Bienvenue au pays des mots, là où l’art se découvre comme un roman. Protéiforme et éclectique, Entre les lignes, art et littérature se raconte en une introduction, un préambule historique, un intermède vidéos et cinq chapitres à parcourir au MO.CO et au MO.CO Panacée. Dans les premières salles, l’exposition s’intéresse à la critique d’art en affichant des textes en regard des œuvres qu’ils commentent. S’y croisent Charles Baudelaire et Eugène Delacroix, Émile Zola et Gustave Moreau, Camille Claudel (dont l’incroyable sculpture La Valse nous envoûte toujours autant) et son frère Paul, mais aussi Paul Valéry, Joan Miró, Simone de Beauvoir, André Malraux… Pour finir avec Gao Xingjian, prix Nobel de littérature et dessinateur. Un intermède audiovisuel donne à entendre une vingtaine d’artistes répondant à la question « Quel rôle la littérature tient-elle dans votre travail et dans votre vie ? ». S’y essaient entre autres Abdelkader Benchamma, Vincent Bioulès, Hervé di Rosa, Jeanne Susplugas…
Raconter l’irracontable
Vient le cœur même de l’exposition. Plus exactement cinq accrochages très différents, récit choral en cinq chapitres du rapport à l’art contemporain d’écrivains eux aussi contemporain.e.s. Chacun.e avec sa perception de l’art comme de la littérature, son style singulier, sa sensibilité, sa façon de raconter et ses obsessions. Daniel Rondeau, membre de l’Académie française, a choisi de faire découvrir l’oeuvre narrative du peintre espagnol Eduardo Arroyo, Maryline Desbiolles se penche sur le compagnonnage artistique qu’elle mène avec l’artiste Bernard Pagès, Christine Angot demande à l’architecte Patrick Bouchain de recréer un dressing où elle pourrait continuer à raconter l’irracontable. Pour ce qui est de Jakuta Alikavazovic, il est plutôt question de rêverie dans un temps suspendu hors de pensée, tandis qu’avec Jean-Baptiste Del Amo, qui fut un temps montpelliérain, notamment lors de l’attribution du Goncourt du premier roman à Une éducation libertine en 2009, il est question de la façon dont l’art nourrit une écriture dans laquelle le corps, souvent malmené, joue un rôle central. Ainsi, l’écrivain a choisi de parler de ses dernières recherches sur le corps… mort. Les photographies de cadavres d’Andres Serrano prises dans une morgue à New-York dans les années 90, les années Sida, nous laissent sans mots.
ALICE ROLLAND
Entre les lignes, art et littérature
Jusqu’au 19 mai
MO.CO, Montpellier
moco.art