Ils sont jeunes, étudiants, pour certains c’est leur première rentrée à Aix-Marseille Université, et ils assistent médusés, troublés ou amusés au spectacle Jouir, qui porte bien son nom. Sur scène (enfin, un parvis de la faculté de Lettres), d’autres jeunes, mais déjà très expérimentés. Les comédiens de la Cie Notre insouciance sont chevronnés, ils ont creusé collectivement leur sujet, avec la metteuse en scène Juliette Hecquet, et leur spectacle tourne bien. Cette représentation, dans le cadre du Jeu de l’Oie, festival arts & sciences d’AMU, est particulièrement émouvante parce que leur propos – parler de sexualité – vient cueillir l’assistance à l’orée de sa vie adulte. En appelant une chatte une chatte, un lapin un lapin, mais avec beaucoup d’humour et d’empathie pour les difficultés que rencontre chaque être humain dans l’articulation de sa vie sentimentale et de sa libido.
Sur un tempo rapide, avec une énergie très inspirée du stand up, garçons et filles se succèdent pour témoigner. Le sexe n’est pas l’activité préférée de Florie, qui s’intéresse plutôt à la permaculture. Lilith revient des enfers pour raconter sa découverte de la masturbation, qui lui a valu d’être virée du paradis terrestre. Joseph chante l’amour comme personne, avec beaucoup d’ironie. Session vocabulaire : on apprend les mots « spectatorisme » (se sentir extérieur à une situation, par exemple préparer mentalement une liste de courses en plein coït), ou « circlusion » (fait d’englober, tendrement ou pas, quelque chose). Décomplexant, très drôle, Jouir invite à oser formuler les questions qu’on n’a jamais dites à haute voix, à dialoguer un maximum avec ses partenaires, à se réconcilier avec son sexe, splendide organe de désir. Mais sans remplacer les diktats des pères-la-morale par d’autres injonctions à pratiquer. La pudeur, l’asexualité, c’est très bien aussi !
GAËLLE CLOAREC
Le spectacle Jouir s'est joué le 19 septembre à la faculté de Lettres d'Aix-en-Provence, dans le cadre du festival Jeu de l'Oie.