C’est à une grande folie que l’Espace Julien invitait le public marseillais pour son « ouverture » ce 21 septembre. Celle de la Famille Maraboutage, collectif de DJ-danseurs·euses marseillais·e·s, dont le succès désormais international fait rayonner ce qu’il y a de plus beau à Marseille : la générosité jusqu’à l’outrance et la diversité du monde. Un message loin d’être anodin pour la Responsabilité des Rêves, comprendre l’alliance entre le Makeda, le Théâtre de l’Œuvre, la Mesón et Grand Bonheur, désormais à la tête de la salle du centre-ville de Marseille et porteuse d’un nouveau projet pour elle.
L’Espace Julien fait peau neuve
« Je suis ravi du choix que nous avons fait ». Ce sont par ces mots que Jean-Marc Coppola, adjoint au maire de Marseille en charge de la Culture, avait adressé son soutien à la nouvelle équipe lors de la conférence de presse de présentation le 14 septembre dernier. Propriété de la ville, c’est suite à un appel d’offre lancé à l’été 2022 que le choix s’était porté sur Grand Bonheur. Une décision difficile, quand on sait que l’ancienne structure était en place depuis vingt ans, et que le président n’était autre qu’Éric di Meco, légende vivante de l’Olympique de Marseille. L’annonce de la décision avait d’ailleurs pris cinq mois de retard, Benoît Payan souhaitant communiquer en personne avec l’ex-footballeur, alors occupé par son autre casquette de consultant pendant la Coupe du monde de football au Qatar… nous avait-on expliqué.
C’est donc en juillet, et non en janvier comme initialement prévu, que la Responsabilité des Rêves a pu prendre possession du lieu. Trois petits mois qui ont permis à l’équipe de redonner un coup de frais à l’Espace Julien. À l’intérieur, les coups de peinture laissent de nouveau apparaître le passé marchand du site. « Sur le cours Julien se tenait le marché au gros, c’était le ventre de Marseille. Et sur ce site, on y trouvait notamment des fruits et des légumes », renseigne Marion Bayol, nouvelle responsable communication et billetterie du lieu. Quant à la façade et la nouvelle devanture, elles attendront certainement Noël : « nous sommes en contact avec les architectes du bâtiment de France. Il y a des chartes à respecter, et nous devons passer en commission », explique-t-elle.
Une programmation renforcée
Outre les travaux, c’est surtout la programmation artistique que la nouvelle équipe entend redynamiser. Un chiffre est d’ailleurs annoncé : 180. Soit le nombre de dates que l’Espace Julien souhaite accueillir dès 2024. Une ambition possible grâce au nouveau rôle qui va être donné au Café Julien. Revêtu d’un bleu électrique clinquant, cette petite salle (140 places debout) va revenir à ce qu’elle a jadis été : un terrain d’expression pour les artistes émergents locaux, le tout gratuitement.
Pour animer les deux salles, c’est à un binôme que la Responsabilité des Rêves a confié la programmation. D’abord avec Xavier Decleire, connu pour être à la tête de La SAS Concerts, société de production au réseau bien fourni, et Marie Ketele, au long CV dans les musiques actuelles : elle est notamment passée par La Fleche d’Or à Paris, et a accompagné de nombreux jeunes artistes, comme Social Dance, Gami et Glitch…
À l’horizon
Faute de temps, l’équipe n’est « pas encore arrivée à l’essence-même de ce [qu’elle] veut faire ici », tempère Marion Bayol. On pense notamment au volet « accompagnement d’artiste », au cœur du projet initial. « Je suis directeur de coopérative qui a fait toute sa carrière autour de la production d’artistes ; c’est toujours ce qui fait battre mon cœur »,expliquait à Zébuline Olivier Jacquet, directeur de Grand Bonheur, en février dernier. « Ce sera mis en place à l’automne » rassure Marion. Un point essentiel que l’Espace Julien souhaite partager avec ses premiers partenaires, que sont Le Makeda, le Théâtre de l’Œuvre et la Mesón.
Une alliance et une volonté qui leur permettront un jour de viser la labellisation Smac, sésame pour toute scène de musique actuelle. Un sérieux défi pour une salle de centre-ville, tant les critères ne sont adaptés à cette situation, mais Marion Bayol reste optimiste : « On y arrivera si on est unis ».
NICOLAS SANTUCCI