jeudi 18 avril 2024
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Une saine colère 

Dans Annie Colère, Blandine Lenoir revient sur le combat des femmes pour obtenir le droit à l’avortement

Au moment où un peu partout dans le monde des mouvements militent contre le droit à l’avortement durement acquis par la lutte des femmes, où, en juin dernier, la Cour suprême des Etats-Unis a enterré le droit constitutionnel à l’avortement, où le parlement européen est présidé par une opposante à l’IVG – la Maltaise Roberta Metsola -, on ne peut que se réjouir de l’arrivée en salle du troisième long métrage de Blandine Lenoir, Annie colère. Dans ses deux précédents films, Zouzou (2014) et Aurore (2017), elle abordait le sort réservé au corps des femmes et à leur statut dans la société. 

Histoire collective
Aujourd’hui, Blandine Lenoirest en colère tout comme son personnage, Annie, incarné par la fabuleuse Laure Calamy. Annie, ouvrière dans une usine textile, mère de deux enfants, se retrouve enceinte. Nous sommes en février 1974 et l’avortement est illégal. Elle s’adresse donc au Mlac (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception), participe à une réunion d’information où, tour à tour, des femmes prennent la parole. Informée, pas encore complètement rassurée, Annie peut avorter par la méthode par aspiration dite « Karman » alors que chante, à ses côtés, une des femmes de la permanence du Mlac, Monique, incarnée par Rosemary Standley.Une séquence magnifique. Un moment déterminant dans la vie d’Annie qui, reconnaissante et admirative du travail de ces femmes, de cette solidarité, va s’impliquer dans cette lutte et changer ses habitudes. 

À travers l’histoire d’Annie, c’est l’histoire collective que nous raconte Blandine Lenoir, qui veut montrer « la tendresse qui existait pendant ces avortements – comment on se parle, comment on se regarde, comment on se touche dans un moment pareil. » Les six scènes d’avortement sont filmées avec beaucoup de pudeur. Si la caméra de Céline Bozon montre l’acte, elle s’attarde aussi sur le visage des femmes. Surprises car elles ne souffrent pas, soulagées, heureuses d’être libérées. Les femmes sont aussi dans la rue. On en parle dans les médias et une archive nous montre Dephine Seyrig débattant à la télé avec des hommes farouchement opposés au droit à l’IVG. Aux côtés de Laure Calamy, qui a su à merveille montrer l’évolution d’Annie, femme plutôt soumise qui prend son envol, on retrouve Zita Hanrot, India Hair, Florence Muller ainsi que Yannick Choirat et Damien Chapelle… Tous excellent·es.

ANNIE GAVA

Annie Colère, de Blandine Lenoir
Sorti le 30 novembre
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