Frédéric Bélier-Garcia n’en a décidément pas fini avec Macbeth. Après avoir monté l’opéra de Verdi pour les Opéras de Marseille et d’Avignon en 2016 et 2017, l’ex-directeur du Quai CDN Angers était revenu à Shakespeare en 2018, non sans imprégner le grand classique de sa lecture verdienne. Celle qui veut, selon le metteur en scène, que le monarque en finisse par « se tromper sur son désir et devenir le jouet de son destin ». Qu’il cède à l’appel d’une Lady Macbeth avide de pouvoir, aussi déterminée que séductrice, davantage qu’à sa propre ambition. À rebours des rires démoniaques des sorcières, gratifiées de belles vocalises, les femmes se font puissantes chez Verdi. Les voix féminines y prennent une importance démesurée, qui nécessite un recours à des interprètes chevronnées. Anastasia Bartoli, qui a déjà incarné Lady Macbeth sous la direction de Riccardo Muti, devrait remplir les exigences pourtant nombreuses du rôle. Laurence Janot s’acquitte de celui de sa suivante, souvent sollicitée par la partition. Face à elle, les hommes ne devraient cependant pas peiner à exister. Dalibor Jenis interprétait déjà le rôle-titre en mai dernier à l’Opéra de Nice ; il s’est illustré dans les rôles de Iago ou encore de Rigoletto, qu’il endosse de nouveau au printemps prochain à l’Opéra de Lyon. Les rôles secondaires ne seront pas en reste, puisqu’on y retrouve des habitués de la maison, qui ont déjà amplement faire leurs preuves : Jérémy Duffau dans le rôle de Macduff ainsi que la belle voix basse de Nicolas Courjal. L’orchestre, rompu à l’exercice, est dirigé cette fois-ci par Paolo Arrivabeni : l’ex-directeur musical de l’Opéra royal de Wallonie avait notamment gratifié l’Opéra de Marseille d’une sublime interprétation de Simon Boccanegra en 2018. Il saura sans nul doute insuffler à la phalange phocéenne ce qu’il faut d’énergie et de noirceur.
SUZANNE CANESSA
Macbeth Opéra de Marseille Du 1er au 9 octobre 04 91 55 14 99 opera.marseille.fr