mercredi 2 octobre 2024
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Un Gang sur le Toit

Dans le cadre de Grands Larges #13, le dernier film de Rabah Ameur-Zaïmeche, Le Gang des Bois du Temple, est projeté, ce jeudi 20 juillet, sur le toit terrasse de la Cité Radieuse le Corbusier. Une avant-première régionale pour ce polar humaniste, en présence du cinéaste.

A l’origine du scénario du Gang des Bois du Temple, le dernier long métrage de Rabah Ameur-Zaïmeche, présenté à la Berlinale 2023 ( Section Forum), la confrontation de deux faits divers. L’attaque en 2014 sur une bretelle d’autoroute de la région parisienne d’un van transportant les affaires personnelles d’un Prince arabe par un gang de la cité des Bois du Temple dirigé par un Gitan du Val d’Oise en quête de reconnaissance familiale. Et, l’assassinat en 2018, à l’intérieur du consulat d’Arabie Saoudite d’Istanbul, du journaliste Jamal Khashoggi. Un constat sur l’affligeante constante de l’injuste justice, formulée voilà trois siècles par La Fontaine : « Selon que vous serez puissant ou misérable… » L’impunité laissée aux assassins riches et influents versus l’acharnement des lois pour des délinquants mineurs. Le polar de Rabah Ameur-Zaïmech sera donc suivant la loi du genre, à la fois une tragédie attendue, dominée par le fatum politico-social et la restauration au bout du fusil par un justicier solitaire d’un ordre individuel à défaut du collectif.

Une trame balisée

Dans la cité des Bois du Temple, une mama vient de mourir. De celles au grand cœur qui font des crêpes aux minots du quartier et leur ouvrent leur porte et leurs bras. Monsieur Pons ( Régis Laroche), son fils , ex tireur d’élite de l’armée, les a vus grandir. Il les observe du haut de son balcon, clope au bec, le regard voilé par d’anciennes guerres. Il les retrouve au PMU où il boit son pastis en pariant sur des  chevaux : Mouss (Keji Meunier), Tonton ( Salim Ameur-Zaimeche), Melka et Dari ( Kamel et Rida Mezdour), Nass (Nassim Zazoui), Sly (Sylvain Grimal). Gangsters amateurs, ces six potes de la cité réussissent à braquer l’intendant d’un prince arabe (Lucius Barre), récupèrent un pactole en grosses coupures et des documents secrets. Le Prince ( Mohamed Aroussi) commandite une enquête prestement résolue par Jim ( Slimane Dazi) et règle les choses à sa manière.

Stylisé, minimaliste et humaniste

L’originalité du film n’est ni dans cette trame balisée, ni dans les scènes d’action parfaitement maîtrisées mais somme toute, peu nombreuses. Elle est dans l’approche du quotidien de ces banlieusards marginalisés, aux rêves simples, de cette fraternité indéfectible entre eux. De la vie telle qu’elle va là, avec un fond de tristesse et une énergie nourrie de rires et d’espoirs. Elle est dans la mise en scène conçue en étau. Elle est dans la longueur assumée de séquences et de plans qui pourraient paraître secondaires : une chanson incongrue (La Beauté du jour) donnée dans son intégralité durant l’enterrement qui ouvre le film, un barbecue libanais en bord de route sur un parking, une conversation sur l’avenir doré des complices au milieu d’une pluie de graines jetées par poignées à des nuées de pigeons, une scène incroyable où le mutique Prince monte sur le dance floor d’une boîte de nuit, échappant un moment à son destin de Méchant. Liberté des mouvements de la caméra, travellings répétés sur les façades des barres d’immeubles et panorama où l’horizon du Centre Ville se floute comme un monde inaccessible. Le réalisateur a tourné en trois lieux : Paris, Bordeaux, Marseille, reconstituant un espace à la fois ancré dans la géographie des banlieues des grandes villes mais totalement imaginaire. Avec son titre qui fleure le François Villon et le romantisme des bandits au grand cœur, Le gang des Bois du Temple est un film stylisé, minimaliste et humaniste. Plus proche de Melville (que le réalisateur admire) et du récit biblique que d’un polar Netflix.

ELISE PADOVANI

photo © Sarrazink Productions

Réservations pour la soirée du 20 juillet sur grandslargesfestival@gmail.com

En salles, le 6 septembre 2023

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