jeudi 21 août 2025
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Les mômes à la fête

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© Natacha Guilitte

Festimôme, « un aller simple pour l’imaginaire ». C’est peu de dire que l’on en a bien besoin, à tout âge, en ces temps troublés ! Aussi l’équipe et les bénévoles du Festival international du cirque et des arts de la rue s’investissent pour faire de cette 24e édition un rendez-vous propice à rêver. En maintenant, « malgré un contexte difficile, où la culture fait les frais de lourdes coupes budgétaires, des tarifs accessibles », explique Teresa Tigrato, fondatrice de la manifestation. La soirée d’ouverture, le 24 juillet, est même gratuite, avec du stand up au programme, car ce n’est pas le moment d’oublier de rire. Et les journées suivantes sont à 5 € pour les enfants, 10 pour les adultes, (pass trois jours à, respectivement, 10 et 20 €). De quoi permettre, y compris aux familles ayant un budget limité, de profiter amplement des nombreuses propositions du festival.

Des journées bien remplies

Car Festimôme, ce sont une petite dizaine de spectacles chaque jour, sous les arbres du parc Jean-Moulin. Avec des artistes locaux, tels que le jongleur Nicolas Longuechaud, qui fait « son » cirque dans Le Block. Certains sont des voisins, comme 90’20 Soap, groupe marseillais enchaînant les reprises des inénarrables années 1990, quand les boomers étaient encore jeunes et naïfs, pour ressusciter tubes et faces B d’époque. Si jamais les Spice Girls vous manquent et que vous avez rêvé de faire découvrir leur univers musical à vos enfants, c’est « the place to be ».

D’autres compagnies viennent de plus loin, emportant la bonne humeur dans leurs valises. Les adeptes de prouesses physiques apprécieront, par exemple, le trio montpelliérain Les Triphasés, ses portés acrobatiques et sa bascule hongroise, un agrès de cirque spectaculaire. Ne ratez pas, surtout, La Dyane du collectif belge Sitting Ducks. Un numéro hilarant de déboires avec une vieille voiture, belle métaphore des impasses de notre civilisation, quand la surenchère de technologie ne fait qu’aggraver les problèmes qu’elle a suscités.

Village d’activités

Du 25 au 27 juillet, de 10 h à midi et de 14 h à 17 h, La Grande Récré, un village d’activités, s’installe dans le parc en marge des spectacles. L’occasion de s’initier au hip-hop, avec les danseurs de la Cie En Phase, suivre les ateliers proposés par les bibliothécaires de la ville d’Aubagne, se lancer dans une chasse au trésor, ou s’accorder un temps pour soi dans l’espace bien-être. 

L’association Les ami(e)s de Romy assurera aussi une sensibilisation aux différentes formes de violences (psychologiques, verbales, sexuelles, en ligne…) qui peuvent frapper les enfants, y compris dans des lieux ou institutions censés les protéger. Notez, enfin, que le parc Jean-Moulin est facilement accessible en transports en commun ou à pied, et que plusieurs parkings sont situés à proximité.

GAËLLE CLOAREC

Festimôme
Du 24 au 27 juillet
Parc Jean-Moulin, Aubagne

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La danse prend l’hélico

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© Yang Wang

Après une soirée de danse & mapping vidéo dansée par le G.U.I.D. et mappée par L’Espace Vide le 4 juillet, le Ballet Preljocaj sera de retour les 24, 25 et 26 juillet pour Helikopter & Licht. Créé cette année et donné, entre autres, au Pavillon Noir et à La Criée, le diptyque prendra ses quartiers en plein air puisqu’il retrouvera, après son passage à Châteauvallon, la scène du Théâtre de l’Archevêché d’Aix-en-Provence. L’inimitable pièce créée au tournant des années 2000 sur la pièce éponyme de Stockhausen, Helikopter célèbre le mariage de l’abstraction et de la physicalité, des indivualités et des mouvements de groupe, à partir de la mécanique obsédante de ce quatuor interprété, il faut le rappeler, par des instrumentistes isolés dans quatre hélicoptères en pleine ascension. 

Grand cru également que ce Licht apposé à Helikopter après un émouvant entretien entre le chorégraphe et le compositeur. La partition électronique pur jus de Laurent Garnier et les élans verticaux plus posés et cadrés des danseurs, vêtus de joggings multicolores, semblent amener la pièce davantage sur le terrain, certes très revisité, de fresques hip-hop. Mais l’explosivité et l’organicité de la chorégraphie revient faire écho à la lumière convoquée par le titre, et irradiant déjà sur Helikopter. Plus de vingt ans plus tard, les corps débordent d’une énergie et même d’un bonheur tangible, et précieux.

SUZANNE CANESSA

Helikopter & Licht
24 au 26 juillet
Châteauvallon, Scène nationale d’Ollioules

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Fevis : interférences musicales 

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© X-DR

Depuis trois ans la Fevis, (Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés)organise au cœur de La Mecque du théâtre, les Interférences dont « L’objectif est de rapprocher création musicale et programmateurs et public du spectacle vivant » explique son délégué général Louis Presset : faire en sorte qu’elle ne reste pas confinée dans les maisons d’opéra ou des festivals d’été pour toucher un plus large nombre de salles et de public.

Que manque-t-il à la musique de création pour qu’elle puisse trouver sa place sur les scènes pluridisciplinaires ? La question a réuni autour d’une table ronde dans le cadre splendide de la Collection Lambert, artistes, programmateurs, représentants du ministère de la Culture, de l’Ircam, de l’Onda… Dans les témoignages, les expériences de terrain, les intuitions partagées, les mêmes constats émergent : tout n’est pas qu’affaire de budget ou de fiche technique mais plutôt de méconnaissance, de récits inadaptés au public.

Stop aux clichés

« La création musicale est jugée aride, abstraite. Comment changer cette perception ? » s’interroge Estelle Lowry, directrice de la Maison de la musique contemporaine. Elle rappelle qu’un travail collectif est initié depuis quatre ans avec « Méridiens » porté par le ministère de la Culture et l’Ircam. Celui-ci a identifié plusieurs leviers : œuvrer à faire sortir ces musiques des clichés qui la présente comme élitiste, à mieux comprendre les publics – en particulier le sentiment d’illégitimité qui les habite face à la création, leur peur de s’ennuyer à un spectacle « barbant » –, à travailler envers des programmateurs qui méconnaissent ces esthétiques.

L’utopie de création

Élise Dabrowski, chanteuse lyrique, compositrice et directrice artistique de Trepak, structure porteuse de projets de créations, croit à la « puissance des œuvres » qui touche les publics. « Il faut arrêter de s’excuser d’être complexe. On doit rester centré sur ce que l’on a à dire. » Elle évoque Tomber sans bruit, création musicale hybride à partir d’archives sonores et visuelles, narrant la chute industrielle et sociale du groupe Vivarte (La Halle, André…) et la liquidation des 30 derniers salariés, fresque qui a suscité « l’envie » chez un large public. 

« Il y a nécessité à créer des œuvres qui font société. Chacune doit être singulière, non reproductible, à rebours des injonctions productivistes. Pas de recette : seul compte le lien entre une œuvre, un lieu, un public. » Elle plaide pour un renouvellement des formats, le temps long, l’utopie de la création dans des résidences faites de rencontres et de cocréations sur un territoire.

À Marseille, l’ensemble C Barré mise aussi sur ce travail en profondeur, au plus près duterrain et en direction des jeunes générations avec des orchestres amateurs dans les écoles et les quartiers. Depuis 2024, l’ensemble a intégré la scène nationale du Zef : « Au départ, la directrice du Zef [Francesca Poloniato] avait peur d’accueillir un ensemble comme le nôtre. Elle ne savait pas bien comment ça fonctionnait. On a travaillé ensemble, appris à se connaître », explique Sylvain Monier, son administrateur.

Car il s’agit de cela : faire tomber les craintes, accompagner les lieux dans leurs initiatives de médiation. Un public n’est pas figé, statique. Il se gagne, s’apprivoise, s’éduque, en particulier lorsqu’il pratique lui-même la musique et s’empare de la création, comme le propose C Barré aux enfants des quartiers Nord de Marseille.

ANNE-MARIE THOMAZEAU.

La rencontre s’est déroulée le 11 juillet à la Collection Lambert, Avignon.

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Réaffirmer la culture de service public

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© X-DR

L’objectif : débattre entre élus, professionnels et syndicats des objectifs des programmes culturels des candidats aux municipales, alors que les chiffres de l’Observatoire des politiques culturelles, sortis le 9 juillet, montrent que plus de 50 % des régions, départements, communes et métropoles ont diminué leur budget consacré à la culture entre 2024 et 2025. 

L’agacement était tangible et la parole franche, mais les appels à l’unité et à la création d’états généraux n’ont cessé de se faire entendre du côté des patrons comme des salariés. Tandis que les élus et candidats rappelaient que si certains, essentiellement à droite, sacrifient la culture, d’autres la soutiennent et la défendent en dépit des attaques budgétaires. Claire Guièze, vice-présidente du Syndeac, comprend les choix difficiles auxquels sont soumis les collectivités avec des budgets réduits de manière globale, mais a aussi affirmé qu’« il y a des endroits où les coupes de budgets de l’état sont un prétexte pour tuer la culture », en prenant l’exemple du pays de la Loire où Christelle Morançais « assume une politique culturelle à la Milei » a renchéri le maire de Montpellier, Michaël Delafosse.

Deux idées clefs se sont ainsi dégagées. D’une part, lutter contre l’offensive de privatisation du monde de la culture et les coupes budgétaires de certains élus de droite. De l’autre lutter contre le remplacement culturel qu’opère l’extrême droite depuis de nombreuses années avec, par exemple, la création de parcs à thème qui réécrivent l’histoire comme le Rocher Mistral. 

Claire Serre-Combe, secrétaire générale du Synptac CGT a voulu rendre aux artistes leur place : « sans les hommes et les femmes qui créent, les infrastructures ne servent à rien ». Les artistes, au cœur de ces institutions ont demandé « la confiance des élus lorsqu’on [leur]confie des budgets pour pouvoir continuer à créer »

Recentrer le débat

Car les reproches, ainsi qu’un appel à la démission, ont pris acte de la déconnexion avec Rachida Dati. L’opposition entre la ministre et les actes des élus locaux a été soulignée, et  Emmanuelle Gourvitch, déléguée générale du Synavi a  noté le rôle contreproductif du dispositif « mieux produire mieux diffuser » qui, piloté par le Ministère, ignore les acteurs de terrain que les villes connaissent mieux.  Des élus de Marseille, de Seine-Saint-Denis et de La Réunion ont témoigné du caractère essentiel « du maillage culturel fait par les institutions culturelles et les associations au sein de leur territoire ». Ils ont donc fait le choix d’y maintenir et même d’augmenter les budgets de la culture pour participer au bien-être de leur population, tout en favorisant la création artistique dans sa diversité hors de ces réseaux. 

Plus généralement, une réflexion « transversale entre tous les services publics » est nécessaire, a expliqué Emmanuelle Gourvitch. Car la culture traverse la société et a un rôle social, économique et éducatif important qui ne peut pas se faire sans le soutien aux hôpitaux publics, aux écoles et à toutes les infrastructures « non rentables». Une aberration que tous et toutes ont relevée : le service public ne doit pas être rentable. Un changement de paradigme s’impose alors : « Il faut remettre le bien commun au centre des débats » ont lancé, tour à tour, de nombreux participants et participantes, lors de cet échange qui a duré près de trois heures.

LOLA FOARO

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Soul des Sixties

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© Clara Fuente

Dans le cadre idyllique de l’amphithéâtre simili antique, le public de Marseille Jazz se rejoint le lendemain pour une « soirée soul », comme l’explique en introduction son directeur, Hughes Kieffer. 

La soirée débute avec le groupe de la harpiste, chanteuse et compositrice parisienne Sophye Soliveau. Le chœur (Slighty Maitrel, David Tshimanga et Rosanne Joseph) introduit la musique. A la basse, Eric Turpaud et à la batterie Sabri Belaïd, les accompagnent. Puis vient Sophye. 

Elle se présente en chantant : sa voix est agile, avec soul dans les graves et légèreté dans les aigus. Elle accompagne à la harpe des runs comme du r’n’b. Le chœur éclate en bavardage pour introduire la  chanson suivante, qui commence avec une instrumentation légère et des rythmes broken-beats. Ensuite, le public baigne dans plusieurs minutes de solo à la harpe. Féérique et rêveuse, elle semble seulement effleurer son instrument qui produit des sons de plus en plus puissants, jusqu’à venir gratter la harpe comme une guitare. Elle continue à chanter en improvisant, cette fois en passant par des cris, des sons stridents, falsettos, puis la musique repart en syncope  aux influences caribéennes voire rock. Avant le salut, le public a droit à un chant a cappella où tous les instrumentistes sur scène bercent les spectateurs une dernière fois …

Hors du temps

Puis place à la tête d’affiche : Thee Sacred Souls. Le trio californien — Josh Lane (chant), Sal Samano (basse) et Alex Garcia (batterie) — originaire de San Diego, s’est rapidement imposé sur la scène internationale avec son esthétique inspirée de la soul des années 60. On pense à Otis Redding, Al Green ou encore Marvin Gaye. 

© Clara Fuente

Les instruments commencent seuls : clavier, guitare, basse électrique, batterie, guitare, percussions et trio de cuivres (trompette, saxophone et trombone). Puis le chanteur entre en scène, rejoint par deux choristes. Ils enchaînent les titres de leurs albums et quelques nouveautés par des transitions rapides. Josh Lane chante d’une voix agile et suave, et avec charisme il se déplace, se pose à côté de ses musiciens ou en bord de scène. Lors de Running away, il traverse la foule, micro en main, faisant le tour des gradins désormais debout. Pour la plupart des chansons d’amour, ils véhiculent aussi un message d’unité, comme sur One and the Same. Tout le monde chante avec eux lors de I’m so glad I found you baby et leur morceau emblématique Can I call you rose ?

LAVINIA SCOTT

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Tranquille, volubile, musicophile 

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© Clara Fuente

Le Multikulti Trio de Mino Cinelu avec Juan Carmona ouvrait le festival au Silvain, avant la tête d’affiche, le Caravan Palace. 

Dans l’amphithéâtre, les conversations sont animées, et la file est longue devant les stands de boisson. Dans la lumière faiblissante du soir, le temps est à la détente, quitte à oublier un peu la scène elle-même…

Pourtant, le grand Mino Cinelu est là. Il chante, joue de la guitare électrique, des percussions, de la batterie, du triangle, avec l’excellent Bojan Z au piano, la basse groovy de Régis Therese et le toujours inspiré Juan Carmona à la guitare flamenco. Les effusions de batterie de celui qui a joué avec Miles Davis ponctuent un éloquent dialogue guitare-piano, tout en douceur et improvisations.

Mais la plupart attendaient, pour descendre dans la fosse, l’ambiance jukebox et la rythmique endiablée des cuivres de Caravan Palace. L’objectif annoncé était de faire twister la foule : « Dansez pour la paix dans le monde ! » lance la chanteuse Zoé Colotis. De quoi tester son endurance !

GABRIELLE SAUVIAT

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Tout nouveau tout beau

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© Clara Lafuente

Ce soir-là est spécial. La nuit tombe sur le théâtre Silvain, et la nouvelle génération du jazz, Kokoroko, révèle pour la première fois sur scène son nouvel album : Tuff Times Never Last, sorti le jour même. 

Il y a près de 10 ans, le groupe a soufflé sur l’Angleterre une nouveau jazz, avec un groove bien à lui, s’inspirant de l’afrobeat de Fela Kuti et de Tony Allen, et y combinant des influences highlife,funk et R&B/soul. C’est un son presque méditatif qu’ils proposent, simultanément teinté par des lignes mélodiques plus rythmées, livrées par les percussions africaines et la batterie.

Le concert s’ouvre sur Higher, morceau de leur ancien EP. Délicatement, la trompette de Sheila Maurice-Grey, leadeuse, et le trombone d’Anoushka Nanguy, s’accordent pour donner la mélodie. Les morceaux s’enchaînent aisément, comme pressés de présenter tout leur nouvel album. Avec Never Lost, la ligne de basse donne le pas à l’amphithéâtre qui se lève et balance son corps et sa tête en rythme. Ensuite, Closer to Me débute par un clavier au son électronique où se superposent les voix à l’accent so british, et où les rythmes afro sont accompagnés par la guitare ralentie d’Oluwatobi Adenaike Johnson

L’ensemble du concert est une fluide discussion entre instruments, riche en cuivres et au tempo lent, relevée par des harmonies vocales parfaitement à l’unisson. 

LILLI BERTON FOUCHET

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La pétanque, toute une histoire !

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© Hans Silvester

Exposer la pétanque à Marseille ? Un panneau à l’entrée de l’exposition fait la question et les réponses : oui, car les premiers concours de boules à « pieds tanqués » ont été organisés à Marseille et alentours (La Ciotat) vers 1910. C’est d’ailleurs pendant cette période « après avoir distrait les marins en escale à Marseille, que la pétanque s’est diffusée dans le monde, suivant les voies maritimes, coloniales, puis touristiques ».

La ville, où se trouve le siège de la fédération internationale (depuis 1958), en est le centre de diffusion. Et la compétition internationale Le Mondial La Marseillaise à pétanque rassemble tous les ans depuis 1962 des milliers de joueurs. 

Les boules

Après un passage étroit sous un ciel constellée de cochonnets de différentes couleurs, avec d’un côté divers accessoires indispensables au bouliste accrochés au mur, et de l’autre tous les petits noms du cochonnet inscrits en couleurs sur la cimaise (lilou, tetou, gari, bicou, balin, kiki, bedoulet…), on débouche, à côté de présentations de divers documents historiques autour de la naissance de la pétanque, sur deux focus principaux : l’un consacré au photographe Hans Sylvester, son travail élégant et amusé autour des joueurs en action sur différents terrains de la ville, réalisé dans les années 1960-70. L’autre sur la boule de pétanque elle-même, illustrant son évolution avec différentes sortes de boules exposées sous vitrine : en bois, bois clouté, bronze et laiton, acier puis acier en carbone trempé et acier inoxydable. En face, une vidéo, diffusée sur trois écrans, montre le procédé de fabrication dans l’usine de l’entreprise locale La boule bleue.

La pétanque, un sport ? 

La suite de l’exposition se concentre sur la dimension sportive de la pétanque, avec des focus sur les deux compétitions locales, Le Provençal et La Marseillaise, leurs histoires et leurs champions (documents écrits, photographies, affiches, trophées…). Et sur les questions autour de l’inclusivité, de la diminution constante des jeunes licenciés, de la création de classessport-études Pétanque, ainsi que des démarches pour tenter d’obtenir la reconnaissance de sport olympique, refusée en 2024. Un objectif qui entraîne un durcissement du règlement : l’arbitre mesure désormais au millimètre et utilise ralentis caméras et effets de loupe, les retransmissions télévisuelles ou internet n’autorisent que les commentaires journalistiques, et les joueurs sont astreints au silence… Oh fada !

MARC VOIRY

Pétanque !
Jusqu’au 18 janvier 2026
Musée d’Histoire de Marseille

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Les héroïnes ne portent pas de cape 

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LES HISTRIONIQUES © Alain Monot

Elles sont d’une puissance folle, font partie du collectif #MeTooThéâtre et sont décidées à en finir avec les metteurs-en-scène élevés au grain de la culture du viol. 

Tout a commencé avec Timothée Petit, Timothée est metteur-en-scène et agresse à même la moquette, Didym comédienne. Sous le choc, elle n’ose parler jusqu’à ce que la maladie s’emparede son corps. Sur Messenger, la résistance s’organise, à travers un fil de discussion nommé « un trou dans la raquette ». Les protagonistes fulminent devant l’impunité de TP et cherchent des moyens d’action pour soutenir la victime. Le collectif #MeTooThéâtre est né. 

La mise en scène minimaliste est brillante, à l’image de ces balles de tennis lâchées sur le plateau, symbolisant, comme autant de trous dans la raquette, les victimes collatérales d’un système juridique et politique qui  engendre des monstres. Elizabeth Saint-Jalmes, tout en discrétion  obstinée, brode au fil d’argent des traînes noires, symboles d’un pouvoir masculin qui s’organise pour maintenir dans la lumière  « le boy’s club ». Les costumes colorés, bigarrés, pailletés, tour à tour déguisements de super-héroïnes, joueuses de tennis ou de catch,  luttentcontre l’obscurantisme patriarcal. Ces couleurs joyeuses déclinées par chacune des artistes rappelle l’esthétique des  Power Rangers, ces guerriers et guerrières recrutés pour combattre des créatures maléfiques !

On se moque, on rit, on dénonce, et jamais on ne renonce ! Les quelques une heure trente cinq de représentation filent à une vitesse supersonique, la richesse des trouvailles scénographiques, le punch des textes, l’engagement des militantes nous prend aux tripes et au cœur. Les comédiennes réussissent avec brio le pari de condenser toutes les problématiques et thématiques que recouvrent le mouvement #MeTooThéâtre

Un théâtre salvateur, nécessaire, cathartique, un théâtre féministe ! 

MICHÈLE GIQUIAUD

Les histrioniques
jusqu’au 24 juillet à 20h20
Le 11, Avignon

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Ostermeier chasse sur les terres d’Ibsen 

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© Christophe Raynaud de Lage

Très familier de l’œuvre d’Ibsen, qu’il a mainte fois mise en scène, Thomas Ostermeier adapte aujourd’hui Le Canard Sauvage au Festival d’Avignon. Dans cette pièce de 1885, le fils d’un riche industriel, Gregers, retrouve son ami d’enfance Hjalmar Ekdar. La famille de ce dernier a été trahie et ruinée par le père de Gregers, qui les a contraints à vivre dans la pauvreté, et surtout dans le déni. Persuadé que le mensonge est un poison qui empêche les gens d’être heureux, Gregers va s’immiscer dans la vie de la famille Ekdar pour les pousser à se révéler tous leurs secrets. 

Ostermeier transpose les personnages et l’intrigue à notre époque, dans un modeste intérieur aux meubles dépareillés. Le décor installé sur un plateau rotatif et les costumes sont presque naturalistes, conformes aux codes du théâtre privé, que brise par moment le metteur en scène, notamment en ajoutant des adresses directes et humoristiques au public. 

Une brillante actualisation 

Ostermeier remanie toute la pièce au présent, en actualise la langue et certains enjeux, sans peur de couper à grands coups dans le texte originel. Et sans accrocs : tous ses ajouts et toutes ses modifications, même les plus évidentes, comme la logorrhée de Hjalmar sur Metallica, se fondent à merveille dans la narration. À tel point qu’il est parfois compliqué de savoir où s’arrête la plume d’Ibsen et où commence celle, plus légère, d’Ostermeier. Le metteur en scène ancre les enjeux de la pièce dans notre présent, par exemple en faisant de Hervig (la fille des Ekdal, 13 ans dans le texte originel) une aspirante journaliste de 17 ans, ce qui donne une ampleur actuelle à la réflexion sur la vérité qui est le cœur de la pièce.

L’interprétation des comédien·nes, tous plus excellent·es les uns que les autres, participe grandement de la pertinence de cette adaptation. Elle permet aussi d’actualiser de manière crédible les relations entre les personnages, d’une manière qui souligne les rapports de pouvoir sous-jacents. Par exemple, la rage contenue de Gina, épouse de Hjalmar qui sacrifie tout pour son mari, met en évidence la misogynie de Gregers, plus prompt à la blâmer pour ses mensonges qu’à accepter la médiocrité de son ami. 

CHLOÉ MACAIRE 

Le Canard Sauvage a été donné du 5 au 16 juillet à L’Opéra Grand Avignon

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