Né de ses créateurs Blaï Mateu Trias et Camille Decourtye, Mazùt est repris par Julien Cassier et Valentina Cortese, entrant ainsi dans le répertoire de la compagnie. Puisque les chevaux ont fait partie de presque tous ses spectacles auparavant, une tête d’équidé trône, et affublera un temps chacun des deux protagonistes. Julien Cassier ou plutôt « monsieur Bernardo », devient cheval en ouverture de soirée, pas hésitants peu à peu emportés par le rythme des diverses allures cavalière. La rythmique, hallucinante de précision sera ensuite donnée par la chute calculée de gouttes d’eau tombées des cintres et recueillies au fil de la représentation par des pots métalliques de différentes contenances, allant jusqu’à esquisser des fragments mélodiques.
Les personnages se situent d’abord dans une idée de bureau, que peu à peu les cartes envahissent. Le personnage de Valentina semble ne rien maîtriser, ni son corps dans lequel elle semble empêtrée, ni sa parole, hésitante, ni son travail. Pourtant, elle sera d’une maîtrise éblouissante dans le chant avant de le transmuer en cri, dans ses numéros de main à main avec des équilibres qu’un cirque ferait applaudir…
Les cartes collées en un immense tapis recouvrent le plateau, puis érigent en un vertigineux sommet l’effigie du cheval : l’animalité en réponse aux incapacités humaines ? Le burlesque, les clowneries, la danse, l’acrobatie, les indécisions, les bribes de phrases, animent le puzzle d’éléments disparates, orchestrent la scène. L’encre noire coule sur le papier, dessine les lettres de Mazùt. L’imaginaire se délecte de cette poésie insolite et foisonnante qui unit le sublime et le sauvage. Hypnotique et hors du temps.
MARYVONNE COLOMBANI
Mazùt a été joué les 1er et 2 février au Bois de l’Aune, Aix-en-Provence À venir Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban les 8 et 9 février 04 92 64 27 34 theatredurance.fr