jeudi 21 août 2025
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À tir d’archets

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© X-DR

Du 16 au 31 août, le Festival de Quatuors du Luberon déroule sa 50e édition sur fond de pierres romanes et de ciels d’été. Douze concerts, douze voyages sonores dans les plus belles pages du répertoire à cordes. Fidèle à son identité : excellence musicale, acoustiques précieuses, formats accessibles – et un territoire au cœur du chant.

Tout commence à Roussillon le 16 août. Le Javus Quartet donne la première impulsion avec un triptyque aussi limpide qu’exigeant : Haydn pour la structure, Erkin pour la surprise, Beethoven pour la densité. Dès le lendemain, le Quatuor Arod s’impose à Goult avec un programme tendu entre rigueur et lyrisme : Beethoven, Kurtág, Mendelssohn. De la verticalité à l’élan, du silence au choral.

Trois jours plus tard, le 20 août, le Quartetto Eos prend place à l’abbaye de Silvacane avec un hommage à l’opéra en version quatuor. Verdi, Puccini, Schubert – où les voix demeureront absentes mais la dramaturgie intacte. Le lendemain, le Quatuor Wassily investit Roussillon un kaléidoscope entre Beethoven, Bartók et Fauré. 

Silvacane reste le point central de la programmation : le 22 août, le Quatuor Agate s’y associe au pianiste Cyril Guillotin : Mozart, Apparailly, Brahms – l’union du souffle et de l’architecture. Le 23, retour des Van Kuijk : Mozart encore, Mendelssohn toujours, mais aussi une création contemporaine teintée de clins d’œil parisiens. Et le 24 août, le Quatuor Métamorphoses (accompagné du récitant Matthieu Marie) remet Haydn au centre du jeu, à Goult. 

Vers la modernité

Cap à l’ouest le 27 : le Quatuor Modigliani investit Cabrières d’Avignon avec Haydn, le compositeur contemporain Thierry Bertrand, et un grand Beethoven. Le lendemain, même ensemble, autre décor : Debussy, Wolf, Beethoven – lignes brisées, sensualité rêveuse, tension sourde. Puis, moment de mémoire le 29 : un hommage à Bruno Ducol, disparu en 2023, porté par la soprano Laura Holm, le pianiste Jonas Vitaud, les percussions de Clément Ducol et Matthieu Marie en récitant. À Cabrières toujours, cinq œuvres, de Liszt à Debussy, ponctuées d’une pièce du compositeur, saluent un amoureux des timbres rares et des climats inquiets.

Le 30 août, le Quatuor Hernani rejoint les pianistes Jonas Vitaud et Jérémie Dieudegard pour une soirée intense : Chostakovitch, Britten, Chausson — l’intime au bord du gouffre. Enfin, ultime choc esthétique, le 31 août : le Quatuor Diotima referme le rideau à Silvacane sur un triptyque radical – Mochizuki, Berg, Ravel. Contemporain, expressionniste, impressionniste : trois écoles, et toujours la même exigence.

SUZANNE CANESSA

Festival de Quatuors du Luberon
Du 16 au 31 août
Divers lieux, Luberon 

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Pluie d’étoiles

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© X-DR

2025 est une date anniversaire : il y a 30 ans, les scientifiques découvraient la première exoplanète, située en dehors du système solaire. En avril dernier, certains chercheurs ont même évoqué la possibilité d’une vie microbienne sur l’une d’entre elles, à 124 années-lumière de la Terre, dans la constellation du Lion. Voilà qui titille la curiosité ! Ça tombe bien, le 23 juillet, vous pourrez poser toutes les questions qui vous traverseront l’esprit à Véronique Bréchot et Michel Marcelin, auteurs de L’Univers et la Vie (éditions E/P/A), pour l’une des quatre grandes soirées qui rythmeront l’été au Centre d’Astronomie de Saint-Michel-l’Observatoire.

L’Été Astro, ce sera aussi une balade sonore, entre nature et astronomie, le 26 juillet. En partenariat avec l’Institut Francophone de Formation au Cinéma Animalier, ce sera l’occasion de découvrir la faune nocturne aux abords du site, le parcours étant ponctué d’observations au télescope pour profiter du ciel étoilé. En prime, deux films seront projetés : Noctules, ces mystérieuses chauves-souris par Hugo et Nathan Braconnier ; et La danse des atomes de Lisa Falconnier.

Paroles et lecture

Le 2 août, en pleine période des Perséides, propice aux étoiles filantes, les médiateurs de l’Observatoire donnent rendez-vous pour un apéro scientifique, une lecture du ciel au laser, une conférence de Pierre Henriquet (toujours sur les exoplanètes, sujet inépuisable), et même un spectacle de contes, par Clara Piñero. Enfin le 9 août, une table ronde donnera la parole à deux chercheuses, Céline Gouin et Sunayana Bhargava, qui partageront leur expérience d’astrophysiciennes dans un domaine encore largement masculin. 

Guettez le site du Centre d’Astronomie, car outre ces quatre temps forts, bien d’autres ateliers, initiations, visites du planetarium et pique-niques sont prévus durant cette saison estivale.

GAËLLE CLOAREC

L'Été Astro
Jusqu'au 21 septembre
Centre d'Astronomie, Saint-Michel-l'Observatoire

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Derrière les cailloux, l’histoire 

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© Musée de la Préhistoire des Gorges du Verdon

Au creux de ses montagnes, les Alpes de Haute-Provence recueillent une zone géologique éminemment précieuse : 60 sites archéologiques fouillés dans le Verdon depuis le XXe siècle. C’est aussi l’une des premières réserves de France pour le patrimoine géologique, qui fête cette année ses 40 ans. Alors quoi de mieux, pour la Réserve naturelle géologique de Haute-Provence, que de s’associer au musée de la Préhistoire des gorges du Verdon pour proposer Sors de ta réserve !une exposition qui remonte très loin dans l’Histoire ? On y croise des ammonites, des plésiosaures – reptiles marins au cou élancé – ou des ichtyosaures, drôles de créatures entre dauphin et dinosaure, qui arpentaient les mers à l’ère du Mésozoïque (il y a 252 millions d’années). Le tout est présenté dans un parcours ludique, dans lequel les enfants et leurs parents retraceront la Préhistoire avec des dessins humoristiques ou des puzzles. 

© Musée de la Préhistoire des Gorges du Verdon

Protéger le passé

C’est aussi l’occasion pour le musée d’introduire à son travail de préservation et à ses études sur le patrimoine géologique. Du 6 juillet au 31 août, il invite à découvrir les sites archéologiques à une heure de marche du musée, dans les hauteurs de Quinson. Comme la grotte de la Baume Bonne : habitat de l’Homme de Provence il y a près de 400 000 ans et témoin de ses premiers écrits.
Autres temps forts de la saison dans un site (le bien nommé Préhistosite) situé à deux pas du musée : le 20 juillet, une journée dédiée à l’Âge de Bronze en parallèle de l’exposition Échos du Bronze (visible jusqu’au 15 décembre) ; du 7 juillet au 29 août, le musée propose des ateliers sur les savoir-faire préhistoriques : tir à l’arc, création de feu, musique, conte, parure, poterie…

LILLI BERTON FOUCHET

Sors de ta réserve !
Jusqu’au 15 décembre 2025

Échos du Bronze 
Jusqu’au 15 décembre 2025
Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon, à Quinson

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Salagon : entre musée et jardins

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© Thibaut Carceller

Dans l’enceinte de cette église romane du XIIᵉ siècle voisinée par le village de Mane, le musée Salagon propose cinq expositions temporaires dont une permanente Traces au prieuré. Parmi elles, deux installations en résonance avec la protection de l’environnement. L’auteur et photographe indépendant Franck Pourcel propose Aux abords du loup, une série de photos accompagné d’objets – issus des mythes et légendes, entre effroi et fascination – (livres, figurines, cartes postales…). On peut y voir aussi EN FORÊT, de la gestion à l’évasion de Vincent Munier, un travail photographique centré sur la relation entre l’homme et son habitat dans une société contemporaine. 

© Thibaut Carceller

Le lieu, classé monument historique puis labellisé « Musée de France » en 2002, est bordé par six hectares de jardins, avec un total de 1700 espèces de plantes différentes recensées. Un véritable Eden de senteurs et de couleurs, parsemé de grands arbres, idéal pour des balades au frais par temps de canicule. L’artiste et plasticienne Anne Poivilliers y propose un jeu aérien, avec des œuvres aussi fragiles que légères, dans l’exposition Dans le vent, la lumière présentée jusqu’au 15 juillet. Un compromis entre découverte et détente qui ne manquera pas de surprendre. 

THIBAUT CARCELLER

Aux abords du loup
Jusqu’au 15 décembre
Musée Salagon, Mane

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Témoigner pour résister   

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RADIO LIVE – REUNI.ES Conception et ecriture scenique Aurelie Charon Avec Karam Al Kafri (Palestine/Syrie), Sihame El Mesbahi (France/Maroc), Yannick Kamanzi (Rwanda) En complicite avec Amelie Bonnin et Gala Vanson Creation musicale Emma Prat Creation visuelle live Gala Vanson Identite graphique Amelie Bonnin Images filmees Hala Aljaber, Aurelie Charon, Thibault de Chateauvieux Lumiere Thomas Cottereau Montage video Celine Ducreux, Mohamed Mouaki Espace scenique Pia de Compiegne

Samedi 18 juillet, treize heures. La salle se prépare à un poignant témoignage qui va résister neuf heures durant. Neuf heures de récits édifiants, de l’Ukraine à Gaza, de la Bosnie à la Syrie, du Congo au Liban, du Maroc à Avignon. Huit participants aux vécus sensibles traversés par la guerre, des histoires de fratrie et de patrie qui se décomposent et se recomposent, et d’une infinie tendresse toujours victorieuse.  

Radio Live, depuis une dizaine d’années, porte sur scène la création radiophonique, celle qui donne une voix, documentaire, aux témoins de l’histoire. Animée par Aurélie Charon, productrice à France Culture, autrice et réalisatrice, porteuse de cette forme nouvelle de théâtralisation du réel.

Les huit protagonistes semblent porter un fardeau collectif, une histoire dont les blessures irriguent nos intimités. Pourtant Radio Live (Radio Love ?) fait la preuve que la lumière peut surgir de l’obscurité. Comment ne pas rire aux éclats, quand Ines Tanovic (historienne de l’art, activiste, éternelle fan de Nirvana), raconte sa rencontre, à neuf ans, avec un obus bosniaque lors d’un visionnage chez la voisine de l’iconique Santa Barbara entre deux coupures de courant ? 

« Votre corps ressemble à un fromage suisse ! » s’exclame le médecin à la radiographie, observant les plus de cinquante objets métalliques fichés pour toujours dans le corps de la jeune fille. 

Les narrations sont fortes, elles ont le naturel du récit vrai, la voix et la guitare d’Emma Prat sont comme un  subtil intermédiaire au cheminement de nos émotions nous emmenant toujours plus loin dans ces paysages de boue et de sang. Les dessins ludiques tout en couleurs de Gala Vanson viennent esquisser à point nommé les contours géographiques de ces terres endeuillées. Ou souligner des sourires, des vieilles photos de famille comme pour mieux nous inclure dans la confidence comme des amis. 

C’est la force du groupe, on filme, on accroche, on installe pendant les prises de paroles, on voyage chez les uns et chez les autres, on se soutient et on se prend (souvent) dans les bras. Un souffle de joie et de solidarité, au-delà des clivages et des haines.  

MICHÈLE GIQUIAUD

L’intégrale de Radio Live a été jouée le 18 juillet.

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Sortir du trou

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© Cie eclair/ Artsud

Imaginez un espace obscur, encombré de gros sacs. Une femme (Milouchka) surgit, saute, pousse un cri en apercevant un homme avachi dans un fauteuil qui l’est tout autant. Elle est gênée, ne pensait pas trouver quelqu’un qui, visiblement, n’avait pas envie d’être dérangé. L’homme (Christian Mulot) s’énerve et affirme « on n’est pas là pour se faire des amis » tandis que la femme s’étonne de ne pas être dans « le bon trou » mais essaie d’être aimable. Ambiance tendue. Ça ne s’arrange pas avec l’arrivée tonitruante de celle qui se présente comme « la revenante » (Chrystelle Canals), celle qui revient toujours après ses épisodes de cuite. Enfin, un quatrième (Hugo Lebreton) surgit, éructe, déclare n’avoir rien à faire là ; il a un boulot, une femme et des enfants. Cependant, contraints de cohabiter ces quatre êtres paumés vont peu à peu communiquer, révélant leurs erreurs et leurs fractures.

Huis clos sartrien

Les deux autrices/metteuses en scène Milouchka et Chrystelle Canals, font basculerl’addiction dans le fantastique d’un enfer qui est aussi les autres : l’addiction de chacun.e. estsymbolisée par la métaphore brute du trou, un trou dont iels ne sortent pas et dans lequel iels sont invisibles. Des bruits inquiétants résonnent par moments, des fumées se répandent, telles des menaces ou des remords. Sont-ils condamnés ? Par qui ? Aucune intervention extérieure ne survient. 

Il est temps de cesser de juger et d’aider ces personnes, nous suggèrent les autrices qui sont en relation avec des centres sociaux. Leur création ne manquera pas de susciter des interrogations.

CHRIS BOURGUE

Shot, shoot, chut
jusqu’au 26 juillet
Théâtre Barretta, Avignon

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Twerker au musée

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© X-DR

Nicolas Misery, directeur des Musées de Marseille, était ravi d’accueillir à la Vieille Charité les 900 personnes inscrites pour la soirée de lancement des Jeudis au musée, série de quatre rendez-vous au programme de L’Été marseillais. « C’est une façon différente de découvrir les lieux : nous voulions montrer que l’on peut danser au musée, écouter de la musique, participer à une performance. On a tous immensément besoin de danser ! »

Entre les cimaises, des corps vivants

De fait, le public a manifestement apprécié la découverte de l’exposition du moment, Tatouage. Histoires de la Méditerranée, au tempo du collectif Twerkistan. Ses danseurs, après avoir travaillé au contact des œuvres et répété in situ, ont entraîné dans leur sillage un cortège de sourires ravis et étonnés, y compris chez les enfants les plus jeunes, marquant du pied le rythme. 

« Tatouage porte beaucoup sur la décolonisation et les rapports de genre, des questions qui résonnent avec les préoccupations des membres de Twerkistan. Nous apprécions leur esprit de liberté, leur impertinence, et c’est important de travailler avec des artistes locaux », commentait le directeur.

Cette mise en résonance festive aurait pu durer plus longtemps que l’on ne s’en serait pas plaints. Car la suite de la soirée, aussi agréable fut-elle, a pris la forme plus classique d’un sound system. Sur scène, dans la cour du vénérable bâtiment, les Djs du collectif ont ambiancé les spectateursavec du reggae, dancehall, hip-hop et afrobeats. Non dénuée d’une coloration politique – les paroles de certains titres classiques n’ont pas pris une ride : « No justice, no peace », comme le chantait Steel Pulse, se scande aujourd’hui encore dans les mobilisations contre les violences policières.

GAËLLE CLOAREC

Twerkistan a inauguré les « Jeudis au musée » le 17 juillet à la Vieille Charité, Marseille. Prochaine date, le 24 juillet avec une carte blanche au festival The Echo.

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Verdi sous les étoiles séduit Marseille

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L’Eté Marseillais a fait escale dans cet écrin de verdure à la belle acoustique, à l’invitation de Marseille Concerts et de la mairie du 1/7. Viva Verdi a offert au public marseillais, un florilège des plus grands « tubes » du maître italien, interprétés par quatre solistes talentueux accompagnés au piano par Ismaël Margain.

Celui-ci a introduit le concert avec une adaptation de la Marche triomphale de l’opéra AïdaPuis Olivier Bellamy, directeur musical de Marseille Concerts a présenté les solistes ironisant sur la structure des opéras verdiens « un amour entre un ténor et une soprane, rendu impossible par un baryton jaloux et une mezzo perfide ».

Et en effet, le programme débute avec un duo d’exception Un dì, felice, eterea, tiré de La Traviata dans lequel Alfredo (Samy Camps ténor) déclare sa flamme à Violetta, (Chloé Chaume soprano). Il est suivi par l’air d’Azucena Stride la vampa, du Trouvère. La gitane se remémore la mort de sa mère, brûlée vive par le Comte et crie vengeance. On y découvre une Ambroisine Bréremarquable de puissance et de théâtralité dans ce registre flamboyant. La soirée se déroule comme un voyage dans l’univers du Maestro. Bellamy nous y conte la passion de Verdi pour Shakespeare qui l’inspira pour Mac Beth, interprété avec fougue par Yohann Dubruque ou pour l’opéra Othello dans lequel Chloé Chaume interprète avec passion l’Ave Maria de Desdémone, qui annonce sa mort tragique.

Le gala est une succession de petits cadeaux : la Fantaisie impromptue de Chopin interprétée au piano par Ismaël, l’interprétation bouleversante de Chloé Chaume dans l’Addio del passato d’une Traviata qui se meurt ou celle d’un Samy Camps, irrésistible dans l’air La Dona e mobile, de Rigoletto. Il incarne à merveille un Duc de Mantoue arrogant et cynique envers les femmes. Et bien sûr, impossible de se quitter sans lever son verre avec un Libiamo, libiamo ne lieti calici endiablé repris en chœur par un public ivre… de musique.

Karine Fouchet Isambard, directrice de Marseille Concerts, très émue, s’est félicitée de cette collaboration en confiance avec la mairie de secteur et l’été marseillais , qui devrait en appeler d’autres. L’association, qui organise une trentaine de concerts par an dans des lieux emblématiques comme La Criée, Le Pharo ou le Conservatoire, n’avait jusqu’alors jamais proposé ce type de production, en plein air et entièrement gratuite. Alors, rendez-vous l’été prochain ? On entend déjà des grand Airs de Mozart résonner dans les branches des arbres du Théâtre Silvain… Pas vous ?

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé le 19 juillet au théâtre Sylvain

« Tout devient insupportable »

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Le temps du festival, la Maison Jean Vilar accueille ses « enjeux du présent », une série de rencontres qui se penchent sur les grands sujets contemporains et d’actualité. Après la guerre en Ukraine et avant les « Voix palestiniennes », la Maison s’est intéressée aux violences sexistes et sexuelles. Autour de cette table ronde animée par Chloé Macaire (journaliste à Zébuline), quatre dramaturges et spécialiste ont répondu à l’appel : Sephora Haymann, Bérénice Hamidi, Servane Dècle et Ronan Chéneau.

Comment aborder le sujet des VSS au théâtre, sans inciter à les reproduire, ni les excuser, ni les envelopper d’un voile sale de romantisme et d’érotisme ? Comment représenter l’horreur du crime sans agresser ni les comédiens ni l’assemblée ? Rien de plus simple si le regard porté dessus est une condamnation claire, si scénariste et metteur·se en scène sont réellement du côté des victimes. Mais difficile de ne pas désespérer quand des pièces, classiques ou récentes, issues d’une « zone grise » qui prétend analyser plus finement les tenants d’un viol, sont préférées à l’explicitement féministe. « Cette zone grise ne profite qu’aux agresseurs », lance Sephora Haymann, du collectif #MeTooThéâtre, et co-metteuse en scène desHistrioniques.

Sortir d’une esthétique stéréotypée

Autrice de l’essai Le viol, notre culture (2025), la chercheuse Bérénice Hamidi demande que l’on sorte d’abord des représentations dominantes du viol. Non, la plupart des agressions ne se fait pas dans la rue, la nuit, et n’est pas issue d’un accès passager de sauvagerie d’un inconnu. 91% des victimes connaissent leur agresseur. Et le crime est commis presque toujours à domicile.

Servane Dècle, co-conceptrice de la pièce coup de poing Le Procès Pélicot, renchérit sur la nécessité de sortir du mythe de la « victime exemplaire », vierge et sans aucun désir sexuel. Le procès de Dominique Pélicot et des 51 autres agresseurs a mis au jour une vérité qu’il est parfois difficile d’admettre : bien souvent, les violeurs sont des hommes ordinaires, mais qui ont intégré l’idée que leur domination sur les femmes est légitime. Pourquoi violent-ils ? Parce qu’ils le peuvent, répond Bérénice Hamidi.

Alors il faut en parler, il faut représenter en condamnant sans détour. Il faut détruire toute ambiguïté, ne plus se demander si oui ou non on peut excuser une violence sexuelle. Représenter c’est conscientiser, c’est sensibiliser. Car une fois sensibilisé, à la misogynie explicite comme implicite, dans des œuvres d’art ou au quotidien, tout devient insupportable, lâche Sephora Haymann.

De la scène aux coulisses

« Alors que peut-on faire, collectivement, dans le monde de l’art, au-delà d’un travail personnel de renseignement et de déconstruction ? » demande Ronan Chéneau, auteur de A la barre. Il faut considérer par exemple les coulisses et la représentation sur scène comme un continuum, explique Bérénice Hamidi.

Sephora Haymann ajoute qu’au théâtre, il est difficile de traiter ces problématiques parce que les metteurs en scène et personnes de pouvoir n’y sont pas formés. Quand une agression se produit dans une troupe, ils se défaussent de leurs obligations d’en virer l’auteur, s’en remettant au Code du travail. Mais ce n’est pas à eux de décider du sort de l’agresseur, c’est au tribunal, et c’est une obligation pénale que de le mettre hors d’état de nuire.

Dommage cependant que l’assemblée ait été en grande majorité composée de femmes, comme si les hommes ne s’étaient pas sentis concernés… 

GABRIELLE SAUVIAT

Précieuse Rebecca Cruz

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© Florent Gardin

À Arles, Les Suds trentenaires proposent durant leur longue semaine d’exploitation juilletiste une liste de rendez-vous musicaux aussi variée en styles qu’en lieux d’accueil. Parmi ceux-ci, les bien nommés Moments Précieux, concerts organisés aux Alyscamps, ont ce quelque chose d’onirique qui enchante à tous les coups. 

Parfois, c’est même avec perfection qu’un projet artistique et un environnement se rencontrent, et s’allient le temps d’un concert. C’est la sensation que donnaient Rebecca Cruz, précédée de ses musiciens, dès leur montée sur scène, vendredi 19 juillet. L’ensemble paritaire, formé de la violoncelliste Léonore Grollemund, de la contrebassiste Léna Aubert, du violoniste Sylvain Rabourdin et du percussionniste Juri Caneiro entrait en scène dans des costumes blanc à l’aspect cérémoniel, avant que la chanteuse, arborant une robe à franges rouge brique et une très longue queue de cheval ébène, ne démarre son concert-rituel. À l’image des morceaux tantôt poétiques, transcendantaux ou puissants, la voix de la vénézuélienne se promène avec une aisance remarquable à travers les techniques du chant lyrique, jazz, pop ou théâtral, servant les compositions qui se font épisodes d’une épopée haletante par les monts et les vaux de l’âme. Une expérience singulière, que le groupe porte avec une précision qui force l’envoûtement. 

LUCIE PONTHIEUX BERTRAM 

Les Suds, à Arles, se sont tenus du 14 au 20 juillet.

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