mercredi 2 octobre 2024
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Hervé Di Rosa en grand format

Quand Hervé di Rosa raconte son univers narratif singulier en 1h chrono dans le cadre des Jeudis du MOCO, cela donne le récit express d’un itinéraire artistique hors normes !

Difficile de résumer une vie de création. Surtout quand il s’agit d’un artiste aussi prolifique qu’Hervé di Rosa. Pourtant c’est bien l’objectif de la conférence grand public qui se déroule ce jeudi 26 octobre à l’occasion des Jeudis du Mo-Co à la Panacée. L’artiste sétois a trouvé une astuce pour faire une sélection parmi un fourmillement d’œuvres : « J’ai demandé à ma femme de choisir une peinture par an depuis 1979 » sourit-il. C’est ainsi que devant un auditorium rempli d’étudiants (mais pas seulement), le Sétois retrace son parcours depuis l’année 1979, alors que le jeune élève de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris (dont il ne sera jamais diplômé) vend ses premières peintures. « J’ai eu la chance de gagner ma vie dès la première peinture », reconnaît-il sans détours. Instructif, cet exercice formel auquel se plie Hervé di Rosa nous immerge dans les influences d’un artiste « issu d’un quartier populaire de Sète » qui avoue avoir été fortement influencé à ses débuts par l’univers graphique de la bande-dessinée, affirmant au passage son admiration pour Franquin, Moebius ou Hugo Pratt. « J’ai appris à dessiner avec la bande-dessinée et après je suis allé regarder Matisse, Rembrandt et Uccello », insiste-t-il. Rapidement, à travers les œuvres projetées sur grand écran, on observe sa narration se contracter, de sorte que rapidement ses dessins devenus peintures ressemblent à « des couvertures d’albums géants qui raconteraient tout sans avoir à dire quoi que ce soit». D’ailleurs, c’est porté par cette influence extrêmement créative d’une imagerie populaire que dans les années 80 il contribue à cofonder le mouvement de la Figuration libre. 

Artisanats du monde

Ainsi, à défaut de faire de la bande-dessinée, trop restrictive pour lui, Di Rosa développe toute une mythologie de personnages, voire même plusieurs générations de personnages, dont un dieu un peu sournois et des créatures aux gros nez volontairement grotesques. À 21 ans, il est déjà exposé aux Etats-Unis, où il vit plusieurs années. Ce qui a de quoi donner des envies d’horizons nouveaux. Après une pause sétoise, le temps d’avoir un fils et de tenter de « percer le secret de la peinture abstraite » dans son atelier de Balaruc-les-Bains, il repart rapidement explorer des territoires autant géographiques qu’artistiques. La carte des territoires des Arts modestes se dessine tout doucement. Le tout porté autant par « la passion des voyages » que l’envie de se « frotter à d’autres techniques ». Bulgarie, Éthiopie, Bénin, Corse, Vietnam, Amérique du Sud, Mexique, Etats-Unis (notamment Miami), Israël, Séville, Lisbonne, Ghana, Cameroun… Sculptures, coton tissé, icônes, images sur peaux de zébu, bois laqué, piqué sur verre, céramique, vêtements, aquarelle… Son « projet autour du monde » se déploie sur des supports aussi variés que les artisanats sur lesquels ils prennent racine tout en s’imprégnant de son imaginaire singulier. Il reconnait sa curiosité insatiable : « Le génie de l’homme m’intéresse ». 

« Un lieu de liberté »

Avant de parler du Musée International des Arts Modestes. Une autre facette toute aussi importante de sa vie d’artiste : « C’est le projet auquel je tiens le plus au monde ». Le MIAM est « un lieu de liberté » cofondé en 2000 pour y exposer « certains territoires de la création qui n’étaient jamais regardés ni diffusés ». Depuis 23 ans, deux expositions temporaires y sont organisées chaque année. Il est aussi possible d’y admirer les collections de Bernard Belluc, son cofondateur, et les siennes. Un choix revendiqué par Di Rosa. « Les artistes ne tirent pas leur inspiration de nulle part. Nous sommes tous influencés par ce monde vernaculaire dans lequel on vit depuis tout petit, nous ne sommes pas forcément entourés d’art contemporain ». Les expositions y sont thématiques et toujours collectives, également par choix. Et Hervé di Rosa de conclure avec son accent sétois, toujours intact : « Nous ne sommes pas un vrai musée, plutôt un laboratoire, un centre de recherche avec les moyens qui nous sont propres et nous laissent la liberté de faire ce qu’on veut ». 

Quand le MIAM s’expose

Dernier jour pour voir l’exposition Fait Machine au MIAM, laquelle se joue des codes de l’art pour s’intéresser à comment une quarantaine d’artistes s’approprient les algorithmes informatiques et les technologies numériques pour repousser les limites de la création, entre réflexions théoriques et expérimentations dans la matière. À venir le 16 décembre : LIBRES! Collectionneurs d’Arts Modestes met en lumière la Collection FB/DL et la Collection MB/JB, toutes deux présentées pour la première fois au public. Il y sera notamment question d’art africain contemporain et de surréalisme. Mais aussi d’une histoire singulière de la peinture française dans les années 80, notamment du mouvement de la figuration libre.    

ALICE ROLLAND 

La rencontre avec Hervé Di Rosa a eu lieu le 26 octobre au Mo.Co

LIBRES ! Collectionneurs d'Arts Modestes
Du 16 décembre au 26 mai 2024
Musée International des Arts Modestes, Sète
miam.org
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