lundi 29 avril 2024
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« La machine à écrire… », réparer les objets et les âmes

Après Sur l’Adamant et Averroès et Rosa Parks, Nicolas Philibert termine son triptyque sur la psychiatrie avec La machine à écrire et autres sources de tracas en salles le 17 avril 2024

Deux hommes affairés à réparer une machine à écrire dont le ruban a sauté. Un autre qui les observe, inquiet, expliquant qu’il s’en sert tous les jours. A-t-il plein de textes en retard ? Oui car il écrit deux poèmes par jour. On a l’impression de le connaitre. On l’a vu dans le premier volet du triptyque consacré au Pôle psychiatrique Paris Centre de Nicolas Philibert, Sur l’Adamant. (https://journalzebuline.fr/sur-l-adamant-un-doc-en-or/).  

On est chez Patrice avec ses 8000 poèmes classés dans des chemises colorées. Les deux réparateurs à qui la machine résiste, ce sont des membres de l’Orchestre, un petit groupe de soignants bricoleurs qui se rendent chez les patients pour les aider, pour accomplir quelques menus travaux et surtout parler avec ceux qui ont tendance à se renfermer, se replier sur eux-mêmes. Ce sont ces visites auxquelles nous assistons dans ce troisième volet, La machine à écrire et autres sources de tracas. Quatre séquences filmées avec beaucoup de bienveillance, comme à son habitude, par Nicolas Philibert. On est ensuite chez Muriel, allongée sur son lit. Elle n’a pas de contact avec les voisins. Elle attend que Walid et Jérôme viennent lui réparer son lecteur de DVD en panne depuis plusieurs semaines. Le silence lui fait peur et écouter Janis Joplin la rassure. Elle offre des chocolats à ses visiteurs : « Toi, t’es pas gentil » dit-elle à Nicolas, qui n’en veut pas ! Elle leur montre des photos d’elle jeune, trouve que Jérôme a de beaux yeux. Un moment où sa grande solitude a été rompue.

La troisième séquence nous fait découvrir Yvan, musicien, qui ne sort plus parce que sa CB a été avalée et Gaël qui voudrait bien pouvoir retravailler mais qui ne le peut pas. Enfin, c’est dans un appartement envahi par les objets, livres, disques, tableaux que nous nous rendons. Souvenirs de vie de Frédéric, sexagénaire à la chevelure blanche. Plans aussi resserrés que l’espace où cet homme, très cultivé, vit depuis des années. Il nous raconte l’histoire de Jean Cocteau dont il a un livre rare, évoque son BTS Art appliqués qu’il est fier d’avoir raté. Lorsqu’on lui propose de trier ses 33 tours, il nous les montre avec exaltation, chante  « Sous quelle étoile suis-je né ? » de  Polnareff dont il adore les riffs de guitare. Il faudrait arriver à récupérer de l’espace, l’encourage sa soignante, Céline, à qui il est fier de montrer ses toiles, celles d’avant, en noir, blanc et rouge et les toutes dernières inspirées par les « décors à la Prévert ».

Grâce à la caméra de Nicolas Philibert,  nous avons l’impression de connaitre un peu mieux cet homme, après ce moment passé dans son « oasis » : « Je fais des films pour aller à la rencontre d’un groupe, d’un collectif, d’un lieu, pour essayer de comprendre ce qu’on pourrait avoir en commun […] Je suis très souvent profondément touché par les personnes qu’on rencontre, dans ces lieux-là. Elles nous renvoient, elles me renvoient à moi-même. Je pense que ces personnes peuvent nous renvoyer à nos propres fragilités. Les spectateurs, c’est comme si je les prenais par la main en disant : “Venez, il y a des personnes drôlement intéressantes à rencontrer, allons-y, venez ! ”

Alors, n’hésitez pas ! Allez voir La machine à écrire et autres sources de tracas qui sera en salle le 17 avril

ANNIE GAVA

La machine à écrire et autres sources de tracas, de Nicolas Philibert En salles le 17 avril

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