17 juillet,18 h).

Retour au seule en scène à 22 h. Une maison de poupée devient l’asile où Henriette passera une large partie de son existence. Rédigée (à La Chartreuse), dirigée et interprétée par Cyrille AtlanHenriette ou la fabrique des folles, combine texte et théâtre d’objets. Cette réflexion sur l’enfermement et l’art brut confirme le partenariat avec Villeneuve en scène, en lice du 8 au 20 juillet. 

Des lectures et une exposition

Par ailleurs, La Chartreuse affiche quatre « Grandes lectures ». En lien avec la langue arabe, invitée par le Festival d’AvignonLe Mur ou l’éternité d’un massacre de Hatem Hadawi évoque les exactions commises en 2012 par l’armée du régime de Bachar el-Assad contre les rebelles de Deir ez-Zor (15 juillet). 

Marseille et la Camargue demeurent le point d’attache de 65 rue d’Aubagne et L’Hacienda signées Laurie Guin et Mathilde Aurier. Enfin, le 19 juillet, Déclaration d’amour de Louis Hee à John Ah-Oui, texte du chorégraphe-dramaturge Nicolas Barry, sera restitué dans un espace plongé dans le noir, avec comme seul repère une signeuse ou un signeur. Ce rendez-vous immersif entre en résonance avec Déranger l’écriture, colloque autour de l’accessibilité. (22 et 23 juillet). 

Enfin une exposition. Celle de Jimmy Richer, dessinateur-tatoueur, qui dispose dans l’abbatiale ses Étranges Pulpes, où se croisent iconographie médiévale, figures du tarot et ornements de science-fiction. 

MICHEL FLANDRIN

Rencontres d’été 
Du 5 au 25 juillet
La Chartreuse, Centre national des écritures du spectacle
Villeneuve-lez-Avignon

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Prenez la vague !

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© Caroline Doutre

Six-Fours-les-Plages déroule le tapis rouge à la musique classique. Durant toute la saison touristique et jusqu’au 21 septembre, le festival investit des lieux chargés d’histoire de la ville varoise comme la Collégiale Saint-Pierre, la Villa Simone, le Parc de la Méditerranée, pour un concert en plein air, ou la Maison du Cygne, centre d’art niché au cœur d’un jardinécologique labellisé « remarquable » offrant une proximité rare entre artistes et public.  

L’excellence de la scène classique

C’est dans cette maison que l’on pourra entendre du « bon », du très bon, de l’excellentmême. Le 20 juin, Yulianna Avdeeva fera vibrer Chopin en offrant au public un moment d’intimité autour des œuvres majeures du compositeur, de la Polonaise-fantaisie aux 24Préludes. La pianiste russe est l’une des grandes spécialistes du musicien romantique, ayant acquis une notoriété mondiale en remportant le Premier Prix du Concours international de piano Frédéric-Chopin à Varsovie en 2010 et devenant ainsi la seconde femme à obtenir ce prix depuis Martha Argerich en 1965. 

Le lendemain, place à la chaleur latine avec Serenata Latina. Le contre-ténor franco-mexicain Rolando Villazón et le harpiste Xavier de Maistre (originaire de Toulon, il est ici comme chez lui) invitent à un voyage musical aux accents hispaniques, mêlant le compositeur argentin Alberto Ginastera, le colombien Luis-Antonio Calvo et l’Andalous Manuel de Falla.Ce programme de chansons traditionnelles a fait l’objet d’un disque publié chez Deutsche Grammophon.

Norma sous les étoiles

La fin de week-end se déroulera en plein air au Parc de la Méditerranée qui se transformera en un théâtre naturel pour accueillir les airs les plus envoûtants de Norma de Bellini comme le célébrissime Casta Diva. Portée par la voix incandescente de la soprano colorature tchèque Zuzana Marková et accompagnée du chœur et de l’orchestre de l’Opéra de Toulon sous la baguette du chef italien Andrea Sanguineti, cette soirée gratuite promet d’être magique carl’entrée en scène se fera au coucher du soleil et sera suivie par un feu d’artifice. 

Juillet poursuit cette effervescence artistique. La Villa Simone devient un lieu de rencontre entre jazz et classique avec Les Amants du Jazz, réunissant le pianiste Kim Bernard (premier lauréat en 2021 de la Fondation Gauthier Capuçon) et la chanteuse Na-Kyung Lee, qui revisitent des standards de Duke Ellington ou Charles Trenet. Le 12 juillet, le Paul Lay Trio, accompagné de la chanteuse Isabel Sörling et du contrebassiste Simon Tailleu, invite à une soirée mêlant compositions originales et influences jazz.

Le festival investit ensuite la Collégiale Saint-Pierre pour trois soirées avec l’ensemble Matheus, sous la direction de Jean-Christophe Spinosi. Ils mélangent les genres avec bonheur : pur classicisme avec des œuvres de Mozart, de Haydn et de Beethoven, baroqueavec Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi (17 juillet) et Bel Canto flamboyant avec un gala Rossini, (19 juillet).

En parallèle, une exposition à la Villa Simone met à l’honneur tout l’été la photographe Marianne Rosentiehl, dont les portraits vibrants ont saisi l’âme des plus grandes figures culturelles de notre époque.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

La Vague Classique
Jusqu’au 21 septembre
Divers lieux, Six-Fours-les-Plages

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Ça c’est FORTissimo !

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© X-DR

L’édition 2025 du Festival – l’un des plus anciens de France – s’ouvrira sous le signe de la solidarité avec l’Orchestre de la Musique de la Marine Nationale, dirigé par Marie Faucqueur (25 juin). Le programme, placé sous le thème du Japon, mêlera œuvres de compositeurs asiatiques et occidentaux, de Soichi Konagaya au Britannique Nigel Clarke, en passant par des évocations du cinéma d’animation de Hayao Miyazaki – Chihiro, Totoro et Ponyo seront là – avec des arrangements symphoniques des musiques de Joe Hisaishi. Un concert en partenariat avec l’association Entraide Marine-ADOSM au profit des familles de marins.

La Tour Royale abritera le Trio Wanderer (1er juillet) pour une soirée dédiée à trois chefs-d’œuvre de la musique de chambre. L’Archiduc de Beethoven ouvrira le bal, suivi de la délicate suite Soir ! Matin ! de la compositrice Mel Bonis (1858-1937) avant de se conclure avec le Trio en La mineur de Ravel, composé à l’aube de la Première Guerre mondiale.

Toujours à la Tour Royale, c’est la musique de Schubert qui résonnera lors d’un récital du Duo Geister consacré au piano à quatre mains (4 juillet). David Salmon et Manuel Vieillard incarneront cette formation si chère au compositeur autrichien et illustreront l’esprit d’amitié avec des œuvres comme la Fantaisie en fa mineur, dédiée à son amie Caroline Esterházy mais aussi des pièces plus légères comme les Six Grandes Marches.

Du Swing face à la mer

Changement d’ambiance le 8 juillet au fort Saint-Louis pour une parenthèse jazz au coucher du soleil. La contrebassiste France Duclairoir, accompagnée de Nina Gat (piano), Matthew Bumgardner (trombone) et Max Briard (batterie) nous emmèneront dans un voyage musical aux couleurs du swing et des musiques du monde.

Le fort Balaguier à La Seyne-sur-Mer vibrera lui au son des comédies musicales et des influences latines avec Gershwin, Bernstein, le cubain Lecuona et Florence Price, la première femme noire à avoir vu une symphonie jouée par un orchestre américain majeur. Le Quatuor Zahir, composé de quatre saxophonistes virtuoses, et le pianiste Jorge González Buajasan, entraîneront le public dans un tourbillon de rythmes avec la célèbre Rhapsody in Blue, des extraits de West Side Story et des danses afro-cubaines (10 juillet).

L’édition 2025 se clôturera en beauté, au fort du Pradeau, sur la presqu’île de Giens, aux sonorités graves du violoncelle (22 juillet). Autour des solistes Frédéric Audibert et Manuel Cartigny, le sextuor de violoncelles de l’IESM invoquera Vivaldi, Popper, Villa-Lobos, le compositeur sicilien contemporain Sollima, Piazzolla et Fauré. Un moment de partage entre générations, où maîtres et élèves se retrouvent dans un cadre naturel magnifique.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

FORTissimo
Du 25 juin au 2 juillet
Divers lieux, Toulon et alentours

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Pas de digues pour la musique 

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Philippe Katerine © X-DR

Offre festivalière phocéenne imaginée il y a déjà cinq ans, Au Large est un rendez-vous musical printanier qui s’est rapidement inscrit à la longue liste des incontournables de l’été marseillais. Et pour cause : l’événement est une proposition artistique d’une variété rare, poussant systématiquement l’auditoire à la découverte. Cadre et programmation aidant, il faut tout de même reconnaître à l’équipe – union des énergies de la Mesón et du Mounguy – une ténacité et un goût certain pour la prise de risques, allant puiser chaque année dans des combinaisons de programmation surprenantes, originales ou inédites. La preuve par l’exemple, du 26 au 28 juin passent notamment KompromatPhilippe Katerine et La Flemme ! 

Sur le pont

Si l’humeur est alimentée par une joie profonde de retrouver l’écrin onirique du Théâtre Silvain, à la Fausse Monnaie, elle n’en est pas moins à l’ambition ! Cette année, le choix est clair : à chacune des trois soirées, sa belle tête d’affiche. Et avec elle, une sélection d’artistes biberonnée au désir d’éclectisme et de mise en lumière des jeunes talents régionaux. 

Ce sont ainsi les très suivis Kompromat qui crèvent l’affiche, le 26 juin. Le duo formé par Rebeka Warrior et Vitalic remplissent les salles autant que les cœurs, du bout de leur électro wave punk mystique, de leur charisme scénique et de leur univers tout aussi sombre que délectable. 

Différemment explosives, les rappeuses dakaroises réunies dans le projet Def Mama Def titillent l’impatience de découverte d’un live aux atours cathartiques. Pour l’émergence, est proposé le live cosmique et transcendantal du duo de chanteuses multi-instrumentistes Exotica Lunatica, prix RiffX 2025.

vLe 27, changement d’ambiance. Si l’adulé Philippe Katerine fait passer son Zouzou Tour par le festival, et avec lui son univers décalé, déjanté et délicieux, la soirée est également l’occasion bienvenue de découvrir le monde singulier et voyageur du duo Walter Astral. Ce dernier invente une hybridation pop-psyché-électro ralliant Polo et Pan à Atlin-Gün, sur fond céleste. Hâte aussi de découvrir en live le punk-rock électro survolté et chaotique de Micro-Ondes, le même soir. 

Une dernière avant le départ 

L’ultime soirée, toujours plus fouineuse de genres musicaux variés, emmène le public dans le sillon rêveur, désabusé, nostalgique et si particulier d’Odezenne, qui s’émancipe depuis ses débuts des frontières du hip-hop. Le quatuor de Bristol Grandma’s House promet quant à lui son lot de riffs rock électrisant, tandis que les nouveaux chouchous de la scène rock marseillaise, La Flemme, s’enfuieront de leur quasi-domicile cours Julien/Plaine pour aller scander leurs tubes du côté de la Corniche.  

S’ajoutent à cela trois DJ sets, assurés chaque soir par Planet PhattNikoll ou Paula Soa

Un très beau programme, auquel s’adjoint la perspective délectable d’un pré ou post bain de mer, pour mieux encore prendre le large. 

LUCIE PONTHIEUX BERTRAM  

Au Large 
Du 26 au 28 juin 
Théâtre Silvain, Marseille 

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Mise en bouche féérique

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Quatuor Diotima © Michel Nguyen

Avant l’ouverture du prestigieux festival de juillet, Aix-en-Provence se métamorphose en une scène vivante. Le temps d’un mois, artistes confirmés et talents émergents vont à la rencontre du public d’une manière plus intimiste et conviviale que lors de la grande messe de juillet. Ouverture en fanfare le 13 juin avec Panorama, grande soirée sur la place des Prêcheurs, qui dévoilera les grandes lignes du festival à venir, en compagnie des équipes et des artistes invités. 

Le 18 juin, le groupe GloBalKan embarque pour un voyage musical mêlant jazz et traditions balkaniques. Ce concert rassemble autour du maître du kaval Nedyalko Nedyalkov une palette d’instruments et de voix venus de Bulgarie, de Grèce ou des Balkans ottomans, portéepar des musiciens de haut vol. 

Place au théâtre à La Manufacture avec InSitu, création burlesque et lyrique. Deux personnages se croisent, se cherchent et se retrouvent au gré de péripéties mises en scène parla Britannique Emily Wilson et le Belge Jos Houben, déjà applaudis l’an passé pour la mécanique des sentiments. Le comédien Guy-Loup Boisneau et la soprano Lieselot DeWilde donneront corps et voix à cette histoire portée par la musique de Benjamin De la Fuente (du 19 au 25 juin).

L’Académie, laboratoire de demain

C’est l’un des moments que le public aixois attend avec impatience. Les jeunes artistes de l’Académie du festival donneront plusieurs concerts du 25 juin au 1er juillet. Sous l’égide de deux barytons, Darrell Babidge, professeur de chant à la Juilliard School à New York et le Français Stéphane Degout, la « Résidence voix » réunira douze chanteurs et trois pianistes dans deux programmes. Un récital d’airs d’opéra et une soirée dédiée au répertoire vocal français. 

Côté instrumental, l’ensemble Diotima et la compositrice Unsuk Chin guideront deux quatuors à cordes à travers un programme de musique de chambre. On pourra retrouver ces derniers le 1er juillet lors d’une soirée exceptionnelle dans le cadre de l’année Cézanne, qui se tiendra à la bastide du Jas de Bouffan, demeure familiale du peintre. Danseurs du ballet Preljocaj et musiciens uniront leurs langages pour rendre hommage au maître aixois. 

Pour finir en beauté, le festival investira le 30 juin, le cours Mirabeau avec Parade[s],déambulation musicale rassemblant artistes, musiciens amateurs et public dans une célébration collective sous la baguette de Marc Minkowski avec l’Orchestre de l’Opéra de Toulon et plusieurs solistes qui entraîneront Aix dans une effervescence joyeuse ; une mise en bouche savoureuse à la veille du grand rendez-vous de juillet.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Aix en juin
Du 13 juin au 1er juillet

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Nubya Garcia au MJ5C : un tourbillon arrive à Marseille

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Nubya Garcia @Danika Lawrence (2)
Nubya Garcia © Danika Lawrence

Zébuline. Vous êtes déjà venue au Marseille Jazz des Cinq Continents. Quel souvenir en gardez-vous ? 
Nubya Garcia. J’adore Marseille, et la dernière fois que je suis venue au festival c’était une expérience incroyable. J’y ai vu Gilberto Gil et j’ai découvert la communauté brésilienne sur place, donc je suis impatiente de revenir.

Comment décririez-vous votre travail ?
J’écris de la musique, je m’exprime à travers elle et j’ai un groupe avec lequel je peux explorer la musique que je compose. Je m’inspire de sons qui ont marqué ma vie. J’ai grandi au croisement du dub, du jazz, du garage, du UK funky, la Circa, du calypso et du reggae. Je dirais donc que ma musique se situe dans ce tourbillon de sons.

Vous venez de sortir votre dernier album Odyssey, qu’aimeriez-vous que les gens en retiennent ?
Je pense que le mantra de l’album, c’est que nous sommes un seul peuple. Il y a des choses qui nous séparent et d’autres qui nous rassemblent mais la manière dont chacun fait les choses est unique. Et toutes ces différences doivent être célébrées.

Comment raconte-t-on cela en musique ?
J’ai adopté une nouvelle méthode en écrivant tous les jours, là où avant j’entrais en studio eten cinq ou sept jours, je vidais tout ce que j’avais. Avec Odyssey, j’ai compris que je voulais avoir un maximum de matière pour raconter cette histoire. J’ai appris à entrer plus régulièrement dans un état de flow.

Il y a dans ce nouvel album beaucoup d’invités, comme Esperanza, Georgia et Richie.
C’était fou. Quand j’écris et travaille avec des invités, je compose le morceau mais je ne cherche pas juste une « collaboration », je cherche la personne. C’est pour ça que je les ai choisis. En plus d’aimer leur musique, j’aime aussi leur manière de créer. Et elles ont fait un travail absolument incroyable.

Tu as écrit les paroles de Triumphance, une première. Tu as aimé ça ?
Oui ! Au départ, je voulais demander à quelqu’un de toaster [du parlé-chanté, très rythmé et à la mélodie souvent monotone, sur les musiques reggae, dub, ragga, ndlr] – mais la personne n’était pas disponible. Kwes [son co-producteur] m’a suggéré de le faire moi-même. J’ai essayé, et c’est sorti comme une entrée de journal intime. Tout ce que j’avais en tête est ressorti, d’une façon que l’instrumental ne permettait pas.

Un des grands changements de cet album, c’est l’ajout des cordes dans ta musique. Pourquoi ce choix ? 
J’ai appris à écrire pour les cordes, et c’était un vrai défi. J’ai voulu le faire moi-même car j’avais déjà un son en tête. Le transmettre à quelqu’un d’autre aurait été très compliqué. Au départ, c’était juste pour un morceau, puis c’est devenu plus de la moitié de l’album. C’était une floraison d’idées, une nouvelle palette sonore.

Pour Source, vous aviez tout enregistré en groupe et en live, alors que pour Odyssey vous avez tout fait séparément. Qu’est-ce que cela a changé ?
Oui, pour Source on a enregistré tous ensemble, ce qui crée de la diaphonie ou « mic bleed »,et l’a rendu difficile à remixer. Pour Odyssey, je voulais que tout soit enregistré séparément pour avoir la possibilité de faire des remixes plus tard. J’ai aussi pris un rôle plus affirmé dans la production ; j’avais une vision précise du son. Et le résultat sonne exactement comme je le voulais. Le changement entre Source et Odyssey vient de tout ce que j’ai appris entre les deux albums.

ENTRETIEN RÉALISÉ ET TRADUIT PAR LAVINIA SCOTT

Au programme du Marseille Jazz des Cinq Continents :

1er juillet : Marie Carnage ; Poetic Ways & Divertimento, Centre de la Vieille Charité
2 juillet : Youn Sun Nah ; Salma Quartet, Centre de la Vieille Charité
3 juillet : Coline Siméone ; Nubya Garcia, Centre de la Vieille Charité
4 juillet : Tigran Hamasyan, La Citadelle 
5 juillet : Antonion Lizana ; Ludivine Issambourg, Théâtre de la Sucrière
8 juillet : Jeff Mills & Emile Parisien 4tet ; Angles Morts, Friche la Belle de Mai 
9 juillet : Caravan Palace ; Mino Cinelu, Théâtre Silvain
10 juillet : Sophye Soliveau ; Thee Sacred Souls, Théâtre Silvain
11 juillet : Anne Paceo ; Kokoroko, Théâtre Silvain
12 juillet : Erik Truffaz ; Dee Dee Bridgewater, Théâtre Silvain
13 juillet : Alune Wade ; Jocelyne Béroard & Tony Chasseur, Théâtre Silvain

Un article complet sur le Marseille Jazz des Cinq Continents est à lire dans notre premier magazine de l’été paru le 13 juin, et toujours disponible en kiosques. 

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Châteauvallon contre le fascisme

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châteauvallon
Charles Berling © Vincent Berenger

Zébuline. Vous commencez votre Festival d’été par un parcours qui retrace les 60 ans du lieu. Pourquoi célébrer cette mémoire ? 

Charles Berling. Parce qu’elle est importante. Ce lieu est né dans les années 1960, dans la lignée des festivals qui ont démocratisé la culture au sortir de la guerre. Un lieu qui a été pour moi un phare dès l’âge de 13 ans, j’y ai écouté du jazz, j’y ai découvert la danse contemporaine. Aujourd’hui nous fêtons les 60 ans d’une utopie politique faite pour augmenter nos capacités d’émotion et de réflexion. 

Est-elle devenue une réalité ?

En un sens oui. Cette cité des arts, de la science et de la nature était une anticipation de l’idéal de décloisonnement d’aujourd’hui. Elle est partie de presque rien, de l’amitié de deux couples…

Le peintre Henri Komatis et le journaliste Gérard Paquet, et leurs femmes, qui ont découvert et restauré la bastide initiale dans la pinède

Avec les citoyens qui ont fabriqué ce site de façon empirique et amoureuse, en particulier l’amphithéâtre. Ce lieu symbolise ce qu’il faut absolument garder : le passionnel, l’âme, l’esprit, la liberté.

Et qui est en danger ? 

Oui, c’est aujourd’hui violemment attaqué, nous restons sans remparts contre le productivisme et le totalitarisme. 

Le Front national qui a gagné les municipales en 1995 a mis fin à cette utopie… 

Oui, il a voulu détruire cette liberté de penser. C’est la même lutte qui est à l’œuvre aujourd’hui. Je ne sais pas ce qui va se passer dans l’agglomération toulonnaise mais nous devons absolument regrouper nos forces républicaines et ne pas laisser le RN reprendre la ville. 

La ville, l’agglomération, le département, la région, le danger du RN est partout… Que ferez-vous s’il accède au pourvoir ?

Je ne sais pas. Est-ce que je partirai, est-ce que je resterai pour lutter, il est trop tôt pour le dire.  Mais je sais deux choses : je résisterai jusqu’au bout pour que cela n’advienne pas. Et je continuerai à dialoguer avec ceux qui votent pour lui et ne savent pas ce qu’ils font. Mais le RN n’est pas le seul en cause dans ma peur du futur. 

C’est-à-dire ? 

La droite aussi veut détruire le service public de la culture. Ici on a 50 personnes qui travaillent à créer des liens. Les salles sont pleines, la population aime ce que nous faisons, mais la Région nous enlève 10%, le Département du Var aussi, et les autres depuis notre création n’ont pas indexé nos subventions. Ce qui fait que nous perdons 2 à 3 % par an. 

Pour quelle raison ? 

La classe politique est totalement désorientée. Je ne sens pas non plus à gauche, aujourd’hui, une conscience de l’importance de ce que nous faisons. Carole Delga elle aussi baisse les subventionsde 10 % en Occitanie. Je suis très inquiet pour l’avenir. 

Et en même temps… je suis très confiant dans le travail de fond que l’on fait ici. Nous avons restitué l’histoire de Léon Blum avec un succès unanime, nous avons emmené 30 jeunes issus de la diversité – je déteste ce mot – à Buchenwald pour travailler des textes de Semprun. Non les musulmans ne sont pas antisémites, ils sont émus par cette histoire et la rendent avec une incroyable émotion, pour peu qu’on leur donne la parole. C’est ce que nous faisons…

Les formes participatives sont de plus en plus nombreuses dans votre programmation… 

Oui, nous faisons un film avec des enfants qui se projettent sur 60 ans d’avenir. Nous apportons énormément à cette société qui croit que nous lui coûtons, et qui cède notre mémoire et nos arts à la voracité des Gafam qui nous décervellent. La culture publique est la seule à lutter contre les amalgames abrutissants de l’industrie du divertissement. Il faut relire Hannah Arendt, il faut retourner à cette pensée qui nous éclaire…

Vous avez fait un spectacle sur la philosophe. Que nous apprend-elle ?

Que le divertissement étourdit. Qu’un discours haineux simpliste est terriblement plus efficace pour convaincre qu’une pensée articulée et dialectique. Que les démocraties ne se battent pas à armes égales contre le fascisme. Hélas, on vit aujourd’hui des parallèles troublants avec cette époque.

ENTRETIEN REALISE PAR AGNES FRESCHEL

Festival d’été de Châteauvallon
Du 26 juin au 29 juillet

Soirée d’inauguration
Le 27 juin

Norma
Le 26 et 28 juin

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« Once upon a Time In Gaza » : à Gaza, on ne choisit pas son histoire

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@Dulac Distribution

On ne sait pas si les réalisateurs gazaouis auraient eu le courage de l’humour, même caustique, qui caractérise leur cinéma et ce dernier opus, si leur film avait été conçu après le 7 octobre. La comédie -même noire, dans la tragédie absolue aurait-elle encore pu se glisser là ? Les mots hallucinants de Trump, imaginant la Bande de Gaza  en « riviera du Moyen Orient », entendus en voix off au début du film, ont été ajoutés après le tournage. Mais face à la croisade exterminatrice menée par le gouvernement Netanyahu après le massacre perpétré par le Hamas, on ne peut même plus en rire.

Ironiquement, ce délire du 47è président des USA, relie le film palestinien à l’Amérique, et à son cinéma dont Arab et Tarzan Nasser utilisent les codes, affirmant leur cinéphilie tout en dynamitant de l’intérieur ses mythes et son idéologie. Once upon a Time in Gaza sera donc tour à tour un western, un polar, un film de guerre, mais aussi une comédie satirique, un conte philosophique et un pastiche.

Nous sommes en 2007. A Gaza. Le Hamas vient de prendre le pouvoir. Le blocus israélien s’est mis en place. Pour la population, un nouveau quotidien : des immeubles qui explosent sous les bombes; des enterrements de martyres mis en scène : drapeaux palestiniens dressés, photos grand format des défunts brandis par une foule encadrée de combattants qui mitraillent le ciel. Pénurie, inflation, interdictions d’aller en Israël même pour voir ses proches sans autorisation, propagande du gouvernement à la télé et dans les journaux; petits arrangements pour survivre. Aux plans larges de l’Histoire, s’opposent ceux plus resserrés plus intimes de ce quotidien-là, à hauteur d’hommes.

Fiction et balles réelles

Yahya (Nader Abd Alhay), étudiant, rêveur, sans grande assurance rencontre Ossama (Majd Eid), un homme plus âgé, grande gueule et peu enclin à se laisser marcher sur les pieds. Ossama engage le jeune homme dans son petit snack où certains falafels sont garnis de pilules anti-douleurs. Ordonnances volées, petit trafic modeste et « artisanal » qui ne les enrichit guère mais leur fait croiser la route de Abou Sami (Ramzi Maqdisi ), un flic palestinien ripou, chéri par sa hiérarchie. Ossama connait le passé corrompu de Sami qui va l’éliminer.

Plus tard, Yahya est casté pour tenir le rôle principal dans Le Rebelle un film commandé par le Ministère de la Culture (et de la propagande) afin de glorifier la résistance contre l’ennemi sioniste. Ce sera « le premier film d’action produit dans la bande de Gaza ». Pendant le tournage, Yahya croise à nouveau Sami plus puissant que jamais. Le néo-acteur jusqu’alors faible et pleutre, devenu à l’écran un Rambo palestinien, va se transformer en vengeur impitoyable. Les réalisateurs s’amusent de l’intention du Hamas de créer un Gazahood, de ce tournage sans moyens – puisqu’on y tire à balles réelles faute de pouvoir s’offrir des effets spéciaux, de la fabrique du héros au cinéma et en politique.

Ils choisissent, railleurs, ce titre, Le Rebelle, référence au chef d’œuvre de King Vidor, chantre de l’individualisme. Dans Il était une fois à Gaza, les écrans se multiplient comme pour feuilleter le réel et lui rendre, sans manichéisme, sa complexité. Il n’y a pas de rôles féminins dans ce scénario dans lequel la seule chose qui semble échapper à toute raillerie, et laisser un peu d’espoir, demeure l’amitié entre deux hommes, qui n’avaient pas choisi leur histoire.

ELISE PADOVANI

Once upon a Time in Gaza, Arab et Tarzan Nasser

Le film était en compétition à Cannes, Section Un Certain regard. Il a obtenu le Prix de la Mise en scène.

En salles le 25 juin