On ne peut que lui souhaiter la bienvenue. Mais le cœur n’y est pas. Pas même celui du premier concerné. Car les circonstances de l’arrivée de Salah Hamouri sur le sol français ne peuvent qu’indigner. L’avocat franco-palestinien a été expulsé d’Israël, qui a finalement mis sa menace à exécution. Une expulsion condamnée par le gouvernement français. Enfin. Enfin, parce que la France n’a soutenu que du bout des lèvres ce défenseur des droits humains, cible d’un acharnement politique et judiciaire par les autorités israéliennes depuis bientôt une vingtaine d’années. Après avoir passé sept ans en prison entre 2005 et 2011 pour un motif grave mais jamais prouvé, Salah Hamouri était une nouvelle fois – comme en 2018 – en détention administrative depuis le mois de mars. Sans en connaître la raison précise, comme le permet cette disposition arbitraire. L’avis d’experts indépendants de l’Onu, en octobre dernier, était sans appel : « Les pratiques de détention auxquelles M. Hamouri est soumis ne sont pas seulement illégales : elles sont sadiques. » Quant au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, il qualifie l’expulsion de dimanche de « crime de guerre ».
Une menace pour l’État ?
Que reproche-t-on à ce fils d’une Française et d’un Palestinien, dont l’épouse francilienne était depuis plusieurs années interdite de visite en Israël et dans les territoires occupés ? D’être une menace pour l’État d’Israël parce qu’il appartiendrait à une organisation considérée comme terroriste ; ce qu’il nie. Plus vraisemblable, c’est la détermination de l’avocat militant de 37 ans à défendre le droit international et la dignité de son peuple, quel que soit le niveau de harcèlement et de répression qu’il subit, qui irrite la puissance coloniale israélienne. Un pays où le suprémacisme juif est en cours de normalisation et où le futur gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou, accusé plusieurs fois de corruption, s’annonce comme le plus religieux et le plus à droite de son histoire.
LUDOVIC TOMAS