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Schubert en partage

Le Duo Geister célèbre le plus romantique et introspectif des compositeurs

Une fois de plus, l’équipe de Marseille Concerts a fait salle comble au Pharo. Et c’est une assemblée plus jeune qu’à l’accoutumée qui est venue y applaudir le Duo Geister sur un programme très schubertien ; la veille, se félicite Karine Fouchet, directrice de l’association, les deux pianistes se sont rendus dans une maison de retraite pour y délier quelques chefs-d’œuvres. La preuve que le quatre mains et son répertoire ont encore de beaux jours devant eux, et que les musiques les plus intimes savent décidément toucher à l’universel. 

Le duo au nom étrangement germanique « Geister » signifiant « fantômes » en allemand –  est certes composé de deux Français : mais David Salmon et Manuel Vieillard, anciens camarades du conservatoire supérieur de Paris ont également fait escale au Mozarteum de Salzbourg. 

Prélude Mozart

Cela s’entend déjà dans l’étonnante Sonate en Fa Majeur K.497, d’une clarté et d’une énergie rares dans les interprétations françaises. Les changements d’humeur et jeux d’imitation s’enchaînent sans temps mort : au gré des marches harmoniques les plus acrobatiques, d’un contrepoint d’une étonnante malléabilité, le chant profond apparaît dans toute son éclatante simplicité. Il voyage d’une main à l’autre, se mue en mélodie ou en choral. Le style y est tantôt galant, tantôt concertant. La transition sera d’autant plus nette entre ce Mozart aux accents bachiens joliment appuyés et un Schubert que les deux interprètes connaissent du bout des doigts. 

Plongée vers Schubert

L’œuvre pour quatre mains de Schubert est particulièrement abondante, riche et complexe : et c’est à elle que les deux musiciens viennent de consacrer un troisième enregistrement de près de huit heures, passionnant de bout en bout. Le Rondo en la Majeur D. 951 ouvre les hostilités. La précision et la justesse entendues dans Mozart demeurent, mais le tempo s’y fait plus dansant. La pièce fait résonner son thème majestueux, scandé par une pulsation plus marquée, et des échappées plus lyriques. 

Au retour de l’entracte, les huit Variations en La Bémol Majeur D. 813 rappellent aussi celles de Mozart : le thème n’y est jamais déconstruit, les jeux d’harmonies et de nuances suffisent à le faire voyager d’un monde à l’autre. 

Enfin, avant deux bis particulièrement enlevés, la célèbre Fantaisie en fa mineur affirme la forme cyclique devenue la marque de fabrique de compositeur, où s’installe ici encore la coda en forme de choral également centrale dans ses quatuors – La Jeune fille et la mort. Et c’est tout un orchestre qui semble émerger de ce simple piano à demi-queue et de ces quatre mains. 

SUZANNE CANESSA

Le Duo Geister a joué le 26 avril au Palais du Pharo, Marseille

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