samedi 27 avril 2024
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FESTIVAL D’AIX : Gémellités encordées

Le Festival d’Art Lyrique se poursuit avec autre lyrisme, plus oriental, qui frappe, pince et frotte les cordes

Les Gharbi Twins, malgré leur nom, sont un trio constitué de deux frères jumeaux  et de leur cousin. Tous trois sont des figures majeures de la musique classique tunisienne actuelle. Bechir Gharbi, maitre du oud, Mohamed Gharbi, violoniste hors pair et Sami Gharbi, un prodige du qanûn. 

La complicité qui unit ces musiciens accorde à leur jeu une liberté inégalée.  Un regard, un sourire, l’effleurement d’une corde, l’esquisse d’une note et la magie opère. Dès les premières mesures, un vol d’oiseau s’élève au-dessus de la cour de l’hôtel Maynier d’Oppède. Plus tard, un pigeon roucoulera entre deux accords de l’incipit d’Espoir

On sourit : tout se conjugue autour des instrumentistes à qui l’on doit toutes les compositions du concert. Chacune est un condensé d’émotion, convoquant les motifs de la musique classique du Moyen-Orient, usant des maqâms qui associés aux quatre éléments, au jour et à la nuit, insufflent un caractère différent à chacun des morceaux. 

Fusion spirituelle intercontinentale

Dans la touffeur de l’été, le trio invite la douceur d’un Parfum d’hiver, reprend ostinato le motif d’Espoir, l’irisant de variations subtiles, nous invite à plonger dans son Enfance où les instruments se métamorphosent insensiblement, le oud prend des allures de guitare, le violon s’évade en rêveries tziganes… 

Avant l’été nous transporte dans des sonorités d’outre-Atlantique où la country flirte avec les quarts de ton de l’Orient tandis que les musiciens se lancent dans des soli ébouriffants : inventivité, humour, virtuosité qui préparent au duo/duel de Contemplation. Les deux frères jouent en miroir, poussant l’autre à se surpasser, en une émulation espiègle et brillante. Le oud alors s’hispanise, adopte des phrasés dignes de Paco de Lucia et offre des pages d’anthologie d’une musique universelle. Le violon côtoie les étoiles et le qanûn s’exacerbe, les mains du musicien frappent, volent, redessine les rythmiques, soutenant de ses articulations sûres les débauches oniriques des deux autres. 

Nomade tunisien poursuit avec plus de netteté encore « le voyage entre toutes les cultures » : les accents venus de tous les coins de la planète fusionnent ici, une respiration de l’Inde, un écho d’une musique de la Grèce, un soupir d’Asie Mineure, une fragrance des airs classiques de la Tunisie, un soupçon de danse balkanique, un effet de jazz… Tout simplement éblouissant !

MARYVONNE COLOMBANI

Ce concert a été donné le 21 juillet dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence
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