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« Le numéro un », gonflé à bloc

Non sans humour, le journaliste d’opposition Mikhaïl Chevelev dresse un portrait acéré de la Russie passée et actuelle

Le roman de Mikhaïl Chevelev est un voyage dans les labyrinthes du temps et de l’espace dont l’issue, qui renvoie au titre du texte, ne s’entrevoit qu’à la dernière page (la 168e précisément). Il se conjugue à plusieurs temps : époque soviétique, perestroïka, 2018 – année d’écriture du roman – et traverse les continents : les deux blocs, de l’Est et de l’Ouest et leurs villes phares, New York et Moscou.

Le climat qu’instaure l’écriture est celui du film noir, avec ses dialogues et ses descriptions précises et rythmées. Noir qualifie également le marché qui conduit l’un des personnages principaux, en 1984 (année orwellienne), à collaborer avec le KGB, littéralement « sur le papier ». Cette transaction, oubliée et insignifiante, déterminera la suite de l’existence de Vladimir.

Une intrication serrée entre contextes politiques, collectifs, et quête des origines, filiation singulière, ouvre un espace d’enquête hybride, dans lequel le père, Vladimir Lvovitch, et le fils, David Kapovitch, New-Yorkais d’origine russe, se croisent.

Le numéro un est un roman à l’architecture virtuose, travaillé par deux sens, celui de l’humour et de l’engagement.

FLORENCE LETHURGEZ

Le numéro un de Mikhaïl Chevelev
Gallimard, collection Du monde entier - 18 €
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