Sous un ciel orangé, La Nuit des Griots a ouvert ses portes pour la première soirée de sa 10e édition. Un rendez-vous particulier, puisque c’est avant tout une rencontre, celle avec le continent africain, avec ses différents pays, ses variations, ses détails, ses cultures… et bien sûr ses histoires.
Alors, c’est suspendu aux lèvres de Mamadou Ouattara que le public a découvert son art, le verbe, ainsi que l’histoire de l’Empire Mandé (Mali). Sur scène, les instruments traditionnels mandékas attendent d’être animés par ses trois musiciens, notamment le balafon, un instrument médiateur qui incarne à la fois la jeunesse, les adultes et les ancêtres.
Dans ce spectacle, l’Empreinte du griot, les musiciens burkinabè introduisent aux spectateurs lesmissions historiques des griots, mémoire des peuples et conseillers des rois. Vêtu d’orange, le grand orateur Mamadou Ouattara, accompagné par trois Griottes aux tenues éclatantes – jaune, vert et bleu – instaurent entre chant et récit, une osmose totale, soufflant à la fois une leçon d’humanité et un vent de sagesse.
Les voix des membres de la compagnie Sotigui Kouyaté évoquent le terme « Djèli », qui signifie à la fois « le sang » et « le griot », cette essence qui circule, anime les corps et perpétue l’histoire, dans un équilibre où nul n’est supérieur ni inférieur à un autre.
Liens de sang
En deuxième partie de soirée, suivi par ses trois musiciens catalans, le prodige de la kora Momi Maiga a transporté son audience dans une odyssée musicale. Traditionnellement, être griot est un héritage de sang, et pour ce virtuose, c’est de sa mère qu’il a hérité cette mission divine. Quand son instrument de 21 cordes commence à retentir en symbiose avec les cordes du violon et du violoncelle jouées pizzicato, le public est emporté par une vague de rythmes et de sons d’une musicalité émouvante.
Et comme une voix qui se souvient, l’artiste interprète un morceau en hommage aux personnes ayant perdu la vie traversant les mers, en quête d’une vie meilleure. Dans ce morceau, empreint de vérité, on y ressent la détresse interprétée par la lourdeur du violoncelle, la mer battante par la batterie et les voix humaines par la kora de Momi Maiga.
LILLI BERTON FOUCHET
La Nuit des Griots s’est déroulée du 23 au 27 avril à Marseille.
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