samedi 5 juillet 2025
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Talk like an Egyptian !

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On the importance of being an arab, Ahmed El Attar © X-DR

Assis en hauteur sur un socle statuaire, Ahmed El Attar prend la parole et nous invite à prendre de la hauteur avec son seul en scène On the importance of being an Arab… Il nous plonge dans le quotidien des peuples arabes, au rythme d’échanges téléphoniques qu’il a avec ses proches, ses collègues de travail, ouvrant son espace confidentiel aux spectateurs et révélant l’état de l’opinion, à l’heure des guerres et des déclins.

Depuis 2011, la mobilisation de millions d’arabes et notamment de milliers d’Égyptiens sur la place Tahrir raconte les espoirs portés par les peuples arabes. Ahmed témoigne que les peuples n’ont renoncé à rien, poursuivant leurs mobilisations pour dénoncer la corruption et l’autoritarisme de leurs gouvernants au Sud, mobiliser contre les injustices sociales et politiques au Nord. Ils ne lâchent rien, même s’ils savent qu’il faudra remettre l’ouvrage sur le métier pour défendre les droits et la démocratie. 

Les échanges téléphoniques s’enchaînent, sur fond de musique égyptienne. Et à Ahmed El Attar de rappeler certaines évidences parfois oubliées : il ne faut pas confondre la voix des puissants avec celle des peuples, engagés en faveur de la justice sociale et la démocratie, et refusant le monde binaire fantasmé par les puissants. 

Une forme de sagesse critique se construit face au matraquage des propagandes capitalistes, impérialistes et souverainistes. La musique forte, en boucle, recouvre presque la voix du comédien sans la couvrir totalement, suggérant sa permanence dans le chaos du monde face aux démocraties assiégées. 

Une pièce d’une grande utilité pour celles et ceux qui n’ont pas accès au traitement médiatique en langue arabe et aux médias internationaux. Une fois encore, Les Rencontres à l’échelle se distinguent en permettant l’accès au théâtre de langue arabe autant qu’à ses créations et ses artistes contemporains.

Ironie ultime, l’artiste évoque le programme de la prochaine édition du Festival d’Avignon qui met à l’honneur la langue arabe avec si peu de représentants arabophones… Combattre les présupposés culturels et s’en départir est un processus à poursuivre. Lui seul peut permettre de partager les cultures des autres, sans projeter ses propres représentations sur des civilisations millénaires. 

SAMIA CHABANI

Un hommage à Oum Khaltoum
Sur le Grand plateau de la Friche La Belle de Mai, le groupe Love and Revenge présentait sa nouvelle création Agmal Layali, un « bal musical et cinématographique » en forme d’hommage à la grande chanteuse égyptienne. On y voit Oum Khaltoum, surnommée « l’Astre de l’Orient », dans sa musique comme dans ses engagements, comme lorsqu’elle s’exprime sur la guerre des Six-Jours, alors qu’elle reversait ses cachets de L’Olympia à son pays, en plein effort de guerre. Une époque où l’Égypte rayonnait avec Nasser, architecte du panarabisme, et d’un socialisme arabe opposé à toutes les puissances coloniales. S.CH.

Diasporik : Tamazgha et la transmission amazighe

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YELLI YELLI © X-DR

L’année 2025 s’annonce comme une année faste pour les cultures amazighes à Marseille. Deux expositions majeures viennent en attester : Amazighes, au Mucem [Lire ici], et Tatouage. Histoires de la Méditerranée, au Centre de la Vieille-Charité. Mais depuis 20 ans à Marseille, l’association Sud Culture porte fièrement cette culture à l’occasion de Tamazgha, rendez-vous incontournable pour les passionnés des cultures nord-africaines, et plus particulièrement amazighe. Cette année encore, du 11 au 14 juin, il offre un programme riche et éclectique, qui alternera conférences et concerts, en faveur de la mémoire, de la création et de la transmission.  

Cette édition anniversaire consolide plus que jamais l’articulation entre transmission des savoirs traditionnels et valorisation des formes artistiques contemporaines. L’association Sud Culture s’attache à promouvoir une plateforme d’expression partagée, mêlant artistes confirmés et amateurs, créant ainsi un espace fertile pour les dialogues intergénérationnels et interculturels. Elle soutient également la transmission des traditions tout en encourageant les métissages artistiques contemporains.

Une grande soirée musicale

Le temps fort du festival aura lieu le 14 juin au Théâtre de la Sucrière, avec une soirée musicale réunissant des artistes de renom, à la croisée des traditions amazighes et des musiques actuelles. Avec Yelli Yelli, voix féminine singulière, mêle le kabyle des chansons de son enfance aux sonorités électroniques de son époque et aux guitares rock qui constituent son univers musical. Le groupe Ideflawen, emblème de la chanson amazighe engagée, offre une œuvre poétique et réflexive, enracinée dans l’histoire mais tournée vers l’avenir. Si Moh, auteur-compositeur-interprète kabyle, chante une poésie intime, portée par une voix vibrante d’émotions. Par la beauté de ses textes et la douceur de sa musique, il a su conquérir un large public. Citons aussi les mélodies poétiques de Djaffar Aït Menguellet ou la musique sensible d’Hamid Matoub.

Et aussi

Plusieurs autres rendez-vous sont attendus pendant la durée du festival. Comme des ateliers d’initiation à la pratique musicale (piano, mandole, guitare, cajón, derbouka), de calligraphie amazighe et une conférence de Farida Aït Ferroukh sur la trajectoire musicale méditerranéenne. Autant de propositions pour mettre en lumière la culture amazighe dans des contextes de crise et de migration.

SAMIA CHABANI

Festival Tamazgha
Du 11 au 14 juin
Divers lieux, Marseille 

Retrouvez nos articles Société ici


Nos articles Diasporik, conçus en collaboration avec l’association Ancrages sont également disponible en intégralité sur leur site

Haydn et Bruckner

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Xavier Chatillon © X-DR

L’Orchestre philharmonique de Marseille sous la direction du chef israélien, Asher Fisch, jue en ses murs à l’Opéra. En ouverture, la Symphonie concertante en si bémol, de Haydn : une brillante conversation entre ses quatre solistes – Da-Min Kim (violon), Ivan Kobylskiy (hautbois), Xavier Chatillon (violoncelle) et Carlos Martin Esteve (basson). Un dialogue vivace articulé avec virtuosité, et l’élégance du style classique.  En deuxième partie, la majestueuse Symphonie n°4 en mi bémol majeur, dite « Romantique » de Bruckner – dont on célèbre les 200 ans de naissance. Un chef d’œuvre épique, aux élans lyriques et à la beauté lumineuse. 

LAVINIA SCOTT

15 juin à 16h
Opéra de Marseille

Aix en juin

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GloBalkan © Iliyan Iliev

Avant l’ouverture du prestigieux festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, la ville se métamorphose en une scène vivante, où artistes confirmés et talents émergents vont à la rencontre du public, pour une manifestation entièrement gratuite. 

L’ouverture se fera en fanfare le 13 juin avec Panorama, grande soirée sur la place des Prêcheurs, qui dévoilera les grandes lignes du festival à venir, en compagnie des équipes et des artistes invités. Puis le 18 juin, le groupe GloBalKan embarque pour un voyage musical mêlant jazz et traditions balkaniques. Ce concert rassemble autour du maître du kaval Nedyalko Nedyalkov une palette d’instruments et de voix venus de Bulgarie, de Grèce ou des Balkans ottomans, portée par des musiciens de haut vol.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Du 13 juin au 1er juillet
Divers lieux, Aix-en-Provence

Un article complet sur Aix en juin est à lire dans notre premier magazine de l’été, à paraître le 14 juin.

La Claque Podcast Party

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© Marie Lacoste

Pour sa 3e édition, le festival La Claque a choisi le thème de « l’à-venir », parce qu’il « interroge nos récits, nos choix collectifs et la manière dont le podcast peut éclairer les futurs possibles ». Avec des scores d’écoute exponentiels, ce medium de l’intime et de l’audace paie cependant sa capacité à sortir des sentiers battus de l’audiovisuel, en étant tributaire d’une économie encore précaire. 

Durant trois jours, professionnels et passionnés exploreront les ambitions et paradoxes du podcast à travers tables rondes, masterclass, ateliers et écoutes collectives. Avant de conclure la manifestation par une « After Claque Party » hyper festive, au Makeda.

GAËLLE CLOAREC

Du 12 au 14 juin
Tiers-lieu Les temps de l'enfant, L'épopée, Couvent Levat
Marseille

Slow Fashion Week

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Sale X Studio Paillette © Florian Puech

C’est une première à Marseille. Du 7 au 14 juin, se tient la Slow Fashion Week. Un pari du collectif Baga, qui veut faire de la deuxième ville de France la nouvelle capitale de la mode alternative. Car Baga, créé en 2023, réunit des acteurs pour une mode plus responsable, éthique et inclusive. 

Au programme de la semaine, portes ouvertes d’ateliers, performances artistiques ou encore exposition, avec au cœur de toutes les propositions l’éco-responsabilité. Pour clôturer la semaine, un défilé de l’école de mode marseillaise Studio Lausié. Le 14 juin, retrouvez 115 créations uniques faites par les étudiants, avec 100% de matériaux de récupération. Une belle promesse pour la mode de demain.

MANON BRUNEL

Du 7 au 14 juin
Divers lieux, Marseille 

Un Suédois dans la ville

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Le pianiste suédois Roland Pöntinen en concert salle Musicatreize @AMT

Le pianiste Roland Pöntinen a séduit Marseille avec un récital aux multiples facettes

Le 5 juin dernier, la Société Marseillaise des Amis de Chopin accueillait salle Musicatreize le pianiste suédois à la carrière internationale Roland Pöntinen. Connu pour ses programmes atypiques et sa capacité à faire dialoguer les époques, il a offert un récital mêlant raffinement baroque, puissance romantique et éclats hispaniques.

Dès les premières mesures, Roland Pöntinen captive l’auditoire avec Les Barricades mystérieuses, pièce baroque énigmatique de François Couperin, composée pour clavecin et à laquelle il offre la richesse sonore du piano, suivie par La Favorite, autre pièce de Couperin, tout aussi gracieuse et élégante.

Le ton s’est fait plus méditatif avec le choral Alle Menschen müssen sterben de J-S Bach, dans une transcription pour piano.

Le récital est encore monté en intensité avec la Sonate n°26, Les Adieux, de Beethoven. Dédiée à l’archiduc Rodolphe d’Autriche, contraint de fuir Vienne lors de l’invasion napoléonienne, chacun des trois mouvements a été subtilement titré : L’Adieu, L’Absence, Le Retour. Roland Pöntinen en a offert une interprétation expressive, alternant tension dramatique et lyrisme intime avec une remarquable précision.

La première partie s’est achevée avec l’immense Balade n°4 de Chopin. Pöntinen n’a pas le Chopin mièvre, évanescent ou éthéré, il a proposé un Chopin particulièrement incarné, véloce et puissant, correspondant bien à cette œuvre de maturité du Polonais.

Après l’entracte, cap sur le XXe siècle avec deux Études-tableaux et deux Préludes de Rachmaninov, composés en exil dans lequel le pianiste suédois déploie une large palette sonore fidèle à la mélancolie contenue du compositeur russe.

Le récital s’est clôturé sur une note flamboyante avec deux œuvres espagnoles : Jerez d’Isaac Albéniz, compositeur romantique de la fin du 19 è siècle et El Pelele, d’Enrique Granados. Inspirée d’une estampe de Francisco de Goya, cette pièce dépeint une scène populaire madrilène où des jeunes femmes s’amusent à lancer en l’air une poupée de chiffon sur une couverture tendue. Pöntinen y démontre une agilité et un sens narratif impressionnant incarnant avec panache les rythmes, les accents et la fantaisie ibérique qui lui valent une magnifique ovation.

Anne-Marie Thomazeau

Le concert s’est déroulé le 5 juin Salle Musicatreize.

La Belle Fête

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© X-DR

Au Vallon des Auffes, il y a la carte postale, ses clichés, mais depuis 2023 il y a aussi l’Échappée Belle. Porté par la Compagnie Vol Plané, ce théâtre-école accueille des jeunes comédien·nes de la Cité phocéenne (jusqu’à 25 ans), réuni·e·s notamment au sein de la troupe du Groupe Phare. 

À l’occasion de la Belle Fête que la compagnie organise avec la mairie des 1er et 7e arrondissements, la jeune troupe présentera Emportez-moi, « un spectacle performance sur l’appel de à la liberté et à l’émancipation » (13 juin, 18h30). La Belle Fête c’est aussi un concert de Bakir (electro-oriental), des balades urbaines, des ateliers lectures, photos, des boums, des banquets… dont le solide programme est à découvrir sur le site de la compagnie Vol plané.

NICOLAS SANTUCCI

13 et 14 juin
Vallon des Auffes, Marseille

Mo(n)tmajour

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Albin de la simone © Aurelie Sauffier

Des soirées lectures dans le cadre exceptionnel de l’abbaye de Montmajour. C’est ce que propose depuis 2016 l’association arlésienne du Méjan dans l’édifice bénédictin, situé à quelques minutes de route d’Arles. Au programme, quatre jours de lectures, avec des auteurs·ices, des comédien·nes, des musicien·nes. 

Si l’édition 2025 a débuté mardi avec Couper cabèche, écrit et lu par Joël Jouanneau, elles se poursuivent encore pour trois soirées. Ce mercredi avec Le grand épuisement, texte écrit et interprété par Nelly Pons, acccompagnée sur scène de Claire Ruffin au jeu et Lorenzo Naccarato au piano. Une autre lecture musicale le jeudi avec Mes Battements de l’auteur aux multiples talents Albin de la Simone, et un final en forme de « Bal Litteraire » où « un groupe d’écrivains compose en deux jours une histoire en plusieurs épisodes à partir d’une playlist de tubes populaires ».

NICOLAS SANTUCCI

Jusqu’au 13 juin
Abbaye de Montmajour, route de Fontvieille

Afficher sa fierté

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Le mois des fiertés a commencé, et avec lui ses polémiques médiatiques. Agrégeant les luttes, solidaires avec les femmes interdites de foulard en France et les Palestiniens sous les bombes (un pin’s porté sur le revers de la veste au premier plan),  l’affiche de la pride parisienne, combat le cliché  d’une homophobie générale des musulmans et met KO un facho à la croix celtique. 

La symbolique heurte. Y compris une partie de la communauté. D’autant que de nombreux LGB (surtout les G et pas trop les TQI) votent pour l’extrême droite, en oubliant qu’elle est l’alliée Orban et l’invite à ses fêtes.

Convergence des discriminations

De fait, les LGBTQI subissent des discriminations, des violences ou des répressions d’État dans la plupart des pays musulmans, mais ils n’en ont pas l’apanage. La Hongrie interdit la Pride, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie… ne reconnaissent ni le mariage et ni l’union civile homosexuelle, la Russie inscrit «  le mouvement international LGBT » dans la liste des organisations terroristes, les États-Unis licencient les militaires trans, la Chine continue à pratiquer des « conversions homosexuelles »… Bref l’homophobie est très uniformément partagée, et la Manif pour tous en France était menée par les catholiques.

La vague Marseille

Pour autant, figurer les LGBTQI par des dessins symboliques de causes diverses méconnaît la fluidité des nouvelles générations, leur refus des assignations genrées et leur désir de se dessiner eux-mêmes hors des cases. 

La convergence des luttes contre la domination, masculine, hétéro, raciale, religieuse, sociale… ne peut pas se dire seulement en multipliant des signes, mais en faisant connaître la réalité humaine, sa diversité, ses visages.

L’affiche marseillaise, sans assigner, sans désigner d’ennemi, sans violence, est aussi combative, et beaucoup plus généreuse. Elle n’est pas sponsorisée par Durex ou Paypal, mais par l’ensemble des collectivités, Ville de Marseille en tête, et par une flopée de structures culturelles publiques. Les âges, les orientations, les identités de genre s’y côtoient, tournés vers le même objectif : briser la vague réactionnaire qui nous menace. Et ne nous fera pas disparaître.

Agnès Freschel 


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