vendredi 26 avril 2024
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À la (re)découverte de Marseille, ville blessée en plein cœur

Avec sa balade patrimoniale dans les vieux quartiers de Marseille, l’association Ancrages nous a plongé dans l’histoire tragique de la seconde guerre mondiale

Le mémorial des déportations de la ville de Marseille est tapi discrètement dans l’ombre du fort Saint-Jean, à l’intérieur d’un blockhaus allemand, témoin de la présence de l’occupant nazi. Pour faire mieux connaître ce lieu rare et appréhender plus largement ses enjeux, l’association Ancrages propose une balade insolite et éclairante. Marseille dans la guerre, indésirables et résistant·e·s, emmène le public de la gare Saint-Charles au Panier, autour des lieux qui ont marqué l’histoire mouvementée de la ville pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Les guides Samia Chabani et Mathias Ben Achour, curieux et chaleureux, révèlent au public les vestiges bien présents mais imperceptibles du passé de la ville. Tout commence au 31 boulevard d’Athènes le 3 janvier 1943 : à l’hôtel Splendide, dont les arches demeurent aujourd’hui, les résistants communistes des FTP MOI (Francs-tireurs et partisans, main d’œuvre immigrée) commettent un attentat contre la Gestapo, qui y a établi son quartier général quelques mois plus tôt. L’attaque sert de prétexte aux occupants pour lancer une opération punitive contre Marseille, dont le multiculturalisme populaire constituait une injure à l’idéologie nazie.

Épisodes noirs

La visite se dirige ensuite vers le bas-Panier, dynamité par les Allemands du 22 au 24 janvier 1943 ; la rue Caisserie sépare le Panier historique des bâtiments reconstruits après-guerre entourant l’Hôtel de Ville de Fernand Pouillon. Au fur et à mesure du cheminement, plusieurs épisodes noirs sont évoqués, toujours en relation avec la géographie locale : la spoliation des biens juifs devant le Palais de la Bourse, le siège du Petit Provençal, ancêtre de La Provence qui collabora avec Vichy de 1941 à 1944, la rafle méconnue du quartier de l’Opéra ou le parcours de Bertie Albrecht.
La visite ne se limite toutefois pas à un inventaire de lieux liés à la seconde guerre mondiale, et s’avère aussi l’occasion de digressions insolites, comme pour repérer le racisme des statues coloniales devant l’ancien Grand Hôtel du Louvre et de la Paix sur la Canebière, ou la plaque commémorant l’assassinat d’Alexandre Ier de Yougoslavie. Le parcours s’achève devant le mémorial des déportations, face à l’église Saint-Laurent, rescapée des dynamitages nazis.
Après cette balade, gageons que les participants verront d’une autre manière les murs, les statues et les plaques parfois invisibles mais témoins d’une histoire aussi riche que tragique.

PAUL CANESSA

Marseille dans la guerre, indésirables et résistant·e·s
Centre-ville de Marseille
ancrages.org
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