L’invitation est intrigante. Ce mercredi 9 novembre est créé Pink ! au théâtre Jean-Vilar, à Montpellier. Une double première pour Ornella Dussol (lire le portrait ici). Quand la pièce s’ouvre sur une scène de ménage, où celle-ci passe consciencieusement la serpillère, on redoute d’emblée la caricature. Vient la rencontre entre la jeune femme adepte des punchlines imagées qui rêve de paillettes plus que de théâtre et Ayadé Bascunana, metteure en scène un peu bobo qui ne sait par quel bout aborder cette communauté imprévisible dont elle ne maîtrise pas les codes. Alors elle pose des statues de la Vierge sur le sol, comme un rituel. Une voix off nous rassure : « C’est une fiction ». Mais la frontière avec la réalité s’efface pour faire de la scène un lieu de rencontre. Celle de deux personnalités, mais aussi de deux langues, deux cultures : l’une gitane, l’autre « payou » (non-gitane). Et ce avec beaucoup d’humour, dans le texte comme dans les situations rocambolesques.
Un troisième personnage les rejoint rapidement, Hugo Feniser, comédien d’origine roumaine qui joue lui aussi son propre rôle, transformé pour l’occasion en livreur de pizzas baratineur. Ça chante, ça danse, ça rit (et nous aussi !), une énergie folle se déploie. Ornella irradie, quand elle se déhanche sur du Rosalia ou quand elle déclame le générique de La Petite Sirène version dessin animé. En robe à paillettes, Ornella la gitane est comme transformée par l’imaginaire du théâtre dont elle questionne les raisons d’être avec une innocence déroutante. Comme le dit sa mère Elisa, dont on entend un enregistrement : « sur scène, c’est une autre personne ». Une petite sirène gitane à paillettes en quête d’indépendance et d’identité, au-delà des clichés.
ALICE ROLLAND
Pink ! s'est joué le 22 novembre au Périscope, à Nîmes
et se jouera le 20 janvier à La Vista, à Montpellier, et le 7 février au Sillon, à Clermont-l’Hérault