Invitée par l’association Coudes à Coudes à la librairie Transit (Marseille), Émilie Petit présentait son livre-enquête
La librairie associative Transit accueillait le 30 octobre une journaliste de 20 Minutes et Blast, Émilie Petit, pour son premier livre, Militants écologistes sous haute surveillance, ouvrage tout fraîchement paru aux Éditions du nid de pie. Une rencontre à l’initiative de l’association Coudes à Coudes, dont le représentant Michel Potoudis s’étonnait, en introduction : « Je m’attendais à lire un livre sur l’écologie, j’en ai lu un sur les libertés et sur l’action ».
Ces dix dernières années, dans la foulée de la Cop 21 sous le mandat de François Hollande, et bien plus encore depuis qu’Emmanuel Macron est au pouvoir, les mouvements écologistes ont en effet connu une répression policière croissante, pour des faits de désobéissance civile qui n’étaient pas auparavant considérés comme répréhensibles par l’État. « Tout est parti d’une enquête que j’ai réalisée en 2021, explique Émilie Petit. Au fur et à mesure, j’ai accumulé des éléments jusqu’à réaliser que cela impliquerait beaucoup plus que des articles. »
Les grands moyens
En 2015, l’état d’urgence est voté suite aux attentats : il est utilisé pour restreindre les libertés de militants, assignés à résidence. « Une mesure préventive, comme le fait d’être fiché S : on est suspecté de constituer une menace pour la sécurité et l’ordre publics, mais pas coupable ».
Depuis, à Sainte-Soline lors des luttes contre les méga-bassines, Bure, pour s’opposer à l’enfouissement de déchets nucléaires, et partout où s’implantent des Zones à Défendre, les dispositifs sécuritaires n’ont fait que durcir. Gardes à vue prolongées, mises sous écoute, accusation d’association de malfaiteurs, parquet national anti-terroriste mobilisé… « Jusqu’à la signature d’un document très étrange, à l’occasion de la mise en place de la cellule Déméter : une convention de partenariat entre le ministère de l’Intérieur, la gendarmerie, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, syndicats promouvant l’agriculture intensive… »
La plupart des procès aboutissent à une relaxe, notamment parce que l’État ne remplissant pas ses obligations en matière de lutte contre le réchauffement climatique, une nécessité d’agir par des moyens non violents est peu ou prou admise. Mais jusqu’à quand ? « Le pouvoir sent que l’économie de marché arrive à sa fin, devant l’urgence écologique, et il cherche à reculer l’échéance en renforçant la répression », selon l’hypothèse d’un membre du public.
GAËLLE CLOAREC
La rencontre avec Émilie Petit s'est déroulée le 30 octobre à la librairie Transit, Marseille.








