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AccueilCritiques« Papiers volés » : de la transfiguration du quotidien

« Papiers volés » : de la transfiguration du quotidien

Dynamique et rythmée, la pièce de Clyde Chabot évoque le larcin dont elle a été victime à son arrivée à Marseille

C’est un événement trivial qui est à l’origine du texte écrit par Clyde Chabot en 2021. L’autrice, metteuse en scène et comédienne, venait de s’installer à Marseille. Le 8 avril, sortant d’un cours de chant boulevard Eugène Pierre, elle s’arrête pour acheter du pain, puis des fleurs. Le lendemain elle se rend compte qu’elle n’a plus son portefeuille. En y réfléchissant, elle avait senti une présence, un frôlement. Dès lors elle s’adresse à son voleur – ou sa voleuse – en utilisant le vouvoiement, lui accordant un statut d’importance. « Menacée par une main invisible. Votre main. » Elle se sent dépossédée de son identité, mais aussi de son intimité à cause d’une photo qu’elle gardait depuis longtemps. « Dénudée », elle finit par considérer cette épreuve comme un test d’adoption par la ville.

Message universel

Au début, seule en scène, elle s’adresse au public. Peu à peu surgissent deux personnages qui endossent tour à tour les rôles du voleur, du commissaire, de la boulangère, de la fleuriste, mais aussi de la narratrice. En effet, Clyde Chabot expérimente dans ses mises en scène un principe de permutation, d’échange des rôles. Tour à tour metteur·se en scène, chorégraphe, comédien·ne, iels réalisent en commun un spectacle dynamique et rythmé. Carole Errante (compagnie La CriAtura) et Fabio Dolce (compagnie Essevesse) esquissent des danses joyeuses de folklore. À d’autres moments, la danse contemporaine donne toute leur place aux corps et ouvre un espace de liberté. De trivial, le spectacle s’est mué en un message universel qui questionne les origines, les identités et qui revendique le droit à s’enraciner quelque part et y être reconnu·e. En même temps reviennent des souvenirs de l’enfance, des grands-parents, des errances de la Tunisie à la Sicile, puis la France. Deux micros circulent pour varier l’intensité des voix, la bande-son dynamise les spectateurs. Il y a aussi des chants, des rires, des projections d’images des lieux évoqués. Le tout est enlevé, excellemment joué. Un moment de vrai plaisir.

CHRIS BOURGUE

Papiers volés a été joué les 13 et 14 octobre au Théâtre de La Cité, Marseille.

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