mercredi 2 octobre 2024
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Festival d’Aix

Le lyrique, un art ouvert Deux concerts dans la cour de l’Hôtel Maynier d’Oppède refermaient la résidence des artistes sélectionnés dans le cadre des Voix de l’Académie du Festival d’Aix

Les artistes de la cuvée 2024, tous déjà professionnels et issus de tous les continents, étaient coachés par Darrell Babidge, directeur du département vocal de la Juilliard School of Music de New York, de la chanteuse et cheffe d’orchestre, Barbara Hannigan et du pianiste Alphonse Cemin. Les deux premiers concerts permettaient d’écouter les chanteurs lyriques dans deux types de répertoire, « classique » pour le premier, superbement contemporain pour le second.

Réviser ses « classiques »

Le premier concert donnait à écouter un florilège d’airs d’opéra, passant de Mozart à Poulenc, de Haendel à Puccini, Verdi ou Meyerbeer. Les jeunes chanteurs et chanteuses avaient choisi des pièces qui correspondaient parfaitement à leurs timbres. Le tout accompagné avec une fine intelligence par les pianistes en résidence Gracie FrancisHonoka Kobayashi et le claveciniste Nicolò Pellizzari. Quelle palette ! Voix colorée et puissante de Susanne Burgess, légère et juste de Lilit Davtyan, oiseleuse et délicate de Madison Nonoa, (sopranos), tragédienne et vibrante de Marine Chagnon, espiègle et expressive de Joanne Evans, généreuse et élégante d’Elmina Hasan (mezzo-sopranos). Ne déméritaient pas le ténor Jonghyun Park et ses articulations méticuleuses, le baryton Timothée Varon et sa capacité à passer de la diction des Mamelles de Tirésias au phrasé de l’Enrico de Lucia di Lammermoor, et le baryton-basse Maurel Endong d’une aisance confondante dans tous les registres. 

Création mondiale

Établissant une connivence familière avec le public, Barbara Hannigan présenta chaque pièce contemporaine, esquissant des fragments d’histoire autour de ses choix, leur accordant un ancrage humain. La nuit du cycle Apparitionde George Crumb se glissait dans un piano préparé aux sonorités de harpe avant de rejoindre les déploiements de celle de Dutilleux sur San Francisco Night de Paul Gilson, ou les fragrances de celle de Claude Vivier inspirée des Hymnes à la nuit de Novalis. Telle une nuit glaçante, le 11 septembre 2001 sera évoqué par la musique que Sarah Kirkland Snider composa en hommage aux victimes.

La pièce maîtresse de la soirée fut la création de Noor (Lumière), émouvante et somptueuse pièce pour voix et piano que Golfam Khayam a composée sur un poème de Forough Farrokhzad, grande figure féminine de la littérature contemporaine iranienne. « L’absence d’espace et la nature intemporelle du texte, dont le langage est direct, simple, sensuel et frappant » selon la compositrice entrent en résonance avec notre époque, construisant un « pont solide entre deux mondes » (ibid). Dans notre monde fragile, le chant tisse inlassable les fils d’ententes à venir.

MARYVONNE COLOMBANI

Ces concerts ont eu lieu les  24 et 27 juin, Hôtel Maynier d’Oppède, Aix-en-Provence

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